Chap.1 part-1: Familiarisation
💡Quelques mois auparavant💡
Jeudi 12 Octobre 2017
Plantée devant l'entrée de mon nouveau logement depuis plusieurs minutes, je laissais mes pensées vagabonder, perdue dans l'atmosphère étrange qui m'entourait. Un frisson soudain parcourut mon échine, me ramenant brutalement à la réalité.
— Qu'est-ce qu'il faisait froid !
Je frottai vivement mes bras dans une tentative vaine de me réchauffer, avant de me résoudre à observer les lieux. C'est alors que mes yeux se posèrent sur le portail qui se dressait face à moi, imposant et sombre. Je n'y avais pas vraiment prêté attention jusque-là, mais quelque chose dans son austérité glaciale me frappa. Il était simple, orné de barreaux noirs qui se détachaient sur le fond blafard. En son centre, les lettres « R.S.K. » brillaient d'un blanc éclatant, tandis qu'en dessous, les mots « Red Sangue Karma » étaient gravés en gris, presque effacés, appuyant l'atmosphère lugubre du lieu.
De chaque côté, les murs immaculés s'étiraient sur plusieurs mètres, impeccables, mais oppressants, comme une barrière sans fin. Au sommet, des barbelés électriques scintillaient sous la lumière grise du ciel, formant une protection hermétique, décourageant toute tentative d'intrusion. Le décor avait quelque chose de froid, presque inhumain.
En scrutant les moindres détails, mes yeux furent attirés par une anomalie : un trou carré, dissimulé dans un recoin de la cloison, presque imperceptible. Intriguée, je m'approchai lentement, mon cœur battant un peu plus à chaque pas. À peine eus-je le temps de m'accroupir pour mieux l'examiner qu'une tête surgit brusquement de l'obscurité. Je ne pus réprimer un cri de terreur.
Une tête ?!
Mais... qu'est-ce que c'était ?!
Elle avait disparu aussi vite qu'elle était apparue, laissant derrière elle une vague de confusion et de peur. Pourtant, je l'avais bien vue... Je ne délirais pas. Mon cœur battait à tout rompre, et le moindre bruit me faisait sursauter. Je me figeai alors que le portail s'ouvrait lentement, émettant un grincement sinistre.
Après quelques instants, un homme d'un certain âge se dessina dans l'encadrement. Il arborait un uniforme marron de style militaire, impeccablement repassé, ses bottes brillantes et son képi fièrement en place. Son visage sévère, presque impassible, dégageait à la fois une autorité glaciale et une rigueur intimidante. Au premier coup d'œil, un mélange de peur et de respect m'envahit. Son regard perçant semblait sonder chaque recoin de mon être.
— Bonjour... je m'appelle Aileen Jennings, me présentai-je, tentant de masquer mon malaise tout en espérant qu'il cesse de m'observer ainsi, comme s'il cherchait à déterrer des secrets enfouis.
— Je vois... répondit-il, plissant légèrement les yeux, la boursière, c'est ça ?
Je hochai la tête, muette. Il referma le portail derrière moi avec une précision militaire avant de m'ordonner de rester à sa suite. Je me mis en marche à son rythme, essayant de ne pas me laisser distancer par ses grandes enjambées. Ses pas résonnaient dans le silence, et je m'efforçais de le suivre, le cœur battant la chamade.
Bientôt, il monta à bord d'une voiturette de golf et m'invita à m'installer près de lui. Une fois assise et la ceinture bouclée, je pus enfin reprendre mon souffle pendant qu'il démarrait.
C'était bien sa tête que j'avais vue dans le trou... Cet homme m'avait vraiment fichu les jetons.
Quand il s'arrêta devant une bâtisse imposante, située à plusieurs mètres de l'entrée, je descendis au plus vite, saisissant mes affaires. Lui, après avoir garé la voiturette dans un coin, revint à ma hauteur. Un silence pesant s'installa alors que nous traversions le hall, bondé d'élèves qui détournèrent immédiatement leur attention vers nous. Je le suivis sans savoir où nous allions, observant timidement les lieux, dominés par des tons sombres et une ambiance presque claustrophobique.
Notre marche se termina devant une immense porte en bois, où les mots « Direction » étaient gravés en grands caractères. Le poids de ce moment m'écrasa, me coupant presque le souffle.
Mon cher guide m'abandonna peu après avoir frappé, sans m'adresser le moindre terme ni un regard.
Eh bien, quelle manière encourageante de commencer !
L'entrée s'ouvrit bientôt, révélant un homme très imposant qui me fit signe de m'introduire. Je m'avançai prudemment dans la pièce et pris place sur une chaise en face de son bureau. Il s'assit sur un fauteuil, les longs cheveux bruns soigneusement plaqués en arrière, tandis que son costume impeccable et ses sourcils broussailleux, constamment froncés, lui conféraient une expression sévère.
Profitant d'un bref silence, j'observai la salle, dont les couleurs ternes s'harmonisaient étrangement avec celles de l'établissement.
Finalement, il croisa les bras sur son torse et me fixa de ses yeux perçants.
— Mademoiselle Jennings, c'est bien cela ? devina-t-il d'une intonation grave et autoritaire.
— Oui... répondis-je timidement, un frisson d'appréhension me parcourant.
Il me scruta une dernière fois avant de sortir des clés d'un tiroir proche. Une fois cela fait, il reprit la parole, sa voix résonnant dans la pièce comme une sentence.
