L'académie des mages


Je m'éveille péniblement après une nuit de sommeil agitée. Les images tourbillonnent dans ma tête, les paroles de Marguerite résonnent comme un écho persistant. Pendant mon sommeil tumultueux, elle n'a pas arrêté de parler, me réprimandant à chaque instant. Ses paroles étaient comme des lames acérées, transperçant ma conscience endormie.

Elle critiquait ma méconnaissance, soulignant mon ignorance à chaque tournant de la conversation. Pour elle, j'étais dans un état de vulnérabilité extrême, exposé aux dangers imminents, mes compagnons ayant apparemment carte blanche pour nous éliminer. Ses reproches étaient un mélange amer de désespoir et de colère, accusant mes actions de nous mener inexorablement à notre perte.

"Tu nous conduis à notre perte, Aoi," martelait-elle avec insistance, comme si chaque syllabe était une prémonition inéluctable. Les nuances de sa voix résonnaient dans l'air, empreintes d'un mélange complexe d'inquiétude et de frustration. "Tu es idiote, naïve," continuait-elle, soulignant ma prétendue sottise avec un mépris palpable.

Alors que je m'efforçais de me remettre de ce sommeil agité, les reproches de Marguerite persistaient, créant un poids supplémentaire sur mes épaules. La réalité de ma situation semblait s'imposer, et je réalisais que les paroles de Marguerite n'étaient pas seulement des critiques, mais peut-être des avertissements.

Je me levai avec précaution, sentant encore les stigmates de ma surconsommation de magie. En entrant dans la pièce principale de la charrette, je fus accueilli par un doux balancement, signe que le véhicule continuait son chemin. Nous étions encore en route vers Mirage, du moins c'est ce que je pensais.

Cependant, la réalité était bien différente. Lorsque j'ouvris les rideaux qui voilaient la vue, mes yeux furent accueillis par une scène étonnante. À la place de l'étendue sans fin de paysages en mouvement, je découvris un tableau vivant de maisons colorées, de rues animées, et de l'effervescence caractéristique d'une ville en pleine activité.

Mirage se dévoilait devant moi, et il était difficile de croire que nous y étions déjà. Les rues étroites fourmillaient d'activité, avec des gens affairés vaquant à leurs occupations, et les façades pittoresques des maisons défilaient rapidement. C'était comme si la ville surgissait de l'horizon, un mirage prenant soudainement forme devant mes yeux, suscitant de l'appréhension.

La réalisation s'installa progressivement, confirmant que notre destination n'était plus une simple vision lointaine, mais une réalité tangible. Nous avions atteint Mirage, et ce, pendant mon sommeil.

Soudain, une voix familière chatouilla mes oreilles. "Te voilà enfin réveillé ?" C'était Cléo qui s'approcha immédiatement. "Tu m'as fait peur quand même, tu as beaucoup dormi," dit-elle avec le même ton maternel qu'elle utilisait habituellement. Son regard exprimait un mélange de soulagement et de reproche léger, soulignant l'inquiétude qu'elle avait ressentie pendant mon sommeil prolongé.

Cléo fit quelques sauts agiles vers moi avant de s'élever dans les airs et d'atterrir délicatement dans mes bras. Son apparence de lapin dragon était indéniablement adorable, avec ses oreilles velues et ses petites ailes qui lui donnaient un charme particulier. Cependant, même dans cette forme mignonne, je pouvais percevoir une pointe de colère dans son regard.

Compréhensif envers Cléo, je ressentais une pointe d'empathie à l'égard de sa colère, comprenant que son apparence actuelle de lapin dragon était le résultat d'un maléfice qu'elle avait subi.

Fort heureusement, en tant que Druide, la capacité de communiquer avec les animaux était un atout précieux. Grâce à cette aptitude, j'étais en mesure d'apaiser ses sentiments et d'instaurer un dialogue.

Soudain, la caravane s'arrêta brusquement, secouant légèrement l'intérieur. Nika qu'elle annonçait d'une voix joviale : "Terminus, tout le monde descend !"

