Chapitre 10 - Hope 🪷

Hope

Dernière journée, enfin. Ça ne fait qu'une semaine et j'ai l'impression de vivre un supplice quotidien. Il faut que j'arrive à remettre en place toutes mes idées et que je me concentre sur mon travail. Je dois arrêter de me laisser distraire par tout et n'importe quoi ! Je sors mon carnet de mon sac et commence à planifier mon changement de vie dès la semaine prochaine.

Je pourrais commencer maintenant, mais on sort ce soir, je vais picoler et je risque de vomir sur un trottoir. J'aurais donc oublié toutes mes bonnes résolutions. Autant démarrer lundi en étant fraîche et sobre !

7 h : aller courir
8 h : faire une séance de yoga
Notes : arrêter de boire du vin (impossible)

Ça y est, je suis déprimée ! Je déchire le morceau de papier et envoie la boulette que je viens de faire directement sur la porte de mon bureau. Manque de bol - ou châtiment divin - elle atterrit directement sur la tête gominée de Zach

— Eh ! J'ai encore rien fait !

Il s'approche avec prudence comme si j'étais un chien prêt à mordre.

— Je peux entrer ? J'ai du café ! m'indique-t-il pour se défendre face à l'attaque.

Je lui fais un signe de la main, pointe le siège devant moi et m'affale sur le dossier du mien. Il me tend un gobelet de chez Starbucks et je dois bien avouer que ce petit cadeau tombe à pic.

— Qu'est-ce qui ne va pas Trésor ?

Je devrais lui dire qu'il doit arrêter de m'appeler avec ce genre de surnoms, mais au fond, je crois que j'ai pris l'habitude. J'en ai voulu à Zach, longtemps, d'avoir préféré sa carrière à moi. Et puis j'ai fini par comprendre que boulot ou pas, on n'était pas fait l'un pour l'autre. Je l'apprécie malgré tout, bien qu'il me tape constamment sur le système constamment, ce n'est pas un mauvais gars.

— Je me demande comment il peut y avoir autant de délinquants dans cette ville !

C'est un mensonge, mais je pointe ma pile de dossiers pour lui faire croire que le problème vient de là.

— Comment va ton joueur de foot ?

— À merveille ! Une ex un peu trop collante qui voulait empocher du pognon.

- Mais qui, grâce à tes talents machistes, s'est retrouvée sans le moindre dollar, c'est ça ?

— Évidemment, tu me connais.

C'est idiot, mais je souris. Ça me fait du bien de me détendre et de prendre le travail un peu plus à la légère. Je ne dis pas que j'ai envie de tête à tête comme ça avec Zach tous les jours, mais de temps en temps, pourquoi pas. Il se lève et me renvoie mon morceau de papier en ayant pris soin de lire avant.

— Tu devrais arrêter le vin et négocier du champagne gratuitement avec tes nouveaux clients ! Au passage, la blonde avait l'air plutôt mignonne...

— Dégage !

J'entends son rire s'éloigner dans le couloir et ma motivation avec lui... Je termine ma journée un peu plus tard que prévu, c'est le week-end et je veux que tous mes dossiers soient au point avant de partir. J'ai prévu plusieurs rendez-vous et fait du classement d'archives avec Emma. Quand je rentre à la maison, Sara a vidé tout mon dressing et transformé ma chambre en un magasin de vêtements. Je la vois fouiner à la recherche de je ne sais trop quoi.

— La voilà ! s'exclame-t-elle en tirant un tissu noir du chantier qu'elle vient de mettre.

— Tu sais que tu vas devoir tout ranger, n'est-ce pas ?

— Chut. Tais-toi la rabat-joie et enfile ça !

Je n'arrive pas vraiment à savoir si elle me tend un drap ou un rideau. Quoi qu'il en soit, elle peut toujours rêver pour que je mette ce truc-là.

— Jamais de la vie ! Je peux tout aussi bien y aller nue à ce compte-là.

— Écoute-moi bien, Hope Underwood. Ce soir, tu seras la bombe sexuelle la plus incroyable du bar, c'est compris ?

—- Mais...

— Il n'y a pas de mais. Déshabille-toi ou c'est moi qui le fait. Et je suis capable de t'arracher ton tailleur avec les dents s'il le faut.

Maudit soit cette fille et sa détermination à toute épreuve. Je soupire, comme si ça allait la faire changer d'avis, et retire mes vêtements pour passer sous la douche. J'y reste quelques minutes à peine, Sara me stresse à rester derrière la vitre en indiquant l'heure qu'il est comme une pendule.

Je m'approche du miroir et je dois bien reconnaître que cette robe en jette. Elle couvre mes bras jusqu'au poignet et s'ouvre dans un décolleté plus que plongeant. L'arrondi de ma poitrine se découvre au centre et m'oblige à laisser tomber l'idée du soutien-gorge. Le tissu long tombe en drapé jusqu'à mes escarpins, se fendant en haut de ma cuisse pour ajouter cette note à la fois sexy et indécente. Elle décale mes cheveux sur le côté et me regarde avec ce visage qui me fait sentir exceptionnelle. Je ne crois pas avoir été, un jour, regardé comme ça par un homme.

— Si je le pouvais, je t'épouserais ! Mais là, on n'a pas le temps !

