Chapitre 12


Salut ! Un chapitre centré sur Charlie, j'espère que vous aimerez ! 

Je pense dans deux chapitres on va entré en CDM haha

Bonne lecture !


Chapitre 12


L'enfer. 

C'était donc à ça que ressemblait l'enfer. 

Des cauchemars chaque nuit. La sensation si réelle de revivre encore et encore la même scène, jusqu'à en vomir ses tripes. Ils étaient en vie. Ces gens qui avaient réduit sa vie au néant étaient en vie, à l'abri depuis quinze ans. Ils pouvaient acheter leur pain, avoir un chien, sortir librement. Ils pouvaient faire tout ce que ses parents ne pouvaient plus. Elle ressentait cette injustice jusqu'au plus profond de sa chair. Et tout se mélangeait, la haine, la peur, la tristesse, pour grignoter le peu d'émotions qu'elle était encore en capacité de contrôler. 

Elle était à bout, oscillant entre des nuits blanches et des heures à s'effondrer sous le coup de crises d'angoisse. Tout ce dont elle s'était débarrassée depuis toutes ces années avait repris leur place. Les tics, les crises, les paniques, la peur omniprésente. Rien ne lui était épargné. 

Elle était de retour en enfer.

L'article de Mediapart avait fait les gros titres. 15 ans d'injustice : un ancien ministre de la justice protège des coupables d'un meurtre. Le récit de la famille Ima. Un simple titre. Quelques pages noircies de mots. C'était suffisant pour tout faire imploser dans une vie. Au début, elle n'avait eu qu'un seul appel de Reiko, le seul qui savait, en dehors d'Antoine, son véritable nom. Et puis, le parquet de Paris avait décidé d'ouvrir une enquête. Elle avait été citée comme témoin. Et tout avait refait surface. L'angoisse de leur faire face, de raconter les événements, d'être observé par des centaines de paires d'yeux la jugeant. Et si le procès s'achevait sur un non-lieu ? Et si personne ne la croyait ? Et si... 

Charlie se redressa pour frapper son poing contre son crâne. Elle n'arrivait pas à arrêter de tourner inlassablement ces pensées parasites. Elle se tourna pour voir qu'Antoine dormait profondément. Un autre problème. Leur relation se résumait à se croiser, à Antoine qui la consolait de ses cauchemars et à lui cacher de plus en plus de choses. Elle était déterminée à éviter, par tous les moyens, de l'emporter dans sa chute. Il méritait une relation saine, pas de découvrir l'enfer, et encore moins d'y rester. Elle repoussa les draps et partit s'enfermer dans la salle de bain, noyant son visage sous une eau glacée. Elle attrapa son téléphone pour passer un coup de fil.

- Charlie ? demanda la voix endormie de Romain

- On peut se voir ?

- Tout de suite ? Il est cinq heures...

- S'il te plaît, j'ai besoin de parler.

Elle l'entendit bailler bruyamment.

- Le café en bas de chez toi dans trente minutes ?

- Merci, murmura Charlie.

Charlie et Romain avaient développé une certaine relation depuis les révélations de l'article. Elle avait de plus en plus de mal à se confier à Antoine et ce fut tout naturellement que le demi d'ouverture s'était révélé être un ami précieux. Ils avaient pris l'habitude de parler de leurs problèmes de longues heures durant et elle pouvait à présent affirmer qu'il faisait partie de ceux qui la maintenaient encore à flot.

Elle attendait que Romain arrive en contemplant le café qu'elle avait commandé. Elle avait pris soin de rabattre sa capuche sur sa tête. Elle possédait un visage bien connu désormais, d'autant plus à Toulouse, et l'anonymat lui manquait.

- Salut.

Romain s'assit en face d'elle. Elle pouvait voir les cernes sous ses yeux.

- Ça va ?

- Tu me dois deux heures de sommeil, dit-il avec un demi-sourire.

- Pardon. Je n'arrivais pas à dormir et...

- T'inquiète, la coupa-t-il en posant sa main sur la sienne, dormir c'est surfait de toute façon.

