Avènement du roi démon


Le tapis volant nous transporte rapidement vers la salle des fêtes où Nika nous aborde avec une expression inquiète, suivie de près par Cléo, dont le visage trahit également une certaine appréhension. Ils veulent savoir ce qui s'est passé, s'il y a des indices sur l'origine du tremblement de terre qui vient de secouer la région. Plissken prend la parole et commence à leur décrire ce que nous avons observé. Mais ce qui me terrifie au plus haut point, c'est son silence sur la véritable nature des événements, comme s'il ignorait tout de l'énergie démoniaque qui semble être à l'œuvre... et pire encore, le couronnement du nouveau roi démon.

Mon cœur bat la chamade dans ma poitrine, un mélange d'angoisse et de terreur alors que je prends pleinement conscience de la gravité de la situation. Pendant ce temps, Marguerite, cette voix malveillante dans ma tête, jubile de façon dérangeante, savourant déjà l'idée de semer la douleur et la souffrance parmi mes amis.

Les mages s'agitent de plus en plus autour de moi, leurs murmures emplis de méfiance et de crainte résonnent dans la salle. Je sens sur ma peau les regards hostiles qui semblent me transpercer comme autant de lames acérées. En tant que demi-démon, je suis habitué à ce genre de regards accusateurs, mais cette fois-ci, leur intensité me glace jusqu'aux os. Ils voient en moi une menace potentielle, une incarnation du mal qui pourrait les détruire à tout moment. La panique monte en moi, et mes mains tremblent alors que je cherche désespérément une issue.

C'est alors que je me rappelle la chambre que Theodor avait préparée à mon intention. Sans réfléchir davantage, je me hâte vers cette oasis de tranquillité, fermant la porte derrière moi et verrouillant soigneusement chaque loquet. Mon cœur bat la chamade dans ma poitrine, rythmant le tempo de ma terreur grandissante. Je suis en sécurité pour l'instant, mais le poids de ma propre nature démoniaque me pèse comme une lourde chaîne, me rappelant sans cesse la fragilité de ma position parmi ces mages puissants et hostiles.

Marguerite, cette voix sinistre dans ma tête, se délecte de ma vulnérabilité apparente, murmurant des mots de mépris et d'encouragement sadique. Elle sait que je suis en danger, que mes ennemis pourraient saisir cette occasion pour me détruire une bonne fois pour toutes. Ses rires résonnent dans les méandres de mon esprit tourmenté, amplifiant ma terreur et ma confusion.

Alors que je lutte pour garder le contrôle de mes émotions, Cléo vient frapper à la porte, sa voix douce et compatissante perçant le voile sombre qui m'entoure. "Aoi ? Tout va bien ? Tu es partie si vite... tu vas bien ?" Ses mots sont comme une bouée de sauvetage dans l'océan tumultueux de ma peur. Je tente de rassembler mes pensées éparpillées, essayant de paraître calme et rassuré malgré la tempête qui fait rage en moi.

"Oui... oui, je vais juste me reposer... il... il est tard," parviens-je à articuler d'une voix tremblante, luttant pour dissimuler mes véritables sentiments derrière un masque de normalité. Cléo me souhaite bonne nuit avec une gentillesse réconfortante, me rappelant qu'elle est juste à côté au cas où j'aurais besoin d'elle. Je lui offre un sourire crispé en retour, avant de m'effondrer sur le lit, laissant éclater toute la tension et la terreur qui m'assaillent depuis mon arrivée.

À peine ai-je entendu la porte de Cléo se refermer que la nausée me prend aux tripes, me plongeant dans un tourbillon de douleur et de désespoir. Je me précipite vers la salle de bain, où je m'agenouille devant la cuvette, mes sanglots étouffés par le bruit sourd de mes propres hoquets. Je suis un demi-démon, coincé entre deux mondes, condamné à vivre dans l'ombre de ma propre nature. Et dans ce moment de vulnérabilité extrême, je réalise à quel point cette existence est une malédiction dont je ne pourrai jamais m'échapper.

