Chapitre 5

Il est là, plus joyeux mais un peu moins long (oui on peut pas tout avoir dans la vie !)

Bonne lecture !


Chapitre 5


Les jours passèrent et ni l'un ni l'autre ne reparlèrent de ce qu'il s'était passé. Charlie lui avait simplement fait savoir qu'elle ne voulait pas qu'il en parle à qui que ce soit et qu'elle préférait enfouir cette histoire pour le moment. Il lui avait simplement répondu qu'il respecterait évidemment son choix. 

Et la vie avait repris son cours, avec ses lots de déprime, de blocage et de rugby. Antoine et Charlie avaient fait abstraction de l'instant qu'ils avaient partagé. Elle avait essayé d'éclipser la musique de son cœur qui tonnait contre sa main. Il avait essayé d'oublier ses larmes qui se dispersaient lui déchirant le cœur. De toute évidence, ni l'un ni l'autre n'y était parvenu.

Il faisait un froid digne de novembre lorsqu'Antoine décida d'aller lui parler discrètement après un entraînement. Elle était en pleine discussion avec Ugo sur la sélection des joueurs pour le match suivant contre Bordeaux-Bègles. Ugo termina et les laissa seuls.

- Est-ce que tout va bien ? s'enquit-elle

- Oui oui. Je voulais simplement te demander un service.

Elle arqua un sourcil.

- Mes parents font une réception demain soir pour l'anniversaire du club de rugby de leur village. Je voulais savoir si tu serais d'accord pour m'accompagner.

- J-Je... c'est-à-dire que...

- C'est simplement histoire de sortir un peu, je me suis dit que ça te plairait de voir un peu de monde. Il y aura Romain, Dam', tu pourras lui demander des info pour le prochain match, si tu veux, ajouta-t-il sur le ton de l'humour.

- C'est que je n'ai rien à me mettre.

- Tu peux venir habillé comme tu veux, tout le monde sera surtout en maillot de rugby je t'avoue.

Elle hocha doucement la tête.

- Est-ce qu'un maillot du PSG serait bien vu ? demanda Charlie d'un oeil malicieux

- N'abuses pas non plus...

Ils éclatèrent de rire. Elle savait au fond d'elle qu'il cherchait à lui remonter le moral et qu'il n'y avait aucune arrière pensée derrière sa proposition. Mais, malgré elle, il lui arrivait de s'imaginer flirtant avec Antoine dans une autre vie.

- C'est d'accord, alors ?

- Oui, avec plaisir.


Charlie arriva sur les lieux de la réception en taxi. Elle n'avait finalement pas enfilé de maillot du PSG pour ne pas créer d'esclandre et avait opté pour un sweat de Toulouse. Elle pouvait apercevoir le terrain de rugby du club amateur et sourit en pensant qu'Antoine avait fait ses débuts sur cette pelouse.

- Alors on rêve ? s'écria une voix derrière elle

Romain s'approchait, tenant la main de sa copine. Cette dernière salua Charlie puis s'éclipsa pour rentrer et les laisser discuter.

- Ton cavalier n'est pas là ? dit-il d'un air espiègle.

Elle leva les yeux au ciel.

- Je n'ai pas de cavalier, ce n'est pas un bal...

- Mais oui bien sûr. Excuse-moi j'ai cru que vous aviez dépassé ce stade d'amitié ridicule.

- Va rejoindre ta copine là et arrête de m'embêter, rigola-t-elle alors qu'ils se dirigeaient vers l'entrée.

Il y avait beaucoup de monde et elle ne connaissait personne. Elle remarqua qu'Antoine avait un sweat Balenciaga qu'il portait souvent dans ses interviews. Il discutait avec un petit groupe de personnes et elle préféra alors voir ce que le buffet avait à lui offrir.

- Alors Charlie Witika, comment ça se passe à Toulouse ?

Elle se retourna pour découvrir un Damian Penaud tout sourire.

- Damian, s'écria-t-elle en lui faisant une bise. Comment ça va ?

- Super, je sais pas ce que je fous là, mais tranquille ! Ça goûte les petits fours, tu connais.

Elle pouffa. Elle connaissait très peu Damian, seulement quelques interactions lorsque les équipes jeunes internationales françaises et néo-zélandaises se rencontraient. Elle suivait son évolution de loin et ils échangeaient un petit peu, toujours admiratifs du talent de l'autre.

- Prête à perdre contre nous ?

- Tu aimerais bien, ricana Charlie.

- Ça essaye de récupérer des infos, Dam' ?

Charlie se retourna pour découvrir Antoine qui venait d'arriver. Il avait un grand sourire et lui fit un léger clin d'œil.

- N'importe quoi, soupira le joueur.

- Tu viens, demanda Antoine à Charlie plus doucement, mes parents aimeraient bien te rencontrer.

Elle écarquilla les yeux. Vraiment dans quoi s'était-elle encore foulée ?

- Ils sont sympas, ne t'inquiète pas. Ils veulent simplement discuter un peu rugby.

Elle hocha la tête et le suivit.

- Je suis content que tu sois venue d'ailleurs, dit-il en regardant droit devant lui.

- Je suis contente que tu m'aies invitée.

Antoine se contenta d'hocher la tête. Elle aurait juré qu'il avait rougi. 

Finalement, ils s'arrêtèrent au côté d'un petit groupe de personnes. Il s'intégra et passa sa main dans le bas de son dos pour l'entraîner avec lui. Il n'en fallut pas plus pour qu'elle rougisse à son tour. Antoine était vraiment différent de d'habitude, plus décontracté et... entreprenant.

