Chap.5 : Début de l'enquête
Le cri retentit avec une intensité insupportable, perçant l'air comme une lame froide. Il provenait de notre dortoir, celui des filles. Le cœur battant la chamade, nous montâmes les escaliers à vive allure, nos pas résonnant dans la quiétude devenue oppressant. Lorsque nous atteignîmes l'étage, un sentiment de dread nous envahit en découvrant une pièce grande ouverte, son seuil maintenant le témoin muet d'une horreur inimaginable.
En entrant, la scène qui se déroulait devant nous nous figea. Une lycéenne était là, gardant une autre dans ses bras, sa figure blême et déformée par l'angoisse. La vie semblait avoir quitté celle qu'elle tenait, gisant sur le sol, inanimée, son corps maculé du liquide écarlate. Un couteau ensanglanté était effroyablement planté en plein cœur, comme un dernier acte de violence avant le silence éternel.
Au début, je ne voyais que l'élève, son visage flou par les larmes et la peur, criant à l'aide, tandis que son regard perdu cherchait désespérément une réponse. Mes pensées tourbillonnaient alors que je réalisais l'atrocité de la scène. Leurs intonations tressaillaient dans l'air lourd de désarroi.
— Quand je suis rentrée, renifla-t-elle bruyamment, je l'ai trouvée comme ça ! Je vous jure que je n'ai rien fait ! Je n'ai rien fait !
Elle reprit alors ses pleurs, sa voix tremblante se mêlant à l'écho de la terreur ambiante.
Mon cœur s'emballa alors que je commençais à comprendre. Mais je ne voulais pas y croire. Mon esprit se refusait à accepter cette réalité brutale. Mes yeux se posèrent sur le corps inanimé au sol, mais je ne pouvais pas voir sa figure.
Comme un reflet de la panique croissante, les lycéens, les professeurs et le directeur accoururent, leurs traits blêmes trahissant l'atrocité de la situation. J'étais figée, incapable de bouger, ma respiration devenant de plus en plus difficile.
— C'est vraiment horrible ! m'exclamai-je lorsque nous quittâmes la pièce, la voix étranglée par la terreur. Qui a bien pu faire ça ?
Puis, dans un mouvement déchirant, l'élève se tourna légèrement, et enfin je vis son visage. Mes yeux s'ouvrirent grand, et un cri silencieux de désarroi s'échappa de mes lèvres. C'était Rosie. Celle qui m'avait cordialement proposé de me rejoindre dans son groupe quelques heures plus tôt. L'éclat de vie et de chaleur qui l'animait était à présent éteint. Une vague de chagrin s'abattit sur moi comme un tsunami.
Je me tournai instinctivement vers Josh, saisissant son bras d'une poigne désespérée, comme si je voulais me raccrocher à lui pour ne pas sombrer. Mon cœur se brisait, et une tristesse écrasante m'enveloppa, chaque respiration semblant plus difficile que la précédente. Je ne savais plus quoi penser, quoi dire. La réalité me frappa de plein fouet, tandis que la panique et le chagrin s'emparaient de chacun de nous, une lueur pesante s'étendant sur notre fragile existence.
Josh, quant à lui, afficha une expression plus que perturbée l'espace d'une seconde, ses traits se durcissant sous le poids de l'angoisse. Remarquant que je l'observais, il se reprit bien vite, mais une ombre d'émotion persistait dans ses yeux.
— Peut-être que c'est juste un suicide. N'as-tu pas pensé à cette option ? me demanda-t-il, une fausse légèreté dans sa intonation.
— Sérieusement ? Quelles motivations aurait-elle de faire ça ? Aucune.
— Il faut creuser chaque piste, la nouvelle. Rien n'est impossible.
— Sur ce point, tu as peut-être raison.
Il détourna le regard, comme s'il cherchait à ignorer la réalité qui pesait sur nous.
— Bon, moi, je vais pioncer, m'informa-t-il en tournant les talons, sa voix trahissant une fragilité qu'il ne souhaitait pas montrer.
— Il y a quand même une personne qui vient de mourir là ! Et toi, tu penses à dormir ? Tu n'as vraiment pas de cœur ? lui demandai-je, l'estomac noué.
Il se figea un instant, une douleur visible traversant son visage, avant de soupirer.
— Que désires-tu que l'on fasse ? On n'y peut absolument rien..., lança-t-il, évitant soigneusement mon regard.
— Si ! Si personne ne veut rien faire, nous pouvons mener l'enquête, lui dis-je sérieusement, déterminée à percer ce mystère.
— Ah ! Ce n'était pas comme si nous n'avions plus accès à la scène de crime... en réalité, si ! s'écria-t-il, sarcastique, en levant les bras, mais sa voix tremblait légèrement. C'est le cas ! Alors, ce sera sans moi.
