Chap.33 part-1: La force du désespoir
Rampant depuis de longues minutes sur le sol glacial de la pièce, je me traînai avec une détermination désespérée vers le pied en fer forgé du guéridon. Mes poignets et mes chevilles étaient scellés par une corde qui me coupait la circulation, mais je savais que la base sculptée de cet objet pourrait m'aider à me libérer. Je frottai mes liens contre les motifs saillants du meuble, luttant contre la douleur qui irradiait de mes membres engourdis. Chaque mouvement me laissait des éraflures, et je pouvais sentir le sang s'échapper lentement, mais je n'avais pas le choix. Après un interminable moment, le bruit de la chaîne s'effritant enfin me parvint aux oreilles. Je réussis ainsi à me détacher, une vague de soulagement me traversant, mais la joie fut de courte durée. La réalité me heurta de plein fouet : je n'avais aucune idée de comment sortir de cette pièce.
Mes pensées tourbillonnaient alors que je me forçai à réfléchir. Puis, un souvenir me frappa comme une gifle : Mélodie n'était pas apparue par l'entrée des toilettes. Elle avait emprunté une autre direction que je décidai de suivre. Avec une détermination renouvelée, je me levai et filai dans le couloir, l'adrénaline me poussant en avant. Arrivant quelque temps plus tard au bout du chemin, je me retrouvai face à une porte qui semblait négligemment fermée. Mon cœur battait la chamade, et je chuchotai à moi-même :
— J'ai de la chance cette fois-ci...
Sans réfléchir davantage, je franchis l'entrée. La pièce dans laquelle je me trouvai m'était étrangement familière : la salle d'informatique. Je comprenais maintenant pourquoi Rayan y était si souvent, et pourquoi Maël l'y avait rejoint l'autre jour. Je me précipitai vers la porte qui menait à l'extérieur qui, elle, était solidement fermée. Ne voulant pas me rendre, je pris une grande inspiration et me préparai à traverser une vitre qui se brisa sous ma poussée. Le son du verre retentit dans l'air, comme un cri désespéré, et je me mordis la lèvre, consciente que j'avais alerté mes poursuivants.
— Merde...
La peur s'empara de moi. Je savais qu'ils ne tarderaient pas à arriver, et même si ce n'était pas le bruit de la glace, le temps qui s'écoulait me pressait de chaque seconde. La demi-heure touchait à sa fin, et avec elle, ma chance de m'échapper. M'élançant à en perdre haleine dans le jardin, je cherchais un abri derrière la cabane des retrouvailles, un lieu qui semblait maintenant être mon dernier espoir. Je m'accroupis, tentant de faire le point sur la suite des événements. Mon cœur battait à tout rompre alors que je réfléchissais à la manière de sortir d'ici. Il fallait que je parvienne au portail. Si j'y arrivais, je pourrais fuir, enfin libre... Mais je savais que cela ne serait pas facile. Je repensai au jour où j'avais mis les pieds à RSK. On avait dû user d'une voiturette de golf pour me conduire de l'entrée au bâtiment principal. Quelle idée ils avaient eue ! C'était comme si l'architecte ou le propriétaire voulait que personne ne puisse s'échapper, rendant chaque tentative désespérément difficile. Une rage sourde me soulevait alors que je scrutais les environs, cherchant la meilleure direction à prendre. Je devais rester concentrée, car chaque minute qui passait me rapprochait du danger. Les pas résonnaient de plus en plus fort, et je pouvais sentir la tension dans l'air. C'était maintenant ou jamais.
Dans mes pensées, mes sens demeuraient pourtant en alerte, examinant les ombres qui m'entouraient. Je perçus des bribes de voix non loin de ma position, des mots qui faisaient angoisser mon être.
— On se sépare. Tout est permis de lui faire, sauf de la tuer, souvenez-vous-en bien, prononça Mélodie, aussi tranchante qu'un couteau.
Je plaçai une main sur ma bouche, ma respiration devenant de plus en plus irrégulière, tandis que mon cœur battait au-delà de la normale, résonnant comme un tambour dans ma poitrine. Puis, des pas se rapprochèrent de moi. L'angoisse me noua l'estomac.
Lorsque Mickaela surgit soudain devant moi, affichant un sourire effrayant, je sentis la panique m'envahir. Luttant pour retenir un cri qui menaçait de s'échapper de mes lèvres, je pris mes jambes à mon cou. Mais, malgré sa petite taille et son apparence faiblarde, elle m'empoigna violemment le poignet. En un instant, je me retrouvai propulsée au sol, la douleur m'irradiant de façon fulgurante.
— Comment vais-je bien pouvoir m'occuper de toi ? se demanda-t-elle, un sourire sadique se dessinant sur son visage.
Elle sortit un couteau de sa poche, le faisant tournoyer entre ses doigts comme si c'était un jouet, avant de déchirer superficiellement la peau de mon bras. La blessure me foudroya, insupportable, tandis que mes gémissements étouffés de souffrance semblaient l'exciter davantage.
