28. [Jasmina]
« Jasmina » murmura une voix mielleuse, «Réveille-toi, je t'en prie. Tu ne dois pas être ici. Ma chérie, s'il te plaît. La prophétie ne parlait pas de toi. Tu dois t'en aller ». Partagée entre le rêve et la réalité, Jasmina reconnut une voix familière.
"Maman c'est toi?", implora-t-elle. Une seconde s'écoula, une deuxième, une troisième. "Maman", demanda-t-elle. La nuit dans l'arène entamée, Jasmina se réveilla dans une chambre. "Maman?" recommença-t-elle.
Pas de réponse. "Maman?".
Toujours rien. "Maman, s'il te plaît, est-ce que c'est toi?".
Se levant brusquement, elle ne put se retenir de frapper contre le mur. "Pourquoi tu me fais ça? Tu ne peux pas m'abandonner et revenir comme si rien ne s'était passé", dit-elle en laissant s'échapper une larme. "Maman j'en peux plus, j'ai besoin de toi, j'ai besoin te voir, juste de te serrer dans mes bras. Je n'y arrive pas sans toi, je n'y arrive pas. Tout est si vide, rien n'a de goût, la vie me torture plus que l'idée de mourir". Elle tenta de se calmer mais ne put contenir son chagrin. "Maman reviens, il n'est pas trop tard, je t'en supplie. Papa a fais des choses mauvaises, oui très mauvaises maman. Je ne le savais pas, je te promets. Il m'a menti, il m'a fait croire que c'était normal, je ne pensais pas, maman, je ne pensais pas. Je t'en supplie, pardonne-moi. Tu ne peux pas me laisser seule face à ça, jamais je n'aurai la certitude que tu me pardonnes, tous les jours je devrai vivre avec ça. Mais comment tu aurais fais à ma place? Personne ne m'a rien dit, personne, on m'a laissé dans ma merde ! Toi aussi tu étais là, toi aussi tu aurais pu le voir !
Pendant plusieurs minutes, elle réalisa que sa mère n'avait jamais rien fait face à la situation. Elle ne pouvait plus contenir sa rage, c'était trop. Alors elle la laissa éclater en sanglots. "Tu n'as rien fait toi non plus, tu aurais du le sentir, le voir, c'était ton mari, pas le mien, ce n'était pas à moi d'endurer tout ça. M'abandonner, c'est toujours ce que tu as fais, c'est toujours comme ça que tu fonctionnais. Et tu m'as laissé seule, avec ce connard, que je dois voir tous les jours, oui, tous les jours. Tous les jours je vois ses yeux pervers remplis de désir, tous les jours je vois le manque qu'il ressasse depuis ton absence. Mais ce n'est pas à toi de le gérer, mais ce n'est pas à toi de le supporter". Les pleurs ne tardèrent à s'apparenter à des cris. "Maman tu n'avais pas le droit, j'étais ta fille, c'était ton mari, et tu as laissé ta fille se faire toucher par ton putain de mari. Et tu es restée là, tu es restée là sans rien faire, sans ne jamais manifester une quelconque opposition? Tout ça par peur? Parce que je ne vois pas d'autre excuse pour laisser sa fille se faire violer." cria-t-elle à s'en arracher la gorge. "Il n'y en a pas d'excuse pour laisser sa fille se faire violer. J'aurai aimé t'y voir, à ma place, entendre le son des marches le soir quand tu dormais paisiblement. J'aurai aimé t'y voir, à ma place, quand la porte de ma chambre s'ouvrait discrètement. J'aurai aimé t'y voir, à ma place, quand la terreur m'empêchait de crier", dit-elle en jetant une vase par terre.
«Maman tu n'avais pas le droit, pas moi, pas ta fille. Merde mais qu'est-ce qui t'a pris? Tu étais aveuglée ou tu t'es rendu aveugle? Comment as-tu pu tomber amoureuse d'une telle ordure? Vivre avec quelqu'un comme ça, ce n'est pas vivre, c'est étouffer, c'est mourir à petit feu. J'aimerai savoir maman, qu'est-ce que tu aurais pu faire de pire? Pour être capable de laisser sa fille avoir un rapport avec son père, il en faut du sang froid, non?" hurla-t-elle en se griffant. "Mais dis moi franchement, est-ce que tu m'a déjà aimée? Est-ce que tu en as déjà eu quelque chose à foutre de moi? Tu ne t'es pas dit, à aucun moment par hasard: "Elle ne mérite pas de vivre ça"? Parce que si tu n'étais pas au courant, je ne le méritai pas, j'étais innocente, tu entends, une putain d'innocente. Et tu m'as laissée être salie, tu as laissé ma vie se faire détruire.
A ta place, parce qu'apparemment tu ne sais pas comment un mère doit se comporter, à ta place je me serai levée, je serai allée le voir, Papa. Et tu sais ce que je lui aurai fais, à Papa? Je lui aurai tranché la gorge sans aucun regret, à Papa, parce qu'il le mérite. Ah non, il ne le mérite pas. Il ne mérite pas de se faire trancher la gorge. Il mérite de se faire attacher, de se faire torturer, longtemps et à petit feu, jusqu'à ce qu'il ressente ce que j'ai vécu, jusqu'à qu'il souffre aussi à un tel point qu'il veuille mourir comme moi. Et toi, tu as échoué. Tu t'es laissée bernée. Il a même réussi à te tuer. Je te déteste maman, tu es faible. Enfin, tu étais, parce que tu n'es plus ici maintenant".
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top