22.

Tyler
Quoi ? C'est une blague ?

Corentin
Je suis très sérieux

Henri
Mais nan c'est pas possible...

Corentin
C'est que des hypothèses mais à part ça je ne vois pas ce que ça pourrait être

Ramza
Bon admettons que t'es raison j'dis bien admettons

Ramza
Il va se passer quoi exactement ?

Ramza
On va aller les voir et leur demander bien gentiment d'arrêter ?

Corentin
Là c'est même plus du ressort de la police. Aurore m'a dit que dans tous les cas, Interpole allait prendre le relais.

Garance
Carrément ?

Corentin
Oui et Aurore m'a dit qu'il y avait des procédures qui allaient prendre du temps avant qu'Interpole reprenne l'enquête

Ramza
Elle pourra enquêter à l'étranger ?

Corentin
Étant donné qu'elle connaît très bien l'enquête avec son coéquipier Maxime, il y a des chances oui. Ce type d'enquête n'a encore été jamais vue.

Corentin
Du coup même si Interpole sera sur les lieux, Aurore et Maxime seront toujours là pour fournir les renseignements nécessaires, je pense

Corentin
Nous par contre, on bouge pas. Je vous ai déjà mis trop en danger. Le mieux, ce serait qu'on retourne en cours, ça occupera nos journées.

Ramza
Génial... ça me plaisait bien de rester chez moi pourtant

Louis
On était pas en vacances hein

Ramza
Laisse-moi rêver

Ramza
Tapette

Louis
Je suis pas une tapette

Tyler
T'es sûr ?

Louis
...

Ramza
🙊

Garance
Heu je suis pas sûre qu'on voulait savoir comment se passe votre vie sexuelle

Tyler
Oups

Louis
Achevez-moi 🙈
   
    
    
Ramza s'était laissée tomber en arrière sur son lit. Retourner au lycée ? Ça lui changerait les idées. Oui, sûrement... Mais elle se le disait sans réelle conviction.

Elle laissa échapper un long soupir, ramenant son bras sur son visage. Qu'est-ce lui avait pris de se laisser aller devant Louis comme ça ? Ça ne lui ressemblait pas. Puis Louis quoi ! Merde ! Elle ne pouvait pas s'empêcher d'avoir honte qu'il l'ait vue dans un état aussi pitoyable.

Elle retira son bras, ouvrant les yeux pour fixer son plafond. D'un autre côté, elle appréciait énormément le fait qu'il n'avait pas profité de la situation pour se moquer d'elle. Elle s'était trompée à son sujet. Il était plus gentil et concerné qu'il en avait l'air. Elle ne pouvait pas nier que le fait qu'il reste la consoler, sans pour autant la brusquer, l'avait touchée. Ça lui avait fait plaisir même. S'il n'avait rien fait ou s'il était parti, elle se serait sentie terriblement humiliée. Et s'il l'avait pris lui-même dans ses bras, elle l'aurait repoussé et se serait sentie nulle de s'être montrée aussi fragile devant lui.

Elle avait conscience qu'elle ne pouvait pas garder toute sa peine et sa douleur pour elle. Cela lui devenait difficilement supportable. Il faudrait tôt au tard qu'elle ne confie à quelqu'un.

En y pensant, elle se demanda comment réagirait Louis si elle le lui disait ? Se moquerait-il d'elle comme elle le fait avec lui concernant son homosexualité ? Ou se montrerait-il compréhensif sur ce qu'elle traverse ? Bien sûr qu'elle aimerait lui en parler – aussi surprenant que cela puissait paraître, c'était de lui dont elle se sentait le plus proche – seulement, c'était plus la réaction qu'il pourrait avoir qu'elle appréhendait. Elle ne voulait pas qu'il se moque d'elle mais elle ne voulait pas non plus de sa pitié, elle voulait juste qu'il soit sincère avec elle. Elle voulait juste ne pas avoir à traverser ça toute seule.
      
      
      
Roi
LES ORDRES DU ROI SONT ABSOLUS ET DOIVENT ÊTRE EXÉCUTÉS SOUS 24H. AUCUN ABANDON NE SERA TOLÉRÉ.

ORDRE N°19 : L'ÉLÈVE SYLVIE TREBOUT DOIT EMBRASSER CINQ PERSONNES DANS LA JOURNÉE. SI ELLE ÉCHOUE, ELLE SERA CONDAMNÉE À LA DÉCAPITATION.

--END--

Sylvie
Des gens sympas qui veulent pas que je meurs ?

Zack
On se voit demain beauté ;)
    
     
     
Nos chers amis avaient tous mis leur réveil en ce lundi matin. La reprise n'allait pas être simple pour eux, mais il valait mieux qu'ils occupent leur journée plutôt que de broyer du noir chacun de leur côté. De plus, cela leur permettrait de se voir presque tous les jours pour avoir des nouvelles des uns des autres et se remonter le moral mutuellement.

Le réveil n'avait pas été simple pour Louis. Il avait pris la fâcheuse habitude de flemmarder au lit, alors il avait peiné à se lever. Sa couette lui manquait déjà. Il se motiva en se disant qu'il verrait Tyler aujourd'hui. Il se demandait d'ailleurs s'ils allaient vivre leur relation au grand jour où s'ils attendraient d'être seuls pour s'embrasser. En y pensant, il se dit qu'il verrait bien comment Tyler agirait.

Sur cette résolution, il partit petit-déjeuner puis s'habilla avant de sortir de chez lui, sans oublier de saluer sa mère au passage. Il prit le chemin du lycée, mais avec une légère boule au ventre. C'était bizarre de retourner au lycée comme si de rien était alors que cela faisait une semaine qu'il n'allait plus en cours. Surtout qu'il n'avait pas de justificatif à donner étant donné que les absences étaient banalisées pour eux.

En plein dans ses pensées, il ne se rendit pas compte qu'il était déjà arrivé devant son lycée. Lorsqu'il l'eut comprit, il entra, ne voyant aucun intérêt à rester planté devant simplement à lire l'écriteau en lettres forgées. Mais à peine fut-il dans le hall qu'une voix l'intercepta.

« Bah alors on dit plus bonjour ? »

Le châtain n'eut pas besoin de se tourner pour savoir de qui il s'agissait. Tyler surgit à ses côtés, venant se poster devant lui tout sourire.

« Ah Tyler... » commença-t-il en lui souriant.

Seulement il ne put poursuivre étant donné que les lèvres de son petit ami se trouvaient contre les siennes. Il répondit à son baiser, sentant ses jambes se dérober sous son poids face à tant de tendresse. Heureusement que le brun le tenait par la taille à ce moment là, sinon il se serait très certainement incliné face à la gravité. Lorsqu'il se sépara, il remit nerveusement une mèche de cheveux derrière son oreille, avant de se décider à terminer sa phrase.

