Chapitre 8

Je tiens le rythme ! Alors c'est un chapitre un peu chelou, j'en parlerai un peu à la fin je pense, il n'a pas été facile à écrire et pour des raisons un peu marrante haha !

Bonne lecture !


Chapitre 8


Une semaine était passée depuis la scène de violence qui lui avait valu un évanouissement et la douloureuse sensation de s'être faite rouler dessus par un camion. Elle avait longuement discuté avec l'aide juridique du club et avait pris la décision de ne pas donner suite pour des poursuites en justice. Elle ne voulait pas faire de vague. Antoine s'y était vivement opposé mais il lui avait été rappelé que son image était aussi celle du club et qu'il était largement préférable pour tous qu'elle reste immaculée. Ni l'un ni l'autre n'était satisfait par la tournure des événements mais, tout comme l'épisode avec l'entraîneur du Leinster, Charlie n'avait aucune envie de se confronter à un tribunal. Elle avait bien senti qu'Antoine était en désaccord profond mais il n'avait pas jugé nécessaire de s'étendre plus sur le sujet avec elle. Et ils en étaient restés là. Point final. Affaire classée.


Alors qu'elle venait à peine de se lever, Charlie attrapa son téléphone pour jeter un coup d'œil à ses notifications. Elle passa rapidement sur les quelques likes à ses derniers tweets ou publications instagram et fronça les sourcils sur un mail qu'elle avait reçu plus tôt dans la matinée.

Madame Witika,

Nous aimerions vous proposer d'intervenir de façon hebdomadaire dans notre émission pour une chronique spéciale Rugby alors que la Coupe du Monde en France a lieu dans un an.

Nous suivons votre progression depuis votre prise de position au Stade Toulousain et votre sens de la tactique, votre originalité et votre situation inédite dans le monde du rugby nous laisse à penser que votre intervention serait un plus pour notre émission.

Il était précisé en outre les modalités de la chronique et quelques informations qu'elle ne lut qu'en diagonale, bien trop obnubilée par les lignes au-dessus. Une chronique dans une émission en prime time ? Elle sentit un certain accomplissement à l'idée que des professionnels d'un tout autre milieu reconnaissent ses compétences et son apport dans ce sport qu'elle aimait tant. Elle savait qu'elle devrait réfléchir, en discuter très certainement avec la direction du club mais elle avait très envie d'accepter. Elle prit un screen du mail et l'envoya à Antoine. Elle s'attendait à avoir une réponse assez rapidement. Après tout, ils échangeaient régulièrement et avec toujours peu de délais. Mais, cette fois, pas de réponse.

Quelques heures plus tard, elle rejoignit Ugo avec qui elle prépara la séance de jeu du jour, un mélange d'exercice de support en attaque et de situation de gestion de turnover entre l'attaque et la défense. 

Elle remarqua d'un coin de l'œil qu'Antoine venait d'entrer et se dirigeait vers les vestiaires. Elle s'éclipsa, disant qu'elle avait besoin d'aller se rafraîchir et marcha à pas pressés pour intercepter le garçon.

- Antoine s'écria-t-elle alors qu'il avait la poignée sur la porte.

- Salut, murmura-t-il d'un ton neutre.

Le léger sourire qui se promenait sur son visage à l'idée de le voir disparut.

- Tout va bien ?

- Oui, qu'est-ce qu'il pourrait mal aller ?

- Je sais pas, t'as l'air bizarre...

- Pas du tout. J'ai juste un entraînement sur lequel je dois rester concentré, ça n'a rien à voir avec toi. J'ai le droit d'être un peu déprimé, comme toi, non ? dit-il sèchement

- Bien sûr mais...

Il n'écouta pas Charlie et voulut rentrer dans les vestiaires. Cependant, elle n'avait pas envie que la conversation s'arrête de cette manière et elle attrapa le poignet du joueur pour l'entraîner dans une salle isolée. Antoine la suivit sans manquer de montrer un certain agacement.