Un frisson parcourut mon échine, ma phobie sociale exacerbée par cette situation imprévue. Cléo, toujours nichée dans mes bras, semblait ressentir mon malaise, ses petites pattes tremblantes serrant un peu plus contre moi.

La porte de la caravane s'ouvrit avec un grincement sinistre, et c'était Nika qui l'ouvrait."Aoi, tu es enfin réveillée ? Tu te sens mieux ?" demanda-t-elle avec sollicitude.

J'acquiesçai timidement, me sentant un peu mieux grâce à sa présence rassurante, même si la voix de Marguerite résonnait dans ma tête, se moquant de leur naïveté de ne pas nous avoir achevées, elle et moi.

Je tentai de chasser ces pensées sombres alors que je sortais de la caravane, Cléo toujours dans mes bras.

Je vis Plissken descendre de son cheval, Ablette, avec Kara à ses côtés. Sentant mes joues s'empourprer légèrement à sa vue, je tentai de dissimuler mon embarras. Mais Marguerite, comme à son habitude, ne manqua pas de se moquer de moi : "Tu es pathétique", lâcha-t-elle avec un ton moqueur.

Secouant la tête pour chasser ses paroles désagréables, ainsi que toutes les pensées négatives qui tentaient de s'insinuer dans mon esprit, je me concentrai sur le présent.

Plissken s'approcha de moi avec sollicitude, me demandant si j'allais bien. J'acquiesçai timidement, serrant légèrement Cléo dans mes bras pour trouver un peu de réconfort.

Nous entrâmes tous dans la taverne, l'atmosphère chargée de mystère et d'anticipation. Nika et Snake se dirigèrent vers dame Shi pour demander audience. Tandis que Nika, fidèle à elle-même, commanda une bouteille de rhum, je me contentai d'un verre de jus d'orange. Je n'étais pas adepte de l'alcool, préférant rester sobre dans les moments comme celui-ci, où la vigilance était de mise.

Plissken opta pour un lait chaud tandis que je demandai une écuelle d'eau pour Cléo. Elle avait tenté, pendant un moment, d'attirer l'attention d'un serveur avec ses efforts, mais en vain... ce qui n'était pas surprenant étant donné son apparence de lapin dragon. Kara, quant à elle, prit également un jus de fruit, affichant un léger sourire en sirotant sa boisson.

Nous n'eûmes pas à attendre longtemps avant qu'un garde du corps de dame Shi vienne nous chercher. Nous fûmes conduits de nouveau dans le salon où nous avions été la dernière fois. L'atmosphère semblait imprégnée de mystère et de tension, et malgré mes efforts pour dissimuler mon malaise, je ne pouvais m'empêcher de me sentir un peu nerveuse. Mes mains étaient légèrement moites et mon cœur battait un peu trop vite.

Je me concentrai sur le moment présent, tentant de ne pas laisser transparaître mon inexpérience en tant qu'aventurière récemment entrée dans ce monde. Mon esprit bouillonnait de questions et d'appréhensions, mais je m'efforçai de rester calme et confiante en attendant le début de notre audience avec dame Shi.

Je restai silencieuse pendant la discussion, écoutant attentivement les échanges entre Plissken, Nika et dame Shi. Nous avions apporté le grimoire transformé en fromage comme preuve de notre mission accomplie. Au début, dame Shi semblait sceptique, mais grâce à la démonstration de son aura magique, elle fut rapidement convaincue de l'authenticité du grimoire.

Après avoir reçu notre récompense, Nika exprima son désir de s'entretenir seule avec dame Shi pour obtenir des réponses supplémentaires. C'est alors que je pris une profonde inspiration et osai poser ma propre question : une solution pour Cléo. Dame Shi ne put retenir un rire amusé devant ma demande inattendue.

Cléo, sentant le ton léger de la situation, commença à s'agiter dans mes bras, commençant à utiliser des termes peu élégants pour insulter dame Shi. Je sentis un mélange de gêne et d'amusement face à la réaction impulsive de Cléo, mais je restai calme, sachant que c'était sa manière de montrer son mécontentement.