« Je t'avais pas vu... »

Ça pouvait paraître complètement stupide, mais bizarrement, là, à la vue de tous, Louis se montrait beaucoup plus timide que d'habitude -et pouvaient en témoigner ses joues rougissantes. D'autant plus qu'il n'avait jamais aimé être le centre de l'attention, malheureusement pour lui, la moitié du hall avait assisté à la scène et certains murmuraient des messes basses. Mais une voix s'éleva, plus forte que les autres.

« Tch ! Je savais que votre soit disant amitié cachait quelques chose, ça se voyait à des kilomètres que vous êtes des pédales. »

Les deux concernés se tournèrent vers la provenance de la voix. Il s'agissait de Julien, un gars de la bande des populaires. Il voulait probablement faire son intéressant. Manque de bol pour lui, il ne savait pas à qui il avait affaire.

« En quoi ça te dérange ? Répliqua Tyler en le toisant du regard.

- Deux tarlouzes qui se roulent des pelles en plein milieu du hall, ouais ça me dérange.

- Oh t'inquiète pas, ça t'arrivera aussi un jour d'embrasser quelqu'un, répondit le brun sur un ton sarcastique.

- Tapette !

- Peut-être, mais moi au moins je suis plus puceau. »

Julien ne sut plus quoi dire. Tyler avait touché une corde sensible.

« Espèce de pédales ! jura-t-il en partant les poings serrés.

- Tu parles d'une répartie... » souffla le brun complètement blasé par cet échange autant barbant qu'inutile.

Louis n'avait fait qu'assister à la scène sans rien dire, ayant été incapable d'intervenir pour répondre quoique ce soit. Il baissa le regard, sentant qu'il n'était clairement pas prêt à faire face à ce genre de remarques tout seul.

« J'suis désolé... murmura-t-il en baissant la tête

- Quoi ? Mais de quoi tu t'excuses ?

- Je t'ai laissé nous défendre, j'ai même pas été capable d'en placer une.

- Non mais... c'est rien, t'as préféré l'ignorance, et c'est encore une meilleure solution que de leur répondre aux cons.

- Mmh... »

Tyler lui ébouriffa les cheveux, rappelant la salle dans laquelle ils avaient cours. Ils s'installèrent côte à côte, ne manquant pas de remarquer le paquet d'absents. Garance ne tarda pas à arriver à son tour. Elle alla s'installer derrière eux en les saluant. La sonnerie retentit, et leur professeure débuta le cours.

« Tiens ? Ramza est pas venue ? Remarqua Louis.

- Elle a peut-être préféré rester chez elle, supposa Garance.

- Ah oui... peut-être... »

Le châtain ne put s'empêcher de penser au fait qu'elle avait pleuré devant lui hier et qu'il l'avait réconfortée. Ce n'était tout de même pas à cause de cela ? Il savait qu'elle avait sa fierté mais de là à ne pas venir en cours... Non, peut-être qu'elle ne voulait tout simplement pas revenir en cours pour le moment. Elle devait avoir ses raisons, et ça ne le concernait pas pour le moment. Il se concentra sur le cours – ou du moins il essaya.

Quelques minutes avant la pause entre les deux heures, on toqua à la porte, interrompant la professeur sur son analyse de texte.

« Excusez-moi du retard, j'ai eu une panne de réveil...

- Pas de soucis, je suis heureuse de te voir parmi nous Ramza. Je t'en prie va t'installer. »

La brune ne se fit pas prier. Elle alla rapidement s'asseoir à côté de Garance, ayant facilement remarqué ses camarades avec si peu d'élèves dans la salle.

« J'ai cru que tu préférais rester chez toi, lui chuchota la rousse.

- Non, j'ai juste eu du mal à me lever, j'ai plus l'habitude.

- Tu m'étonnes... ça me manque limite. »

Les deux adolescentes gloussèrent en silence avant de rapidement reprendre le cours pour les quelques minutes restantes avant la pause. Lorsqu'elle arriva, les deux garçons se tournèrent vers elles pour discuter un peu.

« Et bah, j'aurais jamais cru dire ça un jour mais les cours m'ont quand même manqués ! s'exclama Tyler en s'étirant.

- Mais t'es malade toi, j'ai hâte de retrouver mon lit ce soir moi ! Répliqua Garance en s'étalant sur sa table.

- Ça fait une heure et t'en a déjà marre ? Et bah ça promet pour le bac... glissa Ramza d'un air malicieux.

- Oh ça va ! Faut juste que je me remette dedans.

- Mais oui c'est ça ! »

Les amis furent interrompu par une de leur camarade de classe qui venait les saluer.

« Ça fait plaisir de vous revoir parmi nous, je pourrais vous envoyer les cours que vous avez manqué si vous voulez.

- Oh merci Marie t'es adorable ! s'exclama Ramza toute sourire.

- Aha oui... je suis contente que vous n'ayez rien, hum... surtout toi Tyler, je me suis inquiétée... » finit-elle timidement en baissant le regard.

Elle ne lui laissa pas le temps de répondre qu'elle repartit s'asseoir à sa place, les joues visiblement rouges. Les trois amis de Tyler le fixaient d'un regard rempli de sous-entendu – enfin les filles tout du moins, Louis semblait plutôt jaloux qu'autre chose.

« Faîtes-moi penser à m'acheter un t-shirt « Sorry girls I'm gay » ça urge vraiment haha, rit le concerné.

- Je t'en commande un dès ce soir, indiqua Louis sur un ton bien trop froid pour que ce ne soit normal.

- Oh t'inquiète pas mon bichon, tu sais bien qu'il n'y a que toi que je regarde ! » le taquina son copain en lui tapotant la joue.

Garance et Ramza manquèrent de s'étouffer devant le surnom que Tyler avait employé mais surtout à la non-expressivité du châtain. Le surnom plus la tape sur la joue, ça faisait beaucoup, alors pour se faire pardonner, Tyler se pencha à son oreille pour être sûr que Louis seul entende ses dires. Leurs deux amies eurent beau tendre l'oreille, elles n'entendirent rien. Elles constatèrent simplement la réaction du châtain dont les joues avaient viré aux rouges. Il avait repoussé Tyler en se détournant pour regarder ailleurs, tandis que celui-ci avait éclaté de rire.

« Il lui a sûrement dit un truc salace... » chuchota bruyamment Ramza à l'oreille de Garance, sans aucune discrétion.

