Chapitre 13

Salut ! Un chapitre un peu plus tôt que d'habitude, c'est quand même mieux que de poster à 2h du matin haha !

Et surtout un chapitre interminaaaaable, bon il est moyen mais je l'aime bien quand même, la fin d'un arc, le début d'un nouveau

J'espère que ça vous plaira ! Bonne lecture !


Chapitre 13


C'était le grand jour. L'instant qui structurait chaque seconde de sa vie depuis plusieurs mois prenait vit devant les yeux de Charlie. Elle restait immobile sur le siège passager de sa voiture garée à quelques mètres du Palais de Justice. Reiko, à l'arrière, observait par la fenêtre la petite foule de journalistes agglutinés sur les escaliers, attendant l'arrivée des différentes parties prenantes du procès. Antoine éteignit le contact et tourna la tête vers elle.

- Prête ?

Elle ne répondit rien. Il détacha sa ceinture et sortit de la voiture, fit le tour et ouvrit sa portière.

- On y va ensemble, murmura-t-il en lui tendant sa main.

Charlie haussa la tête et attrapa sa main. Il l'embrassa discrètement.

- Come on guys ! Let's end these assholes ! s'écria Reiko en déployant son parapluie pour se protéger de la fine pluie parisienne.

Le petit groupe se mit en marche vers l'immense bâtiment austère. Antoine posa son bras sur les épaules de la jeune fille mais le retira presque aussitôt. Les journalistes avaient déjà tourné les yeux vers eux et il ne voulait pas trop attirer l'attention. Malheureusement, ils se précipitèrent, micro tendus, criant tous en même temps, dans l'espoir de recueillir le moindre mot à mettre en une demain matin.

- Pensez-vous gagner le procès ?

Ils se frayèrent un chemin mais la nuée se regroupait et se resserrait autour d'eux.

- Pourquoi avez-vous caché votre passé ?

Charlie se força à baisser la tête pour se concentrer sur ses pieds.

- Le Stade Toulousain en a-t-il marre de vous voir faire la une des médias depuis trois mois ?

Antoine et Reiko écartèrent les silhouettes pour pouvoir déboucher jusqu'à la porte du tribunal.

- N'avez-vous pas peur que ces histoires pénalisent les performances d'Antoine Dupont ?

Charlie ne réagissait pas mais Antoine crut bien qu'il allait frapper le journaliste pour avoir posé cette improbable question. Elle s'agrippa à son bras pour l'empêcher de se détacher et qu'ils continuent de monter les marches.

Les phrases, les mots, les sons se mélangeaient dans l'esprit de la jeune femme comme un brouillard noir et paralysant. Sa respiration devenait de plus en plus erratique, son coeur tambourinait dangereusement dans sa poitrine. Elle se força à se rappeler ce qu'Antoine lui disait dans ses instants. Inspirer. Ce n'était pas le moment de s'effondrer. Expirer. Elle ferma les yeux. Inspirer.

Reiko, What does your club think of you missing training to attend this trial ?

Charlie n'entendit pas cette question, mais Reiko lui sentit toute la colère qu'il avait gardée pour lui jusqu'ici, déborder. Il attrapa le micro que le journaliste tenait et le balança au sol.

- My club doesn't give a shit because my island and my teammates consider Charlie as a member of our family. Not supporting her would have been a shame for me. If I were you, I would rather wonder how your government can be so corrupt. A little girl lost her parents and it took you 15 fucking years to find out. You can quote me.

Sur ces mots, ils finirent par rentrer dans le bâtiment et les membres de la sécurité du Palais de justice empêchèrent les journalistes de les suivre.

- You shouldn't have talked to them. You risk having problems, lança Antoine à l'adresse du Néo-Zélandais.

- Antoine, I understand that you can't express yourself too much so I take responsibility for that. Plus, it made me feel really good, rigola Reiko en lui tapant amicalement dans le dos.

Le Toulousain lui répondit par un triste sourire. Avec Charlie, ils s'étaient mis d'accord pour tout faire pour que le procès n'écorche pas l'image lisse et parfaite du rugbyman. Non pas qu'il lui avait demandé, au fond de lui, il aurait aimé dire quelques vérités à ces médias qui répandaient haine et mensonge sur cette affaire. Cependant, elle ne voulait pas qu'à l'approche de la coupe du monde en France, il soit en difficulté à cause du procès.

