12.
Roi
Numéro masqué
DIANE EST CONDAMNÉE AUX TÉNÈBRES ÉTERNELS POUR NE PAS AVOIR EXÉCUTÉ LES ORDRES.
--END--
Roi
Numéro masqué
ORDRE N°13 : LOUIS DOIT PERDRE QUELQUE CHOSE DE PRÉCIEUX.
--END--
La brune avait fait le compte-à- rebours dans sa tête, ayant fermé les yeux au moment où minuit s'an- nonçait. Elle sentit son téléphone vibrer dans sa main, signe de son gage imminent, alors tout son corps se tendit. Quelques secondes passèrent, puis en ne sentant aucune douleur, elle se décida à rouvrir les yeux, mais rien. Elle cligna des yeux, cherchant à faire disparaître le voile opaque qui lui occultait la vue, mais cela ne fit rien. Elle se frotta les yeux, son coeur s'accélérant dans sa poitrine. Était-elle morte ? Était-ce à cela que la mort ressemblait ? Un espace qui semblait infini, plus sombre que la nuit, pas même une once de lumière ? Le noir total.
Son téléphone qui sonna la ramena à la réalité. Elle n'était pas morte, mais toujours ce voile noir devant ses yeux. Impossible de voir l'écran. Elle comprit que quelqu'un l'appelait, alors elle prit une inspiration pour se calmer et ne pas paniquer. Elle fit glisser son doigt sur l'écran, à l'endroit où elle avait l'habitude de le faire pour répondre à un appel, la main légèrement tremblante.
« Diane ! Diane, tu m'entends ? » l'interrogea la voix à l'autre bout du combiné.
Henri. A cette instant, la jeune fille ne put s'empêcher de sourire, ramenant le téléphone à son oreille pour mieux entendre. C'était sa voix. Il lui parlait. Elle n'était donc pas morte ? Une vague de soulagement la parcourut, mais l'instant d'après, son ventre se serra. Elle ne voyait toujours rien.
« Henri, Henri, je vois plus rien... j'ai beau cligner des yeux ou me les frotter, c'est tout noir... » annonça-t-elle la voix tremblante.
Le blond se tendit à l'autre bout du fil, assimilant les paroles de son amie et faisant le lien avec le gage du roi. Diane était devenue aveugle.
Bon sang ! Il se mordit violemment la lèvre pour retenir une injure, son sang battant énergiquement dans ses veines.
« T'es où là ? Demanda-t-il la voix grave.
- Heu je... Vers la bibliothèque François Mitterand, Avenue de France je crois... tu sais, là où il y a les rails.
- J'arrive tout de suite. Je te garde en ligne. Surtout, tu bouges pas ! »
Le blond sortit de sa chambre en trombe, alertant son père de son départ imminent.
« Où tu crois aller à cette heure-ci ?
- C'est Diane, elle a besoin de moi. » répondit-il l'air déterminé.
Henri s'empressa alors d'ouvrir la porte, mais une prise ferme sur son bras lui empêcha de sortir de l'appartement.
« Tu ne vas nulle part.
- Papa je dois y aller ! s'énerva l'adolescent en fronçant les sourcils.
- Pas tout seul. » rétorqua son père en attrapant sa veste, sur le porte manteaux.
Dans la journée, la police était venue à leur domicile pour poser quelques questions à Henri sur la mort de ses camarades. Le blond avait été contraint de lui expliquer qu'il participait à un jeu sordide depuis plusieurs jours maintenant. Suite à cela, son père -beaucoup trop surprotecteur- lui avait quasiment ordonné de ne plus sortir seul et de ne plus sortir du tout à des heures aussi tardives, comme il avait l'habitude de le faire avant.
Les deux hommes sortirent de leur immeuble, se dirigeant vers la station de métro la plus proche pour retrouver Diane. Henri l'informant que son père était avec lui, et il lui parlait de tout et de rien pour la garder en ligne. Ils descendirent à Bibliothèque François Mitterrand, remontant les escalators presque en courant -le père n'avait pas vraiment le choix à vrai dire.
En voyant une silhouette assise contre les rambardes, Henri accéléra sa course pour arriver à sa hauteur.
« Diane ! » cria-t-il.