La rousse pouffa de rire en donnant une petite tape à la brune en lui lâchant un « T'es conne ! ». Tyler se tourna alors vers elles, appuyant son coude sur le dossier de sa chaise.

« Ce que vous pouvez avoir l'esprit mal placé les filles !

- Ose nous dire que c'est pas ça !

- C'est pas ça, répondit-il en lançant un regard à Louis.

Le châtain détourna de nouveau les yeux, la phrase de Tyler résonnant encore et encore dans sa tête. « T'es mon fiancé après tout... » avait-il susurré dans son oreille. Fiancé. Louis n'avait toujours pas réaliser que ce terme était bel et bien d'actualité depuis la veille, même s'ils ne portaient aucune bague. Ce simple mot le mettait dans tous ses états, ça le gênait plus que de raison. C'était comme si Tyler lui confirmait qu'il n'appartenait qu'à lui, et lui seul. Et ça lui réchauffait le coeur de savoir une telle chose.

La matinée passa très vite et les quatre amis retrouvèrent le reste de leur petite bande dans la cour. Tous avaient répondu présent finalement. Même Diane, bien qu'elle eut perdu sa mère la veille. Aller en cours lui changerait les idées.

« Alors pas trop dur la reprise ? Demanda Corentin à la petite troupe.

- Tu parles ! J'ai pas entendu mon réveil ce matin...

- Dis plutôt que tu t'es rendormie oui.

- Roh mais tu vas me lâcher Garance ? T'as bouffé quoi ce matin pour autant t'acharner sur moi ?

- Crois-moi, tu veux pas qu'elle devienne ton ennemie jurée, tu veux pas... glissa Louis à la rousse une expression dépitée sur le visage.

- Hé oh ! J'suis pas une tortionnaire non plus !

- ... T'en es pas loin en tout cas.

- Putain, mais je vais me le faire !

- Oula la... je suis bien contente de pas vous voir vous entre tuer... »

Tous rirent à la remarque de Diane qu'elle avait prononcée tout bas. Ramza, Garance et Louis constituait un trio infernal, et un beau quatuor quand Tyler s'y mêlait pour défendre son homme – bien trop souvent pris pour cible pour son plus grand désarroi.

« Au fait, vos profs vous ont rappelé que le voyage tenait toujours ? Lança Corentin pour changer de sujet.

- Quoi ? Quel voyage ?

- Non mais alors toi Ramza, t'es complètement paumée ! Le voyage aux États-Unis ? Tu sais celui qu'on a payé presque cinq cent balles ?

- Ah ouaaais ça... mon compte épargne s'en rappelle encore.

- Et bien apparemment, il est maintenu malgré les circonstances étant donné que certains frais ne peuvent pas être remboursés, expliqua Corentin, A la base, ça ne concernait que les classes anglais euro mais le lycée pensait proposer à d'autres élèves pour les places manquantes. Ce serait cool que vous puissiez venir Diane et Henri.

- Oh c'est vrai qu'un voyage avec vous ça promet, mais comment on peut s'inscrire ?

- Je pense que le mieux c'est d'aller voir le prof organisateur, Monsieur Charon.

- Diane tu veux qu'on essaye de s'inscrire ?

- Oh heu oui, pourquoi pas ! Mais j'imagine qu'il faudra verser les cinq cent euros en un seul chèque du coup...

- Sûrement... vous n'avez qu'à aller voir Monsieur Charon après manger, il est toujours dans sa salle le midi.

- Ouais on va faire ça. »

La petite troupe mangea avec animation, après quoi Diane et Henri se rendirent dans la salle de Monsieur Charon pour savoir s'il restait des places disponibles. Les deux adolescents toquèrent à la porte et entrèrent lorsqu'ils en reçurent l'autorisation.

« Bonjour jeunes gens, quel bon vent vous amène ? »

Henri tourna la tête vers Diane comme pour trouver ses mots, avant de s'adresser au professeur.

« Heu bonjour, on vient concernant le voyage aux États-Unis, on voudr-

- Ah oui ! Il nous reste quelques places de libres encore, vous voulez vous inscrire ?

- Heu oui, s'il vous plaît. » sourit le blond.

L'homme lui tendit une feuille et un stylo en lui demandant d'inscrire leurs noms et leur classe. Après quoi, il leur donna à chacun un dossier avec des informations essentielles à connaître pour le voyage.

« Essayez de me le rendre demain rempli et signé par vos parents avec le chèque de cinq cent euros, je serai dans cette salle.

- D'accord, merci Monsieur ! »

Les deux adolescents sortirent sur ces bonnes paroles pour rejoindre leurs camarades qui étaient toujours installés à l'endroit où ils les avaient laissés dans la cour. Tyler fut le premier à les remarquer revenir.

« Oh ils sont déjà de retour. Alors ? »

Henri brandit le dossier à remplir devant lui tout sourire.

« On est inscrit ! Enfin, pas encore officiellement, mais on doit rendre ça demain et normalement ce sera bon !

- Cool ! On l'aura bien mérité ce voyage ! s'exclama Garance avec entrain.

- Dit-elle alors qu'on a reprit les cours que depuis ce matin... glissa Ramza, taquine.

- Roh chut toi. »

La pause déjeuner se termina, indiquant la reprise des cours. Chacun rejoignit sa classe. Ils ne finissaient pas tous à la même heure aujourd'hui alors ils n'avaient pas prévu de se retrouver après les cours. Lorsque la sonnerie annonça quinze heures, Garance et Tyler se levèrent pour se dégourdir les jambes. Deux heures assis sur le même siège, c'était long à la longue. Ils ne tiendraient pas une troisième heure sans marcher un peu.

« On va se chercher des cannettes au distributeur, vous voulez quelque chose ?

- Hum, un kinder bueno s'il en reste, dit Louis en se balançant sur sa chaise.

- Ramza ?

- Oh moi rien, merci.

- Comme tu voudras ! »

Le brun et la rousse s'éclipsèrent pour aller chercher ces précieuses vivres si indispensables à leur concentration pour cette troisième heure d'économie. Heureusement pour eux, ils n'enchaînaient trois heures que une semaine sur deux, l'autre semaine, ils ne se contentaient que de deux heures – ce qui était déjà beaucoup.

Louis tourna sa chaise vers Ramza, histoire de faire la conversation pour tuer le temps. Il fut surpris de la voir la tête enfouit dans ses bras, ses grosses boucles brunes venant carrément les recouvrir. Le châtain se risqua à avancer un doigt pour lui toucher le bras, voyant un peu les cheveux de la brune comme une forêt très dense et infranchissable... Mais à quoi il pensait ?