Je passe la nuit éveillée dans mon lit, recroquevillé en boule, surveillant la porte avec une vigilance fiévreuse, prêt à me défendre au moindre signe d'intrusion. Mais rien ne se passe. Le silence de la nuit est seulement brisé par le doux souffle du vent et le battement régulier de mon cœur affolé. Le soleil finit par se lever, et aucun mage n'a tenté de franchir la porte pour me faire du mal. C'est étrange, déconcertant même. Normalement, dès que la magie démoniaque est impliquée, ou dès que ma véritable nature de demi-démon est découverte, une attaque est imminente. Alors, pourquoi cette fois-ci en est-elle différente ?

Mes pensées tourbillonnent dans ma tête alors que je me prépare à affronter une nouvelle journée. Juste au moment où je commence à envisager une explication plausible, Nika vient toquer à ma porte. Sa voix résonne à travers le bois, m'invitant à me joindre à eux pour le petit déjeuner.

"Tu viens prendre le petit déjeuner, il est servi," déclare-t-elle d'un ton enjoué.

Je réponds d'une voix tremblante, essayant de masquer ma confusion et ma peur grandissante. "Je... je..."

Mais Nika me coupe la parole avec un sourire entendu. "Dépêche-toi avant que je ne mange tout," ajoute-t-elle d'un ton taquin.

Je sens son sourire à travers la porte, et un frisson me parcourt l'échine. Je touche fébrilement le sol du bout des pieds, prêt à faire face à ce qui m'attend de l'autre côté de la porte. C'est alors que Marguerite, toujours aussi présente dans mes pensées, revient hanter mon esprit. Elle se moque de moi, insinuant que les mages ont peut-être quelque chose de plus sinistre en réserve, se jouant de ma peur et de ma confusion. Je presse mon front contre la porte, priant silencieusement pour que cette journée se déroule sans encombre.

Je déverrouille la porte avec précaution, et en sortant de ma chambre, je constate qu'il n'y a pas de mage en vue. Un soupir de soulagement m'échappe alors que je m'avance lentement vers la salle à manger. Cependant, un frisson désagréable me parcourt soudainement l'échine, me faisant réaliser que quelqu'un me suit. Mon instinct de survie prend le dessus, et je me retourne brusquement, prêt à riposter à toute menace.

C'est alors que je vois Theodor qui me sourit chaleureusement. "Bonjour, Dame Aoi. Vous allez bien ? Vous êtes bien pâle," dit-il d'un ton préoccupé.

Mon cœur s'apaise légèrement en reconnaissant le visage amical de Theodor, et je perds automatiquement ma position défensive, souriant nerveusement en retour. "Euh, oui, je... j'allais juste manger," balbutiais-je en désignant la salle à manger derrière moi. "Je vais vous accompagner," ajoute-t-il avec bienveillance.

Un frisson d'appréhension me parcourt à nouveau, mais je n'ai pas le courage de refuser son offre. Avec une boule dans la gorge, je hoche la tête et le suis, priant silencieusement pour que cette rencontre se déroule sans encombre.

La porte s'ouvre une fois de plus, et à ma grande surprise, aucun mage hostile ne se trouve de l'autre côté. À la place, je découvre mes amis, Tesla, la mère de Cléo, ainsi que nos gardes du corps respectifs réunis autour de la table. Un soupir de soulagement m'échappe alors que je m'avance silencieusement pour prendre place à la table.

Les regards bienveillants de mes compagnons d'aventure me rassurent quelque peu, dissipant légèrement la tension qui s'était accumulée en moi depuis mon réveil. Je tente de me fondre dans l'ambiance chaleureuse qui règne autour de la table, espérant que cette rencontre amicale soit le prélude à une journée plus paisible.

Je m'assois avec précaution, essayant de masquer mon trouble derrière un masque de calme apparent. Mes yeux balayent discrètement la pièce, à la recherche de la moindre anomalie, mais tout semble être à sa place.

Je ne suis pas surprise de voir Nika boire de l'alcool si tôt dans la journée. Son sourire chaleureux contraste étrangement avec la situation tendue qui régnait précédemment. Elle me fixe avec un regard curieux et demande : "Ça va bien dormi ?"