Elle rigola et but une gorgée de café.

- Quoi de neuf alors ?

- Le procès est dans deux mois, je ne vais pas tenir.

- Toujours autant de cauchemars ?

- De pire en pire, et les somnifères me font péter les plombs et... c'est compliqué avec Antoine.

- Vous vous disputez ?

Elle pouffa.

- Même pas. Il est parfait, il encaisse tout, il essaye de me rassurer, il me laisse quand je veux être seule. Si tu savais comment je me déteste, il fait tout pour m'aider et ça m'agace, j'ai envie de lui hurler dessus parfois...

- Parce qu'il est trop gentil ?

- Parce que je suis horrible et que je ne le mérite pas, je ne le mérite plus.

Romain but une gorgée de café à son tour et plongea son regard dans le sien.

- Tu es dans une période difficile qui occupe tout ton cerveau, Antoine le sait bien, cette situation ne va pas durer éternellement.

- S'ils sont déclarés comme non-coupables, s'ils décident de m'attaquer en diffamation, et...

- Ça n'arrivera pas. Ton témoignage est corroboré par l'enquête de police de l'époque, tout va rentrer dans l'ordre.

Elle hocha la tête mais Romain sentit bien qu'elle n'y croyait pas vraiment.

- Peut-être que tu devrais regarder autrement la situation. Tu vas pouvoir tourner une page, faire la paix avec toi-même, ne plus te sentir responsable de quoique ce soit, être libre. C'est peut-être une étape par laquelle il faut passer, tu ne crois pas ?

- Peut-être.

Il lui sourit pour la rassurer.

- Je suis sûr qu'Antoine ne t'en veux pas d'être un peu ailleurs, il comprend comment tu te sens et il va être patient.

Elle hocha la tête.

- Et toi ?

- Moi..., soupira Romain en laissant son regard se perdre par la fenêtre, j'accepte petit à petit que je ne suis plus ce que je pensais être et ce n'est pas facile tous les jours.

- Tu en as parlé à quelqu'un ?

- A part toi, non. Il y a quelques mois j'avais lancé le sujet avec Antoine mais je ne sais pas, j'ai pas eu le courage. Tu dois me trouver ridicule, rigola-t-il.

- Bien sûr que non, s'empressa-t-elle de lui dire, tu le feras quand tu estimeras que ce sera le bon moment. Je veux simplement que tu saches qu'Antoine accueillera très bien ton coming-out, je pense qu'il s'en doute un peu.

Il se prit la tête dans les mains et se frotta les yeux.

- C'est ridicule mais j'ai peur que ça change des choses avec les gars, que dans les vestiaires je les gêne, qu'on me regarde bizarrement. Et je ne veux pas non plus être un token, une faire-valoir pour la fédé ou le club, j'ai juste envie d'être moi.

- J'espère qu'ils ne feront pas cette erreur.

Romain resta pensif un instant. Il voulait simplement vivre sa vie et il avait l'impression d'avoir un mur devant lui. Charlie demanda un deuxième café sans quitter le demi d'ouverture des yeux.

- Et t'as un petit crush ?

Romain ricana d'un air gêné.

- Raconte moi immédiatement, j'ai tout mon temps ! s'exclama-t-elle

- Rien d'exceptionnel, je parle beaucoup à une personne, mais très honnêtement, je doute qu'il doit bi.

- C'est qui ?

Il leva les yeux au ciel. Elle lui fit un magnifique sourire pour le convaincre.

- D-Damian.

Elle avala de travers sa gorgée de café.

- PENAUD ? Mais non ? Oh my god BEST COUPLE EVER.

- Pourquoi tu parles anglais tout à coup ?

- Pardon, c'est l'excitation ça m'a fait paniquer ! Mais vous parlez beaucoup ? Vous vous draguez genre ?

- Tous les jours, c'est juste on commente du foot pas mal ensemble, on s'envoie des meme, mais non pas de drague.