"Oh, Dame Aoi, je crains malheureusement de ne pouvoir rien faire pour Dame Cléo Storm. Je vous invite à vous rendre à la Tour des Mages. Je suis convaincue que, compte tenu du rang de Dame Cléo, la Directrice Tesla acceptera de vous aider", déclara Dame Shi avec un ton hautain.

Je resserrai instinctivement mon étreinte autour de Cléo, tentant de calmer ses ardeurs et de l'apaiser. Bien que je partageasse en partie son sentiment de frustration envers dame Shi, je savais qu'il était préférable de rester calme du moins pour le moment. Nous devions rester concentrées sur notre objectif : trouver de l'aide pour Cléo à la Tour des Mages.

J'acquiesçai respectueusement, reconnaissante pour sa suggestion et son honnêteté. Il semblait que la Tour des Mages était notre prochaine destination, où j'espérais trouver une solution pour Cléo. Je remerciai alors dame Shi pour ses conseils et nous prîmes congé laissant Nika avec dame Shi comme elle le désirais, Cléo toujours agitée dans mes bras, exprimant sa frustration de ne pas obtenir immédiatement ce qu'elle désirait.

Alors que Nika discutait en tête à tête avec dame Shi, le reste d'entre nous - Plissken, Cléo, Kara, Eckbatt et moi-même - retournâmes dans la salle de la taverne pour finaliser nos plans et discuter de la marche à suivre.

Je remarquai que Plissken semblait mal à l'aise à l'idée de se rendre à la Tour des Mages. Son expression trahissait une certaine réticence, voire du dégoût. Il semblait clair qu'il avait une aversion pour la magie.

Je me tournai vers Plissken, les sourcils légèrement froncés, cherchant à comprendre ses sentiments. "Tu... tu sembles réticent à l'idée d'aller à la Tour des Mages," dis-je d'une voix douce, consciente de ma timidité habituelle.

Plissken prit une légère inspiration avant de répondre d'une voix calme mais ferme. "Je n'aime pas trop la magie. Mais pour Cléo, je suis prêt à faire ce qu'il faut," déclara-t-il.

Je lui adressai un sourire reconnaissant, touchée par sa volonté de surmonter son aversion pour aider notre amie commune. Ses paroles me rappelaient la force du lien qui nous unissait tous dans cette quête.

Pendant ce temps, Nika revint vers nous, son expression légèrement troublée témoignant de son entrevue avec Dame Shi. Malgré cela, elle reprit rapidement son air jovial et nous annonça avec détermination : "Préparez-vous, nous allons à la Tour des Mages."

Après une semaine de trajet en caravane à travers des paysages pittoresques et enneigés, je suis contente de voir la neige recouvrir les environs, car en tant que druide, j'ai toujours ressenti un lien profond avec la nature. La vue des paysages enneigés éveille en moi une joie primitive, une connexion avec les éléments qui m'entourent.

Malgré les moqueries incessantes de Marguerite et les cauchemars qu'elle suscitait presque chaque nuit, cette étendu blanche avait un certain réconfort. La neige qui enveloppait notre voyage était comme un manteau protecteur, me permettant de me sentir en sécurité malgré les perturbations

Alors que notre caravane approchait de la Tour des Mages, je contemplai avec émerveillement la majesté de cet édifice magistral. La tour se dressait fièrement au-dessus de nous, comme un phare de connaissances anciennes et mystérieuses.

La Tour des Mages était une structure imposante, constituée de plusieurs tours distinctes. Chaque tour semblait incarner un aspect différent de la magie, représentant peut-être une école ou un domaine particulier. Il y avait une atmosphère de sagesse et de puissance qui émanait de ces hautes structures de pierre, comme si elles abritaient les secrets les plus profonds de l'univers.

La première tour que nous apercevions semblait vibrer d'une énergie particulière, évoquant peut-être la magie de la métamorphose. Ses contours élégants semblaient changer et se transformer sous la lumière du soleil, créant une illusion de mouvement constant.

