Chapitre 1

Bonjour ! Premier chapitre de cette histoire où je ne sais pas du tout où je vais haha ! Chapitre long aussi (ne vous y habituez pas trop). 

Bonne lecture j'espère que ça vous plaira !

Chapitre 1

Elle tirait difficilement ses deux valises en direction du grand hall de l'aéroport. Elle remarqua tout de suite un homme en costume tenant une pancarte aux couleurs du club de rugby de Toulouse et son nom en grand inscrit dessus. Charlie Witika. Elle fit un petit signe et s'approcha de l'homme. Il enleva ses lunettes de soleil noir et lui sourit.

- Madame Witika ! Je suis Thibaut, chauffeur.

- Juste Charlie, s'il vous plaît, répondit-elle en lui serrant chaleureusement la main.

Elle avait toujours du mal à utiliser ce nom. Ce n'était pas vraiment le sien après tout...

- Suivez-moi, je vais prendre vos valises. Je suis juste devant l'aéroport. Vous avez fait bon voyage ?

- Un peu long, rigola Charlie.

- Oui, j'imagine. Un vol de 23 heures tout de même. Je vais vous déposer à votre logement de fonction, en plein cœur de Toulouse, vous allez voir, il y a une piscine incroyable !

Elle troquait l'océan pacifique contre une piscine. Qu'est-ce qu'il lui avait pris de prendre cette décision ? Thibaut s'arrêta au niveau d'une BMW et lui ouvrit la portière arrière avant de ranger les bagages dans le coffre. Le simple contact avec le cuir du siège aurait pu l'endormir immédiatement.

- Vous avez une rencontre avec le président du club et le coach principal pour la signature du contrat à 17 heures, ça ira ?

- Évidemment, répondit-elle simplement.

- Nous avons une demie-heure de route, vous pouvez dormir si vous...

- Non je vais regarder le paysage, je n'ai pas vu ce pays depuis très longtemps, Thibaut.

Il acquiesça, un peu intrigué et démarra la voiture.


L'entraînement touchait à sa fin et Antoine aida à ranger les ballons ovales dans le filet. Il était en pleine discussion avec Romain sur la reprise du championnat lorsque Julien et Ugo vinrent à sa rencontre.

- Antoine, commença le coach, comme tu le sais, ma nouvelle adjointe signe son contrat en fin d'après-midi, et j'aimerai que Julien soit là et toi également comme vice-capitaine.

- Ah oui, Witika... Pas de souci, je serai là.

Ugo sourit et s'éloigna les laissant tous les deux.

- Qu'est-ce que tu en penses toi ? murmura le demi de mêlée à son capitaine. Il y avait vraiment besoin de chercher quelqu'un en Nouvelle-Zélande, il n'y avait personne de plus près d'ici ?

- Elle a été dans le staff des All Blacks, elle a travaillé dans des centres de formation là-bas, elle a été approchée par le Leinster, le club a décidé de faire une offre défiant toute concurrence. On a déjà des joueurs de grandes qualités, je pense que nous apporter du sang neuf du côté du coach est une bonne chose.

- Si elle a bossé toute sa vie en Nouvelle-Zélande, pourquoi revenir ici ?

- Le mal du pays peut-être ? imagina Julien en infligeant une tape amicale sur les épaules d'Antoine. Essaye de ne pas trop lui poser des questions personnelles pour une première rencontre !

- Ça risque pas, rigola le petit, je ne vais pas l'ouvrir une seule fois !

Julien leva les yeux au ciel et partit en direction des vestiaires. Antoine Dupont était comme ça, silencieux, introverti et timide en dehors du terrain de rugby. Les grands discours, les grandes manifestations d'émotions, il ne connaissait pas et apprenait depuis son vice-capitanat de l'équipe toulousaine. Il aimait rester dans son coin, écouter les autres, se taire.

- Alors ça demande l'image du grand Dupont pour la photo officielle du contrat de la Witika ? le taquina Romain

- Ils ne peuvent pas se passer de moi... répondit Antoine avec un sourire amusé.

- Ça c'est ma star !