- Jean, mon père, déclara-t-il en désignant un homme aux cheveux gris courts avec des lunettes. Marie-Pierre, ma mère. Je vous présente Charlie Witika, tout droit venu de Nouvelle-Zélande pour être coach-adjointe de Toulouse.

- Enchantée, Monsieur, Madame, s'empressa de dire Charlie en tendant sa main.

- Un plaisir de vous rencontrer ! Antoine nous a beaucoup parlé de vous ! Apparemment vous vous êtes bien adapté au Stade Toulousain, tout le monde a l'air d'être content de votre travail, s'enthousiasma Jean.

- J'apporte de mon mieux une expertise à l'équipe et au club. Mais je ne fais pas de miracle, que des schémas et des discours, le vrai travail ce sont eux qui le font, dit-elle en désignant Antoine.

- Une modeste, comme moi, je l'aime déjà, rigola Marie-Pierre.

- Maman...

- C'est vrai que ce n'est pas souvent qu'Antoine nous présente quelqu'un et...

- MAMAN !

Charlie pouffa. Il y avait une atmosphère amusante qui régnait entre les différents membres de cette famille. Antoine était différent autour d'eux, beaucoup plus solaire. Elle se demanda un instant si elle aussi aurait pu avoir ce genre de refuge auprès de sa famille. Dans une autre vie peut-être.

- Ne l'écoute pas, murmura-t-il dans son oreille. Elle peut être un peu insistante.

Elle frissonna. Son souffle dans son oreille lui fit totalement oublier ces pensées noires qui avaient tenté de ressurgir.

- Tu veux aller prendre l'air ? Tu es rouge.

Charlie fut pris d'un petit vent de panique. Comment ça je suis rouge ?

- Oui, désolée, il fait un peu chaud ici.

- Pas de souci, viens je vais te montrer le terrain.

Il s'enfonça dans la foule, se frayant un chemin, elle essaya de ne pas le perdre. En jetant un coup d'œil en arrière, il remarqua qu'elle se faisait un peu bousculer et il lui attrapa la main. Ce léger contact suffit à lui faire perdre son souffle. Avec Antoine, une simple rencontre avec sa peau lui provoquait un effet démultiplicateur. 

Lorsqu'ils finirent par sortir de ce brouhaha, une vague de froid la fit légèrement trembler. Ils descendirent les marches pour fouler la pelouse verte, sans qu'à aucun moment Antoine ne lâche sa main. Elle ne savait plus comment se comporter avec lui, ils n'agissaient pas en amis de toute évidence. Et ça lui plaisait, elle ne pouvait le nier.

- Qu'est-ce tu as pensé d'eux ? demanda Antoine, brisant le silence.

- Ils sont super. Ils tiennent beaucoup à toi, ça se voit.

- Ils sont très importants pour moi.

Elle hocha la tête. Ils marchaient à présent entre les poteaux de transformation.

- Pourquoi tu as tenu à me les présenter ?

Antoine sembla choisir avec précaution ses mots.

- Parce que tu es importante pour moi.

Elle déglutit difficilement. Elle allait le remercier mais il s'arrêta de marcher et releva la tête vers elle.

- Charlie, je ne vais pas te mentir, je vais arrêter d'être ton ami. Ça ne marche pas.

- Pourquoi, qu'est-ce qu'il se passe ?

Il la fixa longuement. Il avait l'air désoeuvré et c'était la première qu'elle voyait cette expression sur son visage.

- Je n'arrête pas de penser à toi, à la nuit qu'on a passée, j'ai envie de te voir, d'être avec toi, de te parler, et ça me bouffe Charlie.

Elle ne savait pas quoi répondre. Il vit bien qu'elle semblait perdue.

- Je sais bien que c'est une situation compliquée, que ce n'est pas ce qu'on avait prévu, ni toi ni moi, que ce n'est pas l'idéal, mais on pourrait au moins essayer.

- Je ne sais pas Antoine je...

- Dis-moi que quand on se touche tu ressens un truc toi aussi, quand on se regarde, murmura-t-il tout bas en s'approcha de plus en plus d'elle, quand on s'embrasse.

Il était à présent tout proche et sa main remontait jusqu'à son visage. Elle retint son souffle.

- Je sais que c'est égoïste mais je n'en peux plus de te voir de loin, d'espérer un regard...

Elle sentait ses doigts parcourir sa joue et son esprit réfléchissait à grande vitesse. Elle se refaisait les images de la nuit, les discussions qu'ils avaient eu par la suite, elle pesait le pour et le contre et... finalement tout s'envola. Elle décida, pour une fois, de faire ce qu'elle voulait, juste ce qu'elle voulait, sans considération pour ce qui était bien, ce qui était juste ou raisonnable. Simplement ce qu'elle voulait. 

Juste une fois. 

Elle réduisit l'écart pour l'embrasser. C'était un baiser timide, presque désolé. Antoine sentit son coeur exploser de mille feux. Il s'empressa de glisser ses mains pour la retenir un peu plus contre lui. Charlie se sentait tellement légère dans ses bras, comme débarrassée de tous ses problèmes. Ils finirent par se détacher l'un de l'autre, à la recherche d'air.

- C'était vraiment une connerie d'essayer d'être ami, chuchota Charlie.

- Alors que secrètement en couple, c'est bien plus excitant, n'est-ce pas ?

Elle rougit violemment alors qu'il l'embrassait dans le cou. Elle gémit doucement, surprise par son initiative.

- Il me tarde de faire des choses secrètement dans les vestiaires avec toi, lui répondit-elle sur un ton de défi.

Ce fut à son tour de rougir et c'était une vision dont elle ne lasserait sans doute jamais. 




Merci pour la lecture ! J'espère que ça vous a plu !

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top