Chapitre 19

Hey!

Un chapitre riche en émotion et infiniment trop long je trouve mdrr

Bon en vrai je l'aime bien ! J'espère que ça vous plaira aussi.

Bonne lecture !


Chapitre 19


Dans les premières lueurs de l'aube, une fine pluie enveloppait la ville d'un voile délicat, peignant les rues et les arbres d'une teinte argentée. L'air était chargé d'une fraîcheur mordante, piquant la peau comme une douce morsure. Les rares passants qui arpentaient les trottoirs semblaient pressés, cherchant refuge sous leurs parapluies, se réchauffant dans les cafés encore endormis.

Romain et Damian marchaient côte à côte, leurs souffles visibles dans l'air froid. Ils avaient tous les deux rabattus leur capuche sur leur tête. Se protéger de la pluie semblait tout aussi important que préserver leur anonymat. Leurs mains se frôlaient de temps à autre, un contact furtif chargé de tendresse. Une certaine mélancolie les entourait, le bonheur de se promener ensemble se mélangeait au tragique de leur relation. Mais, malgré la douce tristesse qui pesait sur eux, leur cœur était léger, ne serait-ce que pour un bref instant volé au reste du monde. Ils se regardaient du coin de l'œil, leurs sourires timides trahissant une affection profonde. Les rues silencieuses semblaient être les gardiennes de leur secret, les enveloppant dans une intimité fragile.

Damian, qui n'avait qu'un sweat frissonnait parfois. Honnêtement, il n'aurait su dire si c'était à cause du froid ou de l'effet de leurs doigts entrelacés.

- Attends, murmura Romain.

Il s'arrêta pour retirer son écharpe et l'enrouler autour du cou de l'ailier. Damian rougit doucement et sentit son cœur s'accélérer.

- La prochaine fois, prend une veste, ajouta-t-il.

Romain finit de serrer l'écharpe puis l'embrassa rapidement.

- Je ne pensais pas qu'il ferait si froid, grogna Damian en baissant la tête.

- T'es sûr que t'as 27 ans, toi ? rigola Romain en ébouriffant les cheveux qui dépassaient de sa capuche

- Me décoiffe pas, tu gâches mon style.

- Quel frimeur, soupira Romain.

Damian ne répondit rien et se recoiffa méticuleusement dans la vitre d'un café. Romain leva les yeux aux ciels.

- Viens, on prend un café. J'ai froid aussi.

- Et c'est de moi que tu te moques ? Un vrai gamin, ricana Damian en passant un bras sur ses épaules pour l'embêter quelques secondes.

- T'avais qu'à pas voler mon écharpe, répondit-t-il d'un air bougon.

A peine pénétrés dans le café, ils se détachèrent l'un de l'autre. Damian fit un petit signe au barman qui connaissait un certain nombre de joueurs de rugby puisqu'avec la coupe du monde et la proximité des centres d'entraînements, beaucoup venaient parfois profiter de l'endroit. Ils s'installèrent sur une table isolée dans un coin pour ne pas être dérangé. L'ailier commanda deux cafés allongés. Romain frotta ses mains entre elles pour se réchauffer.

- Je pense à un truc depuis quelques temps, commença-t-il juste après que le serveur ait déposé leurs boissons.

Damian but une gorgée et se concentra sur son amoureux qui paraissait soudain sérieux.

- J'ai décidé de faire un coming out à ma famille. J'en ai marre de me cacher, j'ai envie d'être honnête avec eux.

Damian ne répondit rien et il s'empressa de le rassurer.

- Je ne veux que ça te force à quoi que ce soit. Je comprends que tout est encore nouveau pour toi et je veux que tu prennes ton temps. Je tenais simplement à te tenir au courant.

- Comment tu penses qu'ils vont réagir ?

- Bien, je pense. Je ne les ai jamais entendu dire des choses dégradantes.

- Je suis content pour toi, murmura Damian avec un sourire. C'est courageux.

Il aurait voulu lui prendre la main mais il se freina.

- Tu y arriveras un jour aussi, répondit Romain.

