Chap.14 : Joyeux...
— Aileen Jennings, dans mon bureau !
La journée commençait bien...
— Oui, monsieur ?
Il déposa une pièce devant moi, l'air sérieux.
— Nous avons reçu votre carte scolaire. Vérifiez rapidement et dites-moi s'il s'y trouve une quelconque erreur.
Je la pris, mes mains légèrement tremblantes. Elle ressemblait à celle de Dora, avec ses couleurs vives et le nom de l'établissement écrit en bas. Je parcourus la feuille, et je contrôlai toutes mes autres informations personnelles. Chaque mot sur cette carte me renvoyait à une réalité qui me pesait.
— Tout est correct.
— Vous m'en voyez ravie. Prenez-en soin et veillez à toujours l'avoir sur vous.
— Ne vous inquiétez pas, lui affirmai-je en rangeant rapidement le document dans ma trousse, évitant son regard.
— Retournez donc en cours. La sonnerie va bientôt retentir.
Je me levai sans tarder, une boule au ventre, me dirigeant vers ma salle de classe. La nervosité me rongeait : Jean-Pascal et moi devions présenter nos recherches sur la mutation. J'avais toujours détesté parler en public, et aujourd'hui ça ne ferait pas exception. Le stress m'étreignait, rendant ma voix légèrement tremblante, tandis que mon cœur battait la chamade, un rythme insistant qui me rappelait à quel point j'étais mal à l'aise.
Heureusement, mon supplice prit rapidement fin, laissant la place à un second groupe. Je me rassis, soulagée, mais la tension restait palpable, comme une ombre planant au-dessus de moi.
— Tu ne gères vraiment pas lorsque tu dois t'adresser à du monde, me chuchota Dora une fois que je rejoignis mon siège.
C'était réel. Je n'aimais pas l'idée d'être le centre de l'attention, mais ce que je détestais le plus, c'était que Dora ait raison. Elle avait beau avoir menti, son ton moqueur m'irritait. Pourtant, je ne pouvais ignorer à quel point j'appréciais notre complicité. Cela rendait mes sentiments envers elle encore plus confus. J'avais été déçue par son attitude, et cela me pesait.
— Ouais..., dis-je en soufflant, tentant de dissimuler mon inconfort.
Nos regards se croisèrent, une tension palpable dans l'air. Je me remémorai notre précédente confrontation, les termes durs échangés. Je ne pouvais m'empêcher de ressentir un mélange de frustration et d'affection envers elle. Pourquoi devait-elle toujours avoir le dernier mot ? Je souhaitais lui montrer que j'appréciais notre lien, mais la déception me rongeait. C'était un véritable conflit intérieur, et je me demandais si je pourrais un jour laisser derrière moi cette amertume.
Soudain, une pensée me traversa l'esprit, interrompant le fil de mes réflexions.
— Joyeux anniversaire, Dora, lui chuchotai-je, essayant de faire bonne figure.
— Merci ! s'écria-t-elle, son sourire chaleureux tranchant avec le malaise ambiant.
— Silence au centre ! réclama la prof.
Nous nous retournâmes, le cœur serré, la tension toujours présente. Alors que j'écoutais l'exposé qui suivait le mien, je ne pouvais m'empêcher de sentir le poids de ses attentes sur moi. Je souhaitais que les choses soient plus simples, que notre complicité revienne à la normale, mais cette déception me hantait. Je ne savais pas si j'allais pouvoir surmonter ce malaise.
Cette journée s'annonçait longue et pleine de défis, non seulement académiques, mais aussi émotionnels.
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— Alors comme ça, mademoiselle Jennings a un point faible..., commença Josh en sortant de la classe, un sourire malicieux aux lèvres.
J'arquai un sourcil, intriguée.
— Je n'en ai pas qu'un, je te signale.
— Ah, tu ne m'as pas laissé terminer ! J'allais dire « un point faible, de plus ».
Je levai les yeux au ciel, feignant l'exaspération, mais une risette se glissa malgré moi. C'était notre petit jeu, un échange de taquineries qui me réchauffait le cœur.
— Tu ne vas pas m'affirmer que tu es parfait ?
— Personne ne l'est, lâcha-t-il avec une assurance désarmante.
— Tu as toujours des réponses philosophiques, toi, lui dis-je en riant légèrement, avant de commencer à nous déplacer.
Je le sentis souffler, amusé, puis il accéléra le pas pour me rejoindre. À ce moment, notre complicité était palpable, comme une bulle de confort qui nous isolait du reste du monde. Nous avançâmes côte à côte dans un silence plaisant, une douce harmonie enveloppant nos échanges. Le bruit des autres élèves, le grésillement des assiettes à la cantine, tout semblait s'évanouir alors que nous marchions ensemble, l'esprit tranquille.
