Chaeyoung
03/02/2018

Lorsqu'elle était loin de la garce, allongée comme ça dans son lit, on aurait presque dit que tout était comme avant.

Pourtant je le sentais, la Lisa que je connaissais m'échappait peu à peu. Elle devenait plus dure au contact de Jennie, elle s'éloignait de moi.
Elle cherchait à me le cacher, mais j'avais compris depuis longtemps à leurs regards complices et aux yeux pétillants de mon amie qu'il s'était passé quelque chose.

J'en avais eu la confirmation quand je les avais aperçues s'embrasser dans le couloir menant aux chambres hier soir.
Lisa sortait de celle qu'occupait Jennie pour me rejoindre, j'avais juste ouvert la porte au mauvais moment, et l'avais vite refermée.

La garce avait peut être bien raison sur un point, je détestais la voir avec quelqu'un d'autre...

Il était près de dix heures. Je me levai de mon propre matelas et passai une main sur les faux plis de ma robe. Lisa releva ses yeux vers moi.

- Je vais à la cuisine, expliquai-je en désignant la porte, tu veux que je te ramène quelque chose ?

- Je vais avec toi, répondit-elle en posant son carnet. Il y a quelque chose dont j'aimerais te parler.

Son sourire radieux me serra la gorge.
Peut être que je me faisais des idées et qu'elle ne changeait pas autant que j'aurais aimé le croire. Peut être que c'était moi le problème.

Je hochai doucement la tête avant de la devancer jusqu'au couloir, puis dans les escaliers.

Les lumières automatiques s'allumèrent sur notre passage, signe qu'il n'y avait personne en bas depuis un moment.
Depuis que nous étions en février, le moral était au plus bas pour tout le monde, les gens restaient dans leur chambre le soir, essayant de ne pas trop penser aux morts qu'avait apportées le mois passé.

Je me dirigeai vers le frigo pour y trouver quelque chose à boire. N'importe quoi d'autre que l'eau calcaire du robinet de la salle de bain dans notre chambre.
Depuis quelques jours, le goût me dérangeait vraiment... Mais heureusement, la villa était bien fournie en eau minérale.

Je me servis un verre et en proposai un à Lisa qui accepta avec un petit hochement de tête.

Je la regardai boire une seconde avant d'ouvrir la bouche :

- Moi aussi j'ai quelque chose à te dire.

Elle m'interrogea du regard, la bouche pleine.

- Ma date de mort, je veux que tu l'apprennes par coeur. Comme ça on saura toutes les deux tout ce qu'il y a à savoir sur l'autre.

Elle avala tellement vite qu'elle manqua de s'étouffer et des larmes firent briller les coins de ses yeux.

- Qu'est ce que tu dis ... ?! croâssa-t-elle une fois sa gorge de nouveau libre.

- Je veux que tu l'apprennes par coeur, moi j'ai retenu la tienne.

Elle cligna plusieurs fois des paupières puis hocha prudemment la tête, prête à écouter à nouveau.
Cet endroit sombre serait le lieu qui abriterait notre secret.

Je voulais lui montrer que contrairement à cette garce, je lui accordais toute ma confiance, et qu'elle avait eu raison de croire en moi elle aussi. Je voulais qu'elle se rende compte qu'elle comptait bien plus à mes yeux qu'à ceux de sa Jennie qui la considérait probablement comme une distraction fort amusante.
Peut être qu'elle avait même de mauvaises intentions, qui pouvait savoir.

Moi en tout cas je n'en avais aucune, et ceci en était la preuve.

Je répétai à voix basse jusqu'à ce qu'elle puisse tout réciter sans erreur, puis j'avalai mon verre d'une traite.
Je voyais bien qu'elle ne comprenait pas, mais elle s'appliqua à tout bien retenir. Pas question de l'écrire, le danger aurait été trop grand.

- Et toi, qu'est ce que tu voulais me dire ?

Elle baissa soudainement les yeux, gênée. Je n'aurais peut être pas du commencer finalement, je crois qu'après ça, elle avait un peu peur de me parler ouvertement, elle était un peu perturbée.
Elle finit tout de même par cracher le morceau.

