Chap.28 : Rayan Hills

Les cours de la journée ayant été annulés, je me dénichai rapidement une occupation. Trop de questions me tourmentaient l'esprit, et il fallait que je trouve des réponses. C'est pour cela que je me tenais là, plantée devant le bureau du professeur de tir, attendant qu'il daigne m'ouvrir. Lorsqu'il arriva, il fut surpris de me voir, mais m'invita tout de même à entrer.


— Que puis-je faire pour vous, mademoiselle ? demanda-t-il une fois que nous fûmes tous deux assis.


— J'avais une interrogation concernant les projectiles. Un jet d'eau pourrait-il faire du mal ?


— Eh bien, tout dépend de la pression exercée. Si elle est très forte, cela peut même être fatal.


Une lumière s'alluma soudainement dans mon esprit. Savanna avait été tuée par un pistolet à eau à forte pression. Mais, par qui ?


— Avez-vous une autre question ?


— Pourquoi n'exposez-vous donc pas les tableaux ? m'enquis-je, faisant référence à ceux que j'avais vus la veille.


Il soupira avant de s'écrier :


— Je pensais vous avoir uniquement demandé d'apporter les cartons !


Je baissai les yeux, m'étant trahi sans réfléchir.


— Ils étaient destinés à motiver les divers lycéens au début. C'étaient vraiment les deux meilleurs élèves que j'avais eus. Ils manipulaient les jets d'eau avec une telle précision que les cibles cédaient toujours. Klein faisait partie du club depuis son entrée dans l'établissement. Quant à Rayan, il venait d'arriver, mais c'était le seul capable de lui tenir tête.


Il marqua une pause avant de poursuivre :


— La tragédie est survenue lorsque Klein a été retrouvé mort, le cœur perforé, le lendemain de l'installation des tableaux. Rayan, probablement sous le choc, n'a plus jamais remis les pieds au cours. Ne sachant pas si la pose des toiles était liée au suicide, j'ai préféré les cacher à la vue de tous. Cela fait maintenant deux ans que ça s'est produit.


Son récit me laissa bouche bée.

Contrairement à ce que le professeur imaginait concernant l'abandon de Rayan, je voyais cela comme un aveu de sa culpabilité. J'étais désormais convaincue que ce fétichiste du coeur était responsable de la mort de Klein et de celle de Savanna. Après l'avoir remercié, je sortis du bureau, résolue à orienter mes recherches vers Rayan.

Il ne m'échapperait pas.


#######


J'attendis patiemment le mercredi soir pour participer au cours de cuisine où Rayan était délégué. Une fois dans la salle, je m'assis à une table déjà occupée par une fille.


— Bonjour..., la saluai-je.


— Salut, me lança-t-elle avec un sourire. Tu viens d'arriver au club ?


Cela faisait bien longtemps qu'on ne m'avait pas accueilli de cette manière, et cela me réchauffa le cœur. Je hochai la tête en guise de réponse, et elle commença à m'expliquer les règles du groupe ainsi que les notions de base à savoir.

Bientôt, l'entrée d'un visage bien familier me déconcentra.


— Lui, c'est Rayan Hills, le délégué du club. Si tu as des difficultés d'adaptation, tu peux aller le voir.


Écoutant d'une oreille distraite, je suivis des yeux Rayan jusqu'à ce qu'il s'assoie à la première table de la dernière rangée. L'activité commença peu après. Le professeur donna les instructions, et Rayan dirigea la leçon, veillant à ce que personne ne fasse d'erreurs. Lorsqu'il passa dans notre alignement, je remarquai que sa paume gauche était bandée, ce qui me troubla.

Qu'est-ce qui avait bien pu lui arriver ?

Nous nous mîmes ensuite à préparer des cookies, ce qui eut le mérite de me changer les idées. À la fin du cours, dessert en main, je me rendis à l'infirmerie.


— Bonsoir madame, la saluai-je.


L'aide-soignante me sourit avant de m'inciter à m'asseoir. Ces dernières semaines, contre toute attente, nous nous étions rapprochées, même si je culpabilisais de lui mentir sur mes prétendus coups de cœur.

Autour des biscuits que j'avais faits, je lui posai des questions sur Rayan.


— Dites-moi, Rayan Hills est-il venu récemment pour une blessure ?


— Oui, pourquoi ? répondit-elle en croquant dans un cookie.


— J'ai remarqué que sa paume était bandée, et ça m'a inquiétée, dis-je en prenant un air dramatique. Je voulais savoir ce qui lui était arrivé.


Elle me regarda de biais avant de soupirer.


— C'est pour lui que votre cœur bat, cette fois-ci ? Les adolescents de nos jours changent bien vite d'amoureux... Bon, il a été agressé et a reçu un jet d'eau à très haute pression sur la main. Ce n'était vraiment pas beau à voir ! Heureusement qu'il n'a touché ni artères ni veines, termina-t-elle en buvant un verre de jus de fruits.


Cette révélation me laissa bouche bée. Il avait été attaqué ? Avec une arme à jet sous pression ? Toutes mes hypothèses s'effondraient. Sans plus de suspect en tête, je retournai à mes appartements, abattue.

Cependant, en arrivant au dortoir, la voix du directeur résonna à travers l'interphone, chose qui ne m'avait pas manqué.


— Mademoiselle, votre requête est finalement acceptée, m'informa-t-il quand je me présentai dans son office.


Au moins une touche de bonne nouvelle dans cette journée. Avec tous ces événements qui s'enchaînaient, j'avais presque oublié ma demande de mutation de pièce à coucher, faite après avoir surpris une conversation entre Josh et Saranne. Enfin, je pourrais dormir sur mes deux oreilles !


— Vos nouveaux appartements sont prêts, vous pourrez y emménager dès demain. Pour l'instant, vous n'avez pas de colocataires, mais il se peut que vous en ayez une avant la fin de l'année. Dans tous les cas, je vous tiendrai informée.


Il me tendit ensuite les clés de ma chambre, et je désertai son bureau, le pas plus léger pour la première fois depuis mon arrivée ici. J'avais hâte que le lendemain se pointe, à la fois pour faire le point sur mon enquête et surtout pour quitter cette chambre où je vivais dans la crainte constante d'être attaquée.





<~Blues~>

— Ça te dit des cookies ?

— Tu as affirmé que tu n'aimais pas le sucre.

— Certes, mais j'apprécie te voir en manger...

— Oh le dragueur...

— Orgh ! c'est bon

Règle numéro 24 : Toujours aller de l'avant.

🔦... À suivre... 🔦

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