La légèreté de l'instant me fit oublier, ne serait-ce qu'une seconde, les tensions de la journée. Josh était cette ancre qui me stabilisait, et sa présence me donnait l'impression que je n'étais pas seule dans mes doutes. En chemin vers le réfectoire, je me permis de jeter un regard furtif dans sa direction. Son sourire éclatant, si contagieux, éveillant quelque chose en moi, un sentiment que je n'osais pas admettre.
— Alors, qu'est-ce qu'on mange, aujourd'hui ? demanda-t-il, rompant le silence de sa voix enjouée.
— Je ne sais pas... J'espère que ce ne sera pas cet éternel ragoût de bœuf, répondis-je en riant.
— On n'est jamais trop prudent avec la cantine, Aileen. Il faut s'attendre à tout !
Nous échangions encore quelques plaisanteries, et même si mes pensées revenaient parfois à la tension avec Dora, l'instant partagé avec Josh illuminait ma journée. Sa façon de me comprendre, de m'égayer, créait un lien que je chérissais tout en me demandant, au fond de moi, où cela nous mènerait.
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Le temps défila, et le mois de novembre disparut, laissant place à celui de décembre. C'était tout ce qu'il y avait de plus normal, à part, bien sûr, les trois morts supplémentaires dont il fallait tenir compte. L'enquête se corsait, et je n'avais plus aucun indice, plus rien. Ils ne commettaient plus aucun faux pas, comme s'ils savaient que j'étais de la partie... Ce qui était impossible, non ?
— Au moins, je pourrais réfléchir au calme, à tout ça, chez moi, soufflai-je.
— Je vois que tu n'es pas au courant, me répondit Josh avec un air désolé. Nous ne rentrons pas chez nous pour les fêtes. Nous les célébrons ici. C'est une des clauses de l'internat.
Je le regardai, surprise.
— Quoi ? Mais c'est absurde !
— C'est vrai, continua-t-il. Le pensionnat a un principe assez unique : une fois inscrit, tu ne peux pas quitter les lieux avant d'avoir clôturé l'année scolaire, soit en juin. C'est pour garantir la sécurité et l'engagement des élèves. Cela peut paraître contraignant, mais ça permet aussi de créer un véritable esprit de communauté.
Je déglutis, réalisant à quel point cette règle était rigide. Passer les fêtes loin de chez moi, dans cet endroit où les murs avoir l'air de se refermer un peu plus chaque jour, me mettait mal à l'aise. La chaleur des festivités de fin d'année, les rires en famille, tout cela m'était désormais inaccessible.
Josh, semblant lire mes pensées, ajouta d'un ton plus léger :
— Mais ne t'inquiète pas, on fera en sorte que ce soit spécial. On a quelques traditions ici, des activités qui nous rapprochent.
J'esquissai un sourire, reconnaissant qu'il essayait de me remonter le moral. Toutefois, une ombre demeurait dans mon esprit, l'angoisse de ce qui se passait autour de nous. Si seulement je pouvais partir, me donner le temps de la réflexion sur cette situation.
Donc nous fêterions Noël tous ensemble... J'espérais au moins que nous aurions des jours de repos.
Durant tout ce mois, il n'y eut aucun mort. C'était étrange, très étrange. Affectionneraient-ils cette célébration ? Mystère et boule de gomme. Ce qui était certain, c'était que j'avais pu prendre un peu de recul sur cette enquête. Je commençais vraiment à me demander si j'arriverais réellement à les retrouver. Mon assurance du début semblait désormais s'être évaporée.
— Aileen, on doit y aller, m'informa Josh, le visage illuminé d'un sourire.
—Désolée, let's go!
Josh ne m'avait pas raconté d'âneries. Le réveillon était bel et bien célébré ici, et nous nous dirigions vers le réfectoire où un dîner spécial Noël nous attendait. Étant officiellement en congé depuis hier, nous pouvions nous habiller comme nous le voulions. Pour ma part, j'avais opté pour une robe bleue qui épousait parfaitement mes formes. Josh, quant à lui, avait enfilé un sweat-shirt noir et un jean, décontracté, mais élégant.
En entrant dans la salle, une ambiance chaleureuse nous enveloppa aussitôt. Les décorations scintillantes, les guirlandes lumineuses, tout cela créait une atmosphère presque féerique. Ma vision distingua bien vite Dora, qui, malgré nos tensions, semblait également heureuse, vêtue d'un crop top noir et d'un sweat blanc légèrement trop grand.