- Et bien... C'est que... Jennie et moi... On est un peu plus que de simples alliées maintenant.

Son sourire de petite fille revint illuminer son visage, broyant mon coeur.
Elle ne se rendait absolument pas compte.

- On a décidé de sortir ensemble officiellement une fois qu'on aura quitté cet endroit alors je voulais que tu sois la première au courant.

Je souris également puisqu'elle s'attendait visiblement à ce que je sois heureuse pour elle.
Mais mes envies de meurtre frôlaient de tels sommets que je ne remarquai même pas une ombre s'effacer derrière mon amie, dans les escaliers.

-----

Dans le Jeu, plus aucune loi, plus aucune règle n'était valable, la morale ne s'appliquait plus et aucune sanction ne serait administrée par le Maître du Jeu.

Le message était très clair, mais personne ne l'avait encore réellement pris au sérieux.

J'étais folle, très probablement, mais la brûlure dans ma poitrine ne s'effacerait pas tant que je n'aurais pas poussé la folie jusqu'au bout.

Je collai mon oreille à la porte en passant pour m'assurer que Lisa dormait toujours. Aucun bruit.
Puis je me dirigeai vers une autre chambre, située à quelques pas de là.

Je pris une inspiration et mon visage auparavant de marbre se tordit dans une expression affolée que j'espérai réaliste.
Ces années de théâtre ne m'avaient pas servies à rien finalement.

Je toquai contre le battant, réussissant même à faire couler quelques larmes avant qu'il ne s'entrouve très légèrement, avec méfiance.

- Chaeyoung ... ? fit la voix de Jennie tout bas.

Lorsqu'elle me vit pleurer, elle ouvrit plus largement et j'en profitai pour agripper le tissu de sa chemise de nuit.

- Jennie... ! pleurai-je tout bas. Il faut que tu m'aides, tu es la seule à qui je puisse faire confiance !

La jeune femme eut un léger mouvement de recul et elle haussa un sourcil, attrapant mes poignets.

- Tu me détestes... Pourquoi tu me ferais confiance ?

- Tu tiens à Lisa, si c'est dans son intérêt je sais que je peux compter sur toi !

Une lueur de surprise s'alluma dans ses yeux dès que je prononçai le nom de la jeune blonde. Je devais bien lui reconnaître qu'elle avait l'air de s'inquiéter réellement.

Elle ouvrit la bouche mais je la devançai, le temps pressait.

- C'est le jour de la mort de Lisa aujourd'hui ! Elle s'est mise à paniquer et elle est sortie de la chambre. Elle s'est enfermée dans une des suites inoccupées du fond et je n'arrive pas à avoir de réponse depuis plusieurs minutes !

Les chambres du fond n'avaient pas été prises. Elles étaient plus grandes mais nous nous étions instinctivement regroupés vers l'escalier, soit la sortie principale, la seule issue menant vers le rez de chaussée.

Les yeux de Jennie s'agrandirent subitement, comme si elle venait de faire un lien, une connexion.

Est ce que cela lui rappelait sa propre date de mort ? Si je ne me trompais pas, c'était probablement ce à quoi elle était en train de penser en ce moment, se disant que sa mort et celle de Lisa étaient liées.

Elle hésita une seconde, comme je m'y attendais, mais elle finit par sortir dans le couloir.

- Laquelle ?

- 26.

Elle se mit à courir en direction de la chambre en question, ou plutôt de la suite puisque la 26 comportait aussi un petit salon et une cuisine.

Je dévalai le couloir à sa suite, essayant de ne pas perdre de vue mes objectifs.
Quoi qu'il se passe à partir de maintenant, le Jeu allait prendre une tournure tout à fait différente.
Cette nuit allait tout changer, pour moi, mais peut être pas seulement.

Jennie se rua sur la porte de la suite et donna un grand coup d'épaule dedans. Inutile puisque la porte s'ouvrit assez facilement.
Elle me jeta un regard effrayé.