Je lui rends son sourire, tentant de dissimuler ma perplexité derrière une expression neutre. "Oui, merci, j'ai bien dormi," répondis-je simplement, gardant mes réflexions pour moi-même.

Plissken, assis à côté, coud en silence mais me jette des regards perplexes, semblant deviner que quelque chose ne va pas. Après un moment, il pose son ouvrage et se tourne vers moi, ses yeux remplis de sollicitude. "Aoi, tu es sûre que tout va bien ?" demande-t-il enfin, sa voix douce et bienveillante.

Je hoche la tête rapidement, tentant de sourire malgré l'inquiétude palpable dans ses yeux. "Oui, tout va bien," mens-je, espérant qu'il ne perçoive pas le tremblement dans ma voix.

À cet instant, la voix insidieuse de Marguerite résonne dans mon esprit. "Pauvre petite menteuse," murmure-t-elle avec une moquerie glaciale. "Tu ne peux même pas cacher ta peur. Ils finiront par découvrir ta faiblesse, et alors, ils te rejetteront."

Je serre les dents, essayant de repousser les sombres murmures qui menacent de me submerger. Je secoue légèrement la tête, tentant de me concentrer sur autre chose. Mais les mots de Marguerite résonnent comme une sinistre prophétie, amplifiant l'angoisse qui se tapit au fond de moi.

Cléo, toujours attentive, remarque mon malaise et pose une main réconfortante sur mon épaule. "Aoi, si tu as besoin de parler, je suis là," dit-elle doucement, ses yeux emplis de compassion.

Je tente un sourire, mais le masque de normalité que j'essaie de porter se fissure. "Merci, Cléo," réponds-je d'une voix faible, en détournant le regard. Malgré ses efforts sincères, mes craintes restent ancrées, indélogeables.

Pendant le petit déjeuner, je picore à peine mon assiette. Chaque bouchée me semble suspecte, chaque saveur est une menace potentielle. "Tu devrais faire attention," murmure Marguerite dans mon esprit. "Qui sait si ce n'est pas empoisonné ?"

Je repose ma fourchette, l'appétit complètement coupé. Après le repas, la mère de Cléo part. Je l'observe depuis ma fenêtre, sa silhouette s'éloignant lentement. Juste avant de disparaître de ma vue, elle se retourne brièvement, et son regard se pose sur moi. Un frisson glacé me parcourt l'échine, et je me renferme à nouveau dans ma chambre, cherchant un semblant de sécurité derrière la porte verrouillée.

Marguerite ne perd pas une seconde pour envenimer la situation. "Tu vois, même elle te trouve étrange," murmure-t-elle d'un ton venimeux. "Ils te surveillent tous. Tu n'es en sécurité nulle part."

Je m'assois sur le lit, serrant mes genoux contre ma poitrine. Les murmures de Marguerite s'intensifient, chaque mot semblant graver un peu plus profondément ma peur et ma paranoïa. Je me rappelle le regard de la mère de Cléo, la méfiance peut-être, ou étais-je simplement en train d'imaginer des choses ? Je ferme les yeux, essayant de repousser les pensées sombres qui m'assaillent.

"Tu es seule," continue Marguerite, son ton sinistre résonnant dans ma tête. "Personne ne te comprend. Ils finiront par te trahir."

Je secoue la tête, tentant de chasser ces pensées. "Non, ce n'est pas vrai," murmuré-je, mais ma voix est faible, à peine plus qu'un souffle. Marguerite rit, un son cruel et dénué de chaleur.

"Ne sois pas naïve," ricane-t-elle. "Tu es une menace pour eux. Ils ne peuvent pas te faire confiance."

Je me lève brusquement, essayant de rompre le cercle vicieux de mes pensées. Je marche nerveusement dans la chambre, jetant des regards anxieux vers la porte, comme si quelqu'un pouvait surgir à tout moment. Je sais que je dois me calmer, trouver un moyen de retrouver mon équilibre. Mais chaque tentative est sapée par les murmures incessants de Marguerite, par sa présence oppressante dans mon esprit.