A peine Charlie avait-elle retrouvé un rythme cardiaque régulier, plusieurs personnes vinrent à sa rencontre. De nombreux joueurs du Stade Toulousain, Romain, Pita, Julien, Thomas, Nepo, Owens. Ugo lui fit une accolade en lui souhaitant bon courage. Damian se contenta de rester en retrait mais lui fit un léger sourire. Elle croisa le regard du policier qui s'était chargé de l'enquête à l'époque. Les deux journalistes de Médiapart qu'elle avait rencontrés plusieurs mois auparavant discutaient entre eux. Elle ressentit un certain soulagement à l'idée qu'ils n'avaient pas participé à leur comité d'accueil sur les marches du tribunal. Son avocat vint en dernier et la prit quelques instants à part.

- Je suis désolé pour les journalistes devant... Comment vous vous sentez ?

- Un peu stressée mais je suis soulagée de pouvoir enfin avoir une chance que ce pays répare cette injustice.

- Ne vous en faites pas, nous sommes prêts. Ne tardez pas à rentrer, je vais aller saluer mon confrère.

L'avocat fit ensuite quelques pas vers Antoine pour lui glisser un mot à l'oreille.

- Rentrez bien tous ensemble en même temps, je sais que vous le savez, mais nous nous lançons dans un combat de deux semaines, et il commence dès à présent.

Le rugbyman hocha la tête.

- J'ai beau avoir préparé pendant des mois Charlie pour son témoignage, attendez-vous à ce qu'elle perde pied à un moment, ça me paraît obligatoire. La défense va s'appuyer sur la non-fiabilité du témoignage d'une enfant ou sur son pseudo désir d'attirer l'attention sur elle avec ce procès. Ils vont utiliser votre relation. Autant que vous le pouvez, montrez que ça ne vous atteint pas. Et surtout, à aucun moment, il vous faut perdre votre calme.

L'avocat pointa ensuite du doigt Reiko.

- Je ne veux plus qu'il dise un seul mot aux journalistes ou à qui que ce soit. Votre rôle est de soutenir, pas de prendre la lumière.

- Bien sûr, Maître.

Il en informa à voix basse le Néo-Zélandais et ce-dernier leva les yeux au ciel mais ne trouva rien à redire.

Finalement, Antoine prévint tout le monde qu'ils allaient rentrer dans la salle du procès et ils suivirent Charlie marchant lentement vers, sans doute, la salle qui matérialiserait la fin d'une histoire.

La jeune femme franchit les imposantes portes de la salle, une atmosphère lourde et tendue l'accueillit. Les murs en bois sombre semblaient se rapprocher, écrasant la pièce de leur solennité. Les bancs étaient déjà occupés, et les murmures étouffés des discussions s'étaient transformés en un silence presque religieux lorsqu'ils pénétrèrent. Charlie sentit un nœud se former dans son estomac. Elle savait que ce serait difficile, mais être là, face aux coupables du meurtre de ses parents, rendait la situation encore plus oppressante. Elle avait l'impression d'être plongée dans une réalité qu'elle avait longtemps tenté d'éviter, une réalité imprégnée de douleur et de haine.

Lorsque ses yeux se posèrent sur les coupables, Charlie eut un frisson glacé. Leurs regards étaient froids, dépourvus de remords, comme s'ils avaient vendu leur âme à la cruauté. Elle resta bloquée sur leurs costumes noirs, leurs cheveux bien coiffés, comme s'ils étaient trop élégants pour être des meurtriers . Un contact visuel fugace fut établi, et elle sentit son cœur s'emballer. Leurs yeux semblaient percer son âme, ravivant les souvenirs douloureux de cette nuit tragique.

Des flashbacks la submergèrent, les cris déchirants, les flammes, la violence impitoyable, la couleur du sang. Elle se revit, petite fille et terrorisée. L'enfer qui l'avait saisie autrefois refit surface, menaçant de l'engloutir. Elle sentit la main d'Antoine qui se posait sur son épaule. Elle se força à garder sa détermination. Elle ne pouvait peut-être pas encore soutenir leurs regards mais la justice les mettrait au sol. Charlie s'arrêta devant le premier banc de la partie civile et s'installa à côté de son avocat qui lui lança un mince sourire. Antoine, Romain et Reiko s'assirent sur le deuxième banc, juste derrière elle. Elle pouvait sentir la main d'Antoine toujours sur son épaule. Elle ferma les yeux. Dans cette salle de justice, l'atmosphère pesante semblait prête à exploser, ou peut-être était-ce elle.