- Tu crois qu'elle a quitté la pièce ?

- Il faut vérifier !

Elle entra la première et se planta à quelques pas de la porte, appelant Lisa.
L'avantage de cette chambre était qu'elle était suffisamment éloignée de toutes les autres habitées pour que le bruit s'entende très peu.

En fait, le Maître du Jeu avait même fait preuve de sadisme (ou de génie) jusque dans l'architecture : chaque mur de cette baraque était parfaitement insonorisé.
Le son passait un peu à travers les portes, voilà tout.

Une fois celle derrière moi refermée, j'attrapai la barre métallique que j'étais venue poser un peu plus tôt à l'angle qui se retrouvait caché par le battant lorsqu'il était en position ouverte.

Jennie appela une dernière fois Lisa pendant que j'attrapai la barre trouvée dans les différentes canalisations de la petite cuisine comme une batte de baseball.
Le son de cloche qu'elle fit en rencontrant l'arrière de la tête de la garce n'avait pourtant rien de celui d'une balle.

Elle tomba en avant mais elle remuait toujours, seulement sonnée.

Avec ma force, je ne m'étais pas imaginée la tuer en la frappant. De toute façon, la vue du sang me dégoutait un peu... Je ne voulais pas faire un massacre.
Celui qui coulait dans sa nuque me répugnait déjà bien assez.

Elle gémit et essaya de ramper, sans succès, pendant que je posai le tuyau sur la moquette et rapprochai mes pieds nus de son corps ramassé au sol.

J'attrapai ses cheveux, lui arrachant un faible cri, puis ouvris la porte de la salle de bain avec force, faisant se rencontrer son visage et la tranche du battant.
Du sang coula à nouveau, mais j'avais vraiment besoin qu'elle se tienne tranquille. Si elle se débattait trop, je n'étais pas sûre de pouvoir la retenir.

Je la traînai à l'intérieur et la laissai glisser sur le sol, carrelé cette fois-ci.
Je m'avançai ensuite vers la baignoire et observai la surface du bain que j'avais fait couler tout à l'heure.

- Parfait, notai-je en remarquant que le niveau de l'eau était resté le même, il n'y avait eu aucune fuite.

Je me retournai ensuite vers Jennie qui essayait de lutter pour garder les yeux ouverts et les poser sur ma personne.
Si j'avais raison et que sa mort était bien pour ce soir, elle et moi savions pertinemment ce qui allait se passer ensuite.

- Pourquoi... ? demanda-t-elle en se redressant légèrement sur un coude, faisant bouger sa lèvre complètement ouverte par la porte, presque jusqu'à mi chemin entre ses dents et son nez.

Elle était décidément très résistante... Ou alors les films m'avaient induite en erreur et il n'était pas si facile que ça d'assomer proprement quelqu'un.

- Tu ne la toucheras pas. Je ne prendrai pas le risque que tu me l'arraches ou que tu te serves d'elle.

Jennie s'infligea le supplice de sourire et révéla un trou dans sa si parfaite dentition.
La dent était tombée dans le couloir, sur ma moquette. Je l'aurais entendue si elle était tombée sur le carrelage de la salle de bain.

- C'est donc ça ton vrai visage... T'es pas une garce, t'es une psychopathe.

Possible. Fort probable même.

J'attrapai à nouveau ses cheveux et ignorai ses mains se levant pour essayer de m'arrêter. Je balançai sa tête en direction du rebord de la baignoire en pierre. Au moins, pas d'énorme bruit de gong.

Elle gémit à nouveau mais cracha du sang cette fois. Vraiment répugnant.
En essayant à nouveau de se relever en utilisant la paroi de la baignoire et en s'y accoudant, elle me facilita beaucoup la tâche pour la faire basculer à l'intérieur.

L'eau m'éclaboussa le visage, effaçant définitivement mes larmes de crocodile pour ne garder qu'un masque impassible.
J'aurais bien aimé montrer ma peur et mon dégoût, mais je risquais de craquer si je me laissais aller, et j'étais déjà allée beaucoup trop loin pour ça.

