Chapitre 11
Bon...
J'espère que vous êtes pas trop dégoutés par le match haha. Bravo à l'arbitre, encore homme du match.
Blague à part, voir ce genre de scandales dans des tournois internationaux, pour moi c'est lunaire, je suis habituée au handball (mon sport préféré, que je suis depuis que j'ai 10 ans) et les scandales d'arbitrage (en compétition internationale) n'existe presque plus et lorsqu'il y en a, les arbitres concernés n'arbitrent plus à haut niveau et les phases finales sont tjrs très bien arbitrées. Le rugby a un énorme problème et ne veut pas le régler, c'est le seul sport co de ballon où je vois encore de tels scandales dans des phases finales (ça n'existe plus à ce niveau là dans le hand ou le foot).
mais bon... qu'espérer d'un sport qui a tellement de règles chelous que mêmes les joueurs ne les connaissent pas toutes... pas grand chose j'imagine.
Je me suis dit que ça vous changerez les idées de lire un petit chapitre, j'espère que vous aimerez, j'ai adoré l'écrire !
Bonne lecture !
Chapitre 11
L'hiver avait laissé sa place au printemps, la saison touchait à sa fin et les joueurs toulousains se cachaient de moins en moins d'avoir la tête au prochain championnat du monde qui, d'autant plus pour les internationaux français, aurait lieu à domicile.
Antoine n'avait jamais paru aussi serein sur un terrain ou en dehors. Toulouse marchait sur le championnat français, tout comme dans les phases finales de la coupe d'Europe. Il semblait s'envoler un peu plus chaque jour, vers des exploits encore inexplorés du rugby. Tout était si simple, peut-être trop simple. Il y pensa quelques secondes alors que Charlie ouvrait le frigo pour en sortir quelques tomates. Est-ce que tout allait finir par lui échapper ? Il avait l'impression d'avoir déjà eu trop de chance cette année et une légère peur de s'éloigner cette bonne étoile ne le quittait pas. Et si... Toujours ce mot. Et si elle partait. Et si Toulouse perdait. Et si il se blessait.
- Tu me passes le couteau ?
Il ne réagit pas immédiatement, encore englué dans ses pensées.
- Antoine ? Tu veux que je te fasse ma sauce tomate maison ou quoi ?
- Oui, oui bien sûr, excuse-moi.
Elle éclata d'un rire cristallin en attrapant le couteau qu'il lui tendait.
- Tu es dans la lune ce soir... A croire que tu ne veux pas goûter ma sauce tomate.
- Pardonne-moi, murmura Antoine en se rapprochant doucement dans son dos.
Il passa ses mains sur sa taille pour l'entourer et déposer un baiser dans son cou.
- Ce n'est pas de ma faute, tu es en short et en maillot du PSG dans ma cuisine, je suis incapable de me concentrer.
Elle pouffa. Il fit exprès de l'embêter alors qu'elle coupait en quart les tomates pour les verser dans la casserole. Il passa une main discrète sous son t-shirt, laissant ses doigts caresser sa peau, observant les frissons que ce simple contact provoquaient chez elle. Il resserra son emprise pour qu'elle soit encore plus plaquée contre son corps musclé et Charlie lâcha le couteau.
- La sauce tomate, Antoine...
- Je suis sûr qu'on aura tout le temps de la faire après.
Il repartit à l'assaut en décorant son cou d'un millier de baisers. Charlie laissa un soupir s'échapper de ses lèvres. Antoine continua à parcourir sa peau de sa main jusqu'à effleurer sa poitrine.
- Pas de sous-vêtement, madame Witika ?
- Pas besoin de sous-vêtement pour faire la cuisine.
En lâchant cette réponse, Charlie se dégagea pour faire face à son amant. Elle s'empressa de l'embrasser. Le baiser était pressant et fiévreux. Elle attrapa le t-shirt du rugbyman pour le retirer. Antoine sourit alors qu'elle plaquait ses mains sur son torse pour le pousser vers le canapé du salon.
