27
Hani
28/02/2018
C'était aujourd'hui.
Je ne l'avais dit à personne parce que je ne voulais pas inquiéter mes amis, je leur avais juste dit que je ne me sentais pas bien et que je restais dans ma chambre pour la journée.
Mais maintenant, j'aurais donné n'importe quoi pour avoir quelqu'un à côté de moi...
J'aurais aimé que Hoseok passe un bras autour de mes épaules et me sourie à nouveau en m'assurant que tout allait bien se passer.
Mais ça me paraissait mal parti...
Pourquoi avait-il fallu que ça soit le feu ?
J'essayais de me convaincre que c'était une mort facile à éviter et que j'avais bien fait de m'enfermer dans ma salle de bain, la grande baignoire remplie à ras bords, mais l'ironie du sort me serrait la gorge.
Le Maître du Jeu n'aurait pas pu me choisir une mort plus appropriée.
Rien que d'y penser, je sentais mes mains trembler et mon dos chauffer désagréablement, comme si mes cicatrices se réveillaient tout à coup.
Je laissai retomber ma tête contre mes genoux et laissai mes larmes couler.
J'avais peur... Je ne voulais pas être seule, pas encore...
Affronter ces souvenirs toute seule était trop dur, alors je les avais toujours refoulés.
Jusqu'à ce que je rencontre mes amis...
Namjoon, Seokjin et Hoseok. Ils m'avaient aidée à faire le deuil, à faire taire ma peur irrationnelle.
Mais aujourd'hui elle revenait au grand galop, m'étouffant, menaçant de me faire suffoquer, comme la fumée ce jour là.
Des cris que je savais produits par mon imagination emplirent la pièce, des hurlements de douleur.
Je plaquai mes mains contre mes oreilles dans une tentative désespérée, gémissant à travers mes sanglots.
Rien à faire, la voix résonnait violemment contre les parois de mon crâne, me donnant envie de hurler à mon tour.
J'ouvris brusquement les yeux quand une odeur de brûlé parvint jusqu'à mes narines et me figeai face à la silhouette qui se tenait devant moi, dans un angle de la pièce.
Je pouvais encore sentir la chaleur sur mes joues et l'odeur de viande carbonisée qui me soulevait le coeur, même si je savais que cette femme devant moi n'était qu'une illusion.
C'était elle qui hurlait, pourtant, son visage devant moi avait l'air paisible. Elle me regardait avec des yeux tristes et aimants, semblant ignorer les flammes qui brûlaient le reste de son corps.
- Heeyeon... souffla-t-elle avec un sourire. Tu es devenue tellement belle... Je suis fière de toi.
Je délaissai mes oreilles une seconde, tendant une main désespérée vers le souvenir.
- Maman... !
Le visage de cette femme que j'avais tant aimé se crispa tout à coup et elle poussa un dernier cri en tombant au sol, se tordant de douleur tandis que les flammes recouvraient son visage, brûlaient ses cheveux, abîmaient sa peau.
Je ne réussis pas à détourner le regard, exactement comme à l'époque.
Je savais ce qui arrivait ensuite, mon dos se mettait à me faire un mal de chien et les flammes m'enveloppaient à leur tour. La fumée me faisait tousser et j'entendais une sirène depuis l'extérieur. Puis je m'endormais, pensant avoir tout perdu...
À part la sirène, la suite du souvenir ne se mit pas à défiler devant mes yeux.
Ce bruit était insupportable, entêtant, répétitif.
Il me fallut quelques secondes pour comprendre que ce n'était pas la sirène des pompiers. C'était une alarme incendie. Comme celles qui me faisaient faire des crises de panique au collège et au lycée...
Je tournai mes yeux humides et exorbités vers la porte de la salle de bain. Le bruit venait de là, assourdissant, réel.
Non... Pas encore...
Je pouvais rester là, rester là et attendre dans la baignoire que les pompiers viennent me chercher, non ?
Mais personne ne viendrait n'est ce pas ?
Je me levai difficilement, les jambes flageolantes.