- Il se passe quoi ? demanda Charlie, d'un ton un peu plus assuré.

- Absolument rien ! J'ai pas le droit de faire la gueule, moi aussi ?

- De quoi tu parles ?

- S'il te plaît, ricana-t-il, tu fais la gueule tout le temps, tu te refermes sur toi-même, tu m'ignores.

- Je comprends pas, t'essayes de te venger ? demanda Charlie, un peu perdu par la tournure que prenait la discussion

- Mais non... C'est juste que tu es tellement à cheval sur la discrétion et tu m'envoies cette proposition comme si c'était la meilleure occasion de ta carrière, comme si finalement nous deux tu t'en foutais.

- C'est quoi le rapport ?

- Putain, le rapport c'est que tu vas devenir plus célèbre et tu vas attirer l'attention sur toi, et j'ai l'impression que ce n'est vraiment pas ce dont tu as envie ! Porter plainte quand tu te fais agresser, c'est hors de question, mais alors écrire trois lignes pour la télé, plus aucune réflexion ?

Charlie déglutit. Elle ne s'attendait pas à ce qu'il débite ces mots avec tant d'acharnement.

- Je crois que tu confonds beaucoup de choses là, ça n'a rien à voir, j'étais juste contente qu'on me propose cette opportunité.

- Mais vas-y, vas à Paris ! C'est bien, tu ne me calculeras pas moins de toute façon, dit-il d'un air sarcastique.

- Tu me reproches de pas être assez impliqué pour nous deux ? s'écria-t-elle, les yeux lançant des éclairs

Antoine fit un geste agacé de la main, comme pour chasser la question.

- Évidemment que tu es moins impliquée, mais enfin Charlie, tu ne me parles pas, tu ne me dis rien sur toi, tu t'isoles.

- On en a déjà parlé de tout ça...

- Oui et je t'ai dit que je comprenais, et je le pense vraiment, mais te voir faire comme s'il n'y avait aucun problème, comme si c'était ok de te montrer au grand public en prenant le risque que des journalistes de merde t'observent au microscope alors que tu ne me dis rien, ça me rend fou !

Et sans rien ajouter de plus, il sortit de la pièce, la laissant seule. La lueur chaotique de la dispute s'était estompée, laissant place à un calme froid dans la pièce. Les mots acérés, lancés avec une précision blessante, résonnaient encore dans l'air, comme des échos lointains d'une bataille achevée. La fureur et la colère brûlaient toujours en elle pourtant.

Il était parti, emportant avec lui une part de son cœur, laissant derrière un vide glacial. Les ombres des regrets et des mots prononcés en colère pesaient sur ses épaules. J'aurais dû le retenir, l'empêcher de partir. Les mots qu'il avait prononcés, aussi douloureux soient-ils, avaient touché une corde sensible chez Charlie, mettant en lumière des failles, des peurs et des insécurités. Elle avait les poings serrés, les yeux embués de larmes retenues, et le souffle était court. Elle aurait voulu crier, lui crier de revenir, de ne pas la laisser seule dans cette mer d'émotions déchaînées. Mais elle ne bougea pas, vaincue.

L'entraînement se fit dans une solitude effroyable. Antoine était en colère contre elle, contre lui-même surtout. Charlie nageait en pleine incertitude. Et tout cela ne faisait pas un bon mélange. Finalement, ils ne se parlèrent pas de la journée, ni de la semaine. Charlie échangea rapidement avec Ugo et la direction du club pour se renseigner sur ses prérogatives et s'il était envisageable qu'elle participe effectivement à cette émission. Sans discuter longtemps, ils avaient donné leur accord pour une chronique par semaine et elle avait pris des billets de train pour Paris et un rendez-vous avec la boîte de production de l'émission. Très honnêtement, elle n'avait aucune idée de pourquoi elle dirait oui ou non à la proposition. Elle avait pris la décision très rapidement, certainement par esprit de contradiction et pour énerver Antoine, même s'il n'était pas au courant. Elle lui en voulait toujours et, d'ailleurs, il ne s'était pas excusé pour son comportement. 