À côté, une autre tour s'élevait majestueusement, semblant être le foyer de la magie élémentaire. Des tourbillons d'air et des éclats de flamme dansaient autour de ses sommets, témoignant de la puissance des éléments qui y étaient invoqués.

Comme nous approchions de la Tour des Mages, une voix familière résonnait dans mon esprit, semant le doute et l'anxiété. C'était Marguerite, cette part démoniaque en moi qui prenait un malin plaisir à susciter des pensées sombres et lancinantes.

Les paroles de Marguerite étaient comme des flèches empoisonnées, injectant le venin de la peur dans mon esprit. Elle se délectait de ma vulnérabilité face aux mages, soulignant les risques encourus en tant que demi-démon. Ses mots étaient comme des serpents insidieux, sifflant des avertissements et des menaces.

Malgré mes efforts pour repousser ses insinuations malveillantes, Marguerite persistait, renforçant mes craintes et sapant ma confiance. Je savais que je devais rester forte, mais la voix de Marguerite résonnait comme un écho sinistre, réveillant des peurs profondément enfouies.

Devant la tour centrale, un groupe de mages semblait déjà nous attendre. Je sortis timidement Cléo dans mes bras, sentant son poids léger contre moi alors que nous approchions. Une grande femme charismatique, entourée d'autres mages portant des épaulettes d'argent, s'avança vers nous.

"Dame Cléo, Dame Shi m'avait prévenue de votre arrivée avec vos compagnons", déclara-t-elle d'une voix autoritaire, nous toisant du regard.

"Oh, Nika, je suis ravie de te voir aussi", ajouta-t-elle avec un sourire en croisant le regard de Nika. Je pouvais voir Nika se figer, comprenant soudainement qu'elle aussi était une personne de son passé qu'elle avait oubliée.

Alors que la femme passait devant moi, je tentai de me faire aussi discrète que possible, mais Cléo, sentant ma tension, me murmura doucement à l'oreille : "Ne t'inquiète pas, Aoi. Nous sommes là ensemble, tu n'as rien à craindre."

Ses mots, empreints d'une douceur maternelle, me réconfortèrent instantanément. Je resserrai mon étreinte autour d'elle.

Alors que Tesla réagissait avec calme à la réaction de Cléo, un éclat lumineux jaillit soudain de sa main, visant directement Cléo. Instinctivement, je tentai de reculer pour la protéger, mais il était trop tard. Cléo fut touchée par le rayonnement, et je sentis une bouffée d'anxiété m'envahir alors que je la tenais plus étroitement dans mes bras.

"Cléo !" m'écriai-je, mais avant que je puisse ajouter quoi que ce soit, Cléo se redressa soudainement, une expression surprise sur son visage. "Madame Tesla, avec tout le respect que je vous dois, vous lui faites peur ! Oh... je parle !" s'exclama-t-elle avec étonnement. Tesla sourit en retour avant de se diriger vers les autres mages, laissant Cléo avec nous.

"Il va falloir trouver une solution. Je vais convoquer le conseil de l'académie. Venez donc, Dame Cléo," déclara Tesla, incitant Cléo à la suivre. Sans hésitation, Cléo bondit sur Eckbatt, prête à suivre la directrice de la Tour des Mages.

Quant à moi, Tesla m'annonça qu'un élève de classe argent m'accompagnerait pour répondre à mes besoins et me surveiller. Bien que l'idée d'avoir un garde du corps me dérangeait un peu, je savais que c'était pour notre sécurité.

Un jeune homme se présenta à moi sous le nom de Théodore. Il m'assura qu'il serait à mes côtés où que j'aille et qu'il répondrait à mes besoins. Incertaine de ce que je voulais faire, je réalisai soudain que j'avais envie de me promener dans les longs jardins de la cour intérieure de la tour.

"Théodore, pourriez-vous m'accompagner dans les jardins de la tour ? J'aimerais y faire une promenade," lui demandai-je avec peu assurance, espérant que cela nous permettrait de nous détendre un peu après cette rencontre mouvementée avec Tesla et les autres mages.

