𝐜𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟏






𝐂𝐀𝐋𝐌𝐄𝐌𝐄𝐍𝐓, les claquements de sabots martelaient le sol poussiéreux des sentiers battus. Le soleil brûlant frappait contre la nuque rougie des combattants, contre leur peau moite. D'un revers, ils essuyèrent leurs tempes humides et les pointes de leurs cheveux perlants de sueurs. Le vent s'était endormi, les rayons enflammés et les pluies évaporées, laissant la terre s'assécher, les plantes et les animaux mourir de soif. Les habitants n'étaient pas épargnés non plus, tout être étaient dans le bateau, forcés de travailler sous cette chaleur étouffante pour ne récolter qu'une poignée de grain. Et ce fut sous ce soleil aride que l'escadron de combattants se dirigeait en direction de la capitale du Royaume, tous épuisés par leur voyage.

          Sous les ombres de la forêt, des branches feuillues, ils continuèrent cependant leur périple, prévoyant une escale à la prochaine auberge qui se dresserait sur leur route. Les chevaux mériteront une bonne étable, avec des abreuvoirs pleins et de la paille à ne plus savoir où commencer. Les hommes, eux, se reposeront autour d'un verre, dans une salle fraîche et agréable, puis ils s'endormiront dans une couche propre avant de reprendre leur chemin. Car ils ne devaient point tarder, leur mission avait déjà débutée et le temps, qui était pour l'instant à leur faveur, devait impérativement le rester.

─ Capitaine, regardez ! s'était exclamé l'un des guerriers.

Le commandant avait tourné sa tête là où l'avaient indiqué son camarade, désignant une bâtisse en bois par-delà la lisière des bois. Il avait acquiescé en guise de réponse avant d'élever la voix, prévenant sa troupe qu'ils feraient une halte devant ces portes. Cette dernière se trouva ravie, rassurée, soulagée de bientôt pouvoir descendre de leurs chevaux, de se dégourdir les jambes avant de se désaltérer, leur gorge s'étant douloureusement asséchée. Ainsi, ils rempliraient également leurs réserves d'eau et de nourritures, écartant une famine probable parmi leur rang.

─ Second ! l'appela son commandant. Approche, gamin.

          Obéissant, un jeune homme aux cheveux noirs se démarqua parmi la foule, s'avançant avec son cheval à l'avant de la marche, auprès de son supérieur. Vêtu comme un combattant ordinaire, celui-ci ne l'était cependant pas, loin de là. Un sabre bouclé dans le dos, certains disaient qu'il ne s'en servait que rarement, capable de terrasser ses ennemis d'un seul regard avant de soudainement disparaître, lui valant le titre de « mirage ». Plus simplement ; il était l'un des prodiges de son clan. Mais au-delà, Shisui Uchiha était humble et aimant, pacifiste et loyale envers sa patrie à laquelle il se dévouait corps et âme. Il était ce genre de personne que le monde avait envie de suivre, d'aimer, au sens du devoir et du sacrifice hors du commun. Les plus spartiates d'entre eux le décrirait même de héros de l'ombre.

─ Un problème, capitaine ?

          L'homme âgé d'une bonne quarantaine d'année avait esquissé d'un sourire.

─ Je compte sur toi pour cette mission, gamin.

─ Je ne vous décevrait pas, capitaine, répliqua le jeune homme avec entrain.

─ Cela ne sera pas facile, tu sais, malgré ce que l'on pourrait croire. Il ne vaudrait pas te défaire de ta tâche, car tout peut basculer en une seconde, gamin.

─ J'y veillerais, ne vous en faites pas, lui assura-t-il avec ardeur.

─ Ah ! s'exclama le commandant avec enthousiasme. Si seulement tous les ninjas pouvaient être aussi bons et peu contrariants que toi !

─ Je suis sûr qu'ils le sont également, seulement plus dissipés, capitaine.