Le bruit m'évoquait l'un de ces documentaires animaliers dans lesquels un pauvre animal blessé se débattait dans les mâchoires d'un quelconque prédateur aquatique, frappant l'eau de façon totalement inutile.

Je n'eus pas vraiment de mal à maintenir sa tête sous la surface, mais l'eau se colorant peu à peu de rouge me dégoutait.
Une main désespérée réussit à attraper ma robe de chambre au niveau de l'épaule et serra de toute ses forces, faisant blanchir ses jointures.

Les bulles se faisaient de plus en plus rares, la poigne contre mon épaule de moins en moins intense, mais je commençais à avoir mal aux bras et aux mains.

Quand elle ne bougea enfin plus et que la surface de l'eau commença à se lisser, je faillis lâcher prise, reprenant mon souffle, mais elle fut prise d'un dernier spasme qui manqua de me faire lâcher.

J'appuyai une dernière fois sur sa tête avec un gémissement de douleur et la cognai contre le fond de la baignoire.

Cette fois-ci, je ne lâchai pas avant d'avoir des crampes.
Je sortis mes mains tremblantes de l'eau, lentement, et jetai un oeil à son visage mais le bain était devenu trop trouble pour que je distingue ses traits.
Je me laissai alors glisser le dos contre le rebord, les larmes aux yeux.

Je ne pleurais pas à cause de ce que j'avais fait, ce n'était qu'à cause de l'effort, de l'adrénaline qui retombait.

Je savais pertinemment que j'aurais dû me sentir mal, avoir envie de vomir, de hurler.
Et je ne comprenais pas pourquoi je ne ressentais aucune culpabilité, juste un grand vide.
Qu'est ce qui clochait chez moi... ?

-----

□ JOUEURS □

• Kim Taehyung - 06/08/2071 à 00h43 - Cancer du poumon

• Park Jimin - 17/03/2018 à 13h11 - Poitrine transpercée

• Jeon Jungkook - 23/04/2018 à 20h53 - Balle dans le ventre

• Jung Hoseok - 28/02/2018 à 15h08 - Chute Mortelle

• Min Yoongi - 24/04/2018 à 22h54 - Commotion cérébrale

• Kim Namjoon - 20/07/2092 à 09h46 - AVC

• Kim Seokjin - 23/04/2018 à 20h32 - Balle dans le coeur

• Pranpriya (Lalisa) Manoban - 23/04/2018 à 20h32 - Balle dans la tête

• Kim Jisoo - 26/11/2084 à 06h36 - Maladie cardiaque

• Kim Jennie - 03/02/2018 à 23h01 - Noyée

• Park Chaeyoung - 28/04/2018 à 19h37 - Crise d'épilepsie

• Kang Seulgi - 24/03/2018 à 22h56 - Suicide

• Lee Chaerin - 23/01/2018 à 04h29 - Étouffement (Non respect de la Règle : morte le 01/01/2018 à 14h43)

• Ahn Heeyeon (Hani) - 28/02/2018 à 15h06 - Brûlée vive

• Kim Hyuna - 11/01/2018 à 16h30 - Crâne brisé

• Minatozaki Sana - 23/04/2018 à 20h34 - Carotide sectionnée

• Jeon Jiyoon - 14/01/2018 à 05h47 - Suicide

• Wang Jiaer (Jackson) - 01/04/2018 à 19h12 - Chute mortelle

• Park Chanyeol - 16/08/2073 à 18h26 - Crise cardiaque

• Kim Minseok - 20/07/2088 à 20h32 - Accident de voiture

-----

Oui, encore une fille, je suis désolée...
Sa mort est un peu sale, mais vous ayez prévenus en commençant cette fiction ^^"

Je crois que le Jenlisa n'aboutira pas finalement x)

À la prochaine :3

(Ma soeur vient de péter mes lunettes ... Entre ça et le concert des GOT7, je peux vraiment dire adieu à mes économies T^T)