Alors que nous nous séparions pour suivre nos propres chemins à l'intérieur de la tour, Nika partit également avec Tesla, certainement à la recherche de son passé, accompagnée de son garde du corps. Plissken et Kara partirent ensemble, mais il semblait un peu mal à l'aise avec son propre garde du corps. Je me retrouvai donc seule avec Théodore, notre guide assigné.

Nous nous dirigeâmes vers un jardin luxuriant, recouvert d'une fine couche de neige fraîche. Le paysage hivernal était à la fois calme et magnifique, offrant un cadre apaisant pour une promenade. J'en profitai pour sortir mon carnet de dessin et commençai à esquisser les contours des arbres enneigés et des chemins serpentant à travers le jardin.

Pendant que je dessinais, je remarquai que Marguerite était étrangement silencieuse. Depuis que je lui avais demandé de l'aide jamais elle n'avait prononcé un mot...Mais là ... Cette absence de sa part me perturbait plus que ses remarques incessantes habituelles. Je me sentais étrangement vide sans sa présence et ses commentaires cyniques.

Alors que Plissken et son garde du corps se rapprochent, je sens mon pouls s'accélérer. Nous n'avons pas échangé beaucoup de mots depuis notre collaboration lors de la quête de dame Shi. Kara est toujours à ses côtés, et après ce que Marguerite a fait à son village, je me sens mal à l'aise en sa présence, comme si j'avais du mal à soutenir son regard.

Plissken observe mon dessin et entame la conversation avec un simple compliment. Pourtant, malgré sa gentillesse, mes pensées s'embrouillent, et je lutte pour trouver les mots justes. "Tu dessines bien," dit-il. Mes lèvres tremblent légèrement alors que je réponds avec un léger bégaiement, "Je... Merci..." Mes mains deviennent moites, et je me sens de plus en plus mal à l'aise. Je me demande désespérément quoi dire pour maintenir la conversation, mais la panique monte en moi, rendant chaque instant plus difficile que le précédent.

"Alors c'est ce que tu faisais depuis tout à l'heure ?" demande Plissken, observant mon dessin avec intérêt. Mes joues s'empourprent légèrement, mais j'acquiesce timidement. "Et vous... ?" je demande à mon tour, cherchant à détourner un peu l'attention de moi-même. Un sourire se dessine sur son visage, un geste qui me rassure un peu. "Tu peux me tutoyer, tu sais," dit-il avec bienveillance, puis il partage ce qu'il a fait récemment. "J'ai donné un cours de couture pour apprendre à ces mages à utiliser leurs mains."

Je lui rends son sourire, me sentant un peu plus à l'aise dans la conversation. " Tu n'aimes vraiment pas la magie... pourtant, tu es ami avec Cléo et Maurice..." Je ne peux m'empêcher de soulever cette contradiction. Plissken acquiesce, reconnaissant ma remarque. "Je les connais depuis longtemps pour ne pas les mettre dans le même panier," explique-t-il, laissant entrevoir une profondeur dans sa relation avec la magie et ceux qui la pratiquent, une nuance que je n'avais pas anticipée.

"Je vois..." dis-je en me levant, sentant le besoin de m'éloigner un moment. J'ai envie de me cacher dans un trou de souris. Je me demande même s'il sait qui je suis vraiment... Après tout, je ne lui ai jamais dit...

Je commence à errer dans le jardin, cherchant un peu d'apaisement dans la nature. Soudain, Plissken brise le silence. "Je t'ai vexé ?" demande-t-il, enfin. J'hésite un instant, puis je nie. Mais il continue à me questionner, et je sens la nervosité monter en moi. J'ai dit que je ne fuyais pas, mais mes actions semblent indiquer le contraire.