Ils disparurent tous les deux dans les vestiaires en rigolant. Romain et Antoine, le duo inséparable sur le terrain comme en dehors. L'arme du stade toulousain, comme de l'équipe de France. L'image parfaite et reluisante du sport français.

17 heures

Charlie descendit de la voiture de Thibaut qui venait de se garer dans le parking du club. Elle avait mis un pantalon taille haute et une chemisette blanche, une tenue qu'elle ne portait que très rarement mais qui était parfaite pour les rendez-vous professionnels importants. Elle était plus maillot de sport et hoodies.

Elle suivit le chauffeur jusqu'à l'entrée du bâtiment où l'attendait Didier Lacroix, le président, Ugo Mola, l'entraîneur, quelques membres du staff, Julien Marchand, capitaine et Antoine Dupont, joueur star du Stade Toulousain, sans doute présent pour son image. Ugo s'approcha le premier pour la saluer chaleureusement.

- Charlie, nous sommes ravis de t'accueillir et que tu rejoignes notre club !

- C'est moi qui suis ravie de faire partie d'un tel club, répondit-elle avec un grand sourire.

Elle serra la main de chacun des hommes présents, en finissant par les deux joueurs. Julien était un excellent talonneur, rapide et efficace, capable de créer des brèches et un courageux meneur d'homme. Et que dire d'Antoine, sans doute le meilleur joueur du monde actuel, mais surtout un joueur capable de créer, de faire évoluer le rugby.

- J'ai très hâte de travailler avec vous deux, dit-elle. Vous savez j'ai eu à ma charge beaucoup de jeunes prodiges en Nouvelle-Zélande, mais je me réjouis de vous entraîner. Avec des joueurs talentueux, la stratégie n'est qu'une formalité...

Elle avait déclaré ces quelques mots en regardant plus particulièrement Dupont et Julien se sentit alors obligé de le laisser répondre.

- J'ai hâte également, murmura Antoine, mais je dois dire que c'est inhabituel de voir une femme à ce poste.

Il n'y avait aucun jugement dans son ton, simplement un fait et Charlie ne se sentit absolument pas offensée.

- Ce club a toujours été dans l'innovation, il ne déroge pas à leur réputation une fois de plus. Comme partout où j'ai entraîné, je montrerai ce que je sais faire.

Elle lui lança un sourire plein de défi. Il reste interdit, ne sachant quoi répondre. Elle était impressionnante et il se surprit à l'observer plus précisément. Elle avait des cheveux noirs et des yeux en amande. Sa chemise cachait ses bras mais il pouvait apercevoir une partie de tatouage sur son poignet. Il se demanda si elle avait pu avoir des tatouages maori ? 

Elle discutait à présent avec Ugo et le président. Il ne put s'empêcher de constater qu'elle était belle, terriblement belle même. Mais il se reprit. C'était la première fois qu'une femme devenait entraîneure-adjointe d'un club professionnelle de rugby et ce n'était pas pour que les joueurs la voient comme un objet de conquête. Et puis il n'était pas du genre à avoir des relations de toute façon. Il vivait rugby.

Le rendez-vous continua avec de longues discussions, la signature du contrat devant les caméras du club et plusieurs photos pour la communication. Lorsque la pression redescendit un petit peu, elle reçut son équipementier et put discuter plus tranquillement avec Ugo de la manière dont il voyait cette saison, le Top 14, la coupe d'Europe et le jeu de Toulouse. La philosophie de ce club était de gagner et ils en étaient habitués, même si c'était de plus en plus dur chaque année. Les autres clubs progressaient, la supériorité de Toulouse n'était plus incontestable et il fallait travailler à de nouvelles perspectives et stratégies. Le génie de quelques-uns ne suffisait pas toujours.

- Tu te présenteras à toute l'équipe après-demain, pour l'entraînement. Je pense que tous les néo-zélandais de l'équipe seront contents de te voir, ils en parlent beaucoup, ils ont très hâte !

- J'en ai entraîné un certain nombre, il n'y a pas plus grande fierté de les voir performer à un tel niveau.

