Chapitre 2

Chapitre 2


La nuit était tombée depuis quelques heures déjà alors qu'Antoine tirait un sac de ballon ovale derrière lui. Ni le froid ni la fatigue ne paraissait le déranger. Il plaça le tee et commença à frapper quelques ballons entre les poteaux. 

Il inspira profondément en essayant de chasser ses angoisses de son esprit. Son niveau de jeu. Ses mauvaises décisions sur le terrain. Ce début de saison qui semblait lui échapper. 

Le nuage de la victoire sur lequel il avait flotté depuis leur victoire était bien loin. Plus les jours d'entraînements s'enchaînaient, moins il supportait ses échecs, les consignes de Charlie avaient le don de le tendre, et il se sentait d'autant plus ridicule et honteux de penser comme ça. C'était plus fort que lui. Et il détestait cette partie de lui. Était il mauvais parce qu'il ne supportait pas qu'elle le coach ? Lorsqu'il était calme, il savait que c'était complètement faux. Lorsqu'il sortait d'une défaite, il semblait sur le point d'exploser à la moindre remarque.

Il entendit son téléphone sonner et souffla longuement. Il pensa un instant à ignorer mais finit par le sortir nonchalamment de sa poche. C'était Charlie. Il décrocha.

- Oui ?

- Antoine ! T'es où ? T'arrives quand ? Tout le monde est déjà là.

Il se mordit la langue. Il avait oublié le restaurant avec ses parents.

- J-J'ai été retenu pour une pub, excuse moi, j'arrive dans un quart d'heure.

Elle ne répondit pas tout de suite et il se demanda si elle savait qu'il mentait. Sans doute.

- Dépêche toi s'il te plaît, murmura-t-elle simplement.

- Tout va bien ?

- Oui oui, c'est juste... Je préfère quand tu es là.

- Ok, je me dépêche t'en fais pas, dit Antoine sur un ton désolé.

Il raccrocha et observa tous les ballons éparpillés sur le terrain. Il n'était pas prêt de quitter le centre d'entraînement.


Charlie tripotait nerveusement son téléphone. Elle n'écoutait pas les conversations autour d'elle et tournait régulièrement la tête vers la porte du restaurant. Que faisait Antoine ? Ce n'était pas son genre d'être en retard surtout à ce genre d'événement. Il savait pourtant qu'elle n'était pas forcément très à l'aise avec la famille du rugbyman. 

Elle se força à reporter son attention sur eux. Il y avait Jean et Marie-Pierre, les deux parents d'Antoine ainsi que Clément son grand frère. C'était des personnes merveilleuses mais Charlie avait un peu de mal avec leur façon de s'immiscer dans sa vie. Ils voulaient bien faire, mais depuis qu'ils avaient découvert la disparition tragique de ses parents, ils semblaient essayer de compenser... Et Charlie n'attendait pas d'eux qu'ils essayent de compenser. Antoine n'y prêtait habituellement pas attention et elle n'avait pas la force de leur dire.

- Tu as des nouvelles ? chuchota Clément

- Il devrait pas tarder.

- Tu sais ce qu'il l'a retenu ?

Elle haussa les épaules.

- Ca ne t'inquiète pas ? demanda-t-il

Elle fronça les sourcils, un peu étonné de cette question.

- Non, évidemment. Il n'a pas besoin de me dire où il est toutes les cinq secondes, répondit-elle sèchement.

Il se contenta de soupirer et fit semblant d'écouter ses parents. Elle le détailla un instant, intriguée. Il ne ressemblait pas tellement à son frère, il était plus grand, et une barbe mal taillée le vieillissait un peu.

- Désolé ! Un spot pub a duré plus longtemps que prévu ! s'exclama Antoine qui venait d'arriver.

Il embrassa le haut de sa tête et salua ensuite un à un les trois membres de sa famille. Charlie l'observa d'un œil suspicieux. Il était bizarre.

- Ca va ? murmura-t-il en s'asseyant à côté d'elle

Elle hocha la tête.

- Ils n'ont pas été trop...

- Non, t'inquiète pas. Et puis tu es là maintenant.

Il lui sourit et elle prit sa main dans la sienne.

- Alors, vous allez bien venir quelques jours à Noël, les enfants ?

- Je ne sais pas maman, tu sais on est très occupé et...

- Mais c'est Noel, et puis ce n'est pas comme si...

- Comme si quoi ? demanda Charlie

Antoine pouvait sentir Charlie se tendre légèrement. Il serra un peu plus sa main comme pour l'aider à se détendre.

- Je veux dire, bégaya un peu sa mère, ce n'est pas comme si vous avez une autre... famille à visiter.

Antoine crut un instant que Charlie allait se mettre à hurler et mon dieu qu'il ne voulait pas vivre une autre soirée angoissante.

- Ok ok, merci maman, on va y réfléchir, coupa-t-il en passant un bras sur les épaules de Charlie.

Il s'efforça de la rassurer avec ses gestes. Mais le mal était fait et elle fut comme absente pendant le reste du dîner, absorbée dans ses propres pensées. Antoine répondait la plupart du temps pour elle et elle se contentait de courtes phrases ou d'hocher la tête.

Un peu avant le dessert, Charlie partit au toilettes et Antoine décida de tenir compagnie à son frère qui fumait une cigarette. Il faisait encore plus froid que sur le terrain deux heures à peine auparavant. Clément observa son frère d'un air amusé.

- Quoi ?

- Tu mens à ta meuf maintenant ?

- Je ne lui mens pas.

Il éclata de rire.

- Pas à moi Antoine ! Je sais quand tu mens, tu n'étais pas à un spot publicitaire... T'étais avec une autre fille peut-être ?

Il leva les yeux au ciel.

- Non, je suis juste resté plus tard pour m'entraîner.

Clément fut surpris.

- Pourquoi tu mens alors ?

- Je sais pas, c'est juste que... je voulais pas rentrer, c'est pour ça que j'ai continué.

- Ca va pas entre vous ?

- Si si, c'est moi qui fait n'importe quoi. Charlie est... parfaite. Et moi je fais n'importe quoi comme d'habitude

Clément lui tapa gentiment dans le dos.

- Je suis sûr que c'est pas si grave. Je suis sûr qu'elle a quelques défauts également. Allez, on y retourne.

Antoine soupira et suivit son frère sans un mot de plus.


Charlie était allongée sur le lit, scrollant son fil twitter d'un oeil absent, tandis qu'Antoine venait de quitter la douche.

- C'était quoi cette pub ?

- Un truc pour Volvic, répondit-il en entrant dans la chambre en caleçon.

Elle n'insista pas et il l'en remercia intérieurement. Il se glissa dans les draps et, attirée comme un aimant, elle laissa reposer sa tête sur son épaule.

- Tu en penses quoi pour Noël ?

- Je ne sais pas, répondit Antoine en réfléchissant, peut-être que tu comptais aller à Wellington ?

Elle ne répondit rien.

- Je sais que tu n'aimes pas trop cette période, continua-t-il, je suis désolé que ma mère insiste comme ça...

- C'est pas ta faute, ça me rappelle juste que j'ai pas de famille et...

- Chut, on en a déjà parlé, la coupa Antoine. C'est moi ta famille, c'est tes amis.

Elle lui sourit. Il l'embrassa doucement et se surprit à oublier qu'il lui mentait quelques minutes plus tôt.

- Mmh, merci, j'ai tendance à l'oublier.

- Je serai toujours là pour te le rappeler.



Merci pour la lecture ! J'espère que ça vous a plu !

Je plante plusieurs graines et je verrai bien sur quel drama on part haha ! Bonne nuit !

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