— Qu'attends-tu ? Je veux t'entendre crier, me dit-elle, comme si c'était une chose tout à fait normale.
Elle traça une nouvelle ligne sur mon membre supérieur, appuyant de manière bien plus accrue cette fois. Je dus me mordre la lèvre inférieure jusqu'au sang, la douleur physique me détournant de ses penchants sadiques. Chaque goutte de sang qui s'échappait de ma bouche me rappelait la gravité de ma situation.
Rassemblant mes dernières forces, et mon bras gauche étant toujours sous moi, je concentrai toute ma puissance là-dessus avant de la faire chuter au sol dans un violent fracas. Je ne perdis pas un instant : je me remis à courir, le bras droit saignant, tandis que l'adrénaline me poussait à fuir.
Je me rendis à la fontaine, espérant trouver un répit, mais je tombai malheureusement sur Saranne et Maël. Mon cœur se serra dans ma poitrine, et je changeai de direction, mais c'était trop tard. Ils me virent, et je réalisai rapidement qu'ils ne reculeraient pas.
Leurs visages, pleins de menaces, se rapprochaient de moi, et une vague de désespoir m'envahit. J'étais coincée, piégée entre la douleur et la peur, chaque accélération de ma fréquence cardiaque me rappelant la gravité de la situation.
Saranne ne retint pas ses coups, animée par une rage intense. Chaque poing qu'elle m'infligeait résonnait dans ma chair comme une condamnation. Je pouvais voir la colère dans ses yeux, un feu ardent qui ne demandait qu'à consumer tout sur son passage. Maël, quant à lui, se tenait à l'écart, profitant des courts moments où Saranne ne s'acharnait pas sur moi pour me fouiller de manière indécente, proclamant à haute voix qu'il cherchait la clé.
— C'est de ta faute ! me hurla presque Saranne, ses mots comme des flèches venimeuses. Si tu n'avais pas fait en sorte de te rapprocher de lui, il serait encore en vie ! Il serait en vie et avec moi...
Le poids de ses accusations m'écrasa. Josh avait été tué parce que j'étais proche de lui ? Par ma faute... La douleur me transperça tel un poignard, et je sentais mes larmes se mêler à la sueur qui perlait sur mon front. En encaissant les coups, mon cœur était lourd, accablé par la culpabilité. Je comprenais peu à peu la nature de cette animosité : tout comme moi, Saranne était tombée amoureuse de Josh. J'en étais persuadée.
Pourtant, dans cette marée de désespoir, quelque chose en moi se rebella. Ébranlée pendant quelques secondes, je finis par me reprendre, déterminée à ne pas me laisser faire. Il fallait que je résiste. Que je me débatte. Que je parvienne à m'en débarrasser.
Fouillant à l'arrière avec ma main libre, je touchai quelque chose de solide. Ma poitrine s'emballait alors que je m'emparai de la première chose consistante que je trouvai — un morceau de métal — et je le fracassai contre la tête de Saranne. L'impact fut brutal. Elle s'écroula au sol, et un cri étouffé de surprise échappa à ses lèvres.
Le bruit du choc résonna, un écho de mon désespoir, et j'en profitai pour reculer, haletante, le souffle court. Mon cœur battait à tout rompre, chaque pulsation me rappelant à quel point cette lutte était cruciale. Je n'avais pas encore gagné, mais j'avais récupéré du temps. C'était suffisant pour rassembler mes pensées et envisager ma prochaine étape.
Maël, soudain pris d'une pulsion étrange, m'empoigna violemment le menton, me forçant à lui faire face. Ses doigts enfonçaient ma peau, et je ne pouvais échapper à ses yeux brûlants de malice.
— Le caniche a enfin appris à mordre, on dirait, lâcha-t-il en me crachant littéralement au visage. Si tu m'avais seulement accordé un regard, tout cela aurait pu être évité.
Ses paroles me frappèrent de plein fouet, confuses, comme s'il jouait avec quelques vérités cachées que je ne pouvais saisir. Je le fixais, le souffle court, tentant de comprendre.
De quoi parlait-il ?
— Ne me dis pas que tu as oublié ce visage... Tu ne peux pas m'avoir effacé, Leena, ajouta-t-il en fronçant les sourcils, ses yeux transperçant les miens avec une intensité qui me glaçait le sang.
À l'entente de ce diminutif, mon corps se figea instantanément. Un frisson me parcourut de la tête aux pieds. Ce surnom... Il n'y avait qu'un seul individu qui m'avait appelée ainsi. Une personne que j'avais tenté d'enterrer au plus profond de moi, quelqu'un que j'avais espéré ne jamais revoir. Mon cœur se serra douloureusement.
— Rémi, soufflai-je l'air coupé, alors que les images du passé me submergeaient.
<~Blues~>
— Tes blagues baveuses manquent finalement...
— Méfie-toi de l'oiseau sur le lac
— Pourquoi ?
— C'est peut-être un mauvais signe ! Ahah
— J'aurais dû me taire, lol.
Règle numéro 29 : Cours ! Cours aussi loin que tes jambes te le permettent.
🔦... À suivre... 🔦
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