5. [Pauline]

Pauline se réveilla avec un mal de tête insupportable. « Fait chier », marmonna-t-elle, « Fait chier, fait chier ! ». La fatigue la fit bailler avant qu'elle ne palpe sa poche pour se prendre une cigarette. Puis elle eut froid. Froid ?

- Qu'on m'apporte un gilet !

Aucune réponse.

- Sérieux là ? Qu'on m'apporte un putain de gilet !

Pauline ouvrit les yeux et découvrit qu'elle était seule au milieu d'une route. Ses longs cheveux blonds étaient ensanglantés, sa robe complètement déchirée et l'un de ses talons avait disparu.

- Y'a quelqu'un ?

La nuit était tombée et elle n'arrivait pas à voir à plus de dix mètres.

- Joshua, c'est drôle. Je sais que tu essaies de me faire peur pour ma vidéo de présentation mais je t'ai déjà dis que la production, continua-t-elle en haussant le ton, que la production en avait strictement rien à foutre ! Alors tu vas me faire le plaisir d'arrêter tes conneries et de me passer une cigarette !

Aucune réponse, rien.

- Tu sais que je peux te remplacer en un claquement de doigt ? Tu es au courant que des centaines d'agents me contactent tous les jours ?

Pauline soupira et commença à perdre patience.

- Tu sais quoi ? T'es viré et j'en ai strictement rien à foutre. T'as jamais compris le monde des influenceurs et c'est pas demain que t'auras une illumination.

La jeune fille se rendit compte que la soirée de lancement du Jeu des Faucheurs était ce soir.

- Joshua ! Joshua putain !

Pauline prit une voix différente, la voix d'une petite fille qui avait fait une bêtise.

- Écoute chéri, fais pas ta diva. Ok, je suis désolée. J'ai dit de la merde. Mais allez, on a pas le temps, on doit partir aux studios là ! On sait très bien que cette émission sera le seul moyen de relancer ma carrière.

Elle contint son énervement une dernière fois et tenta de tirer sur la corde sensible.

- Bébé, je te promets que je t'organise un date avec Alexis une fois que je sors du programme, je me fous pas de ta gueule là. Et puis putain, je me suis quand même cassé le cul à essayer de convaincre mes parents que tu étais le meilleur agent que je puisse avoir alors qu'on sait tous les deux que t'as merdé.

Une légère crispation s'afficha sur son visage.

- Tu sais quoi ? dit-elle en se relevant et en jetant son talon derrière elle. Je me casse, avec ou sans toi !

Pieds nus, Pauline se mit à marcher sur le goudron comme si de rien n'était et, quelques centaines de mètres plus loin, se retrouvera à l'intersection d'un carrefour. Sur le côté, un panneau indiquait quatre directions : Maison Close, Parc Aquatique, Palais Noir et Cimetière du Roi.

- Mais qu'est-ce que c'est que cette merde ?

Ne préférant pas rester seule dans le noir, elle décida d'emprunter la seule route éclairée par des lampadaires, à savoir la route qui menait vers le Parc Aquatique. Elle ne put s'empêcher de se retourner toutes les deux secondes pour vérifier qu'elle n'était pas suivie. Un quart d'heure de marche plus tard, elle crut apercevoir l'entrée du Parc avant que les lampadaires ne s'éteignent subitement.

Pauline ferma les yeux et prit calmement une inspiration. Ne pas paniquer, pas maintenant. Il fallait qu'elle parvienne à rejoindre le Parc Aquatique mais son sens de l'orientation dans le noir l'inquiéta fortement. Ses yeux ne s'étaient pas encore habitués à l'obscurité et elle n'y voyait rien.

Alors qu'elle s'apprêtait à se remettre en route, elle entendit quelqu'un respirer juste à côté d'elle et sentit une vague de chaleur lui monter à la tête. Elle se mit aussitôt à courir dans le noir le plus complet. À tout moment, elle pouvait se heurter à un arbre ou à un obstacle mais la peur était trop forte pour qu'elle s'en préoccupe.

Un instant, elle décida de s'arrêter pour reprendre son souffle et comprit finalement que ce bruit de respiration devait être le sien. Elle détestait se faire peur toute seule et se répéta à quel point elle était stupide des minutes durant.

Puis elle entendit des feuilles se froisser, comme si quelqu'un marchait près d'elle. Son rythme cardiaque s'accéléra. Quelqu'un la suivait depuis le début. Au milieu de nulle part, Pauline se tenait debout sans ne rien pouvoir voir autour d'elle.

Soudain, elle sentit un main se poser sur son épaule. Une vague d'effroi figea chacun de ses muscles. Lentement, elle inspira pour se donner du courage, se retourna mais ne vit rien. Absolument rien.

Et c'est à ce moment précis qu'elle reçut un coup au niveau du ventre. Puis deux, puis trois. Rapidement, sa respiration se coupa. L'agresseur continua jusqu'à ce qu'un dernier coup, plus fort que les autres, ne la mette au sol. Elle sentit un doigt se poser sur sa bouche et entendit un homme murmurer à son oreille :

« Ne crie pas, je t'en prie, je n'ai pas envie de te voir finir comme ta copine »

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