PDV Yamaguchi

Kuroo nous observe, une simple serviette autour de ses hanches musclées pour cacher sa virilité. La bouche entre-ouverte et les yeux vitreux, il semble plus choqué que quiconque devant ce spectacle qui doit être pour lui pire qu'un coup de poing. Kenma se tient à ses côtés. Même s'il montre moins ses sentiments, je peux facilement voir les reproches dans son regard félin.

J'ai honte... Embrasser un garçon en couple n'était surement pas l'idée la plus lumineuse qui soit. Faire mal aux gens, c'est quelque chose d'horrible. Je ne suis pas méchant, pourtant. Cependant, quand les lèves de mon meilleur ami se sont collées aux miennes, tout mon sens de la logique s'est évaporé. J'ai oublié l'existence de Kuroo, préférant uniquement démontrer tout mon amour refoulé à travers ce tendre premier baiser.

Tsukki soupire en remontant ses lunettes du bout de son doigt. Avoir été surpris en flagrant délit ne semble pas le tourmenter plus que nécessaire. Il doit pourtant souffrir de voir le garçon qu'il aime au bord des larmes! Ou alors, ne l'a-t-il jamais aimé? J'ai de la difficulté à comprendre...

-J'aurais préféré que tu le découvres d'une autre façon, affirme-t-il à l'adresse de son petit ami, je crois qu'il est préférable qu'on se laisse.

-H-hein? Mais... Qu'est-ce que j'ai fait de mal? Je... Je te promets de ne plus me saouler dans les partys si c'est ce qui te dérange! Ce n'était pas une raison pour me le faire payer en roulant une pelle à Yamaguchi. Toi, tu aimerais que j'embrasse Kenma ?!

-Tu n'as pas bien compris. J'y ai bien réfléchi avant de venir ici. Toi et moi, ça ne fonctionne pas. Je ne veux plus d'une relation à distance et j'ai réalisé quelque chose. J'aime Yamaguchi.

J'ouvre grands les yeux, choqué par cette affirmation. Donc il m'aime réellement? Mon cœur accélère agréablement et je pose mon regard sur le garçon dont je suis tout aussi amoureux depuis longtemps. La main chaude de Tsukki vient agripper la mienne d'un geste sincère qui semble achever ce pauvre Kuroo.

Le capitaine fond en larmes, probablement à cause de l'alcool qui le rend vulnérable. Voir un garçon viril dans cet état, ça me fend le cœur.

-Pourquoi tu me dis tout ça le soir de la Saint-Valentin? Souffle Kuroo, tu me hais à ce point?

-Au contraire, tu es un très bon ami. J'aurais voulu attendre, mais...

Il n'a pas le temps de terminer sa phrase qu'une main vient frapper sa joue avec force. Les yeux grands ouverts sous la surprise, mon blond n'a pas le temps de réagir et ses lunettes tombent brutalement au sol.

-TSUKKI! M'exclamai-je avec inquiétude.

Sans un mot, il se penche simplement pour récupérer ses lunettes sur l'herbe, visiblement choquée. Ce n'est pas Kuroo qui l'a frappé, mais Kenma. Son regard de chat féroce laisse voir la colère qu'il éprouve envers l'homme de mes rêves suite à sa réaction stoïque face aux larmes de celui qui est désormais son ex. Jamais je n'aurais cru voir ce petit passeur réagir de la sorte, mais je le comprends. Si la situation était inversée et que c'était mon Tsukki en larme, j'aurais moi aussi pu perdre le contrôle. Voir son meilleur ami brisé, c'est un sentiment d'impuissance terrible.

-T'es un plus gros connard que ce que j'aurais cru, crache Kenma.

Il retourne vers son meilleur ami et agrippe son bras pour le tirer plus loin. Kuroo a toujours du mal à marcher droit, mais la douleur semble bien visible dans son visage décomposé. Une main sur son cœur, il est incapable de reprendre le contrôle sur ses larmes incessantes. J'ai mal pour lui.

-Je veux voir Bo, réussit-il à bégayer entre deux pleurs.

-Oui, oui... on va le trouver.

Ils disparaissent finalement de l'autre côté de la source chaude, me laissant seul en compagnie du blond toujours choqué par la gifle. Son regard fixe le vide alors que sa main est posée sur sa joue mince probablement encore douloureuse. D'un geste rassurant, je le serre tendrement dans mes bras et il finit par répondre à l'étreinte. Je l'ai rarement vu aussi déstabilisé par une simple insulte.

-Ça va? M'inquiétai-je, tu te sens comment?

-Je me sens comme un connard, mais ça, j'y suis habitué... Tu me trouves étrange si je te dis que je suis soulagé? Je ne savais pas comment lui dire, donc voilà, c'est fait.

Le blond me sert un peu plus fort contre lui, ce qui réchauffe mon cœur amoureux. J'espère qu'il ne réalisera pas un jour qu'il n'est pas réellement amoureux de moi. J'aurais vraiment du mal à supporter un rejet de sa part. Ce serait atrocement douloureux.

-Donc qu'est-ce que tu veux que toi et moi soyons maintenant? Soufflai-je timidement.

-Ça dépend de toi. Te sens-tu à l'aise d'être mon petit ami alors que je viens juste de rompre avec Kuroo? Moi, c'est ce que j'aimerais, mais c'est ton choix.

Je souris et comme réponse, j'agrippe ses joues pour tendrement l'embrasser à nouveau. Tsukki répond rapidement au baiser, glissant ses grandes mains sur mes hanches qu'il sert avec affection. Je sens que je vais rapidement devenir accro à ce genre de geste affectif.

Honnêtement, la réaction des gens m'inquiète un peu. Contrairement à Tsukki, je suis beaucoup moins à l'aise que lui avec les insultes et face au jugement. J'ai constamment peur qu'on parle en mal dans mon dos ou qu'on s'en prenne verbalement à moi. Pour avoir déjà connu l'intimidation dans mon jeune âge, je sais que c'est quelque chose que je ne voudrais jamais revivre.

Cependant, Tsukki m'aide à moins craindre le jugement. Il m'aide à m'accepter, à m'aimer comme je suis. Même si les gens risquent de dire du mal de notre couple naissant, je suis prêt à affronter chaque parole méchante si mon blond me tient par la main. Il est mon armure, mon pilier. Tant qu'il sera à mes côtés, plus rien ne me fera peur.

Je romps finalement le baiser en laissant mon front collé au sien. Cette proximité est exquise.

-J'accepte d'être ton petit ami, Kei.

-Alors j'accepte aussi d'être le tien.

Mon amoureux pose un petit baiser sur mon nez, puis il agrippe ma main pour me conduire jusqu'aux rochers de la source où nous nous assoyons, les pieds pataugeant dans l'eau chaude. Collé contre Tsukki, je passe la meilleure Saint-Valentin de ma vie.