"Bien dormi" demanda Riff à son réveil.

-Oui, je me sens vraiment mieux, merci beaucoup, répondit-il.

-Nous devons partir, expliqua-t-il. Une annonce a été faite, il faut se rendre à la salle du conseil, là où nous étions ce matin.

-Allons-y, répondit Edward avec peu d'entrain.

Les deux jeunes hommes accompagnés de Nastasia se mirent en route, quittèrent leur biome et prirent la route menant au lieu de rassemblement. Apres près d'une heure de marche, ils arrivèrent devant l'édifice et finirent par se séparer. Il y avait vingt-quatre entrées, une pour chaque joueur. Edward entra dans l'espace qui lui était dédié et s'assit sur un fauteuil en acier. Il regarda autour de lui et observa ces mêmes visages qu'il avait trouvé si étranges. 

C'est quoi ce cauchemar, se disait-il.
Des questions entraient dans sa tête, se bousculaient et créaient un brouhaha si insupportable qu'il décida d'arrêter de penser. L'homme masqué sortir du centre de la table et s'adressa à son public:

« Bien le bonsoir, mes chers amis », commença-t-il.

« Vous êtes réunis ce soir afin de préparer la nuit que vous allez passer, dans l'arène. »

Edward ne comprenait plus rien. Une arène ? Passer la nuit dans une arène ? Mais pourquoi lui faire construire une cabane s'il ne dormirait même pas dedans ?

« Vous allez devoir m'écouter, très attentivement, si vous voulez vivre. Vous êtes ici, dans cette énorme structure, afin de réaliser un jeu, mais un jeu avec une échelle, de type réelle. Vous allez chacun avoir un rôle qui vous sera attribué. Vous ne devez, en aucun cas, je précise, divulguer des informations à propos de votre rôle, sous peine d'exécution immédiate.

Normalement, vous avez tous pris connaissance du fascicule qui expliquait tous les rôles de l'arène, bien sûr », dit-il d'une voix enjouée.
Le trio se regarda d'un air désespéré et horrifié.
Edward n'arrivait pas à se faire à l'idée qu'il allait passer la nuit dans une arène où il devrait lutter à mort contre d'autres personnes sans aucune raison apparente.

« Désormais, reprit-il, vous allez être sortis un par un de la salle du conseil et être placés dans un endroit pour retrouver les personnes avec qui vous partagerez le même rôle, sauf pour les personnes qui sont simplement innocentes.
Je vous souhaite à tous une bonne nuit dans l'arène, et avant tout une mort chaleureuse à la personne qui nous quittera ce soir. Bonne chance, et ne me décevez pas, bien sûr. »

La lumière disparut, comme si elle avait été effacée. Edward resta là, planté dans le noir. Il croyait halluciner. Il était au bord de l'évanouissement et voulut juste pleurer, de toutes ses forces. Il était si jeune, et le goût de la mort aurait dû rester bien loin de lui à son âge pourtant.
Quelques minutes s'écoulèrent avant qu'il ne sente une personne le guider vers un endroit inconnu. Dans la noir, il ne voyait pas où il se rendait. Il aurait aimé se réveiller de ce cauchemar qui ne faisait que débuter.

La personne qui le guidait l'aida à s'asseoir sur une chaise. Il entendit une porte se refermer dans son dos.
Une fois la lumière allumée, il pu regarder autour de lui et constata qu'il se trouvait assis à une table à côté d'un autre jeune homme. Une personne âgée se tenait en face d'eux, l'air indifférent.
Edward observa le jeune homme qui semblait partager le même rôle que lui. Il était blond aux yeux bleus, et Edward lui aurait donné vingt ans. Ses longs cheveux tombaient sur ses yeux, lui donnant un air sauvage.

Le regard d'Edward se déposa sur le vieil homme. Il était enrobé et son visage était particulièrement marqué de rides. Après plusieurs minutes de silence, il prit la parole:

-Bonsoir, Edward et Stanislas. Je suis devant vous ce soir pour vous expliquer le rôle que vous tiendrez dans l'arène et cela jusqu'à votre mort. Je suis également chef de rôle, signifiant que nous allons nous retrouver chaque soir avant que vous ne rentriez dans l'arène, pour discuter stratégie et survie, et cela exclusivement en ce qui concerne l'arène. Si vous n'avez pas besoin de me consulter, nous pourrons très bien annuler nos rendez-vous.
Je vous suivrai tout au long de votre parcours.
Appelez-moi Dave.

Tout d'abord, vous devez savoir que dans l'arène, chaque personne possède une apparence et une voix différente de la réalité. Vos amis sur le camp ne sont pas vos amis dans l'arène, mettez-vous bien ça dans la tête. Chaque personne a une apparence qui correspond à celle de son rôle. Vous aurez une combinaison ainsi qu'un masque spécial.

Passons maintenant à votre rôle. Vous faites partie du camp des innocents. Vous êtes frères de sang. Votre capacité réside dans le fait que vous pouvez reconnaître l'apparence de votre frère de sang dans l'arène, et que vous pouvez communiquer directement à distance grâce aux micros et aux écouteurs qui sont intégrés à vos masques. Evidemment, il est préférable que vous essayiez de passer la première nuit ensembles, à vous serrer les coudes car dès lors que l'un de vous deux sera mort, vous perdrez votre avantage et deviendrez de simples innocents.

Parlons désormais de l'arène. Il s'agit d'une immense étendue de forêt, délimitée par des murs bien trop hauts pour être franchis. Elle est composée de trente lieux spéciaux dont je ne pourrai vous parler que lorsque vous les aurez vu au moins une fois. Ces lieux sont indiqués sur des panneaux. Il existe aussi des éléments assez particuliers, qui n'ont, comment dire, aucun sens. Autant vous dire que si vous croisez une piscine délabrée proche d'une maison close, ne vous inquiétez-pas, ria-t-il. 

Dites-vous bien que rien n'est logique dans cette arène. Le but du créateur, Cinks, est de faire ressortir l'horreur dans sa forme la plus pure et de vous faire sentir le goût de la peur. Vous serez constamment testés.

Une dernière chose: sachez que le mouvement garantie la survie, alors ne restez pas statiques si vous ne voulez pas mourir tués par un faucheur.

J'ai terminé, avez-vous des questions ?"

Personne ne répondit. Edward sentit son corps se décomposer. Il n'était pas prêt, et il le savait. Il aurait aimé mourir, tout de suite, au lieu de mettre les pieds dans l'arène.  Il aurait aimé se cacher, partir, loin, loin de tout ça, loin de toute cette misère.
Tandis qu'il réfléchissait à comment il pourrait survivre, il sentit une seringue lui piquer le cou. Son esprit s'en alla progressivement jusqu'à ce que son corps suive.