La jeune fille redressa la tête à l'entente de cette voix familière. L'instant d'après, le blond s'agenouillait et la prenait dans ses bras, bien trop heureux de la voir en vie. Il avait réellement cru la perdre et ça, il ne l'aurait pas supporter. Il se sépara, prenant le visage de la jeune fille entre ses mains pour déposer un baiser sur son front. Cette dernière ferma les yeux aux gestes, ne pouvant réprimer un rire. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, Henri la fixa. Ses prunelles étaient les mêmes, leur couleur orangée n'avait pas changé, mais la brune semblait absente. Il n'y avait plus aucune expression dans son regard, et à cela, le blond l'étreint une nouvelle fois, l'air désolé.
Diane se laissa faire, repoussant gentiment son ami au bout d'un moment, silencieuse. Elle posa ses mains sur ses joues et au contact humide, elle se rendit compte que le bouclé tremblait. Elle avait bien décelé ses pleurs. Et cette fois-ci, ce fut à elle de le prendre dans ses bras.
« Je suis désolé Diane... » souffla-t-il en la serrant plus fort contre lui.
La brune lui répondit faiblement un « ce n'est pas de ta faute » et un « ce n'est pas grave », toujours la vue totalement sombre. Le blond finit par se séparer, aidant la jeune fille à se relever, la serrant de nouveau contre lui lorsqu'elle fut debout.
« Tout va bien ? » interrogea le père qui arriva derrière eux.
Henri se sépara de son amie, la tenant fermement par la main, se tournant vers son père l'air grave.
« Elle est aveugle » avait-il dit sans relâcher sa prise.
Diane avait juste eut la force de serrer à son tour la main du blond, son coeur loupant un battement à l'entente de ces mots. Alors c'était donc cela, elle était devenue aveugle.
« Quoi ? Mais c'est impossible, elle ne peut pas-
- Le roi, le jeu, le gage, avec tout ça, si c'est possible ! » coupa le bouclé en fronçant les sourcils.
Son père resta interdit, presque plus sous le choc qu'Henri ou la concernée elle-même. Ça semblait juste impossible que Diane devienne aveugle du jour au lendemain, tout ça parce qu'un présumé roi l'avait décrété. Mais il fallait pourtant se rendre à l'évidence. Ce roi avait un pouvoir absolu sur eux.
Henri et son père avaient raccompagné Diane chez elle. La police était présente, et le père de la jeune fille mort d'inquiétude. Lorsqu'il vit sa fille arriver, il la prit instantanément dans ses bras. Puis il la saisit par les épaules, cherchant son regard alors qu'il la sermonnait. Mais il ne le trouva pas. Et ce fut ce moment qu'Henri choisit pour lui dire qu'elle était aveugle. Son père tomba des nues.
« Diane Campeneau ? » interrogea une policière.
La brune se tourna vers la provenance de la voix en hochant la tête pour confirmer son identité.
« Je suis Aurore, je vous ai interrogée toute à l'heure vous vous souvenez ?
- Oui, je me souviens, vous êtes blonde.
- C'est ça. Vous ne me voyez plus du tout ? »
A la question, elle hocha négativement la tête, et comme elle ne regardait pas Aurore dans les yeux, à peine dans la bonne direction, la policière fronça les sourcils.
« Elle n'a pas exécuté son ordre, et son gage disait qu'elle était condamnée aux ténèbres éternels. » Intervint Henri.
Aurore hocha la tête, avant de dire qu'elle allait partir avec son coéquipier, maintenant que Diane avait été retrouvée. Elle s'éloigna alors, son partenaire lui emboîtant le pas.
« Cette situation est totalement irréelle. » Glissa-t-elle.
L'homme à ses côtés stoppa sa marche.
« Elle n'a aucun signe de blessures qui aurait pu lui faire perdre la vue ?
- Non, rien. Et on sait tous les deux que c'est impossible de perdre la vue aussi vite, surtout qu'elle voyait très bien.
- Ça ne peut quand même pas être ce roi, comment il aurait fait ? »
A cela, la blonde ne répondit rien, le regard posé sur le sol et l'air pensif.
« Viens Maxime, il faut qu'on retourne au commissariat. » dit-elle en montant dans la voiture.
Il prit le volant, attachant sa ceinture avant de démarrer.
« Tu as pensé à quelque chose ? interrogea-t-il après un court silence.
- J'ai demandé une autopsie des jeunes qui n'avaient pas encore été enterrés, on a peut-être reçu le rapport du légiste. Ça nous permettra sûrement d'y voir plus clair. »
Sur ces mots, Maxime accéléra, pressé d'arriver pour, enfin, obtenir des réponses tangibles à ses questionnements.
Lorsqu'ils arrivèrent, le rapport du légiste reposait en effet sur leur bureau. Aurore l'attrapa rapidement en l'ouvrant.