Lorsqu'elle croisa mon regard, elle m'offrit un sourire enthousiaste que je lui rendis, réalisant à quel point ce moment était précieux. C'était Noël dans quelques heures, après tout. Ma raison me disait de garder mes distances, mais mon cœur me chuchotait de laisser de côté les rancœurs.
— Encore dans la lune ? me demanda Josh, coude droit sur la table, les yeux pétillants d'intérêt.
Sa question me prit au dépourvu. Je rigolai nerveusement, un son presque étouffé qui trahissait mon embarras. Je me sentis soudainement consciente de mes pensées éparpillées.
— Euh, oui... désolée, je réfléchissais juste à des trucs.
Je me couvris rapidement le visage avec mes mains, essayant de cacher ma gêne, mais un sourire inextinguible se dessina sur mes lèvres malgré moi. Josh avait ce don d'éveiller en moi des émotions que je n'avais pas l'habitude de reconnaître. Ses yeux brillants me fixaient avec tant d'attention que je me sentais à la fois exposée et chaleureusement en sécurité.
Nous n'eûmes pas le temps d'échanger davantage, car les cuisinières firent leur apparition, apportant des dindes dorées et d'autres mets alléchants. L'odeur réconfortante des plats préparés emplit la salle, et chacun se mit à se servir, les conversations s'élevant petit à petit dans un joyeux brouhaha.
Au moment où un de nos camarades commença à chanter « Vive le vent », les voix s'unirent peu à peu, transformant le réfectoire en un véritable chœur de bonheur. Je fredonnais, mes pieds battant timidement au rythme de la musique, lorsque Josh, que je n'avais pas vu se lever, agrippa mon poignet, m'entraînant avec douceur.
— Que fais-tu ? lui demandai-je, sentant les regards curieux se tourner vers nous.
— Je t'invite à danser ! s'écria-t-il, son visage rayonnant d'une lueur contagieuse.
Je secouai la tête, amusée et un peu gênée.
— Mais tu es malade... Il n'y a personne qui le fait !
— Justement ! On ouvrira le bal !
Sans attendre mon consentement, il me tira vers le centre de la pièce. Mes battements de cœur s'accélérèrent, non seulement dû à l'attention soudaine qu'on nous accordait, mais aussi à cause de l'énergie électrisante qui circulait entre nous.
Sous le regard bienveillant de tous, il m'attira doucement contre lui, sa main gauche atterrissant délicatement sur ma hanche, tandis que sa droite enveloppait la mienne. Un frisson parcourut ma colonne à ce contact, et je m'efforçai de poser mon membre valide sur son épaule.
L'instant semblait suspendu dans le temps. Alors que nous dansions, le parfum de Josh m'enrobait, un mélange subtil d'agrumes et de bois, quelque chose de frais et d'enivrant qui me faisait tourner la tête. Chaque respiration me plongeait un peu plus dans cet univers à lui, et je me sentais captivée par la chaleur de sa présence. Je me perdais dans la profondeur de ses yeux bleus, éblouie par l'intensité de ce moment partagé.
Une musique douce commença à jouer, et pour la première fois, je parus vraiment vivante. Attendaient-ils la première danse pour la lancer ? La piste se remplit rapidement, et mon stress initial se transforma en amusement, une vague de joie m'envahissant.
— Finalement, tu as bien fait de me forcer la main, lui dis-je, lui offrant un sourire rayonnant, comme si le monde entier disparaissait autour de nous.
C'était un moment à la fois léger et profond, une bulle de bonheur qui me transportait.
Josh m'entraîna dans un tourbillon de mouvements, et chaque pas que nous faisions ensemble renforçait ce lien invisible qui nous unissait. La magie de Noël était palpable, et je me sentais enivrée par la beauté de l'instant, me laissant emporter par la danse et par lui.
La soirée se passa sans embûche ! Je crus même voir à un certain moment le directeur rigoler, un vrai exploit. L'ambiance était aux festivités, avec des rires éclatants et des chants qui résonnaient dans la cour. La petite fête s'acheva aux alentours de deux heures du matin, quand tout le monde fut totalement épuisé et que le charme de la nuit commença à s'estomper.
Le réveillon du nouvel an était presque identique, mais l'excitation flottait dans l'air comme un parfum doux et enivrant. Nous étions tous réunis dans la cour, profitant de l'espace pour danser et nous mouvoir librement. Accoudée au comptoir installé pour l'occasion, je venais de terminer un jus de fruits que j'avais pris parmi les boissons proposées. Les lumières scintillantes des guirlandes éclairaient les visages joyeux autour de moi, et je me sentais portée par cette ambiance festive.