« Hé Ramza tu dors ? »

Elle grogna dans sa barbe – ou plutôt ses cheveux – sans prendre la peine de se redresser.

« Mmh... J'essaye mais y a un p'tit con qui m'en empêche...

- Purée... tu me fais penser aux vieilles mamies qui vivent recluses en forêt, loin de tout et des gens. »

A cette phrase, Ramza releva la tête, piquée au vif.

« Je t'emmerde ! »

Seulement, son juron perdait toute crédibilité avec ses lunettes de travers et ses cheveux en pagaille sur son visage. Louis ne sut réprimer un rire.

« Oula ça vient combien de temps que tu dors ? Trois mille ans ou quoi ? On dirait une momie ! »

La brune le dévisagea en silence, ne sachant quoi répondre à ce nouvel affront. Elle se contenta de remettre sa tête dans ses bras après avoir poussé un long soupir.

« Wow si tu réponds même pas c'est que t'es vraiment out... T'as pas dormi cette nuit ? »

Ramza se redressa, posant sa tête contre sa joue, ses cheveux recouvrant la moitié de son visage.

« Pas vraiment non.

- Pourquoi ? T'appréhendais la reprise ?

- Si on veut... »

Louis avait très bien comprit qu'elle ne lui disait pas tout. Et il ne lui avait pas fallut longtemps pour comprendre que cela avait un rapport avec son état de la veille. Voyant que les autres n'étaient toujours pas revenu, Louis se leva pour s'asseoir sur la chaise de Tyler, face à elle, histoire de ne pas avoir à parler très fort.

« Ça a un rapport avec hier ? »

Ramza baissa le regard. Comment faisait-il pour tout comprendre si vite ? Il était bien plus futé qu'il en avait l'air.

« Mmh. »

Elle se contenta de cette unique réponse et le châtain en déduit bien vite qu'elle ne lui dirait rien, ou du moins pas au lycée avec toutes ces oreilles qui traînaient.

« Ok, en tout cas si tu veux en parler, j'suis là. » dit-il en se rasseyant à sa chaise.

Ramza le fixa un instant. Il avait l'air sincère. Ce n'était sûrement pas son genre de se moquer des autres. Elle sourit faiblement derrière son épaisse crinière, reprenant un peu ses esprits pour suivre durant l'heure suivante.

Diane était rentrée chez elle accompagnée d'Henri. Son père étant déjà rentré du travail, elle eut tout le bonheur de lui demander directement s'il était d'accord pour le voyage scolaire.

« Coucou, je suis rentrée ! » indiqua-t-elle après avoir enlevé ses chaussures et son manteau.

Elle se dirigea vers le salon, son sac de cours à la main. Son père vint l'accueillir, la guidant jusqu'au canapé.

« Tu as passé une bonne journée ? Ce n'était pas trop dur en cours ?

- Non, ça a été, j'ai enregistré mes cours et Henri m'a proposé de m'expliquer ce que je n'avais pas compris. »

Une fois assise sur le canapé, elle posa son sac de cours sur ses genoux, en sortant le dossier donné par Monsieur Charon quelques heures plus tôt. Elle le tendit à son père en même temps qu'elle prit parole.

« Le lycée a prévu un voyage aux États-Unis depuis la rentrée. Avec ce qu'il s'est passé dernièrement, des élèves se sont désinscrits mais le lycée ne peut pas annuler le voyage, du coup il cherche des personnes à inscrire. » expliqua-t-elle pendant que son père feuilletait le dossier.

Il resta un instant silencieux, les sourcils froncés alors qu'il pesait le pour et le contre dans sa tête – et il y avait nettement plus de contre que de pour.

« Je pense qu'il serait préférable que tu restes à la maison. » dit-il en soupirant.

Sa fille releva la tête vers lui, comme pour chercher son regard, bien que ce ne soit par pur automatisme et certainement par habitude.

« Mes amis y vont tous, je serais avec eux, argumenta-t-elle.

- Je ne préfère pas.

- Pourquoi ? Ça ne t'a pas dérangé que j'aille dans le sud de la France.

- Ce n'était pas pareil... ce n'était l'affaire que de deux jours et ce n'était pas aussi loin.

- C'était nettement plus dangereux. »

L'adulte soupira. Il n'aimait jamais débattre avec sa fille car elle avait toujours des arguments de poids. Il finissait toujours par se résigner, bien trop vite convaincu, ou sûrement pas assez déterminé. Il ne voulait pas se lancer une fois de plus dans un long échange d'arguments perdu d'avance.

« Bon, c'est d'accord... » souffla-t-il en fermant les yeux.

La brune le prit dans ses bras en le remerciant mille fois d'avoir accepté. Ce n'était pas tant le fait de partir aux États-Unis qui la faisait rêver mais plutôt de souffler un peu et de profiter de ses amis.

En rentrant chez lui, Henri posa le dossier qu'il devait remplir sur la table du salon pour être sûr de ne pas oublier d'en parler à son père. Il décida de faire un peu de musculation le temps qu'il rentre. Il partit se changer dans sa chambre et installa son tapis au sol, commençant par une petite course sur place pour s'échauffer. Il enchaîna ensuite avec des pompes, des abdos, des jumping jacks et encore autres exercices aux noms plus ou moins connus de tous. Lorsqu'il eut terminé de s'étirer, il se redressa, croisant le regard de son reflet dans la glace. Ses abdos n'étaient plus aussi apparents qu'avant et il se sentait plus lourd que d'habitude. Il n'osait pas aller se peser, mais il le savait. Il s'était relâché ses derniers jours, et il avait automatiquement pris du poids en conséquence. Quelque chose comme deux ou trois kilos. Cela pouvait paraître insignifiant pour n'importe qui, mais pour lui c'était alarmant. Il détourna le regard de son reflet, en tapant du poing sur le sol.

« Arrête de voir que ça... » se dit-il à lui-même.

Mais malgré lui, il releva de nouveau le regard vers son reflet et il ne pouvait pas s'empêcher de se trouver gros. Aux yeux de n'importe qui, et même aux yeux des médecins, il serait « normal ». Mais à ses yeux à lui, ce n'était pas pareil. Ne voyant plus que ses kilos en trop, il décida de refaire une séance de musculation et de ne s'arrêter que lorsque son père rentrerait.

