Chap.8 : Cachoteries et mensonges




— J'ignore s'ils se fréquentaient, mais ils se voyaient souvent, entre les cours.


Je lançai un regard rempli de sens à Dora, le sien semblant me dire « je le savais ! ». Mon cœur se serra alors que les souvenirs de la scène de crime me revinrent en pleine face. L'empreinte abandonnée, concordant parfaitement avec le pied de Josh, son air gêné... Il avait dû passer à l'acte avant de me rejoindre à la fontaine, comme si de rien n'était. Josh s'était bien moqué de nous.

Une vague de tristesse m'envahit, mais je tentai de ne rien laisser transparaître. C'était comme un coup de poignard dans ma poitrine, et pourtant je devais garder le contrôle.

Dora plaça une main réconfortante sur mon épaule, me ramenant sur terre.

Je n'eus pas le temps de poser une autre question à Ashlee que la sonnerie retentit, brisant l'atmosphère pesante. Nous nous précipitâmes alors toutes vers nos cours respectifs.

Lorsque je mis les pieds dans la salle, je croisai le regard de Josh. Mon cœur s'emballa, mais je détournai rapidement les yeux, presque écœurée, avant de m'asseoir. Je sentais une tempête de sentiments en moi, mais je ne pouvais pas me le permettre.

Les conclusions hâtives semblaient finalement être les plus vraies. Mon esprit vagabonda durant toute la séance, m'éloignant de la réalité qui me paraissait si sombre.

Lorsque les cours de l'après-midi furent terminés, je me rendis machinalement à mon club de lecture.


– Bonsoir, bonsoir. J'espère que vous avez consulté l'ouvrage de cette semaine : Tristine et Yseulon.


Mince... J'avais complètement oublié de m'organiser pour cela. Par chance, j'avais lu le livre l'année dernière, sinon cela aurait été la catastrophe assurée.

Les souvenirs des événements du roman revinrent bien vite, me permettant de naviguer habilement dans la discussion. Pour moi, ces deux heures passèrent comme un souffle. Mais d'autres, visiblement moins âpretés, furent contraints de purger leur défaite en s'attaquant à la corvée de nettoyage de la bibliothèque.

La prof, bien que charmante, se métamorphosait en un véritable tyran lorsque les règles n'étaient pas respectées. Sa passion pour la littérature ne laissait place à aucune excuse, et l'atmosphère se chargeait d'une tension palpable, comme un orage se préparant à éclater.

Actuellement, je décidai de faire un tour dans la cour, afin d'avoir les idées claires. Soudain, des pas précipités résonnèrent derrière moi.


— Jonathan ?


Il se tenait là, complètement en sueur, les cheveux ébouriffés, l'air hagard. Ses yeux, écarquillés par la peur, exprimaient une terreur, comme s'il était traqué par des ombres invisibles.


— Je t'avais dit d'arrêter ! s'écria-t-il, la voix tremblante.


— Si vous vous en foutez, ce n'est pas mon cas ! répliquai-je, le cœur battant.


— Ne comprends-tu pas que tu nous mets en danger ?! s'exclama-t-il, comme si chaque mot lui arrachait un morceau de son âme.


— Quoi... ? Qu'est-ce que tu racontes ?


— Je n'ai pas le temps..., répondit-il, ses yeux scrutant frénétiquement les alentours.


— C'est Josh ? ne pus-je m'empêcher de demander, une pointe d'angoisse dans ma voix.


Il sembla se figer un instant, le souffle court.


— Mais... Ce n'est pas... Ne te mêle plus de ça ! s'empressa-t-il de dire, la panique transparaissant dans chaque syllabe.


Avant de faire demi-tour, il murmura, comme s'il craignait que même le vent ne rapporte ses paroles.


— Choisis bien tes fréquentations, Aileen... si tu veux survivre..., termina-t-il, ses yeux plongeant dans les miens, chargés d'une détresse qui m'écrasa le cœur.


Puis, aussi nerveusement qu'il était venu, il s'éclipsa dans l'obscurité, laissant derrière lui une vague de malaise. J'observai sa silhouette s'éloigner, jusqu'à ce qu'elle disparaisse complètement, emportant avec elle un morceau de ma tranquillité.

Je restai là, perdue dans le vide pendant quelques secondes. Lorsque j'avais mentionné Josh à Jonathan, j'avais cru percevoir un choc dans son regard, comme si ce nom était incongru. Pourtant, tout semblait indiquer que c'était bel et bien lui... ou étais-je en train de me tromper encore une fois ?

Une seule chose était claire au milieu de cette confusion : il fallait que je parle à Josh. Je me dirigeai vers la fontaine, au centre de la cour, m'asseyant avec l'espoir qu'il viendrait.

Après quelques minutes d'attente, des brindilles craquèrent derrière moi. Bientôt, il se tenait devant moi, son habituel sourire moqueur sur le visage. En croisant cependant mon regard troublé, son expression changea, laissant place à une lueur d'inquiétude.


— Qu'y a-t-il ? demanda-t-il en se postant à une distance raisonnable, comme pour établir une barrière.


— Tu t'es bien caché de nous dire que tu sortais avec Rosie, hein ?


Il m'observa un instant, d'abord surpris, puis fronça rapidement les sourcils.


— Tu ne m'accuses quand même pas de son meurtre, rassure-moi ?


— Va savoir.


Josh me fixa intensément, tentant de prouver son innocence. Sa confiance m'intimidait.


— Je ne lis pas dans les pensées, monsieur. Et cesse de me regarder comme ça, c'est déstabilisant. Qu'est-ce que tu faisais avec Rosie ?


Il soupira, visiblement agacé.


— Je lui donnais des cours de soutien...


— Sans blague ? Monsieur Hicks qui dispense des leçons, c'est la meilleure ! m'esclaffai-je, défiant ses mots. C'est l'excuse la plus bidon que j'aie jamais entendue.


— Libre à toi de ne pas me croire, mais c'est la vérité. Tu peux le vérifier en consultant les tableaux des résultats devant le bureau des surveillants.


Il avait une telle assurance que je faillis douter l'espace d'une seconde.


— J'irai voir... Mais au fait, connais-tu Jonathan Aglari... Aglaro... ?


— Aglaroph ?


— Oui, c'est ça.


— On était dans la même classe l'année dernière. Ne me dis pas que tu le suspectes aussi ! Mais si c'est le cas, je ne suis pas ta meilleure option. Va plutôt demander à Dora.


— Dora ? Que vient-elle faire là ?


Il éclata de rire, un son qui résonnait étrangement dans le contexte tendu.


— Il semblerait que ton amie ne t'ait rien appris.


— Que m'a-t-elle caché ?


— Qu'elle sort avec, tiens. Je ne cesse de les surprendre en pleine séance de bécotage dans les recoins dissimulés de la cour pendant mes rondes nocturnes, depuis l'année dernière.


Ses mots, comme un coup de poignard, me laissèrent sans voix. La certitude avec laquelle il parlait était troublante. Une vague de confusion et de colère s'empara de moi. Josh, toujours avec son sourire, semblait savourer ma réaction. Au fond de moi, une question résonnait : que savait-il vraiment ?





<~Blues~>

— Triste vie... pourquoi moi ?

— Tu veux devenir dramaturge ? Ou plutôt actrice ?

— Bouge...

Règle numéro 5 : TOUJOURS RESPECTER LA RÈGLE NUMÉRO 1

🔦... À suivre... 🔦

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