Chap. 12 : Deux cartes

Toujours hilare, Josh déverrouilla difficilement la porte. Je rangeai précipitamment le livre dans mon sac, puis poussai la poignée avec précaution, jetant un coup d'œil à l'extérieur pour m'assurer que personne ne nous verrait sortir de là.

À mon grand soulagement, le jardin était vide.

Sur le chemin vers le bâtiment principal, je demeurai silencieuse, ignorant délibérément Josh. Comment avait-il pu me conduire dans un endroit pareil ? C'était irresponsable. Je préférais ne pas imaginer ce qui se serait passé si quelqu'un nous avait surpris. Et lui, il riait encore, inconscient du danger.

Pff.

Nous nous séparâmes comme d'habitude au carrefour des dortoirs, et je me dirigeai vers mes appartements, les nerfs tendus. En y pénétrant, je vis immédiatement Dora, assise sur mon lit.


— Comment es-tu entrée ? demandai-je d'une voix froide en déposant mon sac dans le placard, sans même la regarder.


— Ta camarade de chambre, répondit-elle, visiblement mal à l'aise.


Je décelai tout de suite la nervosité dans son ton.


— Pourquoi es-tu si anxieuse ? On n'est pas en plein examen, répliquai-je avec une ironie glaciale tout en me plaçant face à elle.


— Je... je ne comprends pas pourquoi tu m'évites, Aileen. On s'entend bien, toi et moi... tenta-t-elle timidement.


Je la fixai sans ciller, laissant planer une froide indifférence.


— Les mensonges détruisent la confiance, Dora.


— Des mensonges ? Qu'est-ce que tu veux dire ? fit-elle, soudainement sur la défensive.


Je m'assis brusquement sur le lit, provoquant un choc qui fit tomber son sac posé à côté. Son contenu s'éparpilla au sol, mais ce qui retint mon attention, ce furent deux cartes qui en sortirent.

Dora, occupée à ramasser ses affaires, ne se rendit pas compte de ma découverte. Mon regard se figea sur ses cartes scolaires, et en quelques secondes, j'avais repéré une incohérence. Je les pris en main et les comparai, sans qu'elle s'en aperçoive.

J'inspirai profondément et lui affichai la première.


— Es-tu née le dix novembre mille neuf cent quatre-vingt-dix-neuf ? demandai-je, mon ton tranchant.


Dora tourna immédiatement la tête vers moi, surprise et déstabilisée.


— Oui... et ?


Je lui montrai la seconde carte.


— Alors pourquoi la date n'est-elle pas la même sur celle-ci ? Tu ne vas quand même pas me dire que c'est une faute administrative, raillai-je, pointant les années.


Son visage pâlit, et je vis son trouble. Elle ne savait visiblement plus quoi répondre.


— Je... si, c'est... une erreur, balbutia-t-elle, perdue.


— Arrête, Dora. Cette carte est plus récente. Les dates sont juste là, j'ai bien regardé, insistai-je, refusant de lâcher prise.


Elle semblait de plus en plus paniquée, ses gestes trahissant son anxiété.


— Pourquoi tu me mens, Dora ? Pourquoi as-tu nié avoir été ici l'année dernière ? Pourquoi effacer ton nom du tableau et te refaire une nouvelle carte, uniquement pour cacher la vérité ? demandai-je, implacable.


— Aileen, je peux t'expliquer, vraiment... tenta-t-elle, désespérée.


— Alors, vas-y. Je t'écoute, répliquai-je, la défiant du regard.


— J-je souhaitais juste éviter tes questions sur l'année précédente, c'est tout...


— Tout ça pour cette raison ? Ne trouves-tu pas que c'est un peu extrême ? Tu aurais simplement pu dire que tu ne désirais pas en parler, non ?


Elle secoua la tête, visiblement désemparée.


— Tu es hyper entêtée quand tu veux savoir quelque chose, lâcha-t-elle dans un souffle.


Ce n'était pas faux, mais ce n'était pas une excuse pour tous ses mensonges.


— Et Jonathan, Dora ? Tu m'as aussi menti à propos de lui. Tu n'avais tellement pas confiance en moi que tu ne pouvais même pas m'avouer que vous sortiez ensemble ? ajoutai-je finalement.


Dès que j'eus prononcé son nom, une ombre passa dans ses yeux, et son expression se referma.


— Ce n'était pas une question de confiance, Aileen... je sais que je t'ai déçue, mais... il vaut mieux que je parte, murmura-t-elle, la voix brisée.


Elle récupéra précipitamment les deux cartes de mes mains et quitta la pièce en vitesse, me laissant seule, submergée par un mélange de mécontentement et de chagrin.

Je restai quelques minutes à repenser à la scène, une sensation d'amertume pesant encore lourdement sur ma poitrine. Dora avait fui si rapidement... Pourquoi ? Ce mensonge, cette fuite soudaine, tout ça m'obsédait. J'avais l'impression d'avoir été trahie, mais une curieuse tristesse se mêlait à ma colère.

Soupirant, je me levai pour me changer, tentant de chasser ces pensées.


~Dix-huit heures.


Je m'installai à mon bureau, ouvrant mes cahiers pour me plonger dans mes exercices. Malgré mes efforts, mon esprit vagabondait. Chaque chiffre, chaque mot se superposait à mes interrogations. Dora, Josh, ce jeu étrange... Tout se bousculait dans ma tête, brouillant ma concentration.

L'alarme de vingt heures me rappela à la réalité. Je descendis manger, mais sans grand enthousiasme. Je ne me souviens même pas du goût des aliments. Tout semblait vide de sens. De retour dans ma chambre, je m'acharnai à finir mes révisions, essayant de rétablir une forme de normalité au milieu de ce chaos.

Une fois terminée, je lâchai un soupir, mais je savais que ce n'était qu'un répit temporaire. Mon regard se porta sur mon sac. L'angoisse revint aussitôt. Je le saisis, en sortis doucement le livre, et le cachai précautionneusement sous mon matelas, espérant que personne ne viendrait fouiller là.

Ce geste fit ressurgir un souvenir de Cacha. Elle et moi vivions sous le même toit, mais je la voyais de moins en moins. Sa distance me troublait. Pourquoi cette soudaine absence ? Était-ce lié à tout ce qui se passait ? Je tentai de ne pas trop m'y attarder, mais les questions continuaient de tourner en boucle dans ma tête. Elle m'échappait, comme tant d'autres, me laissant seule face à ces mystères.

Je chassai ces pensées, inutile de me tarauder davantage. Épuisée, je me glissai sous mes draps, espérant que la nuit apaiserait mes tourments. Mais au fond de moi, je savais que le lendemain apporterait son lot de nouvelles énigmes.

Je fermai les yeux, avec le sentiment que tout devenait de plus en plus lourd à porter.





<~Blues~>

— Aileen, je suis un roi...

— Ce n'est pas possible... tu es sérieux, Josh ?

— Oui ! Celui de l'humour !

— Ne rigole pas avec ça, idiot.

Règle numéro 9 : Relire fréquemment les autres règles.

🔦... À suivre...🔦

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