« Alors, qu'est-ce que ça dit ? » demanda Maxime.
La blonde fronça les sourcils, décontenancée. Ce n'était pas possible.
« Le légiste est formel. Ils sont tous décédés de mort naturel, lâcha-t-elle hésitante.
- Quoi ? Il doit y avoir une erreur.
- Aucune. Il a exploré absolument toutes les possibilité. »
Maxime resta la bouche ouverte, complètement retourné par ces nouvelles informations. Aurore laissa tomber le rapport sur son bureau, frappant son poing contre ce dernier. Ils ne pouvaient rien faire. Cette affaire relevait du surnaturel, du paranormal.
« Putain, fais chier ! » s'emporta-t-elle en renversant la pile de dossier sur son plan de travail.
Elle ne pouvait rien faire alors que des adolescents se faisaient tuer. Ça la rendait malade. Elle voulait pouvoir faire quelque chose, arrêter ce fameux roi, ce fameux jeu, mais elle n'en avait pas les moyens.
« On va finir par trouver quelque chose, tenta Maxime
- Non. Il n'y a rien qu'on puisse faire. Cette enquête relève du paranormal, c'est pas dans nos compétences. » Coupa-t-elle la voix grave.
Elle rentra chez elle, totalement désarçonnée. Elle vivait seule avec son petit frère depuis que leurs parents s'étaient installés à la campagne pour profiter paisiblement de leur retraite.
En entendant la porte claquer, Corentin s'avança vers l'entrée en levant un sourcil. La blonde avait une expression dépitée collée au visage. Ça ne lui ressemblait pas.
« Bah qu'est-ce qu'il y a ? » interrogea-t-il étonné de la voir dans cette état.
A cela, l'adulte soupira en accrochant sa veste au porte-manteau et en allant s'asseoir sur le canapé. Le plus jeune la suivit instinctivement, prenant place à côté d'elle.
« Ce jeu auquel tu participes... Le roi, comment il fait pour tuer des ado de façon naturelle à ton avis ?
- Hein ? souffla-t-il sans comprendre. Tu... tu veux dire que... »
La blonde soupira une nouvelle fois, coupant le brun dans sa phrase. Elle se gratta le front, semblant être sujette à un long dilemme intérieur.
« Bon, je suis pas censé t'en parler mais on a eu le rapport du légiste avec Maxime... et il est catégorique. Tous tes camarades sont décédés de mort naturelle, on a aucune explication, aucune piste...
- Mais... mais non il y a forcément quelque chose que vous avez manqué... Je veux dire, on est pas dans Harry Potter, la magie, ces trucs là ça existe pas, il y a forcément une explication !
- Bah j'aimerais bien la trouver figure-toi ! » s'écria-t-elle en se tournant brusquement vers lui pour le fixer.
Corentin se tut instantanément, interdit. Il savait qu'Aurore avait plutôt tendance à être quelqu'un de sanguin, mais rares étaient les fois où elle lui criait après. Un énième soupir alors qu'elle s'enfonça entre les coussins du divan.
« Pardon je... ça me met juste hors de moi de savoir qu'un type tue des adolescents, que mon petit frère est en danger et que je peux rien faire pour le protéger... »
A cela, le brun ne put s'empêcher de sourire, venant se coller à sa frangine pour la noyer dans un câlin.
« Aha ! T'inquiète pas pour moi sis', on risque rien tant qu'on exécute les ordres.
- Mouais...
- Du coup... » commença-t-il un air innocent collé au visage.
Aurore plissa les yeux, ne connaissant que trop bien sa tête de « j'imite le chat botté pour que je te demande une faveur et que tu craques ».
« Oh non, non, je connais cette tête là. Qu'est-ce que tu vas me demander encore ?
- Vu que t'es la meilleure sœur du monde et que t'es en charge de l'enquête, tu me diras comment ça avance ? Demanda-t-il en faisant un sourire d'ange.
- Non ! Tu sais très bien que j'ai pas le droit de faire ça ! Et puis même, ça pourrait te mettre en danger et je veux pas ! Répliqua-t-elle du tac au tac.
- Oh allez quoi ! Deux trois infos comme ça ! Insista-t-il.
- J'ai dit non Corentin. » rétorqua l'adulte sur un ton qui se valut plus ferme.
Le géant retroussa sa lèvre dans un geste boudeur alors que sa sœur détourna le regard. Bon, il n'arriverait pas à la faire parler. On pouvait dire qu'elle était une policière fidèle à elle-même.
