Chapitre 15
Let's go la CDM !
Je pense qu'à partir de maintenant les chapitres vont beaucoup avoir de points de vues différents entre les persos.
J'espère que ça vous plaira ! Bonne lecture !
Chapitre 15
Le stade était une cathédrale de bruit, un édifice de passions où les cœurs battaient à l'unisson. Des milliers de supporters s'étaient rassemblés pour le match d'ouverture de la Coupe du Monde de Rugby, une célébration du sport qui transcendait les frontières. Les tribunes étaient une mosaïque de couleurs, des drapeaux flottant comme des étendards des nations. L'affiche était digne d'une finale. France - Nouvelle Zélande.
Le tunnel sombre qui menait à la lumière éclatante du stade aveugla Romain. Il respira profondément pour calmer les battements de son cœur. Il était sur le point de fouler le terrain, de vivre l'expérience qu'il avait tant rêvée, le match d'ouverture de la Coupe du Monde à la maison.
Pourtant, une ombre d'incertitude planait dans son esprit. Il avait travaillé d'arrache-pied pour en arriver là, des années d'entraînement et de sacrifices. Mais malgré tout, le doute persistait. Était-il à la hauteur de cette compétition internationale, de la pression qui pesait sur ses épaules ?
Alors qu'il courait avec les autres à travers le couloir, le souvenir de ce qui s'était passé avec Damian lui revint en mémoire. La confusion et le désir qui se mêlaient. Il n'arrivait pas à chasser ces pensées de son esprit, même en cet instant crucial. Il se demandait ce que cela signifiait, ce que cela impliquait pour lui, pour eux.
Le bruit de la foule se fit de plus en plus fort à mesure qu'il avançait dans le tunnel. Les acclamations et les encouragements se mêlaient au rugissement de l'attente. Il n'y avait plus de retour en arrière possible, il était sur le point de vivre son rêve, et il devait faire face à tout ce que cela impliquait. Alors qu'il franchissait le seuil du terrain, Romain ressentit une vague d'émotions le submerger. Il était à la fois heureux et nerveux, prêt à se mesurer aux meilleurs joueurs du monde. Mais une part de son esprit restait fixée sur ce qui s'était passé avec Damian, un mystère qu'il devrait résoudre à un moment ou à un autre.
Les deux équipes en ligne attendaient patiemment que les hymnes retentissent. Romain laissa son regard se perdre sur les membres du staff de la Nouvelle-Zélande, Charlie avait un large sourire sur les lèvres. Il aperçut Antoine lui lancer un clin d'œil et se dit qu'il aurait aimé lui aussi avoir le droit à une pareille relation. Peu importait le résultat de ce soir, ils seraient heureux pour la victoire de l'un comme de l'autre.
Les hymnes résonnèrent, porteurs de l'histoire et de l'identité de chaque équipe. Les visages des joueurs étaient empreints de détermination. La foule hurlait ses encouragements. Les mains se serrèrent. Le temps du haka s'acheva. Le sifflet retentit, et le stade devint un champ de bataille, un lieu où les destins se décidaient.
Le ballon fusait à travers le ciel. Chaque plaquage était une collision d'intensité, chaque passe une symphonie de mouvement et de précision. Le public retenait son souffle à chaque action, pris dans un étau d'émotions et de frisson. Les équipes se disputaient le contrôle du terrain, une danse complexe de tactique et de talent. Le jeu s'épanouissait, passant d'une zone du terrain à l'autre, une course effrénée vers la ligne d'en-but. Les supporters étaient un chœur de voix passionnées, scandant les noms de leurs joueurs, les encouragements se transformant en prières silencieuses.
Chaque coup de sifflet, chaque essai marqué, était un moment de jubilation ou de désespoir. Le score serré maintenait les deux équipes sous pression. Finalement, à quelques minutes de la fin, la Nouvelle-Zélande parvint à passer la première ligne de défense et à progresser rapidement. Une touche bien négociée plus tard, Reiko aplatissait le ballon ovale derrière la ligne. L'essai fut transformé et les Français n'eurent pas le temps de riposter.
La Nouvelle-Zélande remporta le premier match de la Coupe du Monde de rugby au détriment du pays organisateur. 21 à 14.
La France venait de vivre un moment de déception cuisante. Les visages des joueurs étaient marqués par la tristesse, les épaules affaissées, comme si le poids de la défaite pesait sur eux. Les supporters français, abattus, cherchaient à comprendre ce qui avait pu mal tourner. Au contraire, les Néo-Zélandais étaient en liesse, célébrant leur victoire avec des acclamations tonitruantes, des drapeaux des quelques supporteurs ayant fait le voyage flottant triomphalement.
Les caméras de télévision capturaient ces émotions contrastées, se nourrissant du désarroi des Français et de l'allégresse des Néo-Zélandais. Les photographes, tels des chasseurs d'instantanés, saisissaient chaque expression, chaque sourire, chaque visage fermé. Les cris de joie résonnaient, tandis que l'air était imprégné de la mélodie de la victoire.