"Pourquoi ne pas tout abandonner ?" suggère-t-elle soudainement, sa voix étrangement persuasive. "Tu n'as pas besoin d'eux. Tu peux trouver ta propre voie, loin de tous ces jugements."

Je m'arrête, surprise par cette nouvelle direction que prennent ses paroles. Une part de moi veut croire qu'il y a une échappatoire, un moyen de fuir cette peur constante. Mais je sais que fuir ne résoudra rien. Je dois faire face à cette voix, à ce démon intérieur qui cherche à me détruire.

Prenant une profonde inspiration, je me tourne vers le miroir, regardant mon reflet. "Non," dis-je fermement, essayant de rassembler tout le courage que je peux. "Je ne vais pas céder. Ils sont mes amis. Je dois me battre pour eux, et pour moi-même."

Marguerite rit à nouveau, mais cette fois, son rire semble moins certain, moins triomphant. "Nous verrons bien," dit-elle, sa voix se dissipant lentement. "Nous verrons bien."

Je serre les poings, luttant contre l'envie de hurler. Je sais que je dois rester forte, mais chaque mot de Marguerite érode un peu plus ma résistance. Assise sur le lit, j'essaie de calmer ma respiration, mais les murmures ne cessent de résonner dans ma tête, amplifiant ma paranoïa.

Plus tard dans la journée, Plissken et Nika reçoivent une lettre de Dame Shi sur la route vers Mirage. Ils discutent de son contenu avec une certaine gravité, mais mon esprit est ailleurs, envahi par les murmures incessants de Marguerite. Nous reprenons la charrette pour retourner à Mirage.

"Ne leur fais pas confiance, Aoi. Ils cachent quelque chose," insinue Marguerite, sa voix comme du poison dans mes pensées.

Plissken, qui semble avoir pris Kara sous son aile comme une fille, s'approche de moi avec une expression de préoccupation. "Aoi, tu as l'air perdue dans tes pensées. Est-ce que tout va bien ?"

Je lève les yeux vers lui, mais les mots semblent coincés dans ma gorge. Tout ce que je peux faire, c'est hocher la tête, espérant que cela suffira à le rassurer. "Oui, tout va bien," répété-je, mais le tremblement dans ma voix trahit mes véritables sentiments.

Plissken soupire, clairement peu convaincu. "Si jamais tu as besoin de parler, n'hésite pas. Nous sommes tous là pour toi, tu sais."

Je murmure un remerciement, mais je ne peux m'empêcher de reculer légèrement, cherchant à m'éloigner de l'intensité de son regard. Marguerite en profite immédiatement pour planter une nouvelle graine de doute.

"Il te dit ça, mais il pense le contraire. Ils se méfient tous de toi."

Je ferme les yeux un instant, essayant de repousser cette voix malveillante. En rouvrant les yeux, je vois Plissken retourner auprès de Kara, posant une main paternelle sur son épaule tandis qu'il lui parle doucement.

Alors que les jours se succèdent, je me sens de plus en plus isolée, comme si un fossé infranchissable se creusait entre moi et mes compagnons. Les sombres pensées qui me tourmentent semblent ériger des murs invisibles autour de moi, me séparant du reste du monde.

Un soir, alors que nous nous arrêtons pour dresser le camp, Nika s'approche de moi avec un sourire chaleureux, une bouteille entre les mains. "Hey, Aoi, ça te dit un verre pour te détendre un peu ?" propose-t-elle, un éclat malicieux dans les yeux.

Je regarde la bouteille d'alcool avec méfiance, une vague de malaise me traversant à l'idée d'y toucher. "Euh, merci Nika, mais je pense que je vais passer," répondis-je, essayant de sourire malgré le malaise qui me tenaille.

Nika incline la tête, ses yeux pétillants d'amusement. "Oh, allez, un petit verre ne peut pas faire de mal. Ça va te détendre, crois-moi," insiste-t-elle, tendant la bouteille vers moi.

Mais alors que je m'apprête à réitérer poliment mon refus, la voix insidieuse de Marguerite résonne dans ma tête. "Vas-y, Aoi. Un peu d'alcool ne fera pas de mal. Ça pourrait même t'aider à oublier tes soucis pour un moment."