Vexé, Corentin partit dans sa chambre, saisissant son téléphone, bien décidé à faire des recherches de son côté.
Henri
Diane est devenue aveugle...
Ramza
Quoi ?
Amanda
Mais comment c'est possible ?
Henri
« Condamnée aux ténèbres éternels »
Ramza
Putain mais cest pas possible ! Comment un gars peut reussir a faire ca !
Corentin
Dans le manga King's game, ils disent que c'est une sorte de virus incurable, pouvant provoquer différentes morts, ou d'autres symptômes.
Corentin
Apparemment on possède tous ce virus, mais il ne se développe réellement qu'à cause de l'angoisse de participer à un King's Game.
Tyler
Mais un truc pareil n'est pas possible putain !
Corentin
Je pense que si. J'ai fait des recherches de mon côté, ce virus serait apparu de la main de l'homme aux États-Unis. Mais la base où il était conservé a été bombardée par les Russes, alors le virus s'est propagé.
Corentin
A l'heure actuelle, ce serait plus des deux tiers des êtres humains qui seraient atteints du virus, mais chez seulement quelques centaines il serait activé.
Ramza
Omd Comment tas fait pour trouver tout ca ?
Corentin
J'ai lu le manga de long en large et en travers, et j'ai fait des recherches sur les virus les plus dévastateurs créés pas l'Homme.
Tyler
Putain t'es un génie
Corentin
Aha merci 😶
Garance
Et du coup quest ce quon est censer faire ? Attendre bien sagement que ce virus nous bouffe ou... ?
Corentin
Je pense déjà que si ce jeu nous angoisse, on est déjà à moitié foutu. Parce que si c'est pas le virus qui nous tue, c'est le jeu qui nous pousse au suicide, comme Floriant par exemple...
Henri
Cest pas possible de pas etre angoisser avec un jeu comme ca...
Corentin
On se met déjà dans la tête qu'on peut mourir à tout moment et ce n'est pas la chose à faire. Il faut que tout nous passe au dessus, que si on exécute pas un ordre ça ne nous inquiète pas.
Garance
Je vois pas comment tu veux quon arrive a faire ca...
Corentin
C'est le seul moyen que j'ai trouvé pour survivre, c'est le seul remède à ce foutu virus. Par contre pour le jeu, je ne sais pas comment faire pour l'arrêter. De toute évidence c'est pas quelqu'un d'humain qui donne les ordres.
Corentin
Cette chose nous connaît, sait comment on réagira à chaque nouvel ordre qu'on lira, si on le fera ou pas, ce qui peut nous détruire. Je ne sais pas comment on peut faire pour trouver ce maudit Roi.
Roi
Numéro masqué
IL EXISTE UN MOYEN DE ME TROUVER. JE SUIS PARMI VOUS.
--END--
Louis
Quoi ? Depuis quand il envoit des messages en dehors du jeu ?
Henri
Parmi nous ?
Henri
Comme l'un d'entre nous ?
Corentin
Hum je ne pense pas, sinon ce serait trop facile de le tuer et de stopper le jeu.
Garance
Alors quest ce quil veut dire par la ?
Corentin
Mais oui ! Ce doit être une intelligence artificielle !
Henri
Il faudrait la pirtaer pour tout arreter alors ?
Corentin
Je ne vois que ça... Mais comment savoir où elle se trouve exactement, ça je n'en ai aucune idée. Il faudrait demander de l'aide extérieure au jeu.
Ramza
Attendez mon pere est un pro de linformatique cest son metier
Corentin
Tu peux lui demander de retrouver la localisation depuis laquelle ce Roi nous envoie les messages ?
Ramza
Ouais je vais lui demander tout de suite
L'adolescente était sortie en trombe de sa chambre, traversant le couloir pour se rendre dans le salon où son père regardait la télé.
« Papa ? »
Son père coupa le son du téléviseur pour écouter sa fille. Cette dernière s'assit à côté de lui, son téléphone toujours allumé sur la conversation du jeu.
« Tu penses que tu pourrais localiser la provenance de messages et savoir d'où ils sont envoyés ?
- Oui pourquoi ?
- Tu sais, pour le jeu du roi...
-Montre voir. »
Ramza lui tendit son téléphone et après quelques minutes, le père soupira.
« Il faut que j'aille à mon travail, je n'ai pas le matériel qu'il faut ici. » indiqua-t-il en se levant.