Au milieu de cet océan de sentiments, Antoine se tenait là, assis dans la pelouse, partagé entre la déception de la défaite et une lueur d'admiration pour Charlie. Elle avait mené l'équipe néo-zélandaise à la victoire, sa détermination et son talent avaient été essentiels. Antoine ne pouvait s'empêcher de ressentir une pointe d'envie pour elle. Il la devinait épanouie, son sourire irradiant de bonheur. En la voyant ainsi, après cette année d'épreuves et de chagrin, son cœur se serra. Il la regarda féliciter son équipe, sourire comme si aucune tristesse n'avait jamais séjourner en son être.
Les caméras de télévision braquaient leurs objectifs sur le duo franco-néo-zélandais, espérant un regard, un mot, une accolade, n'importe quoi qui satisferait les journaux du lendemain. Elle tourna la tête vers lui. Il était assis dans l'herbe, la tête baissée. Elle se dégagea de l'étreinte d'un joueur de son équipe et s'approcha doucement. Elle était heureuse d'avoir gagner, tellement soulagée d'avoir pu montrer son talent, mais elle ne pouvait effacer de son coeur cette image d'un Antoine déçu, les yeux clos. Est-ce qu'ils étaient condamnés à vivre ça ? Heureux et déçu à la fois.
Traversant la pelouse, elle fut interrompue par Romain qui l'enlaça rapidement.
- Vous avez fait un super match, murmura-t-il, hâte de la revanche.
- Moi aussi.
Il la laissa continuer sa route jusqu'à lui. Elle s'accroupit et il releva les yeux.
- Bravo, dit-il simplement. On n'a rien pu faire.
- Ça s'est joué à rien.
- Je suis déçu, mais je suis réellement content pour toi, tu mérites tellement cette victoire, dit-il avec un demi-sourire.
Sans un mot, elle l'embrassa. C'était un baiser chargé d'émotions contenues, un moment volé au milieu de la défaite, un instant d'intimité au milieu de la foule. Les caméras capturèrent cet échange, mais Antoine et Charlie semblaient être seuls au monde.
La défaite était amère, mais dans cette étreinte, il y avait un fragment de douceur. Ils étaient marqués - et le serait sans doute pour toujours - par une toile de contradictions, de défis et de rêves.
Dans les vestiaires baignés d'une lumière blafarde, l'atmosphère était tendue, lourde de déception. Damian, le visage rougi par la colère, s'en voulait profondément. Il avait commis des erreurs sur le terrain, des erreurs qui avaient coûté cher à l'équipe. Il avait fait des percées aventureuses comme à son habitude, raté des plaquages, manqué de patience. Il retira son maillot qui collait à sa peau et le lança au sol, comme s'il espérait que sa frustration s'en irait aussitôt.
Romain, tentant de le calmer, s'assit à côté. Il posa une main sur son épaule, mais Damian la repoussa brusquement.
- Laisse-moi.
C'était comme si le moindre contact de la part du demi d'ouverture avait pour effet immédiat de lui provoquer une brûlure indélébile. Et c'était hors de question.
- On est une équipe, Dam', on perd et on gagne ensemble, tu n'es pas plus responsable que n'importe lequel d'entre nous.
- Ça te va bien de dire ça, t'as fait n'importe quoi sur le terrain, cracha-t-il.
Romain voulut répliquer mais il n'eut pas le temps. Damian, comme dégouté par lui-même, dans un élan de rage, quitta les vestiaires en poussant violemment Romain sur le côté. Il regretta presque immédiatement ces paroles, tout comme son geste. Il était en colère, contre son match, contre lui-même. Il était sans cesse entouré de mauvaises pensées depuis que... Il chassa cette idée. L'écho de sa colère résonna dans les murs nus, laissant un silence pesant dans son sillage.
Alors que Romain restait interdit, regardant son ami s'éloigner, le cœur meurtri, Antoine décida de le suivre à l'extérieur. En tant que capitaine, il ne pouvait rester sans rien faire. Il le rattrapa dans le couloir et agrippa fermement son épaule.
- C'était quoi ça ? Ça ne te ressemble pas !
- Il faut croire que tu ne me connais pas tant que ça alors.
- Personne n'a fait un super match, ça ne justifie pas de s'en prendre à lui.
Damian rigola amèrement.
- Qu'est-ce que t'as à le défendre comme si c'était ton mec ?
Antoine haussa les sourcils. L'ailier se gifla intérieurement. Il était vraiment une merde.
- Ecoute, on est amis toi et moi mais je suis aussi capitaine, alors si tu as besoin je serai toujours là pour t'écouter mais si tu continues à manquer de respect à tes coéquipiers, je ne serai plus aussi conciliant.