- Je croyais que tu voulais cuisiner, dit-il sur un ton taquin.
Elle le poussa et s'étala sur le cuir du canapé.
- J'ai été honteusement interrompu.
- Qui a osé ?
Elle ricana en s'asseyant au dessus de lui. Antoine caressa ses cuisses et embrassait à nouveau son cou. Il savait que c'était un endroit qui l'excitait fortement et ça n'échappa pas, elle gémit dans un soupir d'aise. Elle laissa tout son poids reposer sur lui, comme si elle s'abandonnait, incapable de penser à autre chose qu'à ses lèvres sur sa peau. Ses fesses se reposèrent sur son entrejambe et son érection commença à durcir violemment.
- Tu n'as plus besoin de ça je pense, murmura-t-il d'une voix grave en enlevant le fameux maillot du PSG.
Il se redressa légèrement pour embrasser ses seins. Elle rougit alors qu'une vague de plaisir s'emparait déjà de tout son corps.
- J'ai envie de toi, souffla-t-elle.
Il sourit et entreprit de la satisfaire. Leurs corps se complétaient comme deux aimants, ou deux amants, qui ne pourraient jamais s'éloigner l'un de l'autre. Charlie gémissait, Antoine frissonnait, s'approchant à chaque mouvement un peu de leurs orgasmes. Ils s'entendaient à la perfection, comme des âmes sœurs, faisant l'amour, connectés par un lien d'aucun seraient jaloux. Il y avait, dans la vie d'un être, des instants magiques auxquels l'un comme l'autre pouvait s'enorgueillir de goûter.
Charlie laissa reposer sa tête contre son torse, encore haletante. Il caressa délicatement ses cheveux, replaçant une mèche derrière son oreille.
- Merci, murmura-t-il.
- De quoi ?
- De mettre ce maillot, ça me donne une excuse pour passer les mains dessous.
Elle leva les yeux au ciel.
- Fais gaffe, je vais trouver un maillot de quelqu'un que tu hais et t'auras même pas envie de le toucher, pouffa Charlie en se redressant.
- Bon courage pour trouver quelqu'un que je déteste...
Elle fit semblant de réfléchir.
- Pourquoi pas un t-shirt avec Macron en immense ?
- L'enfer, soupira Antoine.
- Ah la la, qu'est-ce que je vais faire de toi, sale gauchiste.
Il leva les mains en l'air comme pour signifier qu'il était vaincu.
- Heureusement que tu n'es pas de droite, dit-elle en se relevant pour se rhabiller.
- Sinon quoi ?
- Je ne sors qu'avec des personnes de gauche. Ils sont plus sexy, particulièrement les rugbymen !
Antoine rigola, se dépêcha de jeter le préservatif et de se laver les mains pour poursuivre la conversation.
- Tu en connais beaucoup ? s'écria-t-il de l'autre bout de l'appartement
- Des rugbymen de gauche, j'en connais plein mais je ne suis amoureuse que d'un seul.
La phrase laissa un petit blanc. Avec seulement un bas de jogging, Antoine réapparut dans la cuisine. Charlie faisait mine de regarder les tomates mijotant dans la casserole.
- Tu peux répéter ce que tu as dit ?
Elle leva les yeux au ciel.
- Tu as dit quelque chose par rapport à moi c'est ça ? demanda-t-il avec un demi sourire naissant sur le visage
- J'ai dit que je t'aimais.
Il l'embrassa avec une passion qui lui fit perdre l'équilibre.
- Moi aussi je t'aime, répondit Antoine en la maintenant contre lui.
Charlie sourit. Elle avait lancé ces mots comme ça, sur le ton de la conversation, sans trop y penser, comme une évidence. Elle était fatiguée de réfléchir, d'anticiper, de calculer. Elle voulait vivre et elle pouvait vivre grâce à lui. Il lui avait appris à vivre de nouveau.
