Le jeune facteur n'a toujours pas été remplacé. Voilà maintenant plus d'une semaine et demi que les lettres d'amour ne voyagent plus. Je crois que personne n'est prêt pour remplacer le jeune facteur. C'est lui qui venait chaque jour, les bras chargés de tous mes mots d'amour. C'est lui, personne d'autre. Aujourd'hui, c'est nous qui tenons dans nos mains quelques fleurs d'amour cueillient dans nos jardins pour les déposer là où il reposera à tout jamais.

Sur sa tombe est écrit "Le Jeune Facteur" en dessous de son nom. Je me demande si dans quelques générations les enfants sauront la signification de ces trois mots. S'ils sauront que certain d'entre eux sont nés des lettres qu'il portait dans son sac.

Je ne cesse de penser à ce garçon. Il hante mes pensées. Depuis que son corps repose sous terre, le village paraît mort lui aussi. J'ai l'impression qu'un dôme nous sépare du reste du monde. Que nous avons cessé de vivre en même temps que lui. Que notre dernier souffle s'est distingué en même temps que le sien. Que notre dernier battement de coeur a résonné en même temps que le sien.

J'ai l'impression qu'il n'y a que les habitants d'ici qui pouvons comprendre. On se connaît tous, pourtant lui, personne ne le cconnaissait réellement. Paradoxalement, c'est sa mort qui à fait basculer la donne.

Jeune Facteur, reviens nous. L'amour nous manque.