Pas à pas, l'escadron en direction du Royaume de Dokuhana s'approchait de l'auberge perdue de la lisière, seule parmi les vallées et les étendues asséchées par les rayons devenus mauvais de l'astre solaire. Ils descendirent de leurs chevaux une fois devant l'étable, certains submergés par la sensation de leurs pieds contre le sol poussiéreux et sec. Quand d'autre attachaient les montures fatiguées dans l'écurie, les autres entrèrent à l'intérieur en quête d'un quelconque gérant à qui s'adresser. Passant le pas de la porte, les soldats découvrir une pièce silencieuse. Seuls résonnaient les goulées de quelques lampées de bière ou de vin, le cognement des verres sur les tables en bois. Les paysans regardèrent leurs riches invités d'un œil mauvais, convoitant leurs armes et leurs vêtements.

S'avançant dans les bouffées d'alcool qui embrumaient leur esprit, le commandant ne prit point la peine de porter la moindre attention à ces gueux et se dirigea vers le comptoir derrière lequel se tenait une femme au tablier sale, suivit de son second qui sourit aimablement à ces ivrognes, ne récoltant malheureusement que quelques regards noirs. Drôle d'endroit, se disait-il. Celle qui tenait le comptoir n'était pas bien grande, vieille et ridée, une cigarette pincée entre les lèvres, lustrant une chope de son chiffon grisâtre et poisseux. Elle observa les nouveaux arrivants de haut en bas, tentant de cerner la raison de leur venue, leur classe sociale, leur rang, leur visage. Sa déduction fut vite faite.

─ Que font des ninjas de Konoha dans l'coin ?

─ Enchanté, madame, répondit le commandant en ne manquant pas de souligner son impolitesse, nous sommes en mission. Nous voudrions passer la nuit dans votre auberge.

Elle resta pendant quelques secondes muette, dévisageant de nouveau les combattants, posant son regard insistant sur le jeune homme mal alaise avant de répondre.

─ Combien êtes-vous ?

─ Une dizaine.

─ Ils faudra vous serrer.

          Sortant d'un tiroir plusieurs trousseaux de clés, les déposants sans la moindre délicatesse sur le comptoir, le commandant la remercie avant de faire volte-face, rejoignant sa troupe à l'extérieur, replongeant dans l'atmosphère brûlante de cette journée d'été. Les chevaux abrités, les guerriers attendaient patiemment les ordres, assit sur le sol, tentant désespérément de se rafraîchir en remuant des feuilles, du papier, des morceaux de parchemins devant leur visage dégoulinant. À l'horizon, le soleil se couchait, teintant le ciel d'une brume orangée, baignant son monde dans un crépuscule bouillonnant. Car peut-être la lune allait bientôt dominer les cieux, mais la chaleur ne s'amenuiserait point pour autant.

          Le jeune Uchiha observa ce spectacle avec attention, mais abattu par la chaleur de plomb, il se résolut néanmoins à prendre congé de ses camarades pour rejoindre sa couche.

─ Shisui ! l'interpella son commandant alors que celui-ci posait sa main sur la poignée de la porte, prêt à retourner à l'intérieur.

─ Oui, capitaine Isao ? demanda le mirage, se tournant vers son supérieur, assit dans l'herbe auprès de sa troupe, un brun de blé entre les dents.

─ Où vas-tu, gamin ?

─ Je vais dormir, nous arriveront à la capitale demain, il nous faudra être au meilleur de notre forme, expliqua le jeune homme.

─ Ahah ! rit le quinquagénaire. Tu m'amuses, gamin, mais tu as raison, demain sera long. Alors va te coucher si cela te chante.

─ Bonne nuit, capitaine, ne tardait pas non plus, il vous faut vous reposer.

Et ce fut sur ses mots attentionnés que le guerrier au cœur ébranlé par le feu quitta ses camarades le temps d'une dure nuit.

...

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top