- Merci de me l'avoir dit, chuchota-t-il, tu es la plus belle chose qui me soit arrivée... Ikari.
Elle fut envahie par une étrange sensation. Ce n'était ni mauvais ni agréable, elle n'avait plus l'habitude d'être appelé par ce nom, c'était un peu comme s'il s'adressait à une inconnue.
- Désolé, s'empressa d'ajouter Antoine, je ne voulais pas te mettre mal à l'aise, je me suis dit que tu apprécierais peut-être que j'utilise ton véritable prénom, mais je n'aurais pas dû...
- Non, ce n'est pas grave. C'est simplement que ce n'est plus vraiment moi. Mais tu devrais essayer parfois quand on est tous les deux, peut-être qu'il est temps que je me réapproprie mon identité.
Il acquiesça tout en la gardant contre lui.
- Bon, je peux continuer ma sauce tomate, s'agaça faussement Charlie.
- Bien sûr, je ne sais pas pourquoi tu mets tant de temps à la mettre.
Il la lâcha et elle reporta son attention sur les fameuses tomates. Antoine repartit dans le salon pour ranger un peu le désordre qu'ils avaient causé.
Il était aux alentours de vingt heures trente lorsque la sonnerie de la porte d'entrée retentit.
- J'y vais ! s'écria-t-il à l'adresse de Charlie.
Il attrapa rapidement un t-shirt et traversa un long couloir pour arriver à la porte. Il ouvrit et tomba nez à nez avec deux hommes qui devaient avoir à peu près son âge, des chemises aux manches retroussées, un air grave flottant sur leur visage. Il fronça les sourcils.
- Bonsoir, monsieur Dupont, nous sommes deux journalistes de la rédaction de...
- Je vous coupe tout de suite, je ne réponds pas aux journalistes qui frappent chez moi à une heure tardive sans y être invité, je suis désolé.
Il s'apprêtait à fermer la porte mais un journaliste s'empressa de continuer.
- Monsieur, nous voulons parler à Ikari Ima.
Cette phrase laissa Antoine livide, paralysé par les mots de l'homme.
- Comment vous...
- Nous devons nous entretenir avec elle de toute urgence et elle n'est pas chez elle, nous imaginons qu'elle est donc ici.
Il acquiesça lentement la tête.
- Restez ici, je reviens le plus vite possible. Vous travaillez pour quel média ?
- Mediapart.
Antoine fit demi-tour et marcha jusqu'à la cuisine. Charlie versait quelques épices dans la casserole, elle avait un sourire sur le visage. Il déglutit. Elle avait l'air heureuse. Il ne dit rien pendant quelques secondes, comme s'il voulait lui laisser encore quelques instants d'insouciance et de répit. Avant l'explosion.
Ce n'était pas juste.
- Charlie.
Elle tourna ses yeux vers lui. Il avait un air grave.
- Qui c'était ? T'as l'air bizarre, tout va bien ?
- Ce sont des journalistes. Ils ont demandé à te voir.
- Tu peux les renvoyer alors, je ne peux pas, je suis bien trop occupé à cuisiner, répondit-elle d'un ton désinvolte qui serra le cœur d'Antoine.
- Ils t'ont appelée Ikari Ima.
Elle écarquilla les yeux et Antoine crut un instant qu'elle allait s'effondrer au sol. Elle fut prise d'un soudain vertige mais se reprit malgré tout.
- Ce sont des journalistes de Médiapart, si tu veux je peux...
- Non, c'est bon, fais les entrer.
Il hocha la tête alors qu'elle s'asseyait à la table glissant la tête dans ses mains. Il serra les dents et se força à tourner les talons. Les deux journalistes étaient toujours sur le pas de la porte. L'un était grand et brun et l'autre plus petit avec des tâches de rousseur.
- Vous pouvez entrer. Elle est un peu sous le choc, murmura-t-il le plus bas possible, appelez-la plutôt Charlie.