Yannick éteignit la télévision, sortant du salon pour aller mettre ses chaussures et sa veste. Mais avant d'ouvrir la porte, il se tourna vers sa fille.
« Tes amis viennent ? »
Ramza s'empressa de leur envoyer un message pour leur dire de la retrouver devant le lycée pour qu'ensuite son père les emmène dans son mini-bus.
Ils étaient tous là, à l'exception d'Henri qui était resté avec Diane et d'Amanda qui n'avait pas pu sortir. Après que tout le monde soit arrivé, Yannick démarra le mini bus et prit la route de son travail. Un silence pesant s'était installé dans le véhicule et aucun n'osait parler. Tyler s'était retrouvé assis à côté de Louis, et il ne savait clairement plus où se mettre. Il avait un peu de mal à agir normalement avec lui.
« Ah bah dis donc ! C'est parce que vous sortez tous du lit que vous dîtes rien ou quoi ? lança Morgane pour détendre l'atmosphère.
- Oh bah oui, tu sais bien que c'est nous qui sommes crevés et que c'est toi qui dors ! » lui répondit Ramza.
Un sourire s'était formé aux coins de ses lèvres alors que Morgane se tordait de rire sur son siège. Et ils étaient tous partis dans un fou rire, enchaînant les blagues de mauvais goût pour décompresser. Ramza et Morgane avaient toutes les deux un fort caractère et au début elles avaient du mal à échanger sans finir par s'insulter. Mais, aujourd'hui, leurs rapports s'étaient apaisés, et les pics qu'elles se lançaient relevaient plus de la taquinerie que d'un réel conflit. Et c'était au fond le type de relation qui leur correspondait.
Elles avaient toutes les deux un style assez affirmé, cheveux courts rouges pour l'une et longs bruns et bouclés pour l'autre. Morgane avait les yeux verts émeraudes, contrastant parfaitement avec le vermillon de ses cheveux. Ramza avait, elle, les yeux bleus, cachés derrière ses grandes lunettes rondes mais ils ressortaient sur sa peau mate. Elles étaient toutes les deux joyeuses et elles n'hésitaient pas à dire ce qu'elles pensaient. Elles s'étaient, au final, bien trouvées.
Lorsqu'ils arrivèrent, ils suivirent tous le père de Ramza dans un silence de mort. Son lieu de travail était immense et tellement impressionnant qu'ils étaient restés en admiration. Une fois arrivé à son bureau, Yannick s'installa sur la chaise face à l'ordinateur, branchant le téléphone de sa fille à l'unité centrale. Il n'eut aucun problème pour tracer le signal, mais en revanche, pour ce qui était de le pirater, c'était une autre paire de manches.
Les adolescents perdirent d'ailleurs patience et recommencèrent à discuter à voix basses.
« Ça va durer encore longtemps ? J'aimerai rentrer chez moi, se plaignit Garance en tapant du pied.
- Mais on te retient pas princesse. » lui répondit Morgane en souriant.
La rousse lui tira la langue à la manière des enfants alors que la rouge gloussa en se moquant gentiment.
« Bon et pourquoi vous parlez pas vous deux là ? » demanda-t-elle en se tournant vers Tyler et Louis.
Tyler lâcha un soupir en levant les yeux au ciel. Il était appuyé contre une étagère, les bras croisés sur le torse.
« Je suis juste un peu fatigué, c'est tout, répondit-il sur un ton plus froid qu'il ne l'aurait voulu.
- « Je suis juste fatigué » gna gna gna... » imita-t-elle en grimaçant exagérément.
Ramza pouffa à son expression. Elle était clairement ridicule -même si elle l'était tout le temps en réalité.
Au bout d'un certain temps, Yannick soupira bruyamment en se redressant sur sa chaise.
« T'y arrives ? Demanda sa fille en se penchant sur l'ordinateur.
- J'ai réussi à localiser le signal mais par contre, impossible de le pirater à distance. Il faut qu'on se rende là-bas, répondit-il en se tournant vers elle.
- Et c'est où du coup ?
- Au sud de la France, dans une cambrousse. J'ai noté l'adresse. »
Il se leva, éteignant l'ordinateur après avoir fermé toutes les fenêtres. Ils sortirent tous du bâtiment, remontant dans le mini bus. Le trajet du retour se déroula dans le calme. Certains commençaient à s'endormir. Ramza se chargea d'envoyer un message sur le groupe pour prévenir ceux qui n'avaient pas pu venir. Yannick déposa chacun chez lui. C'était tout de même mieux pour leur sécurité et puis ils auraient pu tomber sur des fous à deux heures du matin.