Je me raidis, sentant le conflit intérieur s'intensifier. Nika continue de me regarder avec un sourire encourageant, mais je sens que quelque chose cloche. Je ne peux pas expliquer pourquoi, mais l'idée de boire de l'alcool me remplit d'une anxiété palpable, comme si c'était la dernière chose que je devrais faire.

Pourtant, la voix de Marguerite persiste, murmurant des encouragements empoisonnés dans mon esprit. "Allez, Aoi, ne sois pas si rigide. Ce n'est qu'un petit verre. Ça ne peut pas te faire de mal."

Je lutte contre la tentation, contre l'envie irrépressible de céder à la pression de Marguerite. "Non, merci, Nika. Je préfère rester sobre ce soir," déclare-je finalement, repoussant doucement la bouteille.

Nika me regarde avec un air perplexe, mais finit par hocher la tête avec un sourire compréhensif. "D'accord, pas de souci. Si tu changes d'avis, tu sais où me trouver," dit-elle avant de retourner vers le reste du groupe.

Pendant un instant, je me sens soulagée d'avoir résisté à la tentation, mais une part de moi tremble encore sous l'effet des murmures sombres de Marguerite.

La détermination ardente de Cléo à maîtriser la magie est une source constante d'inspiration pour nous tous. Chaque fois que je la vois plongée dans ses entraînements, ses yeux brillants d'une détermination sans faille, je ne peux m'empêcher de ressentir une pointe d'admiration mêlée d'envie. Elle semble si sûre d'elle, si confiante dans sa capacité à surmonter tous les obstacles qui se dressent sur son chemin.

Pourtant, même Cléo, avec toute sa force intérieure, n'est pas à l'abri des doutes insidieux semés par Marguerite. Parfois, lorsque nous nous retrouvons seules, entre deux sessions d'entraînement ou après une longue journée d'étude, Cléo vient me voir avec un air préoccupé, comme si elle pouvait sentir le poids des sombres pensées qui me hantent.

Elle pose une main réconfortante sur mon épaule, son regard empreint de compassion. "Ça va, Aoi ?" demande-t-elle doucement, ses yeux scrutant les miens comme si elle cherchait à percer le voile de mes tourments intérieurs.

Je lui adresse un faible sourire, tentant de dissimuler les sombres pensées qui tourbillonnent dans mon esprit. "Oui, ça va... Enfin, je suppose," répondis-je, me forçant à paraître plus détendue que je ne le suis réellement.

" On vas trouver une solution... " dit –elle avec un chaleureux sourire.

Alors que Cléo pose sa main réconfortante sur mon épaule et me demande si ça va, je sens une légère irritation monter en moi. Comment peut-elle prétendre trouver une solution à mes tourments intérieurs ? Comment peut-elle prétendre m'aider à contrer les sombres influences de Marguerite ?

Malgré moi, je sens une pointe de frustration m'envahir alors que je lutte pour maintenir un masque de calme et de contrôle sur mes émotions tourmentées. Comment peut-elle prétendre savoir ce que je ressens, ce que je traverse ?

Je réprime le soupir qui menace de s'échapper de mes lèvres, décidée à garder mes pensées intérieures pour moi-même. Je ne peux pas lui dire à quel point ses mots m'irritent, à quel point j'ai du mal à accepter son offre d'aide alors que je me sens si impuissante.

Je me force à sourire, bien que mes émotions intérieures soient en ébullition. "Merci, Cléo," murmurai-je doucement, sentant une pointe de résignation percer à travers mon irritation. "Je suis reconnaissante pour ton soutien."

Alors que nous échangeons un regard empreint de compréhension mutuelle, je sens un frisson d'appréhension me parcourir à l'idée de l'inconnu qui nous attend à Mirage. Même si nous sommes déterminées à trouver une solution à nos tourments intérieurs, nous savons toutes les deux que le chemin à parcourir sera semé d'embûches et de dangers.

Quand nous arrivons enfin à Mirage, la tension dans l'air est palpable alors que nous nous hâtons de rencontrer Dame Shi. Elle nous accueille avec une expression grave, ses yeux scrutant les nôtres comme si elle pouvait lire nos pensées les plus intimes. Après quelques échanges de politesse, elle aborde enfin le cœur du sujet.