Pendant qu'il faisait travailler ses deltoïdes, il ne pouvait pas s'empêcher de repenser à tout ce que Garance lui avait dit sur lui. Elle avait l'air sincère, bien sûr, mais Henri n'arrivait pas à croire qu'elle puisse le trouver, pas même beau, mais tout au plus « banal ». Jamais personne n'avait pensé ça de lui. Lorsqu'il entendait des messes basses à son sujet, c'était toujours des « moche » ou des « gros ». Il avait vécu un enfer au collège. Il ne voulait revivre cela pour rien au monde. Alors il s'était mis à la musculation pour perdre du poids. Il revit aussi son alimentation en bannissant tous les aliments qui faisaient grossir. Ces derniers temps il n'avait plus trop fait attention, et il n'était pas non plus régulier dans ses séances de sport. Ce petit manque d'attention lui prouvait qu'il ne pouvait pas arrêter ni le sport, ni de faire attention à ce qu'il mange. Il préférait éviter les petits plaisirs.

Il reprit son souffle un instant, attrapant la bouteille d'eau qui se trouvait sur son bureau pour se réhydrater. En se redressant, il ne manqua pas de voir son reflet à nouveau. Pourquoi diable y avait-il un miroir sur son armoire ? Ça ne le faisait qu'être obsédé par ça : son poids, son physique. Garance ne pouvait pas vouloir d'un mec sans aucune confiance en lui et qui était littéralement obsédé par la vision que la société avait de lui, de son physique. Quand elle avait tenté de l'embrasser la veille, c'était uniquement parce qu'elle avait besoin de réconfort, pas parce qu'elle le trouvait attirant ou même qu'elle puisse... l'aimer ? Non, c'était absurde. Une fille aussi belle que Garance ne pouvait pas s'intéresser à lui. L'inverse était bien évidemment logique. Garance était belle, drôle et gentille, quand on apprenait à la connaître. Lui, il n'avait que des défauts. S'il ne soignait pas autant son apparence, il serait gros. Il ne trouvait pas son visage harmonieux. Son nez était beaucoup trop gros à son goût, sa mâchoire trop carrée. Son front était énorme, il préférait le cacher sous ses mèches bouclées. Sans parler de toute cette acné qui revenait sans cesse, même lorsqu'il croyait en avoir fini. Il n'avait aucune confiance en lui. Il passait son temps à se rabaisser, même Garance l'avait remarqué. Il se détestait.

Il entendit la porte claquer, sortant soudain de ses pensées. Son père était rentré. Il attrapa sa serviette pour s'essuyer, s'avançant dans le couloir.

« Salut fiston ! Comment ça a été ta reprise ?

- Ça va c'était cool. Hum oui ! Avant que j'oublie, il y a un voyage aux États-Unis prévu depuis un bail, et comme le lycée ne peut pas annuler, ils cherchent des élèves pour y participer, donc j'ai pensé queeee... peut-être... tu serais d'accoooord... pour que j'y aille ? Finit-il en lui faisant un sourire d'ange.

- Oh et bien, pourquoi pas. Combien ça va me coûter encore ? » questionna son père pour le taquiner.

Il marcha jusqu'au salon, remarquant le dossier sur le table. Henri le suivit, un peu réticent à lui dire le prix.

« Hum, c'est... cinq cent euros... Mais les États-Unis quand même ! » tenta-t-il en se creusant les méninges pour trouver des arguments à la réponse de son père.

- Mmh... c'est d'accord.

- Tu sais le prix est relativement correct et puis il y aura mes potes et- Attends, quoi ?

- C'est d'accord Henri, j'ai quelques économies de côté, ça ira.

- Oh je... super merci papa ! s'écria-t-il en s'avançant pour le prendre dans ses bras.

- Hep hep hep ! File à la douche d'abord, il est hors de question que tu me fasses un câlin alors que tu es tout dégoulinant de sueur ! »

Henri éclata de rire, avant de s'engouffrer dans la salle de bain. Son père profita du fait qu'il prenait sa douche pour remplir le dossier et faire le chèque. Une fois propre comme un sous neuf, le blondinet fit une accolade à son père en le remerciant. Après quoi, ils allèrent préparer à manger dans la bonne humeur, en plaisantant.

« Alors mon fils, tu n'aurais pas des vues sur une fille à ton lycée ? » demanda le père en épluchant une pomme de terre.

Le bouclé se tendit instantanément à la question, manquant de se couper avec l'économe. Il sentit ses joues chauffer, alors que l'adulte tournait la tête vers lui, un air malicieux collé au visage.

« Ah, on dirait que j'ai vu juste... De qui s'agit-il ? »

Henri reprit l'épluchage de sa pomme de terre, en prenant soin de ne pas échanger de regard avec son père, gêné par la situation.

« Ce- c'est personne...

- Oh allez, à moi tu peux bien me le dire ! Je suis aussi passé par là, glissa son père en lui donnant un coup de coude dans les côtes.

- Hmpf... ce- c'est Garance, la fille la plus populaire du lycée... mais je-

- Ce serait pas celle chez qui tu es resté dormir deux nuits ?

- Heu je... si mais c'était purement et simplement amical et on était pas... tout seul, enfin pas- pas la première nuit... bafouilla-t-il en butant sur les mots.

- Si tu veux mon avis, ce n'est pas anodin mon fils !

- Papa ! Je- elle avait perdu son copain, elle se sentait mal et- et puis c'était juste un concours de circonstances. J'ai été rangé les couvertures qu'on avait utilisées dans sa chambre et c'est là que j'ai vu qu'elle avait tout mis sans dessus dessous, j'ai simplement proposé de l'aider à... ranger... »

Son père lui glissa un regard lourd de sous-entendus en lui glissant un « Vous avez dormi dans le même lit ? » ce à quoi Henri répondit par une protestation en avançant le fait que les pommes de terre commençaient à noircir et qu'il fallait les mettre à cuir. L'adulte laissa couler, non sans retenir un rire. Il savait à quel point son fils n'avait pas confiance en lui et encore moins pour tout ce qui concernait la gente féminine. Il ne pouvait qu'espérer que la dite Garance affichait également un intérêt pour le blondinet.

Ils continuèrent à cuisiner, Henri ayant changer de sujet en priant pour que son père ne revienne pas à la charge – chose qu'il ne fit pas pour son plus grand bonheur. Lorsque tout fut cuit, ils passèrent à table, décidant de poursuivre leur discussion sans allumer la télévision pour ce soir. Lorsqu'ils eurent terminé, ils entassèrent leurs assiettes et ce fut ce moment que choisit l'adulte pour parler.

« Dis-moi... tu comptes appeler ta mère pour lui dire que tu seras de passage aux États-Unis ? »

Sa phrase eut le don de jeter un froid, stoppant Henri dans son geste. Il releva les yeux vers son père, en fronçant les sourcils. Son bras revint contre son corps alors qu'il se rassit sur sa chaise.