Louis ne ferma pas l'oeil de la nuit. Il avait réfléchi à son gage depuis qu'il était rentré et il était désormais sept heures du matin. Il avait fini par s'endormir de fatigue mais il se réveilla deux heures plus tard, pris d'une soudaine angoisse. Il ne savait pas trop ce qu'il devait perdre exactement. Il s'était bien fait une idée, mais il n'osait pas trop s'en débarrasser. Et il n'en avait surtout aucune envie.
Après vingt bonnes minutes à réfléchir une nouvelle fois à tout ça, il se décida à appeler Tyler. Il était sûrement le mieux placé pour l'aiguiller dans son choix.
Le brun avait fixé l'écran de son téléphone un moment, hésitant à décrocher, avant de finalement le faire.
« Allô ? Dit-il hésitant.
- Salut Tyler... »
Louis avait répondu d'une petite voix, la gorge serrée. Il savait que Tyler lui en voulait et qu'il n'allait pas oublier du jour au lendemain ce qu'il lui avait fait, mais il était le seul qui pouvait l'aider à ce moment précis.
« Qu'est-ce qui se passe ?
- Je réfléchis à mon ordre... »
Après sa phrase, il y eut un blanc, comme si Tyler voulait dire quelque chose mais qu'il n'osait pas. Puis, Louis entendit une inspiration dans le combiné, et la seconde d'après, la voix de Tyler résonna.
« Est-ce que je compte pour toi ?
- Non, Tyler c'est même pas la peine d'y penser, coupa le châtain.
- Est-ce que je compte pour toi ? Répéta-t-il plus fort.
- Oui, je... Tyler tu peux pas-
- Alors ma vie pourrait convenir ? »
Le brun avait demandé cela la voix tremblante, le corps tremblant. Sa main qui tenait le téléphone s'était crispée, le tenant d'une poigne plus ferme. Le châtain piqua un fard.
« Non Tyler, je peux pas te perdre ! s'emporta-t-il la voix instable.
- Si c'est pour toi ça-
- Putain Tyler non ! »
Le coeur du châtain se serra. C'était trop. Tout était trop. Il ne pouvait pas perdre Tyler. Ce n'était pas possible. C'était au dessus de ses forces. Sa gorge était nouée et les larmes sous ses paupières menaçaient à tous moments de couler.
« Je vais brûler les photos qui me restent de Juliette. »
Le brun s'arrêta à cette phrase.
« Quoi ?
- Je vais brûler les photos qui me restent de Juliette ! » répéta Louis sa voix éclatant en sanglots.
La gorge de Tyler se serra. Il ne supportait pas d'entendre le châtain pleurer. Il voulait être auprès de lui pour le serrer dans ses bras, malgré qu'il lui en veuille encore.
« Non, Louis, tu peux pas faire ça ! C'est les seuls souvenirs qu'il te reste d'elle !
- Justement ! ... C'est parce que Juliette est un souvenir que je fais ce choix...
- Non, non, non ! Louis réfléchis un peu ! Juliette tu l'aimes comme un dingue, tu peux pas perdre ce qu'il te reste d'elle ! Moi tu peux me perdre ça changera rien !
- Si ça changera ! » cria le châtain, la voix complètement brisée.
Il marqua une pause pour renifler et se calmer un peu, reprenant sans crier.
« J-je peux pas te perdre Ty'...
- Non, Louis tu peux pas faire ça...
- Trop tard... Les photos sont déjà en train de brûler... »
En même temps qu'il prononça cette phrase, Louis se mordit la lèvre, les larmes inondant son visage alors que le sourire de la blonde noircissait sur les photos qui se consumaient dans l'évier.
« On peut se voir ? Commença-t-il la voix tremblante. S'il te plaît... »
Il avait soufflé ces trois mots presque dans un murmure, complètement en pleurs.
« Oui, je... tu veux qu'on se retrouve-
- Je peux venir chez toi... ? »
Face à la voix complètement éteinte et anéantie du châtain, le brun accepta de suite alors que Louis raccrocha tout de suite après. Il regarda les photos finir de se consumer pour ne former qu'un petit tas de cendres qu'il rinça avec de l'eau. Il avait l'impression que son coeur allait exploser. Non seulement ça lui faisait mal de ne plus avoir de souvenirs de Juliette, mais en plus, il avait l'impression de la trahir encore une fois. C'était comme s'il reniait son existence, comme s'il reniait toutes les choses qu'il avait vécu avec elle, et ça, il ne pouvait pas se le pardonner.