— Voici les clés de votre chambre, que vous partagerez avec une autre élève. L'internat est structuré comme suit : le dortoir des garçons se trouve au sous-sol, celui des filles à l'étage, tandis que le corps professoral et les dirigeants, comme moi-même, résident au rez-de-chaussée. Les cours débutent à sept heures précises et se terminent à dix-sept heures. Les activités extrascolaires, obligatoires, se dérouleront après les cours.
Il prit une pause, ses yeux ne quittant pas les miens.
— Vous aurez également remarqué que l'uniforme est de rigueur. Vous aurez plusieurs choix pour composer votre tenue, tant que cela demeure décent. Pour d'autres informations et règlements de l'établissement, un livret a été déposé sur votre lit, servant aussi de guide. Sur ce, vous êtes libre de disposer, conclut-il d'un ton qui ne laissait guère place à la discussion.
Je me levai, quittai son bureau et commençai à chercher les dortoirs. Après quelques minutes de marche, je les trouvai enfin grâce à une pancarte que j'avais négligée au début.
À l'intérieur de ma chambre, je découvris avec soulagement que les murs étaient un peu plus colorés que ceux de l'établissement. Mon inspection continua, et je constatai qu'il n'y avait personne. Me rendant vers le lit, je remarquai un petit livret, sans doute celui dont le directeur m'avait parlé. J'installai ma valise près de la commode, m'assis sur le matelas et commençai à feuilleter l'ouvrage.
Le document ci-dessous est celui fourni à chaque nouvel élève pour qu'il ne se sente pas trop perdu dans cet univers. Comprenant près de trois cents pages...
— Trois cents ?! répétai-je, outrée, ne pouvant m'empêcher de réagir.
Certaines données que m'avait offertes le directeur figuraient déjà dans le livret. Je tournai alors les feuillets jusqu'à celles qui m'étaient encore inconnues.
Pour les activités extrascolaires, nous avons d'abord les clubs. Vous devrez choisir obligatoirement deux d'entre eux et nous en informer.
Football
Basketball
Informatique
Lecture
Cuisine
Natation
Boxe
Tir
Travaux manuels
Arts plastiques
De plus, un club est imposé à l'ensemble des élèves, avec un thème changeant chaque année. Cette fois-ci, il s'agira de l'autodéfense, en espérant que cela vous plaise. À la fin de chaque semaine, les groupes que nous aurons préalablement formés devront mener à bien des tâches que nous leur assignerons.
— Je finirai ma lecture plus tard, je crois...
Pour aujourd'hui, je choisis de porter la chemise fourrée avec la jupe qui me parvenait aux genoux, accompagnée de leggings, d'un gilet et de chaussures.
N'ayant pas droit à un « repos de bienvenue », je devais affronter je ne sais combien d'heures de cours à peine arrivée.
J'aurais peut-être dû feindre un embouteillage monstrueux qui aurait bloqué le taxi, ou trouver une autre excuse qui passerait crème.
Un soupir m'échappa avant que je ne déballasse ma valise. J'en sortis mon sac, que je remplis avec de nombreuses affaires, ne sachant même pas où je me rendais. Cela fait, je quittai la chambre à toute vitesse.
Un fourre-tout pesant une tonne sur le dos et des chaussures un brin trop serrées à mon goût aux pieds, je circulais dans les corridors sans trop savoir où aller.
Dans le couloir, le bruit des élèves en pleine discussion et en mouvement créait une ambiance vibrante. Je parcourus les lieux, essayant de me repérer tout en jetant un œil aux affiches accrochées sur les murs, annonçant divers clubs et événements. Tout cela m'emplissait d'un sentiment d'appartenance, bien que je me sentisse encore un peu comme une étrangère.
Dans mon ancien lycée, les nouveaux se rendaient généralement à la surveillance, la salle la plus proche de la direction.
En espérant que mon intuition soit la bonne, je partis vers la pièce attitrée du big boss. À côté, comme prévu, se trouvait une autre entrée. Cependant, ce n'était pas la surveillance.
— Bureau des enseignants ? murmurai-je pour moi-même, me retrouvant à court d'idées.
La porte s'agrandit brusquement, révélant un monsieur d'âge mûr, au visage doux et à l'attitude décontractée.
— Mademoiselle Jennings, n'est-ce pas ? Vous désirez sans doute obtenir votre emploi du temps ainsi que votre numéro de salle, anticipa-t-il avec un sourire bienveillant.
— C'est exact, répondis-je.
J'appréciais l'aura accueillante qu'il dégageait, si différente de celle du directeur ou de l'homme qui m'avait ouvert.
Il me tendit une feuille et un badge en m'informant que je devais toujours l'avoir sur moi dans tout le pensionnat. Une fois ce dernier enfilé, il reprit la parole :
— Bienvenue à l'internat Red Sangue Karma, mademoiselle. Je suis ravi de vous avoir parmi nous, et je suis sûr que vous vous y plairez.
Je lui souris simplement en guise de réponse. Il m'indiqua après, l'emplacement de ma pièce, veillant à ce que je comprenne bien.
— Ah, j'oubliais ! s'écria-t-il. Quels sont les clubs que vous avez choisis ?
— Tir et lecture, lui affirmai-je.
— Très bien, c'est noté. Vous n'avez qu'à suivre le couloir jusqu'à la fin, et votre salle se trouvera sur votre droite.
Après avoir remercié cet homme pour son accueil, je me dirigeai sans tarder vers mon nouveau local de classe, impatiente de rencontrer mon enseignant de mathématiques.
<~Blues~>
— Ne pas péter un cable, sourire, sentir bon !
🔦... À suivre... 🔦
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