« Pourquoi faire ?

- Je ne sais pas, vous pourriez vous voi-

-J'ai aucune envie de la croiser, coupa l'adolescent d'un ton sec. Elle nous a abandonnés pour sa carrière, pour moi elle existe plus. »

Il se leva de table, sans prendre la peine de débarrasser et alla s'enfermer dans sa chambre. Prévenir sa mère qu'il était de passage proche de chez elle ? Et puis quoi encore ? Elle avait décidé de s'installer aux États-Unis pour son travail lorsqu'il avait treize ans. Elle ne l'appelait jamais pour prendre des nouvelles, elle se fichait de ce qu'il pouvait devenir. Elle ne venait jamais en France pour leur rendre visite. C'était comme si à ses yeux, lui et son père n'existaient plus. Alors pourquoi la prévenir qu'il se rendait aux États-Unis ?

Le blond finit par se coucher, encore bien remonté contre sa mère. Il avait suffisamment de problèmes en ce moment pour que sa mère ne vienne se rajouter à l'équation. Sur cette résolution, il ferma les yeux et eut bien du mal à trouver le sommeil.
    
     
      
Roi
CINQ MINUTES RESTANTES.

--END--

Sylvie
S'il vous plaît il me manque une personne je veux pas crever...

Roi
60 SECONDES RESTANTES.

--END--

Sylvie
Putain !

Sylvie
S'il vous plaît merde !

Sylvie
Je veux pas crever !

Roi
SYLVIE EST CONDAMNÉE A LA DÉCAPITATION POUR NE PAS AVOIR EXÉCUTÉ LES ORDRES.

--END--

Roi
ORDRE N°20 : QUENTIN DOIT DÉCLARER SES SENTIMENTS A LA PERSONNE QU'IL AIME.

--END--

Les 8 🤟🏻

Corentin
Comme il y a beaucoup de participants et qu'on a déjà reçu des ordres, je pense qu'on est tranquille pour un moment.

Diane
J'espère que tu as raison...

Ramza
On en a déjà assez baver comme ça
    
     
      
Le lendemain, ils retournèrent en cours, commençant doucement à retrouver une certaine régularité dans leur quotidien. Tyler, Louis, Garance et Ramza s'étaient installés aux mêmes places que la veille, formant un petit carré malgré que la classe soit vidée de moitié. Leur professeure d'anglais ne tarda pas à arriver et à s'installer à son bureau.

« Alright, good morning everyone ! » s'exclama-t-elle en éparpillant ses affaires.

L'instant d'après, elle prit la liste de la classe entreprenant de faire l'appel, bien que les absences soient banalisées.

« Louis Garzella.

- Here !

- Maligane Neiuqob. Absent ? Marie Pereira.

- Present !

- Morgane Raimondeau, absent. Ramza Saouli ? »

L'appelée ne répondit pas, absorbée dans ses pensées. Garance dû lui donner un coup de coude pour qu'elle indique qu'elle était présente.

« Sorry, present. » répondit-elle sans grande conviction.

Elle ne resta pas longtemps attentive au cours, enfouissant sa tête dans ses bras, pensive. Elle n'avait jamais aimé sa professeur d'anglais, mais désormais elle la détestait. Quel était son but de faire l'appel dans de telles conditions ? Elle pourrait au moins éviter de prononcer les noms des élèves qui ne reviendraient jamais en cours. Elle avait forcément reçu une liste. Les professeurs en avaient tous une. Alors pourquoi s'acharnait-elle à prononcer des noms qui ne rappelaient que des mauvais souvenirs ?

La brune n'eut pas la tête à écouter les cours suivants et le temps lui sembla passer atrocement lentement. Lorsqu'enfin la sonnerie retentit, elle se leva de sa chaise, n'ayant pas besoin de ranger ses affaires puisque ne les ayant jamais sorties. Elle fut l'une des premières à sortir de la classe, ses trois amis se hâtant pour la rattraper.

« Bah Ramza attend nous ! s'écria Garance à ses trousses.

- On rejoint les autres dans la cours ? Demanda Tyler à l'attention du groupe.

- Allez y d'abord, je vous rejoindrai. » lâcha Ramza en s'avançant dans le couloir.

Les trois amis échangèrent un regard perplexe, avant que Louis ne s'avance.

« Je vais voir ce qu'elle a, je vous retrouve dans la cour, indiqua-t-il en prenant la suite de la brune. Ramza attend ! »

La brune s'arrêta à l'entente de son prénom, lâchant un soupir d'agacement.

« Quoi ? Questionna-t-elle sur un ton plus sec qu'elle ne l'aurait voulu.

- Qu'est-ce qu'il t'arrive ? »

Elle releva les yeux vers lui, le dévisageant un instant avant de se détourner et de reprendre sa route.

« J'arrive pas à croire que certains profs continuent de faire l'appel. » lâcha-t-elle en enfouissant ses mains dans ses poches.

Louis n'eut pas besoin de lui en demander plus pour comprendre.

Morgane.

« C'est vrai que ça ne fait que remuer le couteau dans la plaie... » glissa-t-il en lui ayant emboîter le pas.

La brune s'arrêta de nouveau, une boule commençant à se former dans sa gorge. Elle ne parvint pas à s'empêcher de relever les yeux vers Louis, lui laissant l'occasion de voir à quel point ils étaient brillants. Leur échange ne dura que quelques secondes, mais cela suffit au châtain pour comprendre que Ramza était loin d'aller aussi bien qu'elle en avait l'air. Et il était le seul à le savoir.

L'adolescente détourna finalement le regard, le faisant vaciller entre sa droite et sa gauche sans parvenir à trouver de point fixe.

« Je... j'me sens pas très bien... j'crois que j'vais rentrer chez moi... » souffla-t-elle en renforçant sa prise sur la lanière de son sac.

Louis arqua les sourcils, ne sachant trop quoi dire pour lui remonter le moral.

« Tu veux que je passe te voir après les cours ? »

Il n'avait pas réfléchi avant de demander et il ne savait pas s'ils étaient suffisamment proche pour qu'il s'invite chez elle de cette façon, mais il ne voulait pas la laisser déprimer toute seule dans son coin.

« Si tu veux. » lâcha la brune en s'engouffrant dans les escaliers.

Le châtain vit sa tignasse brune se mêler à la foule, légèrement troublé par sa réponse. Venant de sa part, il prenait ça pour un oui. Si elle avait voulu rester seule, elle lui aurait dit un non catégorique. Et il savait aussi que même si elle voulait qu'il vienne, elle était trop fière pour le lui dire, alors le « si tu veux » était le oui parfait pour quelqu'un comme elle.
     