Ils acquiesçèrent et le suivirent. Lorsqu'ils arrièvrent dans la cuisine, Charlie s'était relevée et elle tendit sa main pour les saluer.
- Bonjour Madame Witika, nous sommes Philippin et Deléan, journalistes du pôle investigation de Médiapart.
- Asseyez-vous, répondit-elle simplement.
Antoine entreprit de faire chauffer de l'eau pour faire du thé. Il pouvait voir du coin de l'oeil Charlie qui tripotait nerveusement ses doigts.
- Madame Wi...
- Charlie s'il vous plait, visiblement vous savez tout de moi alors autant faire au plus court.
- Nous sommes ici pour vous parler d'une affaire extrêmement sensible. Nous menons une enquête depuis un an sur un réseau d'arnaque à la crédit à la consommation dans la région parisienne et nous avons trouvé des conflits d'intérêts entre les services de l'Etat de certains ministère et les agissements de ce réseau. Nous avons notamment des traces d'un cadeau d'un bien immobilier par un intermédiaire au cours de l'année 2006 et dans lequel des membres du réseau continuent d'habiter aujourd'hui. L'année 2006 correspond selon nos recherches à l'assassinat d'un couple d'immigrés japonais pour des dettes non réglées.
Antoine déposa quatre tasses sur la table et s'assit à côté de Charlie. Les mains de la jeune femme tremblaient et le rugbyman sentit sa poitrine se serrer atrocement.
- Nous avons remonté la piste et nous avons des preuves que le réseau a été protégé dans cette affaire d'homicide parce que le ministre de la justice de l'époque trempait dans des affaires de corruption avec ce réseau.
Charlie essayait de rester alerte mais les révélations pesaient de plus en plus lourd. Comment ça le putain de ministre de la justice ?
- Malheureusement, continua Déléan, nos recherches ont aussi révélé que leur petite fille avait réussi à se cacher et a été envoyée dans un programme de protection des témoins en Nouvelle-Zélande, sous le nom de Charlie Witika.
Il y eut un long silence pendant lequel Charlie se contenta d'observer les défauts de peinture de la table.
- Nous avons des preuves matérielles qui incriminent des membres nommés du réseau, Charlie et nous avons l'adresse de la maison en question. L'article est prêt et nous allons envoyer les preuves à la police dix heures avant la publication. Nous allons sans doute devoir révéler votre nom dans cette affaire, vous êtes le seul témoin des meurtres, pas dans l'article mais pour la police nous le ferons et ça ne tardera pas à fuiter.
- Vous ne pouvez pas éviter de parler d'elle à la police ? demanda Antoine alors que Charlie n'avait toujours pas décroché un mot
- Non, si la justice lance une enquête ils voudront vous entendre comme témoin, je suis désolé.
- Conneries, s'emporta Antoine, vous n'en avez rien à foutre, vous allez bousiller sa vie mais vous ne pensez qu'à votre papier de merde, vos petites vues sur vos post Twitter, vous...
- Arrête, finit-elle par l'interrompre.
Il passa ses mains sur son propre visage pour évacuer sa frustration.
- Je vous remercie de m'avoir prévenu, murmura Charlie. J'imagine que vous auriez pu décider de ne pas m'en parler avant.
Ils discutèrent encore deux bonnes heures pendant lesquelles ils décrirent l'enquête, les preuves qu'ils avaient trouvées, les témoignages, les liens politiques. Antoine refit du thé une fois de plus.
Plus tard, Charlie les raccompagna jusqu'à la porte, Antoine resta dans la cuisine, débarrassant les tasses. Elle revint vers lui et s'effondra en larmes dans ses bras.
Tout allait être réouvert, sa plaie, sa douleur, ses cauchemars.
Les cartes étaient rebattues.
L'angoisse et la peur reprendrait le pouvoir.
C'était donc ça, pensa Antoine, la chance qui lui tournait le dos.
Merci pour la lecture !
Bonne nuit !
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