- Je ne sais pas. Le climat homophobe familiale je le connais...

- Tout le monde évolue, ça leur ouvrira peut-être les yeux.

- C'est gentil mais j'en doute, soupira Damian.

Le demi d'ouverture ne renchérit pas et se contenta de lui sourire. Ils allaient au devant des problèmes, à un moment ou à un autre. Il avait décidé d'assumer alors que Damian n'y était pas prêt et ne le serait sans doute pas avant longtemps. Comment parler à des personnes que vous dégouterez la seconde où vous leur annoncerez votre sexualité ? Ne pas leur en parler semblait être la bonne solution. Malheureusement.



La soirée s'était déroulée dans un silence étouffant, comme un orage grondant au loin. Il avait rassemblé tout son courage pour parler à sa famille, son frère, son père et sa mère. Une révélation qui avait été accueillie par un froid glacial.

T'es pas sérieux ? Tu nous fais une blague. C'est la séparation avec Lili, ça a dû te perturber.

Les mots de désapprobation et de rejet s'étaient abattus sur lui comme une pluie battante, inondant son cœur d'une douleur profonde.

Tu te fais du mal, à toi, à nous. Ce n'est pas normal. Tu vas finir seul et malheureux. Tu imagines si tout le monde le sait au club ?

Il n'y eut pas vraiment de dispute. Romain en fut incapable. Il était sous le choc. Qu'est-ce qu'il avait raté avec eux pour qu'ils réagissent de cette manière ? Avait-il été aveugle pour penser qu'ils accepteraient ? Comment avait-il pu se tromper à ce point ? 

Il n'avait pas eu la force de rester plus longtemps. Il était parti. Il sentait la panique l'envahir. Dans sa voiture, il n'était même pas capable de démarrer. Le souffle court, la main sur la clé, le visage pâle, des larmes coulaient sur ses joues. Il se sentait submergé par une détresse qu'il ne pouvait plus contenir. Les parois de la voiture semblaient se rétrécir autour de lui, se rapprochant comme pour l'étouffer.

Tu me dégoûtes.

Il revoyait les regards désapprobateurs de sa famille.

On ne peut plus te voir de la même manière.

Sa poitrine lui faisait atrocement mal. Sa respiration était saccadée. Il réussit à attraper son téléphone, les doigts tremblants, et appela le seul à qui il était capable de parler à l'instant. Antoine. Il avait besoin de lui, de son côté rationnel, de sa présence apaisante. Il lui envoya un simple message. Court et inquiétant.

Besoin de parler. T'es où ?

Les secondes semblaient interminables, mais finalement, il eut une réponse.

Viens, je suis au airbnb.

Le message d'après contenait l'adresse. Il avait mis dans un coin de son cerveau, il y avait quelques temps, que le couple avait pris un logement parisien le temps de la coupe du monde pour se retrouver pendant les jours de repos. Il inspira profondément et démarra.


Romain sonna à la porte d'une magnifique petite maison cachée dans le 15e arrondissement. Ils avaient trouvé un petit coin de paradis qui devait valoir son prix... La porte s'ouvrit sur un Antoine aux sourcils froncés. Le visage abattu de Romain le toucha et, sans un mot, il le prit dans ses bras, l'étreignant doucement, comme pour le protéger de la tempête qui faisait rage en lui. Il se laissa aller, sanglotant contre son épaule.

- Viens, on rentre. Charlie ne devrait pas tarder.

Il le guida jusqu'au salon. Il avait rarement vu Romain aussi abattu et il avait peur que ce soit particulièrement grave.

- Raconte-moi, dit-il en s'asseyant sur le canapé.

Romain se triturait nerveusement les mains. Antoine remarqua également les frissons qui parcouraient son corps.

- J-J'ai fait mon coming out à ma famille et ils...

Il déglutit difficilement.

- Ils n'ont pas vraiment réagi comme je l'aurai espéré.

- Je suis désolé... Ne te mets pas dans un tel état, c'est pas de ta faute.

