Chapitre 1
Chapitre 1
La dernière saison d'Antoine avait été la meilleure de sa carrière. Le bouclier du Top 14, la coupe d'Europe et cette fameuse coupe du Monde. Il serait sans aucun doute en lice pour être le meilleur joueur de l'année. Sur le plan personnel, il n'avait jamais été aussi heureux non plus. Les rails de sa vie semblaient se dessiner sans accroc, simplement droites en direction du bonheur.
Juste après leur sacre de champion du monde fin octobre, il avait eu le droit à une semaine de vacances pour se reposer et reprendre ses esprits. Charlie l'avait accompagné et ils avaient profité des plages paradisiaques des Bahamas, des buffets à volonté et des draps du lit.
Il aurait aimé que ça dure des mois entiers.
Charlie avait signé un nouveau contrat avec Toulouse pour rester coach adjointe au côté d'Ugo Mola. Elle était excitée à l'idée de travailler à nouveau avec cette talentueuse équipe et, par-dessus tout, avec son amoureux. Depuis l'année dernière, le procès, la disparition de ses cauchemars, elle n'avait jamais été aussi resplendissante et épanouie.
Cette vie qu'elle avait tant haïe, paraissait aujourd'hui plus précieuse que tout.
- A quoi tu penses ? demanda Antoine, en caressant machinalement une mèche de ses longs cheveux
Charlie était allongée sur ses genoux, confortablement installée dans le canapé de leur nouvel appartement. Elle fixait le plafond.
- A cette année... Je ne pensais pas que j'aimerais autant tout ça.
- Tout ça ?
- La vie à Toulouse, entraîner en France, être loin de mes repères.
Il sourit doucement.
- Je ne sais pas si je pourrai assez te remercier un jour.
- Pour ? murmura Charlie en se redressant pour rester à califourchon sur lui.
- De nous avoir laisser une chance, malgré tout ce que tu as traversé.
Elle lâcha un petit rire cristallin alors que le cœur du rugbyman fondait. Il la surprit en l'embrassant aussitôt. Elle ferma les yeux et le serra encore plus contre son corps. Il se surprit à prier pour qu'il puisse la sentir contre lui jusqu'à la fin des temps.
Le Top 14 ne s'était pas interrompu pendant la coupe du monde et après la semaine de repos, les internationaux étaient de retour sur le terrain d'entraînement. Noël n'était que dans un petit mois et le froid - surtout comparé au Bahamas - était glacial. Charlie discutait tactique et exercice avec Ugo, en écharpe, tout en observant d'un air désolé les joueurs courir en t-shirt.
- On ne peut pas aligner tous les internationaux, soupira Ugo. Ils sont encore fatigués. Vraiment un mois et demi de compétition... On marche sur la tête. Peato n'est pas encore revenu, Pita n'a pas beaucoup joué, Romain me paraît éreinté honnêtement. Antoine me parait pas au meilleur de sa forme non plus, je le ferai peut-être rentrer à la fin pour reprendre le rythme.
- Je garderais Thomas sur le 15 majeur, je le sens bien là, proposa Charlie.
L'entraîneur hocha la tête, pensif.
- Au fait, continua-t-il, j'aimerai qu'on parle un peu de Antoine et toi ?
- Qu'est-ce qu'il y a avec Antoine et moi ?
Ugo semblait un peu gêné de lancer la conversation.
- Est-ce que vous êtes sûr qu'il n'y a aucun problème pour que tu le coaches ?
Elle fronça les sourcils, quelque peu agacée par le sous-entendu.
- La question de pose, ne me regarde pas comme ça. Il fait une saison de malade, tout lui a réussi, mais qu'en sera-t-il s'il fait une saison moyenne, voire mauvaise. Tes tactiques ne suffiront peut-être plus et s'il n'accepte pas de critique venant de toi... je ne veux pas qu'une dispute pollue l'équipe.
- Ca n'est pas prévu, répondit Charlie d'un ton raide.
Ugo soupira avec un sourire.
- Le problème avec vous deux c'est que vous ne prévoyait pas grand chose j'ai l'impression.
