5. Sous les feuilles d'automne

Je ne suis pas allée en cours, prétextant un mal de ventre imaginaire pour rester à la maison. Mon moral est mauvais au point que je me suis équipée de ma glace spéciale déprime en regardant une comédie romantique à deux balles. La maison est bien plus silencieuse sans la présence des jumeaux, c'est presque reposant. J'appuie sur le bouton de la télécommande pour faire pause et aller chercher un biscuit dans le placard lorsqu'un bruit attire mon attention. Il provient de l'étage. Je suis presque certaine que c'est Cookie qui joue avec l'une de ses balles favorites. Je ne m'attarde pas sur le phénomène et retourne à ma quête de biscuits.

Une fois mon brownie en main, je retourne dans le salon pour poursuivre ma déprime du jour. Nous sommes le 29 Septembre et dans deux jours la ville accueille une nouvelle édition du Jour des Défunts. Il semblerait que je sois la seule à ne pas vouloir en entendre parler. J'appuie sur la télécommande pour relancer mon film lorsqu'un nouveau bruit attire mon attention. Cookie est bruyant aujourd'hui, cela ne lui ressemble pas. Je soupire en me levant une nouvelle fois pour aller voir mon chien. Sent-il la tension palpable au sein de la maison ? Je monte les marches de l'escalier avec une certaine appréhension, la température semble être descendue de plusieurs degrés. Ce n'est peut-être que mon imagination, maman répète souvent que je suis trop souvent dans la lune. Je frotte mes bras pour me réchauffer tout en m'approchant du bruit suspect.

― Cookie ?

J'appelle mon husky blanc d'une voix tremblante. Qu'est-ce qui me prend ? Je ne devrais pas avoir peur d'un petit bruit provenant de mon chien ! Cookie ne tarde pas à courir dans ma direction, me renversant presque à la renverse. Je passe une main dans son poil soyeux en souriant, je n'avais pas à m'inquiéter.

― Tu sais que tu m'as vraiment fait peur, espèce de petite canaille !

Il m'observe avec ses grandes pupilles bleu et ce regard innocent. Maman ne voulait pas avoir d'animaux de compagnie car cela demandait trop de travail, mais oncle Declan ne l'a pas écouté. Il est arrivé un dimanche matin en portant un petit chiot adorable avec un ruban bleu autour de son cou. Nous l'avons appelé Cookie en raison de son amour pour ses biscuits.

― Tu mérites une promenade, ça me permettra de me vider la tête.

Cookie dévale les escaliers à toute vitesse afin d'aller récupérer sa laisse. Je me rends dans ma chambre pour enfiler un pantalon plus présentable et attacher mes cheveux roux en une queue de cheval. Une bonne promenade avec mon chien, c'est absolument ce dont j'ai besoin. Une fois prête, je vois Cookie remuer la queue en tenant sa laisse bleu dans la gueule. Ce chien ne cessera jamais de me surprendre par son intelligence. J'enfile mes baskets, prends les clés puis sors en compagnie de Cookie.

Nous débutons notre balade, Cookie me tire violemment en voyant un homme promener son propre chien. Quand il était plus jeune, il avait tendance à sauter au-dessus de la clôture et s'enfuir quelques heures avant de revenir tranquillement l'air de rien. Maintenant, il ne le fait plus et heureusement d'ailleurs. La ville entière est décorée avec des citrouilles, guirlandes et d'autres décorations. Je n'apprécie pas cet événement néanmoins il faut reconnaître que chaque élément est étudié avec soin. Maman n'est peut-être pas la meilleure mère du monde, mais en tant que représentante directe de la ville il n'y a pas mieux.

Je relève la capuche de mon pull pour protéger mes cheveux de la pluie. Cela ne me dérange pas de marcher sous la pluie, mais cela ne risque pas de plaire à maman. Il faut impérativement nettoyer les pattes de Cookie pour ne pas salir la maison. Nous passons par le centre-ville, l'ambiance générale me rappelle mon enfance. Papa adorait le jour des défunts et veillait à ce que tout le monde passe un bon moment. Il me manque tellement. Il était bien meilleur que les habitants de cette ville minable.

Cookie et moi poursuivons notre balade en prenant le chemin habituel. J'admire les arbres aux teintes orangées, des pommes de pin décorent l'herbe fraîchement tondue. Il y a bien une chose que j'apprécie dans cette saison, ce sont toutes ces merveilleuses couleurs. Je regrette de ne pas avoir emporté mon appareil photo pour immortaliser cet instant, je me contente de mon portable.

― Amara Mills !

Je me retourne en tirant légèrement sur la laisse de mon chemin pour faire face à la plus grande commère de la ville : Jessie Whiteman. Elle est la directrice du journal de la ville, les ragots croustillants c'est tout ce qu'elle aime. 

― Bonjour, madame Whiteman.

― Une belle journée, n'est-ce pas ?

― Oui.

Avec le temps, j'ai appris à ne pas trop ouvrir la bouche en présence de la journaliste locale. Elle détourne la plupart des conversations pour les utiliser dans ses articles. La connaissant, elle essaie d'obtenir des informations sur notre famille afin d'attaquer directement ma mère. Le mois dernier, elle n'a pas hésité à montrer sa colère au sujet de la reconstruction du pont de la ville pendant que certaines écoles de la ville se détériorent.

― Je suis désolée, mais j'ai encore une tonne de devoirs à faire.

― On ne néglige pas les études, tu as bien raison !

Je rebrousse chemin en compagnie de Cookie en mettant un maximum de distance entre elle et moi. Elle n'hésitera pas à balancer des choses sur maman et son incapacité à convaincre sa fille aînée de participer aux festivités.

21.09.2024

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