Damian se força à garder la tête froide. Il se laissa tomber contre le mur.
- J'irai m'excuser auprès de Romain, ne t'en fais pas.
- Je ne m'en fais pas. Je sais que tu ne voulais pas être méchant mais tu es rongé par quelque chose là et je ne peux pas t'aider si tu continues de te renfermer sur toi-même.
L'ailier pouffa malgré lui.
- Je peux gérer mes propres problèmes, Antoine, ne t'inquiète pas pour moi.
- J'en doute...
Antoine hésita quelques instants mais le comportement de son coéquipier le frustrait tellement qu'il se décida à creuser plus profondément.
- Est-ce que tu es tombé amoureux de Romain ?
Damian écarquilla les yeux pendant une fraction de seconde. Il sentit ses poings se serrer malgré lui. Cette simple question faisait bouillir son sang dans ses veines. Sûrement parce que c'était la vérité mais il était bien trop aveuglé pour le comprendre.
- Je ne tombe jamais amoureux...
- Peut-être, mais Romain si. Je vous vois vous tourner autour depuis quelque temps alors si tu ne comptes pas qu'il y ait un truc entre vous, je te conseille d'être clair avec lui.
- Pour qui tu me prends, capitaine ? demanda Damian
Antoine ne releva l'accent provoquant qu'il avait utilisé sur le capitaine.
- Pour qui tu es...
Il sembla se rendre tristement compte de l'image qu'il renvoyait. La colère et la frustration dans son regard s'atténuèrent. Il sentit ses lèvres s'ouvrir mais il hésitait. Il avait toujours tout garder pour lui, endurci son coeur de secrets, et où tout ça l'avait-il mené jusqu'à présent ? Il détailla Antoine devant lui. S'il y avait bien quelqu'un qui ne le jugerait pas, c'était peut-être lui.
- On s'est embrassés, murmura-t-il le plus bas possible. Et j'ai mal réagi, je suis parti.
Antoine hocha simplement la tête.
- Tu regrettes ?
- Pour être honnête, je ne sais plus du tout où j'en suis. J-Je pense que j'ai aimé mais c'est trop compliqué...
Le capitaine prit place à côté de lui, contre le mur.
- Et je n'ai pas envie de me lancer dans une relation maintenant, encore moins avec un mec.
- Tu fais comme tu veux, Dam', mais je ne veux pas que ça empiète sur tes performances ou sur tes relations avec l'équipe.
Il acquiesça. Il avait retrouvé son calme et c'était plutôt une vague de tristesse qui s'emparait de lui.
- Je ne suis pas sûr qu'il me pardonnera mon comportement de merde.
- Moi non plus, mais je me dis que si tu t'en soucis, c'est qu'il y a peut-être quelque chose à explorer entre vous deux.
Damien ne répondit rien et garda cette phrase en tête. Au fond de lui, il en avait envie. Le serrer dans ses bras, le voir à ses côtés, mais il n'en était pas capable de toute évidence. Les chuchotements, les rumeurs, les critiques, les insultes, il n'y était pas prêt.
- Sache que si quoique ce soit sort publiquement, de ton plein gré ou non, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour te soutenir, assura Antoine en le regardant dans les yeux.
Damian se demanda s'il lisait dans les pensées. Il lui sourit et le remercia. Il resta immobile longtemps, Antoine finit par le laisser seul, puis il se força à se détacher du mur carrelé froid. Il se rendit compte qu'il était toujours torse nu et un frisson glacé le parcourut.
Arrivé devant les vestiaires, il prit une forte inspiration et poussa la porte. Quelques regards le dévisagèrent et il se força à rester concentrer sur un Romain qui venait de se doucher et restait dans un coin. Il s'assit à ses côtés. Romain releva la tête et une expression de surprise masqua son visage.
- Excuse-moi pour tout à l'heure. J'ai été dégueulasse.
Le demi d'ouverture haussa les épaules.
- En vrai, on a tous fait de la merde ce soir... L'important c'est qu'on fasse mieux au prochain match.
- Je suis vraiment désolé pour les derniers jours. Avec ce qu'il s'est passé...
Romain retint son souffle. Il ne pensait pas qu'il aborderait le sujet.
- C'est encore compliqué pour moi et je sais que je ne fais pas tout bien mais... ça ne m'a pas laissé indifférent.
Damian rougit violemment en prononçant cette phrase et refusa de lever la tête vers son coéquipier. Il se contenta de tripoter nerveusement ses crampons qu'il venait de retirer. Romain était pourtant tout aussi rouge et hocha simplement la tête.
Antoine les observait d'un coin de l'œil et un demi-sourire naquit sur ses lèvres. Ils ne s'étaient pas si mal trouvés ses deux là, en tout cas il s'en assurait.
J'espère que ça vous a plu ! Merci pour la lecture et bonne soirée !
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