"Dames et messieurs, je vous ai convoqués ici pour une mission de la plus haute importance," déclare-t-elle d'une voix solennelle. "Un convoi de marchandises doit être escortée vers une ville voisine, et je vous demande d'assumer cette responsabilité."

Nous acquiesçonst, prêtes à relever ce défi malgré nos propres préoccupations. Mais alors que Dame Shi expose les détails de la mission, je sens une tension grandissante en moi, une inquiétude sourde qui se transforme en un écho des sombres avertissements de Marguerite.

Marguerite reprend sa sinistre prophétie, avertissant que le roi démon nous attend avec un destin funeste. Son ton est glacial, ses mots empreints de désespoir alors qu'elle dépeint un avenir sombre et terrifiant.

Malgré moi, je sens une boule d'angoisse se former dans ma gorge alors que je lutte pour repousser les sombres pensées qui menacent de m'engloutir. Mais je sais que je ne peux pas laisser la peur me paralyser, que je dois trouver la force de surmonter les doutes qui me tourmentent, même si je ne sais pas encore comment.

La colère monte en moi, un feu ardent qui brûle à l'intérieur alors que je réalise que Marguerite ne m'a pas laissé une minute de répit depuis plus d'une semaine. Ses sombres prophéties, ses insinuations malveillantes, sa présence incessante dans mes pensées ont été comme des chaînes qui m'ont enchaînée à un tourment constant, sans relâche.

Je lutte pour contenir cette colère, pour ne pas la laisser m'envahir complètement, mais chaque mot de Marguerite résonne comme un écho de frustration et de désespoir dans mon esprit. Comment ose-t-elle me tourmenter de la sorte, comment ose-t-elle envahir ma vie avec ses sombres présages et ses avertissements sinistres ?

Pourtant, même dans ma colère, je sens une pointe de désespoir émerger. Comment puis-je espérer trouver la paix, comment puis-je espérer surmonter les ténèbres qui m'assaillent, quand même moi je lutte pour garder la tête hors de l'eau ?

Je me force à respirer profondément, à canaliser cette colère bouillonnante en moi. Je sais que je ne peux pas laisser la rage dicter mes actions, que je dois trouver un moyen de surmonter les tourments qui me tourmentent, même si je ne sais pas encore comment.

Dame Shi se tourne vers moi, son regard scrutant mes yeux avec une inquiétude évidente. "Dame Aoi, vous ne semblez pas aller très bien," dit-elle d'une voix calme mais ferme.

Une vague de colère incontrôlable monte en moi à sa question, et je réponds avec une tension palpable dans ma voix : "Je vais bien !"

Dame Shi arque un sourcil, semblant perplexe face à ma réaction. "Vous en êtes sûr ?" insiste-t-elle, son regard pénétrant ne me laissant aucune échappatoire.

Je soupire d'exaspération, sentant la pression de mes émotions refoulées menacer de submerger mon calme apparent. Sans un mot de plus, je tourne les talons et quitte la pièce, Cléo sur mes traces.

"Aoi, est-ce que ça va ?" me demande-t-elle, son ton empreint d'inquiétude sincère.

Je sens une force intense m'envahir, une énergie brute qui cherche à s'échapper de ma poitrine oppressée. "Laisse-moi, Cléo," réponds-je d'une voix rauque, désireuse d'être seule avec mes pensées tumultueuses.

Mais Cléo refuse de m'abandonner, elle continue de me suivre, son regard rempli d'une compassion que je ne peux supporter. Alors que nous atteignons une impasse, un grillage bloquant notre chemin, la frustration éclate en moi. D'un geste brusque, je saisis le grillage et le plie en deux, comme s'il n'était qu'un morceau de papier fragile.

L'expression de Cléo se teinte d'une inquiétude croissante alors que je refuse de me laisser aider, de lui ouvrir mon cœur déchiré. Je peux sentir sa préoccupation grandir, mais rien ne peut apaiser la tempête qui fait rage en moi.