Il éclate soudainement de rire et saisit de la neige avant de me la jeter au visage. Je ne peux m'empêcher de rire à mon tour. Aurait-il oublié que je suis druide, et que nous sommes en plein hiver où la neige recouvre tout ? Non, il sait très bien... D'une main, je décide de former quelques boules de neige. Avec un peu d'énergie, je lui envoie une directement au visage, ce qui le fait de nouveau rire. Une bataille de neige endiablée commence, nous permettant à tous les deux d'oublier nos soucis et de simplement profiter de l'instant présent.

La voix de Nika nous interrompt alors que nous étions absorbés par notre bataille de neige. "Désolé de vous interrompre, mais la réunion va commencer et vous y êtes conviés..." Nous échangeons un regard avec Plissken, et il acquiesce légèrement. Nous suivons nos gardes du corps jusqu'au sommet de la tour principale, où Tesla, Cleo et une imposante Dragomire aux airs impériaux nous attendent.

Nous prenons place, nous préparant mentalement pour la réunion à venir. La présence de la Dragomire attire particulièrement mon attention, La ressemblance entre celle-ci et Cléo est frappante, presque déconcertante. Leurs traits physiques partagent certaines similitudes, mais la Dragomire semble rayonner d'une autorité plus imposante, accentuée par ses cornes et son allure majestueuse. Ses cheveux bleus et ses formes voluptueuses évoquent ceux de Cléo, mais avec une intensité et une aura qui la distinguent.

Je me demande quelle est la nature de leur lien. Est-ce une simple coïncidence qu'elles partagent des caractéristiques physiques similaires, ou y a-t-il une connexion plus profonde entre elles ? Je garde mes pensées pour moi-même....

La réunion se déroule avec solennité, chaque tour de parole offrant une nouvelle perspective sur la manière de remédier au problème de Cléo. L'importance de Cléo au sein de l'académie des mages est évidente, étant donné la présence de tous les hauts placés à cette réunion exceptionnelle.

Après de nombreux débats et discussions approfondies, la décision finale est prise : la transmutation sera la solution retenue. Cette option offre les risques les plus faibles pour la vie de Cléo, bien qu'ils ne soient pas négligeables. Cependant, elle représente une lueur d'espoir dans l'obscurité de la situation.

Une fois la décision prise, une atmosphère chargée de tension persiste, chacun conscient des défis à venir et de l'importance cruciale de chaque étape du processus. Cléo, au centre de cette décision, reste silencieuse mais déterminée, prête à affronter ce qui viendra avec courage et résilience.

La scène se déroule rapidement, presque irréelle. La Dragomire offre une ancienne peau de Dragomire à Cléo, qui ouvre ensuite un portail mystique. Cléo prend la peau de Dragomire et un mannequin avant de les faire disparaître dans le portail. Je regarde avec appréhension, espérant de tout cœur que la transmutation se déroulera sans encombre. Le portail se referme derrière elle, nous laissant dans une attente angoissante.

Le temps semble s'étirer alors que nous attendons, chacun retenu par l'anticipation et l'inquiétude. Finalement, un éclair déchire le ciel, illuminant brièvement la plateforme. Lorsque la lumière s'estompe, Cléo réapparaît, transformée, avec le lapin à ses côtés.

Je ressens un soulagement profond en la voyant saine et sauve, malgré les changements apparents. Sans attendre, je cours vers elle et la serre dans mes bras, laissant derrière moi les regards désapprobateurs de la Dragomire . En cet instant, seul compte Cléo à mes côtés.

La toux sèche de la Dragomire résonne dans la plateforme, créant une atmosphère tendue qui me fait reculer instinctivement des bras réconfortants de Cléo. Cléo, percevant mon malaise, intervient avec douceur, "Mère, tu lui fais peur..."

La réponse de la Dragomire me fait grincer des dents. "Je n'y peux rien si ma fille traîne avec ce genre..." Attendez... Sa fille ? La réalisation me fait vaciller sur mes jambes. Cléo est la fille de cette Dragomire impériale ?

"Cléo, tu es sûr de ne pas vouloir rentrer avec moi ?" demande la mère de Cléo, son ton mêlant inquiétude et autorité. Cléo refuse doucement, affirmant sa décision de rester avec ses amis. La mère acquiesce, mais pas avant d'avertir avec un regard sévère, "Je vous ai à l'œil tous les cinq..."