C'était la maison qui brûlait. Si je sortais, j'avais une chance. Il fallait que j'arrive à penser calmement, il fallait à tout prix que j'évite de péter un plomb, de me laisser submerger.
Les hurlements de douleur de ma mère revinrent mais je me forçai à ignorer son visage déformé pour me focaliser sur ma survie.
Je ne pouvais pas juste agir de la même façon que lorsque j'avais neuf ans... Rester pétrifiée et me laisser sombrer.
Je m'élançai vers la porte et l'ouvris, manquant de trébucher lorsque la violence de l'alarme me frappa.
J'aurais cru que la feu démarrerait près de moi puisqu'il s'agissait de ma mort, je ne pensais pas que le Maître du Jeu irait jusqu'à laisser brûler toute la maison...
J'avais cru que la baignoire suffirait à éteindre n'importe quel début d'incendie.
Mais j'avais sous estimé la folie de notre gardien.
Je courus vers la porte et l'ouvris, ou en tout cas essayai de l'ouvrir.
La poignée tourna normalement mais il m'étais impossible de pousser la porte de plus de cinq millimètres.
Quelque chose la bloquait à l'extérieur, et une odeur de fumée tenace entrai par la légère fente entre le battant et l'encadrement.
Ne panique pas Hani, ne panique pas.
- Tu vas finir comme moi... fis une voix lente juste à côté de mon oreille.
Je tournai la tête et tombai nez à nez avec le visage à moitié fondu de ma mère. Un hurlement de terreur m'échappa malgré moi et je tombai à la renverse, manquant de me tordre un poignet.
Je n'allais pas y arriver... C'était impossible...
Je restai un moment assise là, prête à baisser les bras et à attendre la mort en pleurant de désespoir et de terreur.
Mais je finis par rouvrir les yeux, un rayon de lumière que j'avais pris pour l'éclat d'une flamme étant venu danser sur mes paupières plissées.
C'était le soleil.
La fenêtre.
Je me relevai à toute vitesse et fermai la porte de la chambre avant de m'élancer vers la fenêtre et l'ouvrir en hâte.
Le froid me fit frissonner, mais pas autant que la vague de chaleur qui suivit.
En baissant les yeux, je découvris que l'incendie avait déjà ravagé le rez de chaussée.
Le feu s'échappait des fenêtres du dessous, avait enflammé les buissons devant, rendant inenvisageable un saut depuis ma fenêtre.
Tout était recouvert par les flammes en bas.
Après avoir difficilement arraché mon regard de ce spectacle, je me hissai sur le rebord, le souffle court, et regardai au dessus.
Le toit avait l'air dégagé.
Je pris la gouttière avec force, serrant tellement le métal que mes doigts me firent mal et je me hissai dessus en essayant de maîtriser les tremblements de tout mon corps.
J'avais toujours été bonne en sport, je n'aurais pas pensé que ça puisse me servir dans un moment pareil.
Je grimpai le long de la gouttière et attrapai finalement le bord métallique du toit.
J'étais heureuse de voir que ce dernier n'était pas trop en pente.
J'allais pouvoir me mettre dessus assez facilement, puis faire le tour pour trouver un meilleur endroit où descendre.
Alors que j'entrevoyais le moyen de m'en sortir, la barre métallique qui bordait les tuiles du toit émit un craquement sinistre avant de se détacher sous mon poids.
Je laissai échapper un cri et me rattrapai de toutes mes forces à la gouttière qui gémit elle aussi.
- Prend ma main !
Je levai les yeux vers le toit et la robe blanche calcinée de ma mère dansa devant mes yeux pendant un instant avant que ces derniers ne se posent sur sa main tendue vers moi.
- Sauve toi Heeyeon ! cria-t-elle. Laisse moi et sauve toi !
C'était ce qu'elle m'avait crié ce jour là, mais j'en avais été incapable.
Je relevai la main mais n'attrapai pas la sienne, me contentant de la reposer sur un endroit stable du toit pour pouvoir m'y hisser.
L'illusion disparut et je réussis avec un cri à grimper et à m'assurer une position stable sur le dessus de la maison.