Après m'être débarrassée du verre en papier dans une poubelle proche, je jetai un coup d'œil à ma montre. Vingt-trois heures quarante-cinq. Ma commande, si je pouvais appeler cela ainsi, devait être prête. Un frisson d'anticipation parcourut mon échine alors que je me lançai dans la foule, zigzaguant entre les élèves, à la recherche de Josh.
Je le trouvai quelques minutes plus tard, adossé contre un mur, l'air songeur. C'était la première fois qu'il ne portait pas son éternel sourire, et cela éveilla en moi un léger malaise.
— Josh, l'interpellai-je, je ne me sens vraiment pas bien, dis-je en me touchant les tempes, feignant une fatigue soudaine.
Il se rapprocha de moi, l'inquiétude marquée sur son visage.
— Qu'as-tu consommé ? s'écria-t-il, l'air alarmé.
— Je ne sais pas vraiment, j'ai bu dans un verre qui traînait et depuis, j'ai la tête qui tourne.
Il soupira, prenant ma main avec douceur.
— Je t'emmène dans ta chambre. La prochaine fois, abstiens-toi de toucher à des contenants qui ne t'appartiennent pas.
— Okay...
Alors qu'il se dirigeait vers les dortoirs, je le suivis, la main fermement retenue dans la sienne.
Vingt-trois heures cinquante.
Le temps me pressait, et je savais que je ne pouvais pas me permettre de perdre une minute.
— Josh, j'ai soif... j'ai besoin d'eau, l'informai-je en gémissant, feignant une faiblesse accrue.
— Il doit y en avoir au réfectoire, dit-il en changeant de route.
Lorsqu'il ouvrit les battants de la pièce, nous constatâmes qu'elle était plongée dans la noirceur. Je me sentis à la fois nerveuse et exaltée. Nous y pénétrâmes, et les portes se refermèrent derrière nous, nous isolant du monde extérieur.
Profitant de son temps d'adaptation à l'obscurité, je retirai doucement ma main de la sienne, approchant précautionneusement.
— Aileen, où es-tu ? Sa voix était empreinte d'inquiétude, et je pus entendre la tension dans ses paroles.
Je ne lui répondis pas, concentrée sur ma mission.
—Aileen?!
L'anxiété commençait à se faire sentir dans son ton, mais l'adrénaline me poussait à avancer.
Vingt-trois heures cinquante-huit.
J'atteignis enfin mon objectif, fouillant rapidement dans mon sac à la recherche de la boîte soigneusement cachée.
J'avais eu de la chance, les tables et chaises avaient été bougées comme je l'avais demandé, me permettant de me déplacer sans éclairage.
Lorsque je sortis le carton, j'enflammai une allumette, puis une bougie qui illumina tranquillement la pièce. Sa lueur vacillante projetait des ombres dansantes sur les murs, créant une atmosphère presque mystique.
Josh, dont le regard était resté fixé sur moi avec une incompréhension mélangée à de l'inquiétude, s'approcha doucement lorsque je lui fis signe de venir.
Vingt-trois heures cinquante-neuf; c'était presque le moment.
Lorsqu'il s'assit sur la chaise à mes côtés, j'attrapai la part de gâteau derrière moi, y plaçant la bougie avant de lui faire face. L'odeur sucrée du dessert entrecroisée à celle de la chandelle créait une ambiance délicieusement chaleureuse.
Minuit.
— Joyeux anniversaire, Josh, lui dis-je doucement, le sourire aux lèvres, une excitation palpitante dans le ventre.
Ses yeux s'illuminèrent, et j'y perçus la surprise mêlée à l'émotion.
Les battements de mon cœur résonnaient dans mes oreilles, amplifiant l'intensité de ce moment partagé. La lueur vacillante de la bougie ne pouvait pas rivaliser avec l'éclat de son regard. Ce n'était pas simplement une célébration ; c'était un instant suspendu dans le temps, une connexion profonde qui semblait transcender les mots. Dans cette obscurité, il n'y avait que nous deux, unis par un secret et une magie palpable.
Il souffla la chandelle, un sourire radieux illuminant son visage, et je savais que ce moment resterait gravé dans nos mémoires, comme une promesse d'amitié et d'aventures à venir.
<~Blues~>
— Yeux ?
— Noirs
— Cheveux ?
— Noirs
— Sourire ?
— Franc
— Taille ?
— 168 cm
—Couleurs préférées
— Noir, rose, violet, bleu... indécise
— Identité ?
— Aileen Jennings
Règle numéro 10 : Ne jamais boire dans des verres qui ne nous appartiennent pas !
🔦... À suivre... 🔦
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