Partie 10
Samedi 10 aout 2019:
Je n'ai pas décroché un seul mot depuis l'affirmation de Léo. Il peut en conclure ce qu'il en pense, je m'en fiche. Alexis, Thomas et Oscar nous ont rejoints et ils sont tous les quatre à m'observer. Ils attendent que je me justifie, alors que je n'ai aucune foutu raison de le faire.
- Sérieux Gaël, intervient Alexis agacé. Faut que tu m'expliques. D'où tu traîne avec ce gars ?
- Je vous ai vu tous les deux un soir, renchérit Thomas.
- Je t'avais dit de rester loin de lui. C'est quoi ton problème ? enchaîne ce qui est censé être mon meilleur ami.
Toutes leurs questions me donnent envie de pleurer, mais je me retiens tant bien que mal. Il traite Dimitri comme un moins-que-rien, comme un déchet, comme une honte. Cet homme n'est rien de tout cela. Il est extraordinaire, gentil, doux, attentionné. J'aime l'embrasser, me perdre dans ses étreintes, ses bras sont le seul refuge dont j'ai besoin.
Et pourtant je reste là, piqué sur place, incapable de prendre sa défense. Il le juge sans le connaître. Je devais arrêter d'être lâche mais seul contre eux, je me sens impuissant. Qu'est-ce que je fais là ? J'aurais dû rester avec Dimitri, en sécurité. Je ferme les yeux et pense très fort à lui. Je repasse en mémoire nos moments ensemble. Ses baisers, ses mains sur mon corps, son rire, la façon dont il prononce mon prénom.
En rouvrant les paupières, je réalise enfin ce qu'il en est. J'ai réussi à faire le tri dans mes sentiments. La réponse m'est apparu lorsque en voyant Léo tout à l'heure mais elle plus est claire maintenant.
Pourquoi est-ce que je ne supporte pas d'entendre mes amis parler ainsi de mon copain et que cela me blesse autant ? Pourquoi le simple fait de penser à lui me donne du courage pour les affronter ? Pourquoi est-ce qu'il me fait ressentir tout cela, les papillons dans le ventre, les tremblements, les frisons, ce bien-être ? Pourquoi est-ce qu'il me procure tant de plaisir charnel sans pour autant que nous ayons couché ensemble ? Pourquoi mon coeur bat avec une telle force lorsque je suis avec lui ?
Tout simplement parce que je suis amoureux de lui. J'aime Dimitri. D'un amour que je ne connaissais pas. Je croyais le ressentir à l'égard de Léo mais je me trompais lourdement. Rien n'égale ce que j'éprouve pour Dimitri. Ma place est avec lui.
Ce constat me donne des ailes. Je relève la tête et ravale mes larmes. Ils veulent des réponses, je vais leur donner.
- Je suis libre de mes choix, je commence d'une voix dure ce qui les surprend. Il s'appelle Dimitri et c'est un garçon extraordinaire.
- T'es sérieux là ?, s'exclame Oscar.
- On aura tout entendu ici, soupire Léo. T'es malade ou quoi Gaël. Il t'a contaminé ?
- Tu débloques complet, s'indigne Thomas. Il vaut rien ce gars putain.
Je ne reconnais aucun d'eux. Comment j'ai pu rester aveugle aussi longtemps et être ami avec eux ? Une larme solitaire roule sur ma joue. Mon copain n'a pas de maladie. Pourquoi ne voient-ils pas ce que Dimitri a ? Il avait peur que mes sentiments pour Léo soient toujours là, il avait tort. Au contraire, ce que je ressens pour mon meilleur ami à l'heure actuelle, enfin ancien dorénavant, est bien loin d'être de l'amour. C'est lui qui me dégoûte de réagir de la sorte.
Une colère sans nom s'infiltre dans mes pores. C'est terminé le gentil Gaël qui laisse de pauvre gens fermés d'esprits insulter l'homme que j'aime. Je serre les poings. Les garçons qui me font face ne comprennent pas mon brusque changement de comportement. Eux qui pensaient me connaître, vont vite déchanter.
- Fermez-là, j'ordonne et leurs visages étonnés seraient presque drôles. Je vous interdis de parler comme ça de Dimitri. C'est quelqu'un de bien. Beaucoup plus que vous tous réunis. Il ne m'a pas contaminé comme vous dites. Il n'a pas eu besoin. Je ne veux plus de votre amitié, c'est terminé.
- Qu'est-ce qui te prend Gaël ?, me questionne Léo en se levant. Je ne te reconnais plus.
D'un geste de la main, je lui demande silencieusement de ne plus faire un pas. Ils me dévisagent tous les quatre, dans l'incompréhension la plus totale. Léo essaye de me scruter pour lire en moi mais il n'y parviendra plus. Comme il l'a si bien dit, j'ai changé.