      
     
Roi
L'ORDRE A BIEN ÉTÉ EXÉCUTÉ.

--END--
     
     
 

   
Louis rejoint les autres dans la cour, les informant que Ramza était rentrée chez elle car elle ne se sentait pas très bien.

« On pourrait passer la voir après les cours, proposa Corentin.

- Bonne idée, acquiescèrent les autres.

- Je pense pas que ce soit une bonne idée... marmonna Louis dans sa barbe.

- Pourquoi ça ?

- Je pense pas que Ramza... soit le genre de personne qui... aime avoir du monde autour d'elle quand elle se sent pas bien ?

- Arrête, elle a toujours répondu présente quand l'un d'entre nous n'allait pas bien, on peut lui rendre la pareille.

- Ça la braquerait plus qu'autre chose. » conclut Louis sur un ton un peu trop ferme à son goût.

Les autres le dévisagèrent avec des yeux de merlan frit, sûrement étonnés que d'entre tous, celui qui connaissait Ramza le mieux était celui avec lequel elle s'embrouillait le plus.

« Dis donc... depuis quand vous vous connaissez aussi bien tous les deux alors que vous passer votre temps à vous chamailler ? Le taquina Tyler.

- Je- c'est pas ça... c'est juste- ce que je pense... » bafouilla le châtain légèrement mal à l'aise.

Il avait lui-même du mal à cerner la situation actuelle avec Ramza, alors il lui était compliqué de l'expliquer aux autres, surtout qu'il ne voulait pas révéler quelque chose que la brune ne voulait pas leur montrer, à savoir : qu'elle était plus sensible qu'elle en avait l'air.

La petite troupe avait fini par lâcher l'affaire, rappelant à Diane et Henri d'aller donner leur dossier à Monsieur Charon pour le voyage. La journée de cours reprit et se termina sans encombre. Garance était partie de son côté pour passer chez Rachel et prendre un peu de ses nouvelles. Tyler et Louis s'étaient arrêté devant le lycée, discutant de tout et de rien.

« Tu veux passer à la maison ? Demanda soudainement Tyler.

- Oh heu je... »

Le châtain fut pris au dépourvu par sa question, ayant déjà prévu de se rendre chez Ramza ce soir. Il voulait comprendre ce qui la mettait dans un état pareil, bien qu'une soirée avec son petit ami était quelque chose qu'il le tentait tout autant.

« Ahem, je... ç'aurait été avec plaisir mais j'ai... déjà prévu d'aller chez Ramza pour prendre des nouvelles.

- Je croyais qu'il valait mieux la laisser seule ?

- C'est... compliqué, heu... comment je pourrais t'expliquer ça ? Heu. »

Il se gratta la tête, cherchant ses mots. Il ne voulait pas mettre Ramza dans l'embarras en parlant en son nom, mais d'un autre côté il savait Tyler digne de confiance.

« Dimanche, j'ai accompagnée ma mère pour qu'elle rende les clefs du mini bus de Yannick et je me suis retrouvé avec Ramza, sauf qu'elle avait vraiment pas l'air bien. Déjà, elle avait passé toute la journée à l'écart et puis... »

Le châtain s'interrompit un instant pour relever le regard vers le brun qui semblait l'écouter attentivement.

« Bref, elle s'est ouverte à moi à ce moment là, et je sais que c'est bizarre à croire mais... j'ai l'impression qu'elle me fait suffisamment confiance pour m'expliquer pour quelle raison elle ne va pas bien. C'est pas contre vous hein ! Je pense juste que... c'est dans sa nature de pas... exposer sa faiblesse à tout le monde ? Je crois même pas que ce soit une question de confiance, juste de fierté. »

Il se pinça les lèvres, se rendant soudain compte du monologue qu'il venait de faire, un peu embarrassé. Mais le sourire de Tyler le rassura dans sa démarche.

« Ok, on se voit demain alors. » dit-il en venant l'embrasser.

Louis fut un peu surpris qu'il ne lui en demande pas plus mais venant de la part du brun, c'était normal.

Le châtain se mit donc en route vers chez Ramza, changeant plusieurs fois d'avis en chemin. Une fois devant la porte, il resta planté là un bon moment à se demander s'il avait bien fait de venir. Il se dit qu'il ferait bien mieux de rentrer chez lui, mais son doigt avait déjà appuyé sur la sonnette.

« S-salut... je venais prendre des nouvelles. » dit-il sans pouvoir s'empêcher de bafouiller.

Il eut envie de se gifler intérieurement face à toute cette hésitation soudaine. Ramza n'allait pas le manger. La situation laissait plutôt penser le contraire. La brune devait se sentir au bout du gouffre pour ne serait-ce que penser à se confier à un imbécile dans son genre. Louis se gifla mentalement, reprenant ses esprits et souriant à l'adolescente qui lui faisait face.

« Entre. » indiqua-t-elle simplement en se décalant pour le laisser franchir la porte.

Ce dernier ne se fit pas prier, prenant soin de retirer ses chaussures et son manteau. En suivant Ramza jusqu'au salon, il comprit que le père de la jeune fille ne devait pas encore être rentré mais il posa tout de même la question.

« Non, il rentre tard le mardi soir en général.

- Je vois. »

Un silence s'installe entre les deux adolescents, alors que Louis tapotait nerveusement sur ses cuisses. Ramza s'était faite toute petite dans un coin du canapé, venant cacher ses jambes sous son pull bien trop large pour elle. A la vue, Louis sentit le besoin qu'il était temps de parler.

« Ça a pas l'air d'aller mieux...

- Pas vraiment. » souffla-t-elle simplement pour unique réponse.

Le châtain n'avait pas pu s'empêcher de remarquer qu'elle ne portait pas ses lunettes, signe qu'elle avait sûrement pleuré avant son arrivée. Il savait qu'elle ne parlerait pas d'elle-même et qu'il ne valait mieux pas se montrer insistant, mais il avait de plus en plus de mal à supporter la vision qu'elle le laissait voir.

« Et si tu me disais ce qu'il se passe ? » demanda-t-il doucement d'une voix qui se valait rassurante.

La brune trembla légèrement, relevant la tête vers lui, sans pour autant croiser son regard. Pour une fois, ses grosses boucles brunes ne couvraient pas l'entièreté de son visage, mais Louis ne savait pas s'il préférait déceler ses émotions dans son regard ou les déceler dans ses gestes corporels. Des deux manières, c'était quelque chose qui venait lui nouer la gorge. Il la vit finalement ouvrir la bouche, sûrement enfin résignée à dire quelque chose.

