Un mort trop vivant

Les bruits?

J'ai regardé la boîte remuer, incrédule. Hans était-il devenu un vampire aussi? Impossible, je n'avais pas bu son sang. Je jonglais avec l'idée de jeter la boîte dans le four avant qu'il ne sorte, quand Hans repoussa le couvercle. Il releva la tête, aperçu le four et remua si fort qu'il tomba sur le sol.

— Hans? Ça va?

Il se releva, tendant devant lui ses poings minuscules.

— Ne m'approche pas!

— Hans, je croyais que tu étais mort.

— C'est ça! Parce que tu pensais m'avoir tué!

Difficile de nier.

— Je suis désolé, Hans. Je ne voulais pas te faire de mal, mais mets-toi à ma place. Tu étais en train de m'embaumer quand je me suis réveillé. J'ai pété les plombs.

J'ai indiqué le four de la main.

— Tu peux me comprendre; regarde: tu viens de te réveiller et tu étais sur le point de te faire brûler vif. Admets que c'est flippant.

Il a baissé les poings, mais pas beaucoup. J'avais un autre problème à régler, et vite. Il n'était pas question de re-tuer Hans.

— Hans, écoute moi bien. Je suis devenu un vampire.

Il ne me croyait pas, le bougre; en moins de deux, il avait enfilé son masque de «ne pas contrarier le fou». Alors j'ai retroussé mes lèvres pour lui montrer mes dents, pointant mes canines de l'index.

— Tu vois? Je me suis réveillé sur ta table d'embaumement et j'étais comme ça. Alors je t'ai frappé, j'ai entendu un craquement, j'ai cru t'avoir tué. J'avoue que je voulais me débarrasser de ton corps, mais je n'aurais jamais fait ça si j'avais su que tu étais vivant.

Je dois lui donner ça, il n'a pas avalé mon histoire sans se frapper le crâne deux ou trois fois et s'être pincé avec vigueur.

— C'est pas possible Max... Tu es un vampire... Que va-t-il arriver avec ton enterrement? Il faut tout annuler?

— Ha non Hans! J'ai deux problèmes sur ma liste, et ils sont assez gros sans que tu en ajoutes. Le premier... c'est que je suis un vampire.

Hans était plus vif d'esprit que Reihnard, aussi je ne pouvais pas suivre sa réflexion aussi facilement. Ce qu'il dit me surprit un brin.

— Tu ne peux pas vivre comme ça Max. Il vaut mieux en finir.

— Comment? Mais non!

— Tu vas vivre la nuit, dormir dans un cercueil et boire le sang des gens? Ça n'a pas de sens, Max. Vaut mieux en finir pour de bon.

— Je ne suis pas certain que je sois mortel...

L'objection était faible, mais elle me ramena à la tête d'autre sinistres considérations. La plus grave étant que j'allais peut-être paraître seize ans pour l'éternité.

— Il y a un moyen: le four. Ça réduit n'importe qui en cendres dans le temps de le dire.

— Combien de temps? demandais-je sans grand enthousiasme.

— Pour un type de ton poids... environ quatre-vingt minutes, tout au plus.

— Quatre-v... Non, ça va aller. Je sais que tu veux aider, mais...

Je commençais à me demander si, après tout, il ne valait pas mieux vider Hans de son sang et le mettre au four aussi.

— Je vais trouver une manière ou une autre de renverser le processus.

— Mais que fait-on avec ton enterrement? Tout est prévu, on ne peut pas tout annuler.

— Il n'y a qu'à dire à tout le monde que c'est une erreur, que je suis vivant et que ce sera pour la prochaine fois.

— Mais c'est impossible, Max. Tu es mort. Ton certificat de décès est enregistré. Tu n'as plus d'assurance sociale, plus de dossier au fisc, plus de travail, plus de permis de conduire, plus d'argent.

J'étais atterré en constatant à quelle vitesse ma liste d'ennuis s'allongeait.

— Qu'est-ce que c'est que ces histoires? Les gens ne sont pas foutus de vérifier que vous êtes mort avant de vous retirer du système?

— Mais tu es mort, Max. Le monde des vivants n'est pas pour toi. Allez, il vaut mieux en finir.


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