Je pris quelques secondes pour reprendre mon souffle, le front collé au toit et les doigts endoloris.
Il ne fallait pas que je m'éternise ici, ou j'allais vraiment finir par rejoindre ma mère.
Je me forçai à me relever et je marchai prudemment tout autour du toit, cherchant un endroit où descendre.
Au bout d'une minute, mon pied se posa à côté d'un morceau de toit où le revêtement métallique avait été arraché. Et je réalisai que j'avais fait le tour.
Je m'arrêtai immédiatement, pétrifiée.
J'avais vu des flammes s'échapper de toutes les fenêtres du premier étage et le feu avait pris dans l'herbe du jardin tout autour. La maison était entièrement en train de brûler ...
La fumée se faisait d'ailleurs de plus en plus épaisse, commençant même à s'échapper d'entre les tuiles, ce qui n'était vraiment pas bon signe.
Mon regard se porta sur le jardin vers un rassemblement de personnes qui avaient tous les yeux tournés en direction de la villa.
Les premières flammes se mirent à lécher les bordures du toit...
Dans moins d'une minute, je serai encerclée.
Je me laissai tomber à genoux, tournée vers les autres.
J'aperçus Namjoon et Seokjin, mais je devais être trop masquée par la fumée environnante pour qu'ils me voient. D'ailleurs, mes yeux et ma gorge commençaient à brûler...
- Hani ! cria une voix derrière moi.
- Maman... ? murmurai-je en me retournant.
Ce n'était pas ma mère. C'était Hoseok.
Il avait le visage sale, plein de suie, et il marchait en claudiquant. Il avait dû pousser ce qui bloquait ma porte et sortir par la fenêtre lui aussi mais sa jambe semblait lui faire mal, il avait rencontré quelques difficultés...
Je n'osai pas bouger avant qu'il ne se laisse tomber à genoux devant moi et me prenne dans ses bras. Je le serrai alors de toutes mes forces contre moi, comme si ma vie en dépendait.
- C'est le feu c'est ça ? demanda-t-il immédiatement contre mon oreille.
Il dégagea l'une de ses mains pour me mettre la dernière page d'un carnet noir sous les yeux.
Brûlée vive... C'était ce qui était écrit.
Je hochai la tête, essayant d'arrêter mes larmes et de calmer ma respiration.
Il posa une main sur ma joue et me sourit tendrement, m'aidant un peu à me calmer.
- Ne t'en fais pas Hani, je ne laisserai pas le feu t'emporter.
Ses yeux devaient piquer aussi, parce que des perles d'eau salée dévalèrent également ses joues malgré son sourire.
- Je suis désolé de ne pas pouvoir te sauver noona... Je t'avais promis qu'on sortirait de là ensemble...
Je posai la main sur la sienne et la retirai de ma joue, secouant la tête.
- Pourquoi tu es venu... ? Espèce d'idiot...
Il arracha alors une page du carnet sous mes yeux étonnés. Je ne comprenais pas ce qu'il faisait... jusqu'à ce que je le vois écrire mon nom.
- Arrête ! m'écriai-je en posant une main sur son stylo. Arrête !
- Je ne peux pas te sauver mais laisse moi au moins faire ça ! Dis moi l'heure exacte Hani !
C'était tout ce qui lui manquait.
Il ne pouvait pas me sauver... Cela signifiait qu'il allait mourir aussi.
Pourquoi lui... ? Comment pouvait-on être aussi cruel avec quelqu'un d'aussi gentil ?
- Hani ! cria-t-il à nouveau face à mon absence de réaction. L'heure !
Il attendait de pouvoir écrire ces quelques derniers chiffres, juste quelques minutes.
Mais c'était le condamner à mourir de la plus horrible des façons !
- C'est la pire des morts possibles... gémis-je, le suppliant de ne pas continuer.
Il secoua la tête.
- Mourir pour toi n'est pas ce que j'appellerais la pire des morts possibles.
Je le regardai fixement pendant de longues secondes, nos regards fermement accrochés l'un à l'autre.
Petit frère...
Un craquement inquiétant agita mon rythme cardiaque et le bruit des flammes envahit mes oreilles.