Romain n'en avait jamais vraiment parlé avec lui mais il était évidemment courant depuis un petit moment. C'était ce qu'il aimait chez lui. il n'avait jamais senti le besoin de faire son coming out auprès de lui, comme s'il savait qu'à ses yeux, il ne serait jamais une différente personne, il resterait Romain.

- Tu es frigorifié, murmura Antoine. Bouge pas, je vais faire du thé.

- Merci.

Antoine partit lancer la bouilloire. Il entendit la porte s'ouvrir et alla à la rencontre de Charlie qui enlevait ses chaussures.

- Salut, mon coeur, dit-il en l'embrassant.

Elle le serra contre lui.

- J'en peux plus de cette journée, je suis contente d'être avec toi.

- Tu rentres tard...

- Oui, je suis allée sur la tombe de mes parents après l'entraînement. Ça faisait longtemps.

- Ça va ? Tu vas les voir quand t'as pas le moral d'habitude.

Elle sourit doucement.

- Tout va bien, t'inquiète pas, j'avais juste envie de passer les voir. Je suis épuisée.

- Je crains qu'on ne soit pas entre nous tout de suite. Romain est là, il a fait son coming out à sa famille et ils ont pas trop accepté, je crois qu'il est sous le choc.

- Putain, soupira-t-elle. Je savais pas qu'il avait décidé de leur en parler.

Elle partit vers le salon pour découvrir un Romain abattu, les yeux perdus dans le vide. Elle se précipita vers lui pour le prendre dans ses bras.

- Comment tu te sens ?

- Ça va, je suis juste déçu d'avoir pensé que ça se passerait bien.

Antoine déposa le thé et tendit une tasse à Romain.

- Bois, ça te réchauffera.

Charlie regardait avec un air préoccupé son ami. Il semblait presque hors de lui-même.

- Tu en as parlé à Damian ?

Il secoua négativement la tête.

- Non, pas encore. Il va me trouver ridicule d'être aussi touché par ça.

- Ça m'étonnerait, murmura Charlie. Vous êtes heureux ensemble, non ? Il va te soutenir.

Romain hocha la tête.

- Je lui parlerai demain.


Et demain arriva. 

Le bruit d'une notification de message réveilla Damian. Il attrapa son téléphone à l'aveugle et regarda qui osait le réveiller. 

Numéro inconnu. 

Intrigué, il ouvrit le message et ce sur quoi il tomba lui glaça le sang. 

Une photo prise de Romain et lui en train de s'embrasser. Il reconnut la salle, c'était juste après le quart de finale. Il fut pris d'un frisson de peur en lisant le message qui accompagnait la photo.

Soit tu le quittes, soit je l'out publiquement.

Ils avaient été vus. Une personne, visiblement malveillante, les avait pris en photo et essayait de le faire chanter à présent. 

Étrangement, il ne paniqua pas. Il savait que Romain avait décidé d'assumer sa bisexualité et donc il ne devrait pas être trop atteint. Il l'appela immédiatement pour lui faire part de l'événement.

- Allo ?

La voix de Romain semblait faible, presque éteinte.

- Tout va bien ? demanda Damian

- Ma famille ne l'a pas accepté... C'est toi qui avait raison, je n'aurai jamais dû leur en parler, je ne veux plus jamais en parler, c'est trop dur. Je veux juste rester dans ma bulle avec toi, rien d'autre.

Il pleurait. Mais Damian n'entendait pas. Il en était incapable. Il restait bloqué sur ces mots. Il ne voulait plus faire de coming out. Il avait l'air bouleversé. Il n'accepterait pas.

- Pas de souci, finit-il par répondre après un long silence. On reste dans notre bulle.

Il lui sembla que Romain lui parlait. Il ne pensait qu'au message. Il allait devoir le quitter. Il sentit sa gorge devenir horriblement sèche, son teint blanchir violemment. Ses mains tremblaient.

- On peut se voir, tout de suite ?

- Oui, bien sûr, je suis chez Antoine là, t'es au centre ?

