PDV Asahi

Je fixe la main tendue de Nishinoya, la bouche entre ouverte à la manière d'un parfait idiot. L'information met terriblement de temps à monter à mon cerveau alors que mon cœur s'accélère à un rythme effréné. Danser... je ne sais pas comment faire!

Les gens autour de nous commencent à applaudir pour nous encourager à relever ce défi qui vient de nous être lancé par la Cupidon remplaçante. C'est tellement gênant. Quelles étaient les chances pour que les numéros victimes soient nous deux? Est-ce un coup du destin qui veut se moquer des sentiments que j'éprouve pour Nishinoya et ainsi me ridiculiser?

-Alors Asahi, tu comptes me faire patienter longtemps? Demande le libéro avec amusement, ça commence à être légèrement gênant.

-Hein? Je... non!

Cherchant le peu de courage qui vit en moi, j'agrippe sa petite main pour me lever et ainsi accepter cette danse forcée. Les gens applaudissent quand Nishi glisse ses mains sur mes hanches afin de m'approcher de lui. Je voudrais disparaitre! Où sont Suga et Sawamura pour me venir en aide en cet instant fatidique? Non, je ne me plains pas de me retrouver à faire un défi avec l'homme que j'aime... J'aurais cependant préféré que notre premier rapprochement ait lieu en privé et non parce que nous y sommes forcés.

-Détends-toi, chuchote Nishinoya, ça va bien aller.

-Je ne sais pas danser... C'est gênant.

-Ne t'en fais pas, je vais te guider. Pose tes mains autour de mon cou et essaie de suivre mes pas.

Je hoche positivement la tête avant de faire ce qu'il me demande. Cette position est un peu étrange à cause de notre grande différence de taille, mais j'aime être si près de lui. Nos corps collés l'un contre l'autre qui bougent aux rythmes qu'impose Nishinoya font tordre agréablement mon ventre. On est si bien, tous les deux. Je dois cependant me concentrer pour ne pas écraser ses pieds.

-J'ignorais que tu savais danser! M'étonnai-je à voix basse.

-Tu sais, il y a plein de choses que tu ignores à mon sujet. Quand j'étais tout petit, j'avais suivi des cours de danse avant de découvrir le volley. Évite de le répéter s'il te plait. Je ne veux pas que ça se sache.

-Promis!

Je laisse sortir un petit cri de surprise quand le petit libéro me penche par en arrière. Comment fait-il pour retenir mon poids? Il est bien plus fort qu'il en a l'air. Les spectateurs rigolent devant ma réaction, mais j'essaie de les ignorer. C'est difficile avec la gêne.

-Tu veux savoir autre chose à mon sujet? Propose Nishi à mon oreille.

-Je... D'accord?

-C'est moi qui t'ai envoyé cette rose rouge.

Quoi? Nishinoya me redresse et s'éloigne de moi dans un sourire puisque nous avons terminé notre défi. Je reste figé là, totalement sous le choc suite à cette affirmation surprenante. Il m'a envoyé la rose rouge?! Les applaudissements semblent lointains à cause du bourdonnement dans mes oreilles.

Rose rouge... Nishi... Saint-Valentin...

Je n'ai pas le temps de lui poser la question, car le petit brun quitte la pièce en me lançant un dernier regard, comme une invitation à le suivre. Il doit vouloir que nous allions dans un endroit un peu plus calme où nous n'aurons pas besoin de crier pour nous comprendre. C'est si soudain!

Après une grande inspiration, je me décide à le suivre vers le deuxième étage. Pour s'y rendre, il faut monter un grand escalier en bois très spacieux, malheureusement remplis de gens qui s'y assoient pour parler. Je dois enjamber les corps, m'excusant lorsque je trébuche sur un pauvre garçon totalement ivre. N'ont-ils pas de chaises où se reposer?

Le second étage semble très grand, entouré de pièces diverses où je crois qu'il est interdit de s'aventurer. Beaucoup moins d'invités s'y trouvent. Les seuls que j'aperçois sont des gens qui discutent calmement, loin de la musique assourdissante de rez-de-chaussée.

-Je suis ici.

Je sursaute quand une main touche mon dos, puis je me retourne vers Nishinoya qui me sourit gentiment. Le libéro rigole un peu devant ma réaction avant d'agripper doucement ma main. Qu'est-ce qu'il fait? Sous ce contact inattendu, tout mon corps se fige.

-Suis-moi, on va discuter un peu plus loin. J'ai demandé à Lev la permission d'aller dans sa chambre pour quelques minutes afin d'être calme. Ça ne te gêne pas?