- La coupe du monde va être in-cro-yable... Tous les jours, à vous croiser, discuter, jouer ensemble. Je suis sûre que le plus hétérosexuel des hommes peut tomber amoureux de toi, Romain.

Il pouffa devant l'enthousiasme démesuré de la jeune fille.

- Il faut que j'y aille, finit-elle par dire après avoir regardé l'heure. Merci en tout cas d'avoir pris le temps de m'écouter, ça m'aide beaucoup.

- Quand tu veux !


Charlie poussa la porte de l'appartement. Elle ne s'attendait pas à voir Antoine dans la cuisine. Il se levait bien plus tôt qu'habituellement. Elle s'approcha.

- Salut, murmura-t-elle en l'embrassant sur la joue.

- Salut, marmonna-t-il. T'étais où ?

- Je suis sortie prendre l'air.

Il leva la tête pour la regarder dans les yeux.

- Tu sors souvent prendre l'air en ce moment.

Elle haussa les épaules, l'air de dire que non pas vraiment.

- Tu veux du café ? demanda-t-il

- Non, c'est bon.

- T'en as peut-être déjà pris avec quelqu'un d'autre ?

Il avait lancé cette phrase sur le ton de la discussion, comme si ce n'était qu'une question comme une autre.

- J'étais... avec Romain.

- Pardon ? Qu'est-ce que tu foutais avec Romain ?

Charlie avait du mal à trouver les mots. Elle avait honte même si elle n'avait rien fait de mal. - J'avais besoin de discuter à quelqu'un et...

- Attends, tu ne me parles pas depuis des semaines, je te laisse des portes ouvertes mais tu vas parler à Romain ? Tu m'expliques là, parce que je ne comprends pas.

Antoine était agacé mais surtout épuisé. Charlie faisait des cauchemars toutes les nuits, elle se levait à des heures improbables, alors lui non plus ne fermait pas l'œil. Il s'inquiétait pour elle. Il était terrifié à l'idée de la voir s'effondrer et d'être incapable de lui venir en aide.

- Ne m'en veux pas, c'est juste plus simple d'en parler avec quelqu'un de plus extérieur et... j'ai trop peur de te décevoir, que tu me trouves pathétique, que...

Antoine se leva d'un coup en soufflant d'agacement. Charlie l'observa, une boule d'appréhension grandissant dans le ventre.

- Putain Chalie ! C'est cette vision que t'as de moi ? Tu crois que tu vas me raconter tes cauchemars et que je vais t'envoyer chier ? C'est ça que tu penses ?

Sa voix plus élevée la fit frissonner.

- Non, j'ai juste du mal à parler de ça et j'ai l'impression de te déranger parfois et...

Elle sentit sa voix commencer à trembler, ses pensées se mélanger et sa respiration s'accélerer. Antoine se précipita et s'agenouilla en face pour être à sa hauteur.

- Regarde moi, mon coeur.

Charlie plongea son regard dans le sien.

- Que ce soit la chose la plus stupide ou la plus grave, tu peux me dire tout ce qui se passe dans ta tête. Tout ce que tu portes, je veux le porter avec toi. Je sais que je ne peux pas tout comprendre, mais je veux que tu partages tes angoisses, tes peurs.

Il pencha la tête pour que leurs fronts se touchent.

- Je t'en supplie, ne t'isole pas.

- Je vais essayer, chuchota Charlie.

Antoine se contenta de ces quelques mots, espérant qu'elle avait compris qu'elle pouvait lui faire confiance. Il se demanda depuis quand Romain et elle étaient devenus si proches pour qu'ils se voient à sept heures du matin. Il n'avait jamais vraiment ressenti ça mais il était un peu jaloux de son coéquipier. Elle fuyait son appartement pour aller le voir. Cette période était en train de le rendre fou. Et si le procès se déroulait en faveur des coupables ? Et si Charlie et Antoine continuaient de s'éloigner ? Et si... Toujours des et si...


Merci pour la lecture ! Bon je suis sûre qu'en vrai on peut témoigner sous X mais je voulais du drama donc voilà c'est comme ça haha

Bonne soirée ! 

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