Derrière Hoseok se tenait ma mère, hurlant à la mort.
La terreur me fit ouvrir grand les yeux, et dans ma panique, je finis par crier ce qu'il attendait :
- Quinze heure six ! C'est quinze heure six !
Il écrivit quelques chiffres sur le papier et ouvrit le carnet à la dernière page avant de tout laisser tomber sur les tuiles fumantes.
Je n'arrivais plus à respirer, mais ce n'était même pas encore à cause de la fumée.
Qu'est ce que j'avais fais... ?
Hoseok attrapa mon visage entre ses deux mains et me força à le regarder, m'adressant un grand sourire.
- Je suis heureux de t'avoir rencontrée noona. Je t'aime.
Je posai mon front contre le sien, pleurant en silence.
- Je t'aime aussi...
Un craquement plus fort que les autres fit vibrer le toit en dessous de nous et je vis tout à coup le monde tourner.
Toute une partie du toit était en train de s'affaisser.
Je me levai pour tirer Hoseok vers moi mais il me poussa en arrière et je retombai sur les fesses, juste derrière une énorme fente qui venait d'apparaître sur les tuiles.
- Ça va aller Hani, à tout de suite, on se retrouve bientôt !
Hoseok me lança un grand sourire et leva son pouce en l'air avant que le sol se dérobe sous ses pieds et qu'un trou béant s'ouvre sur le toit.
Je le vis disparaître en même temps qu'un brasier apparut devant moi, grondant à quelques centimètres de mes pieds.
Je voulus me plaquer les mains sur les oreilles, mais de toute manière, il n'y eut pas de cris.
Il avait juste disparu... Comme ça.
Une silhouette enveloppée dans une robe blanche noircie par les flammes passa à côté de moi et se pencha vers le gouffre béant dans lequel rugissait l'incendie.
- Adieu Heeyeon, murmura le souvenir avant de se laisser tomber en avant pour rejoindre mon meilleur ami.
Le feu me les prenait tous, un par un, depuis toujours... Le feu était cruel... Pourtant, Hoseok était mort le sourire aux lèvres.
Je tournai la tête sur le côté et tombai sur le carnet noir qui avait miraculeusement survécut à l'effondrement du toit.
Je l'ouvris à la dernière page pour découvrir la mort qui m'était destinée.
Dans moins de deux minutes, chute mortelle.
- Merci... soufflai-je avant de jeter l'objet dans les flammes.
Je ne savais pas si cela aurait un quelconque effet. J'espérais un peu naïvement que cela mettrai un terme au Jeu.
Je me levai, mes poumons commençant à vraiment me faire mal. Une quinte de toux me secoua tandis que je m'approchais du bord.
J'entrevis un endroit où les flammes s'étaient taries, faute d'herbe à brûler, elles étaient mortes sur les graviers de la cour.
Je fis un pas en avant et le toit, censé être dur sous mon pied, s'écrasa comme s'il était fait de papier.
Je basculai en avant, les yeux grands ouverts. Le sol noirci fut soudain en dessous de moi, se rapprochant à toute vitesse.
Je fermai les yeux, faisant le vide dans mon esprit pour pouvoir me concentrer sur le visage souriant de Hoseok.
J'étais censée être la grande soeur, celle qui veillait sur lui, pourtant c'était lui qui n'avait jamais arrêté de veiller sur moi.
Il méritait amplement que ma dernière pensée aille vers lui.
Merci pour tout. Je t'aime.
A tout de suite.
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:3
Je vous aime aussi ♡
J'espère que vous avez encore un peu d'affection pour moi de votre côté ^^"
Non ?
Bon...
Ça va pas forcément s'arranger alors je m'attends à être vraiment détestée à la fin x)
Mais n'oubliez pas que si cette fiction a vu le jour, c'est parce que la majorité a voté pour.
Vous pourriez être en train de lire du fluff mais non x)
Si j'entends les votants se plaindre, je leur tire les oreilles. Vous saviez pertinemment pour quoi vous aviez signé x')
Je vous n'aime, à la prochaine ! ♡
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