Ce fut ainsi que le procès débuta., lentement, faisant durer la douleur et la peur. La sélection des jurés. La narration des faits. Les psychologies des accusés. Les jours défilaient et l'endurance fut leur bien le plus précieux. Jusqu'à la fameuse séance de son témoignage.

Charlie se tenait devant la barre, son regard fixé sur le juge qui présidait le procès. La salle était emplie d'une tension palpable, chaque souffle, chaque frémissement semblait amplifié par l'importance de ce moment. Ses mains tremblaient légèrement, mais elle était déterminée à faire entendre sa voix, à témoigner enfin de l'horreur qu'elle avait vécue. Le silence régnait tandis qu'elle commençait à raconter le cauchemar qui avait coûté la vie à ses parents. Les mots sortaient de sa bouche, emplis d'émotion, sa voix tremblante trahissant la douleur qui résidait en elle depuis si longtemps. Les détails du meurtre étaient poignants, chaque mot pesant comme une ancre sur son cœur.

Puis vint le moment redouté où l'avocat de la défense commença son interrogatoire. Ses questions étaient acérées, conçues pour la déstabiliser. Il remit en question sa mémoire, suggéra que son témoignage était entaché par l'émotion, qu'elle pouvait se tromper sur les détails. Les mots étaient des couteaux tranchants, cherchant à décrédibiliser sa version des événements. 

Quelques protestations éclatèrent dans la salle, des murmures d'indignation, des cris d'encouragement envers Charlie. Le juge dut intervenir à plusieurs reprises pour rétablir l'ordre. La pression était étouffante, et Charlie se sentait vulnérable, exposée à tous les yeux qui pesaient sur elle. Finalement, alors que l'avocat de la défense estima qu'il n'avait plus de question, la tension resta insupportable, et le juge décida de lever la séance pour la journée. 

Charlie sortit de la salle en trombe, la poitrine oppressée . Les larmes brouillèrent sa vision, et elle se précipita vers les toilettes. Ses pas résonnaient dans le couloir comme un écho de sa propre anxiété. La pièce était petite, éclairée par une lumière blafarde qui faisait vaciller les ombres. Son cœur battait la chamade, et la panique prenait possession d'elle. Elle se dirigea vers les toilettes, les mains tremblantes, et s'agenouilla précipitamment, l'estomac se contractant violemment. Ses pensées se brouillèrent, et les souvenirs du témoignage tourbillonnèrent dans son esprit, une cacophonie d'images et de voix, un rappel de la douleur. Elle sentit l'acide remonter dans sa gorge, et un hoquet incontrôlable secoua son corps. Les nausées devinrent insupportables, et elle vomit dans la cuvette, luttant pour reprendre son souffle entre les haut-le-cœur. Elle entendit des petits coups à la porte.

- Je peux rentrer ? chuchota la voix d'Antoine de l'autre côté de la porte.

Elle ne répondit rien. Antoine finit par l'ouvrir et découvrit une Charlie au sol, la tête enfouie dans les toilettes, des larmes mêlées à des vomissements. La scène le toucha profondément, et son inquiétude prit le pas sur tout le reste. Sans un mot, il s'agenouilla à ses côtés, glissant une main apaisante dans ses cheveux. Il la soutint délicatement tandis qu'elle luttait pour retrouver son souffle. Le son des sanglots de Charlie lui brisa le cœur. Il aurait tout donné pour pouvoir effacer sa douleur, mais tout ce qu'il pouvait faire, c'était être là, la réconforter dans l'obscurité de cette pièce froide et impersonnelle. Ils restèrent ainsi, en silence, alors que la douleur et la douceur se mêlaient dans cet instant d'intimité. Les émotions étaient brutes et le réconfort était silencieux.


A plusieurs reprises, les jours suivants, elle ressentit à nouveau cette angoisse dans son corps. Les heures défilaient, les plaidoiries de la partie civile, puis de la défense annoncèrent la fin du procès. Aux alentours de vingt heures, le juge annonça que la cour se retirait pour délibérer.

- Ça peut durer très longtemps, il est tard, je vous conseille de trouver un hôtel pour vous reposer, déclara son avocat en refermant son dossier.

Charlie se tourna vers Antoine qui lui fit un léger sourire.

- Non, je préfère rester ici.

- Comme vous voulez. Faites attention à vous.

Antoine passa son bras sur ses épaules et ils sortirent de la salle.

