31. [Edward]
Pétrifié face à la situation, Edward resta de marbre. A mesure que la faux continuait à s'enfoncer dans la porte de la chambre, ses chances de survivre se réduisaient. Animé par un élan d'effroi, il fit l'inventaire de tout ce qui se trouvait autour de lui: siège, armoire, lit et pot de fleur. Sans plus attendre, il se mis contre à l'armoire et la déplaça jusqu'à la porte. Même s'il eut l'impression de perdre ses bras, il continua de pousser de toutes ses forces. L'épuisement restait plus séduisant que la perspective de se faire trancher en deux.
L'armoire placée contre la porte, le faucheur eut du mal à continuer sa besogne. Quelques minutes suffirent pour le décourager. Fier de lui, Edward s'assit sur le siège et resta assommé pendant quelques instants. Il en vint à penser que Nastasia voulait sa mort, puis se rappela que seuls ses désirs d'adolescent prépubère étaient responsables d'une telle distraction de sa part. "Si elle l'apprenait", se dit-il le sourire aux lèvres.
Dépité que le faucheur réussisse à le casser dans son élan érotique, Edward ne parvint pas à se replonger dans l'ambiance de son rêve. Désormais seul, il se demandait ce que faisait Stanislas et espérait que rien ne lui soit arrivé. Il savait qu'ils n'auraient jamais dûs se séparer mais il était trop tard maintenant pour refaire l'histoire avec des "si".
Perdu dans ses remords, Edward fut traversé d'un violent spasme lorsqu'il entendit la fenêtre de la chambre se briser en mille morceaux. D'instinct, il se retourna et vit le faucheur qui cassait la vitre à l'aide de sa faux.
-Alors mon ami, on ne veut pas me laisser entrer? On ne m'invite pas à ta petite réunion? dit le faucheur en imitant une voix de bébé. Très bien, cria-t-il, alors j'entre moi-même !
En l'espace de quelques secondes, toute sorte d'idées plus farfelues les unes que les autres effleurent son esprit. Finalement, il se résolut à pousser l'armoire qu'il avait mis en place quelques minutes plus tôt. N'ayant pas le temps de faire attention à quoi que ce soit, il laissa l'armoire chuter et se briser sur le sol, blessant son pied.
L'instinct de survie prit le dessus et le poussa à s'enfuir dans les couloirs de l'asile. La cadence ralentie à cause de son pied abîmé, il peinait à se déplacer. Malgré son handicap, quelques secondes suffirent avant qu'il ne se trouve face à un dilemme: quel couloir emprunter au carrefour?
-Mon amour, ne t'enfuis pas, j'arrive, déclara la faucheur qui n'était plus si loin.
Alors qu'il voulait tourner à droite, Edward distingua un autre faucheur au bout du couloir. Voulant se rabattre sur sa gauche, il en vit encore un qui attendait patiemment à la sortie de secours. La seule option qui lui restait était d'aller tout droit. La nouvelle lui fit l'effet d'un électrochoc, une vague d'énergie le submergea et lui donna une force insoupçonnée: il détala dans le couloir et atteignit l'entrée de l'asile en un rien.
Son objectif était simple: partir le plus loin possible. Stanislas avait raison, les faucheurs n'étaient pas loin et il aurait aimé l'avoir écouté.
Tandis qu'il essayait de trouver le chemin que son camarade avait pu emprunter, une idée lui vint. S'il voulait le contacter, il lui suffisait simplement d'utiliser son micro. Ce détail était totalement sorti de l'esprit de l'adolescent.
-Stanislas, c'est moi, Edward, réponds s'il te plaît, chuchota-t-il pour ne pas se faire remarquer.
-Oui, je suis là, que se passe-t-il ?
-Je me suis mis dans une merde pas possible, je ne sais plus quoi faire...avoua-t-il.
-Quoi? Mais qu'est-ce qui s'est passé? demanda-t-il énervé.
-Un faucheur m'a suivi jusque dans la chambre. J'ai voulu sortir mais deux autres sont apparus...dit-il la gorge nouée. Ils me suivent, je le sais, je le sens. Je viens de leur échapper mais je n'ai aucune idée d'où aller, je suis complètement perdu...
-Calme, calme, tout va bien se passer.
-Stanislas? demanda subitement Edward.
-Oui?
-Tu penses que je pourrai te rejoindre?
-C'est jouable. Je ne suis pas parti si loin que ça.
-Oh tu me rassures, si tu savais dans quel état je suis...
-Nous en parlerons plus tard, maintenant, dis-moi, tu as pris quelle direction quand tu es sorti de l'asile ?
-Je suis parti vers la droite, pourquoi?
-Parce que si tu veux me rejoindre, fais demi-tour, je suis parti à gauche. Mais reste vigilant, les faucheur pourraient être là.
-Je sais mais je n'ai aucune chance si je reste seul, je suis complètement paniqué, aide-moi je t'en conjure, supplia Edward les larmes aux yeux.
-Ressaisis-toi, tout de suite. Nous n'avons pas le temps pour pleurnicher. Je sais que cela est risqué mais il faut que tu essaies de revenir sur tes pas.
-Je suis censé faire quoi si je les rencontre ? demanda-il désespéré.
-Et bien tu cours, non ?
-Oui mais où ? Je ne sais même pas ce qui entoure l'asile! dit-il en s'emportant.
-Mais bon sang un peu de jugeote, tu cours là où tu peux ! Je ne la connais pas plus que toi cette arène alors tu seras bien obligé de la découvrir une première fois, non?
-Oui, tu as raison...admit-il.
-Se laisser porter par tes émotions, ce n'est pas ce qui va t'aider, il faut que tu fasses appel à ta raison, tu comprends?
-Oui, euh, Stanislas...
-Non mais je te jure, il ne faut jamais se laisser dicter ce qu'on doit faire par ce que l'on ressent, sinon on en devient fou !
-Stanislas, je...
-Quoi Edward? Tu quoi?
Pas de réponse.
-Edward, tu es là?
Pas de réponse. Une seconde. Deux secondes. Trois secondes. Toujours pas de réponse.
-Allô?
Pas de réponse. Une minute. Deux minutes. Trois minutes. Rien.
-Et merde...
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