La tombe du jeune facteur est fleurie de roses et de jasmins et dans mon imaginaire elles mènent jusqu'à ta maison. La vérité c'est que je pense comme une enfant et que ces fleurs ne mènent qu'au souvenir de l'adolescent. Rien d'autre. Elles prouvent juste qu'on pense encore à lui, mais à quoi ça sert puisqu'il n'es plus là pour le voir ? C'était avant qu'il fallait lui offrir des fleurs et des mots doux. Avant que son cou ne pende à la corde.

Depuis qu'il n'est plus là, je pense que je t'aime mais je ne te l'écris plus. Sans doute parce que l'amour ne peut plus voyager. A quoi le poser sur papier puisqu'il a perdu son messager ?
Je le pense mais tu ne peux pas non plus accéder à mes pensées. Mais je me sens moins bête. Parce que je sais que je n'aurais pas la force de confier mon amour pour toi à quelqu'un d'autre que le jeune facteur. Alors notre amour était-il destiné à mourir en même temps que lui ?

Mon cœur est comme en prison. Je me sens prisonnière de cet amour. Celui que je te porte. Et celui que je porte au jeune facteur. C'est assez étrange comme relation, mais au final, personne d'autre que moi ne le saura.

Je sais que tu m'oublie. Que tu oublies mon amour. Moi j'oublie aussi le tien. Sans ces lettres, il n'y a plus rien. Vole trouver des "je t'aime" auprès de quelqu'un d'autre. Je ne pourrais plus jamais te les envoyer.