Elle ramasse le corps du lapin, brisant la tension avec une proposition surprenante. "Alors, qui a faim ?"

Le changement soudain de sujet me laisse perplexe, mais je réalise que c'est sa manière de détendre l'atmosphère. Malgré la révélation surprenante, je ne peux m'empêcher de sourire légèrement, touché par son geste. La famille de Cléo est décidément pleine de surprises.

La mère de Cléo descendit les escaliers, le corps du lapin toujours dans ses mains, et nous conduisit dans une vaste pièce richement décorée. C'était la salle principale de l'académie, et à ma grande surprise, la directrice était présente, entourée de nombreux mages de haut rang. Je me sentais complètement dépassé par la situation, mal à l'aise dans ce monde raffiné et sophistiqué.

La mère de Cléo lança l'idée de faire la fête, ce qui ne m'enchantait guère. Je ne suis pas du genre à apprécier les festivités mondaines. Malgré mes réticences, Tesla accepta l'invitation à la fête, tandis que la mère de Cléo commençait à préparer le lapin pour le repas.

En retrait, je scrutais la pièce du regard, observant les invités qui festoyaient joyeusement. Cleo discutait avec sa mère, Kara se tenait silencieuse dans un coin, et Nika s'amusait à démontrer ses talents d'alchimiste. Ce jour-là, elle inventa la poudre à fermentation, permettant de vieillir rapidement le vin et les alcools.

Ne trouvant pas ma place parmi les festivités, je me réfugiai sur les balcons de la grande salle, cherchant un moment de tranquillité loin de l'agitation. La soirée était belle, et le ciel étoilé offrait un réconfort bienvenu face à l'ambiance festive qui régnait à l'intérieur.

Sur le balcon, je retrouve Plissken, et nous partageons une conversation légère pour échapper à la tension de la soirée. Malgré mon cœur qui bat la chamade et ma timidité évidente, je trouve un certain réconfort dans notre échange.

Soudain, un tapis volant surgit, nous arrachant du sol et nous emportant dans les airs. Le rire joyeux de Nika résonne, et je réalise qu'elle est la source de cette magie surprenante. L'instant est saisissant, et je me sens pris au dépourvu.

Plissken me saisit par la taille, me rapprochant de lui pour assurer notre stabilité sur le tapis en mouvement. Le vent siffle à nos oreilles, et la sensation d'altitude ajoute une pointe d'adrénaline à mon état déjà agité.

Nous survolerions l'académie, captivés par la beauté des jardins illuminés et des tours majestueuses qui s'étendent sous nos pieds. Malgré l'excitation et la surprise du moment, je suis envahi par une sensation de liberté et une joie pure. Un rire m'échappe, traduisant l'insouciance de l'instant, et je m'abandonne à cette parenthèse magique. Les étoiles scintillent intensément dans un firmament profondément sombre, ajoutant une dimension mystique à notre escapade.

"La vue est magnifique," dit-il en me regardant. Malgré mon malaise, je réponds en bégayant : "Oui, j'ai toujours aimé les nuits étoilées." Je perçois son rire léger, et il resserre son étreinte autour de moi. Nous nous rapprochons, partageant un moment intime dans cette atmosphère envoûtante.

Soudain, le sol se met à trembler, et un rayon lumineux traverse l'horizon au loin, interrompant notre instant de tranquillité. L'atmosphère change brusquement, et une tension palpable remplace l'insouciance précédente. Nous échangeons un regard inquiet, conscients que quelque chose d'important est en train de se produire.

La voix de Marguerite résonne soudainement dans mon esprit, silencieuse jusqu'alors. "Enfin, un nouveau roi est couronné. Vive le roi démon," dit-elle, marquant ainsi le début d'une nouvelle ère. Un frisson me parcourt l'échine à l'entente de ses paroles, et je sens une inquiétude grandissante face à l'avenir incertain qui nous attend. 

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