91. [Pauline]
Le faisceau de lumière était intense. Elle ne savait pas à quoi il pouvait bien servir mais cela l'intriguait assez pour qu'elle s'y rende tête baissée. Il ne fallait jamais rester immobile par ici, surtout pas dans une forêt qu'elle ne connaissait pas. Pour une fois, elle avait une envie relativement forte d'explorer ses limites et de se mettre dans des situations plus périlleuses que d'habitude.
Après tout, cela n'était pas les bras croisés que Pauline percerait le mystère du Jeu des Faucheurs. Il fallait qu'elle y mette du sien, qu'elle prenne des risques et qu'elle ose faire ce qui d'habitude lui semblait fou ou impossible.
Le faisceau était de plus en plus proche, seuls deux cent mètres et elle y serait. Elle distingua un bâtiment au pied de la lumière, un vieux bâtiment des années 80. Plus elle avançait, moins elle comprenait de quoi il s'agissait. L'excitation, de son côté, était grandissante. Elle était certaine de trouver le premier indice qui lui permettrait de comprendre la raison de sa présence ici.
Tandis que les mètres se réduisaient de plus en plus, des lettres commencèrent à se dessiner au dessus de la bâtisse, des vieilles lettres blanches. D'habitude, Pauline ne portait pas de lunettes mais elle n'arrivait pourtant pas à lire ce qui était marqué devant elle. Ne pouvant plus attendre, elle couru jusqu'au bâtiment.
Un léger sentiment de déception la parcourut lorsqu'elle comprit qu'il était simplement écrit: « Porte Sud ». Le Sud, c'était tout. Elle se trouvait au point le plus au Sud de l'arène. Mais elle n'en resta pas là, pourquoi ce faisceau de lumière?
L'envie était trop forte, Pauline poussa l'immense porte en bois et pénétra dans le bâtiment sans plus attendre. L'intérieur était sombre, poussiéreux et le lui présageait rien de bon. Elle croisait simplement les doigts pour ne pas tomber sur un faucheur qui l'attendrait dans un coin d'ombre, à un endroit où elle ne pourrait rien faire et où personne ne pourrait venir l'aider.
Très vite, Pauline comprit qu'elle venait d'entrer dans un manoir rond. Elle n'avait jamais vu une maison en forme d'anneau auparavant. L'architecte devait avoir bu, se dit-elle. Des vitres teintées cachait l'intérieur de la cour mais elle n'était pas dupe: elle savait qu'ici se trouvait le faisceau de lumière qui l'avait poussé à venir jusqu'ici.
Elle fit le tour sans avoir trouvé d'accès au centre de la maison. Cette cour, elle irait, que les personnes qui était derrière tout cela le veuillent ou non.
« Mademoiselle, ne bougez plus », fit une voix derrière Pauline.
-Ne vous retournez pas, je n'ai pas envie de vous tuer tout de suite.
-Qui êtes-vous? demanda-t-elle en faisant mime de garder son calme.
-Je suis un faucheur.
-Un faucheur? Ah oui? dit-elle en se retournant légèrement. Pourquoi ne pas me tuer sur le champ, alors?
-Je ne suis pas comme tous les faucheurs. Je suis le Faucheur Renégat.
-Renégat? Et en quoi consiste cette nouvelle appellation?
-Je suis contre les innocents, mais aussi contre les faucheurs. Et ce soir, je dois éliminer un faucheur, pas un innocent. Enfin, je pourrai te tuer, mais cela n'est pas mon objectif premier.
-Qui comptez-vous tuer?
-Le Faucheur de Diamants. Il peut arriver d'une seconde à l'autre, je vous conseille de partir ou bien de vous cacher. Je ne voudrai pas que vous faisiez partie des dommages collatéraux.
-Je... je vous remercie. Je suis simplement entré ici à cause du faisceau de lumière, dit-elle en pointant les vitres teintées de la cour intérieure.
-Cela ne vous était pas destiné, j'ai simplement appelé le Faucheur de Diamants.
-Mais à quoi sert cette lumière alors?
-C'est un signal que nous utilisons lorsque nous souhaitons nous réunir. Il existe cinq maisons d'invocation dans l'arène. Une au Nord, une au Sud, une à l'Ouest, une à l'Est et une au centre. Méfiez-vous de ces lieux de rencontre, ce sont des nids de faucheurs.
-Je n'en avais aucune idée, je vous promets que je ferai attention à l'avenir. Je dois vous avouez que...
-Chut, ordonna-t-il, j'entends des bruits de pas. Allez donc vous cacher, je ne veux pas que vous soyez visible.
Pauline s'exécuta sur le champ. Juste derrière le Faucheur Renégat se trouvait un bureau, elle s'y cacha en dessous et cacha la majeure partie de son corps avec une table basse un peu plus loin.
-Je sais que tu es là, dit le Faucheur Renégat.
-Tu m'attendais? fit une voix grave. Je me doutais qu'il s'agissait de toi. Je suis venu aussi vite que j'ai pu. Te tuer ne peut attendre, tu sais?
-Je n'en doute pas.
-Je ne comprends toujours pas ton attitude vis-à-vis de nous. Tu aurais très bien pu choisir de ne pas nous tuer et de simplement nous aider à tuer les innocents. Pourquoi retourner ta veste de la sorte?
-Je ne crois pas en la légitimité des Faucheurs. Je préfère protéger les innocents tant que je le peux. Je sais ce qu'ils ne savent pas, je connais vos agissements et vos méthodes. Vous me donnez envie de vomir, tous autant que vous êtes.
-Nous ne faisons que remplir notre destinée. Nous ne faisons franchement rien de mal.
-Ah oui? Rien? Souhaiterais-tu parler de la manière dont vous exécutez vos victimes?
-Ne joue pas à l'effarouché, tu sais bien que nous n'avons pas le choix.
-Lorsque tu tombes sur un innocent et que tu les découpes littéralement en morceaux, c'est un choix, n'est-ce pas? Lorsque tu démembres quelqu'un simplement pour le plaisir d'écorcher la chair, c'est un choix, aussi? Lorsque tu arraches les yeux d'une pauvre fille et que tu les lances dans l'herbe l'air de dire qu'il ne s'agit que d'une traînée incapable de se défendre, tu le fais ton choix, non?
-Arrête, tu sais bien que...
-Non, cria le Faucheur Renégat, non je ne savais pas que trancher un corps en deux, arracher les ongles d'un innocent et l'étouffer avec son propre vomis faisait partie de tes valeurs, je ne savais pas qu'autant de violence gratuite était possible et cela me dégoute.
-Tu tombes bien tu sais. J'étais justement sur le point de tuer un innocent. Tu vas pouvoir y assister. Je l'ai déjà un peu amoché, j'ai même réussi à enlevé son masque.
Soudain, Pauline vit le Faucheur de Diamants entrer dans la pièce accompagné de quelqu'un d'inconscient sur ses épaules. Les larmes montèrent lorsqu'elle découvrit un visage qu'elle connaissait. Le visage d'Alex.
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