Elle voulut répondre qu'il avait en effet bonne impression mais se retint pour simplement hocher la tête. Il avait évidemment raison. Ils devaient correctement séparer leur vie professionnelle et leur vie privée. Et ce n'était certainement pas chose aisée.
Les matchs reprirent doucement. Comme l'avait prévu Ugo et Charlie, les internationaux avaient du mal à revenir à leur meilleur niveau pour l'instant et le jeu du Stade Toulousain s'en faisait ressentir. Alors qu'ils venaient de perdre un match important pour remonter à la troisième place contre Lyon, Ugo faisait les cents pas dans les vestiaires au milieu de l'effectif qui reprenait à peine ses esprits.
- Je sais pas ce qu'il vous faut pour vous réveiller ! Franchement, on sait plus quoi faire ! Vous avez tout ! Les tactiques, la forme physique, le talent et vous foutez tout en l'air ! Alors bravo, bravo Antoine, Romain, Thomas, vous êtes champions du monde, mais putain, atterrissez ! C'est fini là, vous revenez à Toulouse là ! Et on n'est pas prêt de gagner si vous continuez comme ça !
Il inspira profondément et décida qu'il débrieferait plus longuement au prochain entraînement.
- Tâchez de vous reposer ! finit il simplement par lâcher en quittant les vestiaires.
Charlie observa quelques secondes les joueurs. Ils avaient la tête baissée pour la plupart, et silencieux, honteux d'un tel échec. Antoine avait une serviette sur la tête et semblait attendre quelque chose.
- Il faut que vous discutiez entre vous, pour trouver les solutions.
- On a compris merci, s'agaça Antoine dont la voix brisa le silence. Si tu peux nous laisser nous changer, maintenant ?
Charlie fut piqué au vif. Elle lui lança un regard noir mais il n'avait toujours pas enlevé sa serviette. Tout le monde les regardait et ne savait pas comment réagir. Elle non plus d'ailleurs. Elle se contenta de prendre sur elle et de ne rien répliquer. Elle tourna les talons et quitta les vestiaires, un goût amer dans la bouche.
Au début, personne ne dit rien, trop étonné par la scène. Puis, Romain se rapprocha d'Antoine tandis que chacun commençait à se diriger vers la douche.
- C'est tendu entre vous ?
- Même pas non, souffla Antoine. C'est juste... Je sais que je suis pas bon, j'ai pas besoin qu'elle me le rappelle.
- Elle nous coach c'est tout, répondit Romain.
Charlie hésita à rentrer directement mais décida finalement d'attendre Antoine. Elle ne voulait pas garder de rancœur et préférait lui parler le plus vite possible. Il s'était mis à pleuvoir dehors et elle resserra son écharpe autour de son cou. Elle n'avait pas de capuche. Elle n'avait pas prévu la pluie. Elle contemplait les gouttes perler sur le sol et n'entendit pas Antoine s'arrêter juste derrière elle.
- Désolé pour tout à l'heure, chuchota Antoine. J'ai pas bien joué et je n'aurai pas dû reporter ma frustration sur toi.
Elle haussa les épaules, comme pour montrer qu'elle n'était pas vraiment satisfaite.
- Tu me pardonnes ?
- Mmmh, fit elle avec un demi sourire.
Il déposa un baiser sur sa joue et passa un bras sur ses épaules. Il remarqua qu'il pleuvait et sortit un sweat à capuche de son sac de sport. Il le déposa sur ses épaules et rabattit la capuche sur ses longs cheveux.
- Tu te rappelles, c'était toi qui avait fait ça la dernière fois ?
Elle hocha la tête. Elle s'en souvenait.
- Chacun son tour, j'imagine, murmura Charlie.
- Est-ce que je t'avais dit que je t'aimais ?
- Aucune idée.
- Et bien je te le dis, rigola Antoine en avançant vers l'extérieur, disparaissant derrière les gouttes de pluie.
Elle leva les yeux au ciel.
- Pfff moi aussi je t'aime, imbécile.
Merci pour la lecture ! J'ai quelques idées pour cette histoire mais pas non plus des tonnes je vous avoue, alors profitez bien de chaque chapitre !!
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