Charlie était réellement heureuse de pouvoir côtoyer des joueurs de l'île. Peut-être qu'elle lui manquerait moins de cette façon. Alors qu'Ugo continuait de lui parler, elle laissa son regard s'attarder sur la vitre qui donnait sur le terrain de rugby. Est-ce que tout se passerait bien ici ? Elle tourna les yeux vers Antoine en pleine discussion avec le kiné et se surprit à le détailler. Il était beau, très beau même, musclé, un regard doux et concentré à la fois. Elle chassa cette pensée alors qu'il venait de tourner la tête vers elle. Ce n'était vraiment, mais alors vraiment pas, ce pourquoi elle était revenue en France. Elle était venue pour le Stade Toulousain, pour coacher, pour faire gagner à cette équipe tous les titres possibles. Il n'y avait, dans ce plan, pas de place pour autre chose.


Avant son premier jour de travail et sa présentation à l'entraînement, Charlie s'était reposée et avait pris le temps d'étudier les différents joueurs de l'effectif. Honnêtement, elle pouvait demander n'importe quel style de jeu, technique offensive, défensive, il y avait tellement de talents uniques et complémentaires que tout marcherait. Tout ne se jouerait donc qu'à des détails...

Elle arriva à neuf heures et demie, alors que l'entraînement ne commençait que dans trente minutes et tomba nez à nez avec les joueurs néo-zélandais du Stade Toulousain. Ils accueillirent avec des applaudissements et s'approchèrent pour la serrer chacun leur tour dans les bras. Elle ne put s'empêcher de rigoler avec eux. Owen Francks et Nepo Laulala, qu'elle avait eu en équipe nationale, deux piliers talentueux. Piula Fa'asalele, deuxième ligne, toujours très sérieux, lui afficha pourtant un immense sourire. Pita Ahki, un joueur central de l'équipe (tout comme son poste d'ailleurs), la porta dans ses bras pour la hisser sur ses épaules et entamer une marche vers le terrain de rugby.

- Put me down, Pita ! s'exclama Charlie entre deux éclats de rire

- No, it's time to celebrate ! I can't believe you in my team from now on. Can't you bring Reiko with you ?

- Unfortunately no, he has his own carrier, I've got mine.

- Even in my dreams, I can't' imagine you two apart, rigola Piula en marchant à leur côté.

- Well, me neither, murmura doucement Charlie.

Reiko Ioane était un joueur de rugby avec qui elle s'était liée d'amitié depuis son arrivée en Nouvelle-Zélande, c'était lui qui l'avait initiée à ce sport et ils avaient grandi ensemble. Elle l'avait vu progresser jusqu'à un niveau international au rugby à 15 comme à 7 et leur amitié n'avait jamais faibli. Ils étaient inséparables, ils faisaient tout ensemble, ils avaient même habité ensemble pendant un temps. C'était lui qui lui avait conseillé d'accepter le contrat avec Toulouse. Il savait des choses sur elle que personne ne savait et lui avait dit qu'un jour elle devrait retourner en France et qu'y aller pour ce sport qu'elle aimait tant rendrait sans doute la tâche plus aisée. Il avait raison, évidemment.

Une fois sur le terrain, elle reconnut Ugo qui rigolait en observant le petit attroupement autour d'elle.

- Okay Pita, let me say hi to my boss please !

- As you want, you're my boss now after all, dit-il tout en sachant qu'elle ne le laisserait pas faire.

- I'm not, I'm you're coach, that's all...

- Yes coach, s'écrièrent-t-ils tous en faisant un salut militaire.

Elle leva les yeux au ciel.

- Really guys ? Just keep acting casual with me, please. And just call me Charlie...

Ils éclatèrent à nouveau de rire et elle s'échappa pour rejoindre le vrai coach.

- Je t'avais dit qu'ils seraient contents de te voir.

- Un peu trop si tu veux mon avis. Mais ça me fait plaisir de les voir. J'ai de bons souvenirs avec eux.

- Comment tu te sens pour notre premier entraînement ? s'enquit Ugo

- Très bien, j'apprécie que tu m'aies laissé me reposer mais la prochaine fois j'aimerai bien être au courant un peu en avance pour les préparer...

- Bien sûr, j'ai simplement pensé que tu voulais dormir un peu après le vol et prendre le temps de t'installer.

Elle hocha la tête.