Nous atteignons finalement une place, et je sens ma vision se troubler alors que les ténèbres menacent de m'engloutir. La colère, la frustration, la peur, tout se mélange dans un tourbillon tourmenté, et je lutte pour rester debout, pour ne pas sombrer dans l'abîme qui menace de me dévorer tout entier.

La place se fond dans un brouillard sombre alors que les paroles insidieuses de Marguerite s'insinuent dans mon esprit déjà tourmenté. Son ton sinistre résonne dans les méandres de ma conscience, amplifiant la tempête émotionnelle qui fait rage en moi.

Les souvenirs refoulés refont surface, déferlant sur moi comme une vague déchaînée. Je me retrouve submergée par un flot d'images, de sons, de sensations que j'ignorais. Les mots de Marguerite résonnent comme une révélation sombre, éclairant les zones d'ombre de ma mémoire qu'on m'avait effacé.

Et soudain, tout devient clair. Les pièces du puzzle se mettent en place, révélant une vérité que j'avais était privée. Plissken, Nika, tous ceux en qui j'avais mis ma confiance, m'avaient trahi... ce pacte qui m'avait fait leurs pantins. Ils m'avaient menti, dissimulant la vérité derrière un voile de mensonges et de faux-semblants.

La colère gronde en moi, une rage brûlante qui consume tout sur son passage. Comment ont-ils osé me trahir de la sorte ? Comment ont-ils pu me mentir, me manipuler, me faire croire en un mensonge aussi cruel ?

Je sens une force obscure m'envahir, une énergie brute qui cherche à s'échapper de mes entrailles. Mes poings se serrent, mes dents grincèrent de frustration alors que je lutte pour contenir la tempête qui fait rage en moi.

La vague énergétique démoniaque m'envahit brutalement, m'arrachant à la réalité pour me plonger dans un tourbillon d'obscurité. Je me sens glisser dans les ténèbres de mon propre esprit, impuissante face à la force maléfique qui me submerge. Avant même que je ne puisse réagir, je me sens enchaînée, prisonnière de mon propre être alors que Marguerite prend possession de ma place.

Alors que mon corps est agenouillé, tétanisé par la terreur et l'impuissance, Cléo pose doucement sa main sur mon épaule, cherchant à me réconforter dans ma détresse. "Aoi?" m'appelle-t-elle, son visage empreint d'une inquiétude sincère.

Mais les mots qui sortent de ma bouche ne sont pas les miens. C'est la voix glaciale de Marguerite qui répond à la place, détournant l'attention de Cléo avec une aisance déconcertante. "Oui, je vais bien," répond Marguerite, feignant une fausse assurance. "Désolée pour ça, tu sais comme Marguerite peut être agaçante parfois."

Cléo me sourit, semblant croire que tout va bien malgré les étranges circonstances. "Je n'en doute pas," répond-elle, avant de m'inviter à rejoindre les autres qui nous attendent.

Mais je ne peux pas. Je ne peux pas me laisser emporter par cette mascarade, par ce mensonge cruel qui m'a été imposé. Je hurle, désespérée, tentant en vain de reprendre le contrôle de mon propre corps. Mais rien ne se passe. Je suis impuissante, submergée par les souvenirs douloureux qui affleurent à la surface de ma conscience.

Les images défilent devant mes yeux, cruelles et implacables. Je vois Plissken, sur le point de me tuer après que j'ai laissé Marguerite sortir pour les protéger. Je revois le pacte qu'il a conclu avec le Dieu du Temps, avec l'aide de Maurice, le pacte odieux où je devais tomber amoureuse de Plissken dans un délai donné, sous peine de laisser Marguerite tout détruire.

La trahison me serre le cœur, me laissant hébétée et brisée. Ils m'ont menti. Ils ont joué avec ma vie, avec mes sentiments, avec ma confiance. Ils m'ont effacé la mémoire pour repartir sur de nouvelles bases, me privant de mon libre arbitre, me manipulant comme une marionnette dans leur jeu cruel et impitoyable. Et maintenant, je suis prisonnière de mon propre esprit, impuissante face à la force dévastatrice de Marguerite qui prend possession de ma vie. 

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