- Je suis gay, je conclus.
Je vois leur expression se décomposer et des grimaces se former. Ils m'écoeurent tellement. Sans leur laisser le temps de rajouter quoi que ce soit, je m'enfuis loin d'eux. Je cours retrouver mon refuge.
Je ne m'attendais pas vraiment à ce que ça se passe autrement. Je savais déjà qu'ils détestaient Dimitri. En revanche, je ne pensais pas que l'écoeurement visible sur leurs traits, serait aussi douloureux. C'est étrange de se dire qu'une page de ma vie s'est tournée, que notre amitié n'était pas aussi solide pour ne pas supporter que je sois différent. Toutes les années qui viennent de s'écouler n'étaient que mensonge. Je sais que, même si ça fait mal de l'admettre, c'est le mieux pour moi. Léo ne voulait pas me voir parce que je lui manquais, mais pour avoir des réponses aux rumeurs. Le reste leur importait peu.
Par contre, je suis le premier sidéré de constater que je n'aimais pas Léo de la manière dont je croyais. Quand j'ai réalisé que j'étais gay, s'était en fin de troisième. Mes amis commençaient à parler du corps des filles et j'ai remarqué qu'il ne m'intéressait pas. Imaginer une femme nue ne me procurait aucun plaisir. Les seins me rebutaient et je ne parle même pas du sexe féminin. Et puis Léo s'est changé devant moi un jour avant d'aller à la piscine, ses courbes masculines me faisaient beaucoup plus rêver. À ce moment précis, j'ai compris que j'étais différent des garçons qui m'entourent.
Avec le recul et une nouvelle perception des choses, je me demande si je me pensais amoureux de Léo car c'est grâce à lui que j'ai découvert ma sexualité. Il était purement et simplement un fantasme. Je croyais l'aimer parce que c'est le premier corps qui m'a suscité une envie. C'était beaucoup plus facile de prétendre aimer la personne que je connaissais le plus. J'avais bien trop peur de l'inconnu, à l'époque, pour chercher quelqu'un d'autre.
À présent, je me rends compte que jamais je n'ai eu l'estomac en vrac avec Léo, comme je peux l'avoir avec Dimitri. Les moments les plus merveilleux que je passe avec mon copain, sont ceux où nous apprenons à nous découvrir. Et puis, si j'aurai vraiment été amoureux de Léo, je n'aurais pas sauté sur Dimitri ce fameux soir.
J'accélère la cadence, trop presser de rejoindre l'homme qui fait battre mon coeur. La porte d'entrée est ouverte, signe que mon copain n'est pas redescendu après mon départ. Je cours à travers la maison et monte les marches deux par deux. Arrivé devant sa chambre, j'entre en furie.
Ma poitrine se serre en le voyant allongé sur le ventre, la tête enfuie dans son oreiller et les bras dessous. Il a à peine esquissé un mouvement en m'entendant.
- Dimitri, je souffle.
Je m'allonge sur son corps et passe mes bras sous les siens. Je dépose plusieurs baisers sur sa nuque. Il renifle discrètement. Il a pleuré à cause de moi, parce que je l'ai abandonné.
- Je suis désolé mon amour, je reprends en retenant mes larmes. Je n'aurais pas dû te laisser mais je leur ai dit. Ils savent.
Il respire fort, avant de tourner légèrement la tête pour me regarder. Je me sens encore plus mal, en voyant des traces humides sur ses joues. Pour me faire pardonner, je les embrasse.
- Tu es revenu vers moi, murmure-t-il d'une voix éraillée.
- Bien sûr. Je t'ai dit que je reviendrais. Il fallait que je le fasse maintenant Dimitri, je lui dis le plus tendrement possible.
- Je sais mais je croyais que tu...j'avais peur que tu restes avec lui.
- Non.
Je prends une grande inspiration, puis fais glisser mon nez le long de sa peau. Je dois lui dire. Il est tout ce qui compte pour moi.
- Je suis amoureux de toi Dimitri, je lui avoue dans un chuchotement.
Il se retourne d'un coup, ce qui me fait basculer sur le côté. Les yeux exorbités, le souffle court, il me fixe. Je lui souris pour le rassurer.
- Quoi ?, s'étrangle-t-il.
Je pose mes mains autour de son visage et capture ses lèvres. Notre baiser est calme, tout en tendresse. Par ce geste, j'essaye de lui transmettre ce que les mots ne pourront jamais faire. Une fois séparés, nos deux fronts se touchent et je plante mon regard dans le siens.
- Je t'aime, je lui affirme.
- Gaël, dit-il chamboulé.
- Je ne sais pas ce que tu m'as fait Dimitri Krasnov mais une chose est sûr, tu m'as rendu accro à toi. Tu n'es pas prêt de te débarrasser de moi.
