20. [Pauline]
"Cet homme n'est clairement pas net", murmura Pauline lorsqu'elle défaisait les liens qui la retenait contre son siège. Elle avait l'impression d'étouffer dans cette salle et d'y être oppressée. Il lui fallait de l'air, et vite. Presque en train de suffoquer, elle scruta les alentours à la recherche d'une sortie et suivit la lueur du jour qu'il l'éblouit presque.
Une fois sortie de cette maudite salle, Pauline commença à chercher à la fois ses nouveaux compagnons et un moyen de ne pas paniquer. "Tribu trois, tribu trois, mais vous êtes où?" s'impatienta-t-elle. Ses souvenirs s'étaient encore effacés, elle était incapable de décrire ce qui s'était déroulé dans sa vie ces dernières quarante-huit heures. Trop occupée à combler sa solitude, la recherche des membres de sa tribu la préoccupait plus que ce trou de mémoire.
Elle se sentait légère, joyeuse. Le sentiment de panique qu'elle avait au fond d'elle n'était pas si prononcé, comme si quelque chose inhibait son inquiétude. A la vue de son tatouage où l'on pouvait deviner le chiffre trois, elle ne s'étonna pas plus que ça. L'effet de la drogue prenait petit à petit l'ascendant sur ses humeurs changeantes. Au loin, elle vit une pancarte indiquant le troisième biome. Sans plus attendre, elle alla se fourguer devant et guetta une quelconque arrivée. "Au moins, je ne pourrai pas les rater".
Autour d'elle s'étendait un parc de naturel. Des fontaines, des allées fleuries et d'innombrables buissons taillés lui donnaient l'impression d'être en sortie scolaire au château de Versailles. "Magnifique" songea-t-elle. Soudainement, l'envie découvrir cet endroit inédit lui traversa la tête. Sa lubie la dirigeait plus souvent ses que sa raison. Se laisser porter par ses envies était la manière de fonctionner de Pauline, et elle l'assumait entièrement.
Non loin d'elle, les membres d'une autre tribu semblaient se mettre en route vers leur biome. Elle y distingua un jeune homme élancé, cheveux noirs et ébouriffés qui marchait d'un pas décidé. Avec une discrétion quasi-inexistante, Pauline le dévisagea pour le beau plaisir de sa rétine. "Si j'ai quelque chose à demander, j'irai voir de ce côté" pensa-t-elle amusée. Elle continua sa marche jusqu'au panneau indiquant le chemin que ces inconnus venaient d'emprunter :
Biome 6: Plage blanche
Une envie d'aller se baigner lui monta au cerveau mais la réalité vint la rattraper: il fallait qu'elle trouve ses compagnons. Tandis qu'elle revenait sur ses pas, elle aperçut deux personnes qui attendaient devant le point de rendez-vous. A mesure qu'elle s rapprochait, elle devinait deux silhouettes: celle d'une dame ainsi que celle d'un jeune homme. Les longs cheveux platines de la dame contrastait avec les cheveux blonds, courts et parfaitement coiffés du jeune homme.
-Tribu trois? demanda la dame d'un ton grave.
-Oui, c'est moi ! Je suis désolée, j'avais besoin de marcher, je ne me sentais pas très bien, dit-elle histoire de faire profil bas. Je suis Pauline, enchantée, comment vous appelez-vous?
-Je m'apelle Miranda, répondit la dame en faisant une révérence.
-Moi c'est Alex, dit le jeune homme en lui tendant la main.
Amicalement, elle lui serra la main et dans un élan d'excitation leur proposa de se mettre en route vers leur nouvel habitat.
-Je trouve cela étrange qu'il n'y aie pas d'indication pour notre biome, j'ai lu sur les pancartes d'autres tribus des détails qui donnaient un avant-goût, s'étonna Pauline.
-Etant donné que je ne pense pas que nous pourrions être surclassés, ria Miranda, je pense qu'il ne s'agit que d'un oubli de la part de l'équipe, si l'on peut appeler cela comme ceci, qui s'occupe de tout. De toutes façons, je ne vois pas pourquoi on chercherait à avantager un biome par rapport à un autre.
-Peut-être que l'on veut nous garder la surprise, dit Pauline avec un sourire amusé.
Leur marche à travers une forêt de pins les mena à un portail électrique. Devant se tenait un boîtier métallique réclamant un code.
-Je ne comprends pas, dit Pauline en fronçant les sourcils, on ne nous a pas spécifié qu'il fallait entrer un code pour accéder à notre biome, c'est n'importe quoi.
-Et si ce n'était que le simple numéro de notre tribu? proposa Miranda.
-Non, je pense que c'est quelque chose d'autre, peut être que nous allons devoir résoudre une énigme ensembles pour tester si nous sommes capables de coopérer.
-Ils nous auraient prévenus, non? s'indigna Miranda. Je pense que c'est quelque chose de plus subtil encore, cela pourrait être un piège.
-Ou bien c'est à nous de rentrer un code pour que qu'on puisse y rentrer à notre guise tout en évitant des intrus, allons voir.
Elles n'eurent pas le temps de finir leurs hypothèses foireuses que le portail commença à s'ouvrir. Stupéfaite, Pauline jeta un regard vers le boitier et comprit qu'Alex s'était chargé de rendre le code tout seul.
-Comment as-tu...
-Avais-je raison? coupa Miranda.
-Non, dit Alex.
-Ah oui?
-Ce n'était pas un code à chiffres mais à lettres. Il demandait simplement de rentrer nos prénoms pour s'assurer qu'il s'agissait bien de nous.
-Très bien, répondit Miranda sèchement.
Un important écriteau en bois indiquait le nom de leur biome, formé par des lettres gravées:
Biome 3: Neige
A l'annonce de ce léger détail, le visage de Pauline se décomposa. Habituée à vivre dans le sud, jamais au grand jamais elle ne s'était rendu dans un pays nordique, alors vivre dans un climat si aride était pour elle plus qu'une épreuve. Elle se retourna vers ses compagnons mais ne trouva aucune expression de déception ni de panique sur leurs visages.
-Nou dormirons mieux au frais, déclara Miranda l'air satisfaite.
-Je ne vois pas comment nous allons nous approvisionner en ressources dans un biome pareil, rétorqua Alex sceptique, il va falloir trouver quelque chose d'intéressant rapidement pour l'échanger avec d'autres tribus.
-Heu, c'est moi ou il y a de la fumée au loin?
Alex pivota et regarda dans la direction où pointait le doigt de Pauline.
- Je pense qu'il faudrait qu'on aille voir, suggéra Pauline. Peut-être qu'il y a quelqu'un.
Les trois acolytes se mirent en route et tentèrent de se frayer un chemin dans la poudreuse encore fraîche. Derrière eux, le portail se referma comme s'il suivait chacun de leurs faits et gestes.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top