Et, alors qu'elle regardait le paysage défilé par le fenêtre du TGV, Better now de Deepend dans les oreilles, ses pensées dérivèrent dans sa direction. Où était-il ? Que faisait-il ? Peut-être regrettait-il mais ne savait pas comment s'y prendre ?


Antoine, pendant ce jour de repos, était à la plage avec plusieurs amis, dont Romain qui l'observait d'un air inquiet.

- Un problème ?

- Aucun.

- Un problème avec elle peut-être ? continua le demi d'ouverture d'une voix basse

- Non.

Romain leva les yeux au ciel. Ils ne dirent rien jusqu'à ce que les autres amis aillent se rafraîchir dans les vagues de la mer. Romain reprit la conversation.

- Qu'est-ce que t'as foutu ?

- Rien je t'ai dit... C'est juste qu'on s'est engueulé, c'est la première fois et... elle est contradictoire et ça m'agace. 

- C'est vrai que tu es un quelqu'un de fondamentalement cohérent, répondit Romain d'un air taquin.

- Elle ne veut pas porter plainte parce qu'elle veut rester discrète mais elle reçoit une demande pour faire une chronique dans une émission et elle s'y voit déjà. Et elle ne s'en rend même pas compte...Elle ne voit même pas qu'elle semble parfois complètement s'en foutre de nous deux.

- Ah mais je comprends, Toto a peur de se faire abandonner en fait. T'as l'impression qu'elle s'éloigne de toi, chuchota triomphalement Romain.

Antoine soupira devant cette affirmation lui semblant complètement hors-sujet.

- Simplement je trouve qu'elle joue avec le feu et...

- Mais non, Antoine. S'il ne veut pas porter plainte c'est pour une toute autre raison. Je pense qu'elle n'a juste pas très envie d'être exposé en tant que victime, et la proposition pour l'émission, elle doit être heureuse qu'on la considère assez importante dans le monde du rugby pour être médiatisée. Et vous deux, peut-être qu'elle n'a pas l'habitude de tomber sur quelqu'un avec ça match autant, alors elle panique.

Antoine regarda un instant Romain qui paraissait vraiment atteint par le comportement de son meilleur ami.

- Je n'avais pas vraiment réfléchi de cette façon, finit-il par lâcher un peu honteux.

- Évidemment ! Vous êtes dans une situation tendue et vous êtes ensemble depuis peu de temps, donc tout est un peu un événement, une frayeur mais il faut vraiment que tu arrêtes de tout prendre personnellement.

Antoine hocha la tête lentement, retournant ces paroles dans son esprit.

- Elle a dû me trouver ridicule...

- Je suis à peu près sûr qu'elle se sent ridicule, plutôt et qu'elle est en train de se torturer pour trouver ce qu'elle a bien pu faire.

- Faut que je lui parle. Putain, pourquoi je lui ai dit tout ça, elle doit me détester.

- Elle est à Paris là, murmura Romain sur le ton de la conversation.

Le demi d'ouverture eut peur que son ami le prenne mal de ne pas avoir été mis au courant de cette information. Il n'en fut rien, il eut l'air encore plus déprimé.

- Attends qu'elle revienne.

- Et si elle ne veut plus me parler ?

Romain ne répondit rien.

- Qu'est-ce qui m'a pris de tomber amoureux si vite ? Quel con !


Charlie sortait de son rendez-vous avec la boîte de production qui l'avait plutôt convaincu. Elle avait encore du temps pour prendre sa décision mais il ne manquait pas grand-chose pour qu'elle s'arrête sur un oui. Elle se baladait dans les rues de Paris, sans faire trop attention aux chemins que ses pieds empruntaient. Son esprit vagabondait aussi à sa guise et elle sut alors, tout à coup, où elle devait se rendre. Elle devait leur rendre visite. C'était ce que Reiko lui avait dit. I really think you should visit them. Aren't you tired of living in the past ? Oui, elle l'était, bien sûr. Mais c'était si difficile de vivre dans le présent.