- Aucun risque !
Il me serre dans ses bras, avec un mélange de bonheur et de désespoir. Malgré la situation, je ne peux pas m'empêcher de rigoler doucement. Je ne sens beaucoup plus léger de lui avoir confié mes sentiments. Dimitri mitraille l'entièreté de mon visage de baisers papillons, ce qui me fait exploser de rire. Il nous faut plusieurs minutes pour retrouver notre calme. Nous nous sommes rallongés et Dimitri me garde emprisonné contre son torse.
- Tu sais Gaël, au départ je te voyais comme tous les autres. Un parfait abruti, il doit voir mon visage se torde de douleur en l'entendant prononcer de telles paroles car il pose ses lèvres sur mon front et caresse mon ventre. Mais je me suis rappelé que je ne t'avais jamais entendu dire un truc sur moi. Tu étais le seul qui ne faisait rien. Quand tu m'as dit être gay aussi, j'ai pensé qu'on pouvait se rapprocher tous les deux et peut-être devenir amis.
Il s'arrête de parler et vient entrecroiser nos doigts. Je passe une jambe par-dessus ses hanches. Je ne serais jamais assez proche de lui. Il fixe le plafond et moi, j'attends qu'il continue. J'ai l'impression que des heures se sont écoulées, avant qu'il reprenne la parole.
- Je n'avais vraiment aucune arrière-pensée, quand je t'ai proposé de sortir en boite avec moi. Je crois que c'est lorsque tu as été jaloux du gars que je me suis dit que j'avais peut-être mes chances avec toi. Il s'est passé un truc quand on s'est embrassé, tu l'as senti aussi ?
- Oui. Sur le coup ça m'a rendu encore plus dingue de toi, je réponds la voix nouée.
- J'ai pas trop compris ce qu'il se passait. On s'est côtoyé pendant des années et puis d'un seul coup, je ressentais un désir sans nom pour toi.
- C'était pareil pour moi.
- Tout ça pour te dire que...il se racle la gorge et ses yeux finissent par me rencontrer. Je suis amoureux de toi aussi Gaël.
C'est une explosion d'émotions qui se produit en moi. Un sourire énorme déforme mon visage. Mon coeur va exploser de bonheur, à force de battre si vite. Nos lèvres se rejoignent vite pour partager un baiser enflammé.
Je finis par grimper sur son corps, les doigts tirant ses cheveux. Ses mains passent sous mon tee-shirt et effleurent mon dos, ce qui me fait gémir. Aujourd'hui, plus que jamais, je veux passer à l'étape supérieure de notre relation. Ma bouche dévore son cou. Le goût de sa peau est si exquis. Je ne peux plus me retenir.
- Je veux qu'on fasse l'amour, je lui avoue. Je suis prêt.
Je sens son corps se figer mais d'un regard nous nous comprenons. Et puis nous sommes tellement bouillant de désir que rien ne pourrais nous arrêter. Dimitri me fait basculer sous lui. Nos vêtements volent à travers la chambre. Je veux n'unir à lui depuis le premier soir.
Je me cambre lorsqu'il fait passer mon membre entre ses lèvres. Ses doigts, enduit de lubrifiant me prépare et je crie à en perdre la tête. Il est doux avec moi mais en même temps, il me fait bien comprendre son avidité de me posséder. J'aime ça.
Je pourrais presque pleurer de bien-être en le sentant à l'intérieur de mes chairs. Nos bouches ne se quittent plus. Mon Dieu, je ne pensais pas que c'était si bon de faire l'amour avec la personne que l'on aime. Mon organe vital est sur le point d'exploser. Les va-et-vient de Dimitri, me transportent dans un autre univers.
Mon petit ami est magnifique. Ses tatouages ressortent encore plus dès qu'il contracte ses muscles. Son visage est rouge et ses yeux noirs, luisant de luxure. Je m'accroche à lui, refusant de le voir s'éloigner. Je veux qu'il se fonde en moi. Mes gémissements se transforment en hurlement de plaisir. Il maltraite ma prostate mais pour rien au monde je lui demanderais d'arrêter. Je griffe et mords son épiderme.
Dans un râle rauque, j'éjacule sur mon ventre. Éreinté, je me laisse aller contre le matelas. Au-dessus de moi, Dimitri me bouffe du regard. Le voir jouir est sûrement la plus belle image que j'ai contemplée. Il s'écroule à mes côtés, le souffle court.
- Ouais, je suis bel et bien amoureux de toi, me dit-il.
Je parviens à rire, malgré ma respiration saccadée. Dimitri me colle contre lui et m'embrasse chastement. J'ai tout juste le temps de sentir la couverture se rabattre sur moi, avant de basculer dans le sommeil.
MlleLovegood
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