51. [Edward]
Les yeux d'Edward s'ouvrirent avant d'être plongés dans le noir. Même si ce n'était plus la première fois, il détestait chacun de ses réveils dans l'arène. Une sensation de chaleur lui laissa entendre qu'il se trouvait dans une pièce. La stupeur de se réveiller au beau milieu de nul part lui déplaisait particulièrement.
Epuisé par la fatigue qui s'accumulait, il remarqua néanmoins la présence d'un bracelet électronique rouge. L'accessoire était attaché autour de la manche droite de ses habits de frère de sang. Encore et toujours du rouge: il n'appréciait guère les fausses allures de bad boy que lui donnait ces vêtements, il avait l'impression d'être dans la peau de quelqu'un d'autre. Même si cela lui donnait confiance en lui d'une certaine manière, il ne se sentait pas à la hauteur de ce que dégageait l'accoutrement.
Edward fit un mouvement abrupte comme s'il voulait se dégager de quelque chose mais il fut retenu par le bracelet qui était rattaché à un fil de fer. La légère lumière qu'émettait le bracelet lui permettait de voir à quelques centimètres. En faisant pivoter son poignet, il comprit qu'il était impossible de s'en détacher. Lentement, il suivit le fil de fer et avança vers ce qui lui semblait être le néant. Au fond, il était persuadé qu'il tombait dans la gueule du loup mais rester ici n'était pas envisageable, il en serait devenu fou.
Depuis son réveil, Edward entendait ce qu'il pensait être des coups de barre contre du métal. Ces sonorités désagréables résonnaient sans qu'il ne puisse en connaître la provenance. Ce n'était qu'un détail, il valait mieux se concentrer sur le principal: arriver au bout de ce chemin- si bout du chemin il y a - et trouver la sortie de cet endroit. Les bruits étaient forts, il ne pouvait se permettre de rester là où les faucheurs viendraient forcément.
Depuis qu'il avait assisté à la mort de cette jeune fille, il commençait à développer une peur bleue des faucheurs. Savoir qu'il est traqué par des assassins sans foi ni loi était une chose, mais les voir à l'oeuvre en était une autre. Avec le cinéma, les livres et l'art, il en avait eu des représentations de la mort, mais cela n'avait rien à voir avec la mort, la vraie. L'homme pouvait la représenter mais y être confronté et ressentir la perte d'un être lui avait laissé des traces et des images qui, lorsque les mondanités de la vie l'abandonnaient, revenaient et repassaient en boucle.
Il n'avait pas le droit de rester ici, il n'avait pas le droit de laisser les faucheurs le trouver et, par dessus tout, il n'avait pas le droit d'échouer: il devait venger tous ces innocents. Ils n'avaient finalement rien demandé, et des personnes étaient venues ici pour mettre fin à leur vie. Parce que oui, au delà du créateur de ce jeu, les faucheurs étaient bien présents depuis le début. Ils avaient été entraînés, cela ne les dérangeaient pas. Ils étaient là, parmi tous, agissaient dans l'ombre et sans état d'âme.
Vengeance. Ce soir, les innocents n'étaient pas obligés de mourir. Tuer deux faucheurs semblait irréel mais parvenir à en tuer au moins un restait dans le raisonnable. Pour une fois, le cœur léger, Edward longea un couloir plongé dans le noir, il avançait dans la pénombre sans rechigner, sans ressentir de peur. Il sentait une dangereuse confiance en lui que sa propre médiocrité viendrait probablement briser. Après tout, les élans héroïques d'un jeune homme de dix-sept ans n'étaient jamais le réceptacle d'une vague médailles.
Passer au dessus de ses peurs face au faucheurs lui paraissait être un défi qu'il serait capable de relever pour le bien commun. Alors, décidé, il continua d'avancer le long du fil de fer et, tandis qu'il se frayait un chemin, il sentit que son pied droit ne trouva pas d'appui. Marchant d'un pas fort et déterminé, le poids qu'il avait mis sur son pied droit le fit basculer dans le vide.
Retenu uniquement par son bracelet, il n'arriva pas à supporter la douleur. Il cria de toute ses forces et gigotait dans tous les sens pour retrouver un appui. Tordu par son poids, le fil s'était abaissé ce qui rendait son escalade d'autant plus périlleuse. Il n'avait pas assez de force pour se hisser à l'aide d'une seule main. Plus le temps passait et plus la douleur se faisait ressentir, il crut que quelqu'un essayait de lui arracher le bras.
En plaquant ses jambes contre une façade du trou et son dos contre celle opposé, Edward parvint à se stabiliser quelques secondes. Il ne pourrait pas tenir cette position indéfiniment mais pouvoir soulager son poignet lui fit un bien fou. Soudain, des grésillement se firent entendre. "C'est moi", fit Stanislas à travers le micro. "J'ai vraiment besoin de toi, j'ai les faucheurs au cul, il faut que tu me dises exactement où tu es".
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