Après que ses larmes se soient arrêtées de couler, il se les était vivement séchées, avant d'enfiler sa veste et de sortir. Un quart d'heures plus tard, il sonnait chez Tyler, encore les yeux gonflés. Lorsque le brun lui ouvrit, il le dévisagea en arquant les sourcils, et sans rien dire il le prit dans ses bras. Il claqua la porte d'un geste de la main, venant ensuite frotter le dos du châtain pour le rassurer. Il le serra tellement fort contre lui en sentant Louis se cramponner un peu plus à ses vêtements. Le châtain enfouit son visage dans la nuque du brun, son odeur venant l'envelopper doucement. Rassurante et protectrice. Il avait tellement de mal à respirer, tellement le coeur serré, tellement de tremblements dans tout le corps. Il parvenait simplement à s'accrocher à la seule chose qu'il pouvait : Tyler.
« Calme-toi Louis, c'est fini... Je suis là... » murmura le brun en resserrant son étreinte.
Sa crise de larmes dura longtemps et même lorsque les larmes ne pouvaient plus couler, il sanglotait toujours et reniflait bruyamment. Leur étreinte s'éternisa, Tyler commençant à avoir des crampes aux bras à force de serrer Louis contre lui, contre son torse, contre son coeur. Le châtain finit par s'apaiser, se concentrant sur sa respiration pour se calmer. Quand il se décolla du brun, Tyler posa ses mains sur ses joues pour le regarder dans les yeux et pour lui sécher ses larmes.
« Je suis là Lou... tout va bien... » rassura-t-il.
A ses mots il déposa ses lèvres sur son front, alors que le châtain ferma les yeux aux gestes. Après avoir totalement repris ses esprits, Louis s'installa sur le canapé pendant que Tyler lui apportait un verre d'eau. Il y eut un long silence, avant que Louis prenne enfin la parole, la voix un peu déformée à cause d'avoir pleuré.
« Je me sens dégueulasse... pour ce que j'ai fait à Juliette, pour ce que je t'ai fait... je suis tellement désolé... »
Il cumulait les erreurs depuis que ce foutu jeu avait commencé. D'abord il traitait Juliette comme une moins que rien, n'étant même pas capable de lui avouer ce qu'il ressentait pour elle. Et ensuite, il couchait avec son meilleur ami ivre qui lui avait avoué ses sentiments la veille. Il était vraiment dégueulasse. Il n'y avait pas d'autres mots. A croire que son but secret était de faire souffrir les personnes qu'il rencontrait.
Tyler fronça les sourcils. Il n'aimait pas que Louis culpabilise de cette manière. Il n'aimait pas le voir dans cet état. Il s'assit silencieusement à côté de lui, posant doucement une main sur sa cuisse. Il avait suivi son mouvement du regard un instant avant de relever la tête vers Louis.
« J'te pardonne... » dit-il en croisant son regard.
Le châtain sentit ses jambes le lâcher et heureusement qu'il était assis, sinon il se serrait probablement écroulé. Que Tyler lui dise cela lui enlevait un poids. Ça le soulageait tellement qu'il ne put retenir un rire, alors qu'il ne pouvait pas s'empêcher de sourire. Il posa alors instinctivement sa main sur celle de Tyler pour la serrer lentement. Sa gorge était nouée, il ne pouvait pas parler, mais ce geste voulait tout et ne rien dire à la fois. C'était sa façon à lui de le remercier.
Au bout d'un moment, Tyler finit par se lever, posant son téléphone sur la table du salon.
« Viens, je t'emmène quelque part. »
Louis se leva sans plus se poser de questions, mais Tyler l'arrêta avant qu'il ne sorte de la pièce.
« Ton téléphone. T'en aura pas besoin. » dit-il en tendant la main.
Le châtain sortit son portable de sa poche, hésitant, avant de le remettre au brun qui le posa à côté du sien sur la table. Il interrogea son meilleur ami du regard, le suivant jusque dans l'entrée, mais il ne disait rien. Il ouvrit la porte de chez lui, invitant Louis à le suivre.
« On va où ? » finit-il par demander en voyant que Tyler gardait le silence.
Le brun écrasa le bouton de l'ascenseur avec son index, enfonçant ensuite ses mains dans les poches de son blouson.
« Tu verras. » répondit-il sur un ton malicieux.