La journée était douce et ensoleillée, le ciel d'un bleu profond et clair. Une légère brise agitait les feuilles des arbres tout autour du cimetière, produisant un doux chuchotement apaisant. Charlie, qui avait évité cette visite pendant tant d'années (être sur une île à l'autre bout du monde n'aidait pas) se tenait maintenant devant la pierre tombale de ses parents. Ses doigts effleurèrent la surface lisse et froide de la pierre, ressentant le nom de ses parents gravé en lettres nettes. Yamaji et Misaki Ima. Un frisson la parcourut, comme si le contact avec cette pierre avait réveillé en elle des souvenirs longtemps enfouis. Aujourd'hui, elle avait ressenti un besoin irrésistible de les retrouver, de les honorer. Elle ferma les yeux un instant, essayant de se reconnecter avec les souvenirs fragmentaires de son enfance. Le rire de sa mère, la chaleur du sourire de son père, tout cela était là, au milieu des images sanglantes. Des larmes commencèrent à perler dans ses yeux alors qu'elle se tenait là, les mains toujours sur la pierre tombale. La tristesse et la mélancolie l'envahirent, mais il y avait aussi un sentiment de soulagement, comme si elle avait enfin accompli quelque chose d'important.

Le silence du cimetière était brisé par le chant des oiseaux et le murmure du vent à travers les arbres. Elle se sentit connectée à ses parents, comme si leur présence flottait dans l'air autour d'elle. Elle murmura quelques mots à voix basse, un adieu silencieux à ses parents, et promit de revenir plus souvent. Puis, lentement, elle se leva et s'apprêta à s'éloigner. Un bruit de notification de son téléphone attira son attention et elle lut un message de Romain. Ses yeux s'écarquillèrent à la lecture du titre de l'article qui venait d'être publié.

Antoine Dupont et Charlie Witika entretiennent une relation secrète ?

Son cœur se mit à battre à un rythme effréné. Les photos d'eux deux, prises à leur insu, montraient des moments intimes qu'ils avaient partagés, des images de l'incident dans la boîte de nuit également. L'article racontait une histoire d'amour cachée entre le célèbre rugbyman et elle-même, la coach adjointe. Les détails, les suppositions, les commentaires, tout était là, exposé au grand jour. La panique l'envahit alors qu'elle lisait les commentaires en dessous de l'article. Les internautes spéculaient sur leur relation, certains la soutenant, d'autres la critiquant. Elle se sentait vulnérable, exposée, comme si son monde intime avait été brutalement arraché et étalé sous les feux de la rampe. Des larmes d'inquiétude et de confusion montèrent à ses yeux. Elle ne savait pas comment réagir à cette révélation soudaine et non désirée. Désemparée, elle regarda la tombe de ses parents, cherchant un réconfort dans leur silence éternel. Elle avait besoin de prendre une décision, de trouver un moyen de gérer cette situation inattendue qui menaçait de bouleverser sa vie.

Mais il manquait Antoine. 



Merci pour la lecture ! Bon alors en fait jusque là j'ai décrit un Antoine qui était vraiment hyper compréhensible et nice quoi, parce que bah je vais pas écrire une love story avec des gens horribles et une personne toxique, c'est pas mon truc, mais comme il faut du drama sinon on s'emmerde, et bah ça brode une dispute sur vraiment rien du tout haha, quelle honte. Donc pas simple à écrire, ça va clairement dans tous les sens, si vous pensez qu'Antoine n'a pas l'air trop sûr et cohérent de pourquoi il est vénère contre elle, sachez que moi non plus je ne le suis pas haha. J'espère que c'était pas mal quand même !

Bref j'espère que vous avez aimé et à dans deux jours. Bonne nuit !

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