- Je pense qu'on va juste travailler un peu les bases, des passes, de la mêlée et un dispositif de défense.

Petit à petit, les joueurs arrivaient. Ils venaient les saluer à chaque fois. Romain Ntamack resta un peu plus longtemps pour discuter.

- Pas trop dur le changement d'environnement ?

- Non, non, c'est plus parler à nouveau français tout le temps, ça fait bizarre.

- Tu étais depuis combien de temps là-bas ?

- Quatorze ans...

Romain eut un air surpris.

- Ah oui quand même. Bon retour chez toi alors !

Elle le remercia d'un sourire. Si seulement il savait qu'elle ne considérait pas ce pays comme chez elle, loin de là même. C'était Wellington chez elle. Elle n'eut pas le temps de rêver plus longtemps que Julien débarqua également en posant un bras sur les épaules de Romain.

- Je vois que tu as fait la connaissance de Ntamack, fais attention c'est chasse gardée ici...

Romain leva les yeux au ciel et Charlie fronça les sourcils.

- Antoine pourrait être jaloux si tu lui piques...

- Vraiment Julien, soupira Romain. Ne l'écoute pas.

Charlie rigola à son tour alors qu'Antoine se fraya un chemin vers eux.

- Salut tout le monde.

Ils répondirent tous par son surnom, Toto, mais elle se contenta d'un Antoine. Il ne lui répondit pas et se contenta d'un mince sourire et retourna vers un groupe plus loin. Elle se rappela qu'il était réservé et ne le prit pas personnellement.

Une fois tous les joueurs présents, Ugo les réunit et introduit sa coach adjointe.

- Le stade Toulousain a toujours été à la pointe de l'innovation, en matière de jeu, de collectif, de joueurs, alors ça me paraît évident que nous soyons le premier club professionnel du monde à avoir pour coach adjointe une femme et pas n'importe qui, Charlie Witika, grande tacticienne qui a participé notamment à la victoire des All Blacks en championnat du monde plusieurs fois.

Il eut droit à des applaudissements des néo-zélandais et invita Charlie à prendre la parole.

- Bonjour à tous. Je suis vraiment contente de faire partie de cette équipe, de ce club prestigieux et je sais que certains d'entre vous peuvent avoir des doutes, c'est normal, c'est quelque chose de nouveau. Sachez que j'adore entraîner, c'est ma passion et je me donnerai à 200% pour vous faire bénéficier de mon expérience et de mes connaissances et gagner le plus de titres ensemble. Si vous avez des doutes, des inquiétudes, des problèmes avec moi, ou ma façon de faire, il n'y aucun souci, venez me voir, on en parle, on trouve des solutions ensemble.

- Celui qui a un problème avec elle, qu'il vienne en parler à moi d'abord, s'écria Pita en Français avec un fort accent.

- Merci Pita mais je pense que ça ira, répliqua Charlie alors que tout le monde rigolait.

- Bien, puisque les présentations sont faites, on va commencer l'entraînement, échauffement s'il vous plaît messieurs !

La séance se passa très bien. Charlie put observer comment l'équipe s'entraînait, quels étaient les exercices phares et les routines des joueurs. Elle ne pouvait s'empêcher de sentir régulièrement un regard sur elle et aurait mis sa main à couper qu'il s'agissait de celui d'Antoine. Il restait toujours très effacé par rapport à elle mais il l'intriguait de plus en plus. Comme un joueur de son équipe, certes, mais pas que. Elle chassa cette idée de son esprit.

Antoine ne pouvait quitter des yeux Charlie. Il y avait quelque chose en elle qui l'attirait, son assurance, sa fierté d'être ici, son regard concentré. Il avait envie de lui parler, d'être près d'elle, de la découvrir, qui elle était, comment était sa vie. Il se mordit l'intérieur de la bouche. Il commençait à s'imaginer des scénarios qui n'arriveraient jamais. Un ballon de rugby finit dans sa tête.

- Un peu de concentration les garçons, s'écria Ugo.

Antoine pesta intérieurement contre lui-même et se força à ne penser qu'à l'entraînement. Penser rugby, respirer rugby. Rien d'autre. 



Merci pour la lecture !

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