Louis se mordit l'intérieur des joues. Qu'est-ce qu'il manigançait encore ? Il n'eut d'autre choix que de le suivre, légèrement frustré que son meilleur ami ne veuille rien lui dire. Les adolescents prirent la ligne quatorze et descendirent à Bercy. Tyler, silencieux, menait la marche, alors que Louis commençait à traîner des pieds derrière lui. Il avait peur de comprendre...
Quand il vit le brun passer les grilles du cimetière, il ravala sa salive se stoppant net dans sa marche. Une boule lui nouait la gorge. Pourquoi l'avoir emmené ici ? Le châtain voulut crier pour appeler son ami mais il se rétracta en pensant qu'il se trouvait aux portes d'un cimetière. Alors il enfouit ses mains dans ses poches, cachant sa tête dans son cou, avant d'entrer, marchant dans les allées sur les traces de Tyler. Lorsqu'il vit que le brun s'était arrêté devant une tombe, il ralentit sa marche sans faire attention, comme si ses pas ne voulaient pas l'y guider. Pourtant, l'instant d'après, il se tenait debout aux côtés de son meilleur ami, face à la stèle de Juliette. Tyler avait relevé la tête vers lui pour croiser son regard.
« Pourquoi tu m'as amené ici ? » demanda le châtain alors que sa lèvre tremblait.
Il n'arrivait pas à fixer la photo de la blonde toute sourire qui était accrochée à la pierre tombale. C'était au dessus de ses forces.
« Parce que tu en avais besoin. » répondit le brun en posant son regard sur les multiples fleurs qui avaient été déposées.
Le châtain bascula sa tête en arrière pour empêcher à ses larmes de couler, ré-humidifiant ses lèvres en même temps. L'instant d'après il prit une longue inspiration pour se donner le courage de regarder la stèle. Tyler resta en retrait alors que Louis s'avança en contournant la tombe, s'accroupissant juste à côté de la stèle. Il leva la main, l'approchant de la photo, les doigts tremblants. Il la caressa du bout du doigt, suivant le forme de la joue rosie de la blonde.
« Je te demande pardon Juliette... »
Il n'avait versé qu'une seule larme, se redressant ensuite pour s'éloigner. Tyler le suivit sans rien dire, il savait qu'il parlerait quand il se serait remis de ses émotions. Ils sortirent du cimetière, et en franchissant le portail, le châtain fut comme libéré d'un poids. Comme si une charge monstrueuse pesait sur ses épaules et qu'elle lui était retirée parce qu'il avait enfin été présenter de réelles excuses à Juliette, qu'il s'était recueilli sur sa tombe. Il avait l'impression que la blonde lui avait tout pardonné et qu'il avait enfin le droit de vivre comme il le souhaitait. Il avait juste eu besoin de régler cela avant de pouvoir le faire.
Ils étaient retournés chez Tyler, se posant sur le lit dans sa chambre. Louis s'était allongé, laissant échapper un soupir d'aise, ses jambes pendantes sur le côté du lit alors que le brun était resté assis, les épaules tombantes. Peu de temps après, il s'allongea à côté du châtain, passant ses mains sous sa tête pour être confortablement installé.
« Merci. » souffla Louis presque dans un murmure.
Tyler se redressa sur son coude à l'entente de sa voix, encrant son regard dans le sien. La châtain lui rendit son regard, avant de lui sourire. Le coeur du brun se serra à la vue. Son sourire était tellement sincère, il paraissait tellement vrai que ça lui fit plaisir de le voir sourire de cette manière. Ses joues s'étaient rosies et ses yeux étrécis et-
Bon sang, il était juste magnifique. Tyler l'admirait en silence, sûrement la bouche béante et les yeux ronds, mais il était tellement adorable que c'était plus fort que lui. Ses yeux noisettes étaient étincelants, ils brillaient. Il avait réellement l'impression que quelqu'un avait pris un millier d'étoiles pour les mettre dans ses prunelles. Et avec le rayon de soleil qui effleurait son visage, il avait des reflets dorés dans ses yeux. Tyler s'y perdait, vraiment. Et ses longs cils qui caressaient ses joues lorsqu'il clignait des yeux. Ses joues toutes roses et son nez retroussé. Et ses lèvres étirées par ce merveilleux ce sourire. Vraiment, il serait prêt à payer pour le regarder. Il pouvait le faire toute la journée, à l'infini.
Mais il y avait une chose bien plus agréable que de simplement le regarder. Et c'était simplement Louis qui s'était redressé pour venir effleurer ses lèvres avec les siennes.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top