- Je t'attends, murmura Damian en raccrochant.

Romain poussa la porte de la chambre de Damian avec une certaine appréhension. Il lui avait semblé très étrange au téléphone. Il trouva son amoureux particulièrement mal à l'aise, appuyé contre la fenêtre, le visage fermé.

- Salut, dit-il en s'approchant pour l'embrasser.

Damian détourna la tête et il y eut un silence pendant lequel Romain ne savait pas comment réagir.

- Ça va ? T'as l'air bizarre.

Damian n'osait pas croiser ses yeux.

- J'ai changé d'avis.

- Changé d'avis sur quoi ?

- Je ne veux plus qu'on soit en couple.

Le monde s'effondra, tout à coup, sans prévenir. Les mots résonnaient dans l'air comme un écho lointain, mais leur impact était dévastateur. Romain avait du mal à les saisir. Damian se tenait devant lui, l'expression de son visage à la fois tendue et emplie de détresse. Les mots sortirent de ses lèvres comme une lame tranchante.

- J-Je ne suis pas du genre à rester avec une seule personne. Je veux être libre.

Le monde de Romain vacilla, le sol se dérobait sous ses pieds. Une douleur aiguë lui transperça le cœur, et il sentit les larmes monter dans ses yeux, brouillant sa vision. Il était abasourdi, incapable de trouver les mots pour répondre. La pièce semblait se refermer sur lui, les murs se rapprochant comme pour l'étouffer.

- Je ne comprends pas, je croyais qu'on était bien tous les deux, parvint à articuler Romain.

- C'est pas ça, c'est juste que...

- On peut trouver une solution, le coupa-t-il, peut-être que tu as besoin de temps, de réfléchir, on peut faire une pause, moi je t'aime et...

- Je t'ai trompé, Romain.

Le silence s'installa, un silence lourd de tristesse, de regret, de chagrin. Romain tenta de lutter contre les sanglots qui montaient en lui, mais il ne pouvait plus retenir les larmes. Il détourna le regard.

- Avec qui ?

- Personne, peu importe, une fille que j'ai rencontré en boîte.

Une douleur lancinante s'empara de tout son corps.

- Je ne comprends pas, je croyais que...

- Il n'y a rien à comprendre.

- Je croyais que tu m'aimais... finit Romain d'une voix brisée.

Intérieurement, Damian voulait le prendre dans ses bras, s'excuser à genoux mais il était un excellent acteur. Ce talent leur perdrait. Il ne laissait rien transparaître, à part une froide attitude.

- Je suis désolé.

Romain ne parvenait plus à penser ni à bouger. C'était comme si tout l'avait quitté. La détresse qu'il ressentait était incommensurable, telle une tempête qui déferlait en lui. Il resta là, figé, incapable de comprendre. La douleur était si intense qu'elle semblait déchirer son âme en lambeaux, laissant derrière elle un vide béant et douloureux. Il lui sembla que Damian lui parlait mais il n'entendait rien. Ses jambes fonctionnèrent toute seule, le transportant hors de la salle. Sa main ouvrit la porte et il se retrouva dans le couloir. Les larmes glissèrent sur son visage. Il aurait pu s'effondrer là tout de suite. Mais il y eut une force, une résilience tapie à l'intérieur, qui le porta malgré tout.

Damian, au contraire, s'effondra sur son lit. Pour la première fois depuis longtemps, il se détestait. Des larmes de colère dévalèrent ses joues. Ses poings se serrèrent. Il étouffa un cri de rage. 

Cette vie n'était pas juste.


Romain marchait dans les rues parisiennes à la recherche d'un but. Il y avait peut-être quelque chose ou quelqu'un caché dans un coin qui aurait le pouvoir de réparer le trou béant de son cœur. Son téléphone bipa.

Nouveau message de Lili.

Salut ! On peut se voir ? Tu me manques.



Voilà ! 

Bon alors, vous avez aimé ?

J'ai beaucoup aimé écrire la première partie où ils se promènent, ils sont chous

Merci pour la lecture ! Bonne nuit !


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