Je le scrutai, cherchant à comprendre cette façade qu'il affichait, mais je sentais bien qu'il était touché.
— Je vois..., en fait, tu as peur d'avoir des problèmes, monsieur le bon élève qui obéit aux ordres, le titillai-je, mais ma blague n'atteignit pas son cœur.
— Rhô, ça va, souffla-t-il en levant les yeux au ciel, mais je pouvais lire son agitation. C'est quoi ton plan ?
— On se retrouve ici après l'heure du couvre-feu.
— Et si je me fais choper ?
— Tu veilleras à ce que ça ne se produise pas, dis-je en lui lançant un regard déterminé.
Alors qu'il s'éloignait, une pression palpable flottait entre nous, reflet de la tragédie que nous venions de vivre. La réalité de la situation commençait tout juste à nous engloutir, et je ne pouvais m'empêcher de redouter quelque chose de sombre se profilant à l'horizon.
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— Tu vois que tu y es arrivé, lui souris-je, bien que je sentisse une tension sourde sous notre apparente légèreté.
Il souffla juste, son regard fixé au sol.
— Tu ne m'avais pas dit que nous serions trois ! s'exclama-t-il en pointant Dora du doigt, une irritation perceptible dans son intonation.
— Si je dérange, je peux toujours m'en aller ! s'offusqua cette dernière, les poings serrés.
— Calmez-vous un peu ! Savez-vous ce qu'on risque si on nous attrape ? Alors, bouclez-la et restez tranquilles ! dis-je, tentant d'apaiser le jeu, mais l'angoisse dans ma diction trahissait la peur qui rongeait chacun de nous.
— D'où tu me parles comme ça, toi ? me demanda Josh, légèrement irrité, sa frustration s'ajoutant à la pression ambiante.
— J'ai dit CHUT ! rétorquai-je, ma voix forte résonnant dans le silence oppressant de la nuit.
Tout était sombre et il n'y avait aucun bruit. Nous marchions sur la pointe des pieds jusqu'à la fameuse chambre, qui n'était pas fermée, fort heureusement pour nous. Une fois à l'intérieur, chacun alluma sa lampe de torche, préférant prendre le risque d'éclairer la salle plutôt que de rester dans l'obscurité pesante.
C'est avec un grand soulagement que je constatai que le corps n'était plus présent.
Nous scrutâmes ainsi la pièce, à l'affût du moindre indice pouvant nous venir en aide. Mon cœur battait à tout rompre alors que je fixais la fenêtre, ayant semblé apercevoir quelque chose.
Une empreinte de pas se trouvait sur le rebord.
Ce n'était pas possible que quelqu'un soit entré par là, nous étions au premier étage. Mais... Comme le disait Josh, aucune piste ne devait être écartée.
— Venez voir, leur demandai-je d'approcher, mon intonation, vacillante, trahissant l'urgence du moment.
Ils stoppèrent ce qu'ils faisaient et se dirigèrent vers moi, une tension palpable entre nous, chacun cachant son malaise.
— Une empreinte ! s'écria Dora, presque étonnée, mais je pouvais lire l'inquiétude dans ses yeux.
— On sait ce que c'est, souffla Josh, sa voix basse et tremblante, mais il était évident qu'il luttait contre ses propres démons.
Le silence s'installa de nouveau, et l'angoisse de la situation nous pesait tous, à la fois unis par la crainte et divisés par nos émotions conflictuelles.
Ignorant sa précédente remarque, je plaçai mon peton sur le rebord pour comparer les pointures, mon cœur battant à tout rompre.
— Celui qui est entré par là avait clairement de grands pieds. De plus, les traces semblent différentes des miennes, elles sont plus larges sur les côtés, dis-je, ma voix se faisant plus ferme pour masquer ma peur croissante.
Me demandant s'il s'agissait du modèle de chaussures des garçons, je me tournai vers celui qui se trouvait à deux pas de moi. Mon regard insistant sur lui, Josh me fit face, l'air de ne pas comprendre, un mélange de confusion et de tension dans ses yeux.
— Dispose ton pied en faisant attention, murmurai-je, l'angoisse de la situation pesant sur mes épaules.
Il parut réfléchir durant une éternité avant de lever son membre en question et de le placer juste au-dessus de ma découverte.
C'était le modèle identique ! Et de surcroit, la même taille !
— C'était toi ?! cria presque Dora, affichant une mine horrifiée, la panique se lisant sur son visage.
— Du calme, Dora ! Il ne manquerait plus qu'on nous trouve. De plus, les conclusions hâtives ne nous mèneront à rien. Josh ne doit pas être le seul garçon à faire cette pointure-là dans l'établissement. Au moins, c'est déjà un bon début. Nous savons que notre suspect est un individu masculin et qu'il porte les chaussures de l'école, prouvant ainsi qu'il s'agit d'un élève, dis-je, essayant de garder ma sérénité malgré la tempête d'émotions qui grondait en moi.