- Viens on va s'asseoir, je vais aller acheter quelque chose à manger.

Elle hocha la tête. Ils s'installèrent sur un long banc. Elle sentait ses yeux lourds et une certaine forme d'angoisse disparaître. Comme si, peu importe le résultat, elle avait tout donné dans cette bataille. Romain les rejoignit et enlaça Charlie.

- Je suis fier de toi.

- Merci.

- Bravo Charlie, sourit Damian qui était derrière Romain.

Antoine les laissa entre eux et partit à la recherche de nourriture.

- I didn't understand much, luckily Gregory translated a little for me. I still have the feeling that the journalists were shocked by the defense of the accused, right ?

- I think so too. But I imagine we won't know until a few hours, répondit Romain en s'asseyant à côté de Charlie.

Cette dernière ne participait pas trop à la conversation. Elle laissa petit à petit la fatigue prendre possession de son corps. Elle reposa sa tête sur l'épaule de Romain et s'endormit dans un monde lointain, sans cauchemar.

- She looks exhausted, I wonder how long it's been since she had a full night's sleep, demanda Reiko.

- She had nightmares every night... répondit Romain en observant la jeune fille.

- I hope she can rebuild her life now. I'm sad that when she came back to France she had to go through all this again. I was the one who pushed her to take this job...

- It's not your fault, it would have happened sooner or later and I wouldn't have had the chance to meet her. Actually, I'll have to thank you, répondit Antoine qui revenait les bras chargés de salades de pâtes.

- At your service, captain, rigola Reiko.

- Elle s'est endormie ? demanda Antoine à l'adresse de Romain.

Le demi d'ouverture hocha la tête. Antoine sourit tout seul. Elle n'avait pas l'air de faire de cauchemar pour l'instant. Il enleva sa veste de costume et fit signe à Romain de faire la même chose.

- Allonge la.

Il plia sa veste pour qu'elle posa sa tête dessus et déposa celle de Romain sur le haut de son corps pour pas qu'elle n'ait trop froid. Il s'assit à ses côtés et indiqua au petit groupe de prendre des pâtes si l'envie leur en prenait.

- Toi, comment ça va ? demanda à voix basse le demi d'ouverture

- Je suis fatigué. J'ai l'impression d'avoir été dans un brouillard pendant des mois, de ne pas dormir, de m'inquiéter, de prendre soin d'elle. Je suis soulagé d'en voir le bout. Même s'ils ne sont pas reconnus coupables, au moins on aura fait tout ce qu'on a pu.

- Pour être honnête, je ne pensais pas que vous tiendrez, risqua Romain sans regarder son ami.

- Un mois de plus, on aurait éclaté, hocha la tête Antoine tristement. J'espère que ça va aller mieux maintenant.

Romain ne le dérangea pas plus longtemps et attrapa une salade avec Damian. Antoine remarqua que ce dernier avait prêté un sweat au Toulousain. Amusant, pensa-t-il.

La longue attente prit fin à deux heures du matin. L'avocat réveilla doucement Charlie et Antoine qui s'était également assoupi.

- La cour revient.

La salle du tribunal était plongée dans un silence solennel, les regards anxieux étaient fixés sur le juge qui, d'une voix grave, annonça le verdict tant attendu. Les cœurs battaient fort, les mains étaient serrées en anticipation de cette révélation cruciale. Coupables. Ils étaient déclarés coupables. Un murmure d'approbation et de soulagement parcourut la salle, puis se transforma rapidement en une vague d'applaudissements. Les yeux de Charlie s'emplirent de larmes, sa bouche s'étira dans un sourire radieux. La justice avait enfin été rendue. Elle se leva, incapable de contenir sa joie. Antoine se leva à son tour, et ils se serrèrent dans les bras. Reiko, Romain et tellement d'autres se joignirent à eux. Charlie pouvait sentir le poids de tant d'années de douleur s'envoler de ses épaules. La possibilité d'un avenir sans la menace constante des coupables la remplit de gratitude et d'espoir. Elle réalisa qu'elle pourrait enfin commencer à se reconstruire, à panser ses blessures et à imaginer un futur possible avec Antoine. Elle allait pouvoir enfin être heureuse. 



J'espère que vous avez aimé ! Oh la la Damian x Romain ça va être BANGER

Et aussi ce chapitre c'est Reiko ne pas insulter tout le monde challenge haha

Merci pour la lecture ! 

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