-B-Bien sûr que non... Je te suis où tu v-veux.

-Détends-toi! Je ne vais pas te manger.

Mon ami rigole à nouveau et il serre ma main pour me guider vers la chambre qui doit appartenir à Lev. Le nom du joueur de Nekoma est d'ailleurs écrit en lettre dorée sur la porte que Nishinoya ouvre. La main à tacon sur le mur sombre, il trouve l'interrupteur pour éclairer la pièce. C'est très joli, exactement comme j'aurais imaginé le style du Russe.

Un sourire s'étend sur mes lèvres lorsque je remarque une peluche en forme de chat gris sur la commode. Je ne suis donc pas le seul à avoir du mal à me départir de mes peluches d'enfance? C'est rassurant à savoir.

Le garçon referme la porte sur notre passage avant de se tourner vers moi. La tête levée pour me regarder dans les yeux, il parait stressé malgré l'air confiant qu'il tente de se donner.

-Donc comme je te l'ai dit, c'est moi qui t'ai envoyé cette rose, avoue-t-il.

-Oh... je croyais que c'était une erreur.

Je joue timidement avec mes doigts sous le stresse. Comment suis-je censé réagir devant cet aveu? Je suis si heureux, mais aussi tellement paniqué. C'est comme si j'avais peur de comprendre et de devoir réagir. Si je me trompe et que je me prends un râteau? Je ne crois pas que je pourrais supporter un tel rejet.

-Une erreur? Pas du tout, sourit Nishi, j'ai longtemps réfléchi avant de le faire, mais je le voulais vraiment. Tanaka m'a aidé à le réaliser, mais je t'aime Asahi.

Il l'a dit. Ça y est, je vais perdre connaissance. Sous le choc, les mots sont incapables de franchir mes lèvres. J'ai beau ouvrir la bouche, rien ne sort. Moi aussi, je l'aime! Depuis tellement longtemps. Nishinoya passe une main sur ma joue, l'air inquiet.

-Ça va bien? Je vais commencer à m'inquiéter si tu ne dis rien...

-C'est que... moi aussi... tu vois? C'est... hum... réciproque.

Ce charabia est tout ce qui arrive à franchir la barrière de mes lèvres. Heureusement, mon ami semble comprendre, car un doux sourire se dessine sur son magnifique visage capable de me faire rêver.

-J'en suis heureux, souffle Nishi, tu peux te détendre avec moi.

Sa main qui caresse toujours ma joue glisse lentement derrière ma tête, m'invitant ainsi à me pencher. Nos têtes se rapprochent doucement... Je sens son souffle chaud frapper mon visage d'une façon envoutante. Cependant, juste avant que nos bouches puissent se coller, un gros « boom » venant du plafond nous fait tout deux sursauter. Quelqu'un cogne? Il n'y a pourtant pas d'autre étage.

-On dirait qu'il y a quelqu'un dans le grenier, remarque Nishinoya en courant vers la sortie de la chambre.

-Tu sais, dans les films d'horreur, les gens curieux sont toujours les premiers à mourir. Il faudrait plutôt aller chercher Lev.

-Ne t'en fait pas, je crois avoir vu la trappe du grenier. On ne va pas le déranger pour ça!

Le libéro ne le laisse pas le temps de répliquer qu'il sort de la pièce. L'idée qu'un dangereux criminel cannibale s'y cache n'effleure pas son esprit? Je ne suis pas un admirateur des films d'horreur, mais Suga m'a déjà forcé à regarder l'histoire de pauvres adolescents perdus dans la forêt qui se font tuer et manger par une famille de cannibale mutant. Ça m'a traumatisé.

Nishinoya s'arrête sous ce qui semble être la trappe qui mène au grenier. Il doit sauter pour attraper la corde et ainsi faire descendre l'échelle rétractable. Ce n'est pas une bonne idée... Sans même m'attendre, il monte dans la noirceur du grenier.

-Y'a quelqu'un? Demande-t-il.

Je ne peux pas le laisser seul avec le danger. S'il s'agit réellement de monstres, je dois être là pour défendre le garçon que j'aime. Dire qu'on a failli s'embrasser... C'est frustrant que ce bruit ait tout gâché.

Je grimpe à mon tour dans l'échelle de bois. En haut, il fait très noir. C'est impossible de voir si quelqu'un nous attaque ou pas. J'aurais peut-être dû prendre une arme?

-RETIENS LA TRAPPE!

Je sursaute en entendant l'ordre de cette personne que je ne reconnais pas. Je n'ai pas le temps de réagir que j'entends l'échelle se rétracter, puis se fermer. Tout devient noir.