« Cette connasse de Madame Douhair. Je suis pas sûre de retourner à ses cours, lâcha-t-elle durement.

- Tu dis ça... parce qu'elle fait l'appel ?

- A ton avis ? »

Sa phrase n'avait pas sonné comme elle le voulait. Elle avait voulu lancer un regard noir à l'adolescent en prononçant cette phrase sur un ton méprisant, mais tout ce qu'elle était parvenu à faire c'était de la prononcer la voix tremblante, les yeux écarquillés.

« Je sais que c'est dur... souffla le châtain presque dans un murmure.

- Non, tu sais pas.

- Elle nous manque à tous... tenta-t-il de nouveau.

- Pas autant qu'à moi. »

La brune regretta presque ses paroles, trouvant qu'elle en avait déjà bien trop dit. Louis avait froncé les sourcils sans réellement comprendre le sens de ses paroles. Il ramena ses jambes sur le canapé pour s'asseoir en tailleur, plus alerte des gestes de l'adolescente.

« Je... J'avais demandé à Tyler de m'emmener la voir... »

La voix qui vacillait.

« Je voulais pas y croire... »

La voix qui tremblait.

« Quand on est parti, je lui posé une question... je vais te la poser si t'y vois pas d'inconvénient... »

Un hochement de tête pour unique réponse alors que la voix de la brune devenait de plus en plus instable.

« Si... »

La voix qui s'éteignit.

« Si ça avait été Tyler à sa place, comment t'aurais réagi ? »

Et qui craqua.

Ramza étouffa un sanglot, sans parvenir plus longtemps à retenir ses larmes. Louis la dévisageait, complètement déstabilisé par sa question, par sa voix, par ses larmes, par son corps tout entier qui tremblait refermé sur lui-même. La solution commençait à germer doucement dans son esprit. Si elle avait mentionné Tyler, c'était qu'elle faisait référence à la relation qu'il avait avec lui. Il arqua les sourcils en prenant conscience du problème, en comprenant la raison pour laquelle Ramza se sentait si mal. Elles étaient ensemble.

La châtain ne trouvait aucun mot suffisant pour consoler l'adolescente, ni même pour la réconforter. Il n'y avait aucun mot qui avait un tel pouvoir.

« J'suis désolé... » fut la seule phrase qu'il parvint à prononcer, ne trouvant vraisemblablement rien de plus convenable à dire.

Il ne bougea pas, préférant attendre patiemment que Ramza ne se calme d'elle-même. Il aurait pu la prendre dans ses bras, mais il ne s'en sentait pas la place. Au bout de quelques minutes, les spasmes qui agitaient le corps de la brune cessèrent doucement, redevenant de légers tremblements. Elle décolla alors lentement son front d'entre ses genoux pour sécher ses larmes, décollant les boucles brunes de son visage humide. Le châtain scruta la pièce du regard à la recherche de mouchoirs. Il se pencha pour attraper la boîte qui se trouvait sur la table basse avant de la tendre à Ramza. Elle se moucha bruyamment, sans prendre la peine de ménager les oreilles de Louis, ni ses pauvres narines à présent bouchées par ses précédents pleurs.

Elle se redressa lentement, gardant son mouchoir usagé au creux de sa main, puis elle leva le regard vers Louis. Cela lui était étrange, mais elle ressentait le besoin de se confier entièrement, de se libérer du poids de culpabilité qui pesait sur elle depuis cette nuit là.

« C'est de ma faute. » déclara-t-elle en parlant du nez.

Le châtain releva les yeux vers elle, ahuri. Surpris non seulement qu'elle est prononcé un mot mais surpris surtout par ses paroles.

« N'importe quoi, rétorqua-t-il en fronçant les sourcils, le seul coupable c'est le Roi, tout a toujours été de sa faute.

- Tu comprends pas ! » hurla l'adolescente en sursautant sur le canapé.

Louis se tût instantanément, étonné que Ramza hausse le ton de cette manière. Un frisson désagréable lui parcourut l'échine, alors qu'il déglutit, prêt à laisser la tigresse parler sans même penser à l'interrompre.

La brune se réinstalla sur le canapé, ramenant ses genoux contre sa poitrine, enfonçant le menton au creux de ceux-ci. Elle prit une inspiration en fermant les yeux, avant d'ouvrir la bouche.

« On est partie se coucher pas très longtemps après vous. Morgane allait rejoindre sa chambre mais je l'ai retenue... Si- si je l'avais pas retenue à ce moment-là, elle serait encore là... Si je l'avais laissée partir plus tôt, elle serait toujours là... Si je l'avais retenue un peu plus longtemps, elle serait là putain ! Sa vie s'est jouée à quelques secondes près, c'est... »

Elle s'interrompit soudainement, de lourdes larmes lui brouillant la vue, la gorge de nouveau nouée. Une larme roula le long de sa joue, venant imbibée le tissu de son jogging.

« Si j'ai pas dit aux autres que j'allais mal, c'était parce que je voulais pas qu'ils sachent qu'on était ensemble... » marmonna-t-elle, sa voix étouffant de sanglots.

Louis ne put s'empêcher de froncer les sourcils, réagissant au quart de tours à cette phrase. Instinctivement, il posa sa main sur l'épaule de l'adolescente, se redressant pour s'exprimer.

« Tu sais très bien que personne t'aurait juger ! »

Ramza tourna la tête pour croiser son regard, cherchant à comprendre ce que disaient les yeux de son vis-à-vis.

« Tu les connais, ils sont pas comme ça. »

Le visage de la brune se tordit de douleur, les larmes inondant de nouveau son visage.

« T'avais tord de penser qu'on rirait de toi... »

La voix du châtain de plus en plus faible et de plus en plus douce. Cette main chaude et réconfortante sur son épaule. Son regard compatissant, qui respirait l'inquiétude. Ramza étouffa un sanglot avant de passer ses bras autour du corps du garçon, calant sa tête contre le torse du jeune homme. Elle ne s'était pas rendu compte à quel point elle avait ce besoin de contact physique si doux et réconfortant. Elle n'avait pas réalisé qu'elle pouvait lui faire confiance, leur faire confiance à tous.

Louis resta sans voix, prenant un temps pour assimiler le fait que Ramza avait finalement décidé de laisser sa fierté de côté. Lorsqu'il réalisa qu'elle s'était réfugiée dans ses bras, il la serra contre lui. Pas trop fort. Ni pas assez. Mais suffisamment pour qu'elle comprenne qu'elle avait un soutien.

Roi
ORDRE N°21 : TYLER DÉZIEL ET AMANDA MARTIN DOIVENT COUCHER ENSEMBLE.

--END--

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