Un coup d'œil furtif vers Josh me fit constater qu'il avait l'air soulagé de ne pas être le principal accusé, mais ses traits marqués par l'angoisse révélaient qu'il était plus touché qu'il ne le laissait paraître. Dora, quant à elle, semblait contrariée, une frustration palpable émanant d'elle.
Nous fouillâmes encore la pièce, mais l'empreinte demeura notre seul indice, une ombre pesante reposant sur nos épaules. Finalement, nous repartîmes à nos chambres respectives, le poids de la nuit et des récents événements nous rendant plus sombres qu'à l'accoutumée.
Le soleil ne tarda pas à pointer le bout de son nez, mais étant un dimanche, l'alarme ne résonna pas. Déjà habituée aux réveils infernaux de six heures, j'ouvris machinalement les yeux à cette heure et restai quelques minutes sur le lit, le cœur lourd, à observer le plafond. Les événements de la veille tourbillonnaient dans mon esprit, obscurcissant chaque pensée.
Je me dirigeai ensuite à la laverie, les gestes automatiques me permettant de faire le vide, mais, le bruit des vêtements qui tournait n'arrivait pas à effacer l'angoisse sourde qui pesait sur mes épaules. Mon linge nettoyé, je partis aux douches que je trouvai désertes, comme chaque dimanche à cette heure, m'autorisant à prendre tout mon temps. Mais même l'eau chaude ne parvenait pas à apaiser le tremblement dans mes mains.
Une fois propre et habillée, je me rendis au réfectoire, qui était ouvert de sept heures et demie à dix heures, les week-ends. Après un petit-déjeuner copieux, je sortis enfin de la bâtisse, plus de trente minutes plus tard, l'air frais du matin ne faisant qu'accentuer le malaise qui résidait en moi.
Il fallait maintenant que je retrouve la camarade de dortoir de Rosie. Mince affaire, car je n'avais pas eu l'intelligence de demander son prénom... Je repensai alors aux événements de la veille, à ce moment terrible où la vie avait quitté Rosie. Un élément me revint en tête : le directeur lui avait donné les clés de l'infirmerie, la chambre ne pouvant plus être habitée durant quelque temps.
Je m'y rendis donc sans attendre, le cœur battant, avant de taper à la porte qui était fermée. Elle ne tarda pas à s'ouvrir, me dévoilant celle que je cherchais. Son visage était marqué par la douleur, les yeux bouffis et rouges, comme si elle avait pleuré toute la nuit.
— J'ai besoin de te parler, lui dis-je simplement, le ton grave.
Elle me fit entrer, me désignant un reposoir dans un coin avant de s'installer lourdement sur le premier lit qu'elle croisa, l'air épuisé.
Je pris donc le siège et m'assis près d'elle, mes mots, hésitants, en quête de réconfort.
— Comment te sens-tu ? lui demandai-je, mon intonation marquée par des tremblements.
— Pas très bien... répondit-elle, la voix étouffée par l'émotion.
— J'aperçois cela... Tu étais très proche d'elle ?
— On peut dire ça. On se connaissait depuis l'an dernier, quand nous sommes arrivées ici. Elle a tout de suite réussi à illuminer mes journées monotones... me raconta-t-elle, pensive, une lueur de désespoir dans ses yeux.
— Je vois... Je ne lui ai parlé qu'hier, mais je l'ai trouvée très gentille et sympathique..., lui confiai-je, la gorge serrée par l'angoisse. Dis-moi, des garçons sont-ils entrés dans votre chambre ?
— T'es là pour rendre des comptes au directeur, c'est ça ? commença-t-elle à s'énerver, le ton tranchant.
— Non, calme-toi ! Je veux juste dénicher l'individu qui lui a fait ça, pas toi ?
— Si..., soupira-t-elle, la colère laissant place à la tristesse. Pour ma part, je n'en ai invité aucun et elle non plus, enfin, pas en ma présence.
— Je vois... Mais avait-elle un frère dans l'établissement ou un petit ami ?
— Maintenant que tu m'y fais penser... Elle ne cessait de parler d'un garçon plus âgé qu'elle. Tu crois que c'est lui le responsable ? demanda-t-elle, un tressaillement dans sa diction.
— Je ne sais pas encore... Je ne veux pas tirer de conclusions hâtives. T'a-t-elle donné un nom ? me hasardai-je à poser.
— Rayan Hill, de la terminale D2, répondit-elle, la voix tremblante.
<~Blues~>
— Pourquoi les cris retentissent toujours lorsqu'on pénètre dans le bâtiment ?
— Tu dois porter malheur...
— Triple buse.
Règle numéro 2 : Aucune piste n'est à négliger.
🔦... À suivre... 🔦
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