Elle agrippe ma main et me presse jusqu'à la sortie de notre appartement. Une limousine nous attend en bas de l'immeuble. Je connais Sara depuis un millier d'années, pourtant, elle réussit toujours à me surprendre...

— Aller bébé, grimpe !

Sa courte robe rouge disparaît dans la voiture et je la suis rapidement.

— Où est-ce qu'on va ?

— À l'Éclipse !

— Comment veux-tu qu'on entre dans cet endroit ?

La portière s'ouvre avant que l'on ne démarre. Austin, notre voisin, grimpe à son tour et s'occupe de fourrer sa langue dans la bouche de Sara sans même me saluer.

— Abstenez-vous de faire ça devant moi. Par pitié.

— Excuse-la, ça commence à faire des mois qu'elle ne sait plus comment on chevauche un mec ! se justifie Sara suite à mes propos.

Je ne prends pas la peine de répondre et me contente de fixer les rues qui défilent à travers les vitres teintées. Au fond, elle a raison.

Austin est serveur à l'Éclipse depuis quelques mois, je suppose que c'est notre ticket d'entrée. Le bar est situé dans l'Upper East Side, dans l'une des rues les plus chics de la ville. Il est presque 22 h lorsque la limousine nous dépose devant l'entrée. Je ne suis pas la plus grande fan de ce genre d'arrivée qui attire forcément l'attention, alors je me dépêche de m'approcher du vigile qui garde l'entrée. Grâce à Austin, nos deux noms sont sur la liste et nous découvrons enfin le bar le plus en vogue de New York.

La teinte sombre des murs contraste avec les néons blancs disposés au fond de la salle, au niveau de la piste de danse. Les lumières sont tamisées dans l'espace réservé aux tables. Des touches dorées sont visibles sur les meubles et le bar. C'est à la fois très intimidant et incroyablement envoûtant.

Je suis mon amie et ce qui lui sert de petit-ami jusqu'à notre table, qui à ma grande surprise, est réservée. Nous commandons des shots de tequila pour bien commencer la soirée. Au bout du troisième, je fais une pause pour laisser mon regard errer sur le lieu. Je suppose que les gens ici sont plus riches que je ne le serais jamais. Tout le monde est habillé comme si nous allions faire un défilé de mode, et le rythme de la musique emporte une bonne partie des invités.

Je m'attarde sur le coin VIP de la salle. Des lumières violettes donnent aux visages des allures effrayantes. Et là, assis sur une banquette en velours, les bras posés sur le dossier, je le vois. Sa chemise noire est remontée sur ses avant-bras et légèrement ouverte sur le col. Il est encore plus beau comme ça. Comment c'est possible qu'il soit au même endroit que moi, ici, ce soir ? Son regard se pose sur le mien et je crois y lire une pointe d'étonnement, alors je comprends.

— Tu savais ? Dis moi que tu savais ?

Mes sourcils sont tellement froncés que je suis sûre d'avoir creusé une ride au milieu de mon front. Sara tourne la tête vers l'homme que je n'avais pas envie de revoir et me sourit, gênée. Enfin, gênée, c'est ce qu'elle tente de me faire croire, car je sais qu'elle est responsable !

— Ok ok... Je savais que c'était son bar. Mais je ne savais pas qu'il serait là ce soir !

— Comment ça, SON bar ? m'agacé-je en ayant envie d'étriper ma meilleure amie.

— C'est le proprio d'ici. Ce truc est à lui.

Il continue de me fixer depuis l'autre bout du club et je ne sais pas si j'ai envie de vomir, de devenir une petite souris pour me cacher sous un meuble ou de commettre un meurtre avec le cure-dent sur lequel est piquée l'olive de mon cocktail. Mais quand je tourne à nouveau la tête pour m'en prendre physiquement à la traîtresse qui me sert d'amie, elle disparaît aussitôt pour aller se frotter à Austin sur la piste de danse.

C'est décidé, je vais la tuer.

Il est toujours assis à me regarder. Un homme s'approche de lui et se penche pour lui parler, bien sûr, je n'entends pas un mot de leur conversation. En revanche, je distingue nettement le pistolet qu'il cache à l'arrière de son pantalon. Lorsqu'il se relève, Kyle hoche la tête et détourne son attention sur son téléphone portable. Je ne sais vraiment pas ce que cache ce mec, mais je sais que les doutes que j'ai sur lui sont fondés. Pourquoi faut-il toujours que je croise la route des hommes à problèmes ?

Je quitte la table et m'approche du bar pour me noyer dans ma vie merdique.

— Je vais vous reprendre un shot de tequila. Quoi que, mettez-en deux.

— Soirée compliquée ?

— Vie compliquée !

Le serveur me sourit et me tend mes deux verres. Je bois le premier d'une seule traite et enchaîne avec le deuxième que je renverse à moitié sur la peau nue de mon décolleté. Je sens l'alcool glisser entre ma poitrine et terminer sa course sur mon nombril.

— Bordel. Est-ce que je peux...

— Tenez.

Cette voix. Sa voix. Il se tient à mes côtés et me tend une serviette en soie blanche. Un simple mouchoir aurait suffi, mais je l'attrape et tamponne doucement le liquide. Je sais que je rougis comme une tomate et je remercie les lumières d'être si faibles pour ne pas que ça se voit. Mon regard détaille les tatouages de sa main et remonte lentement sur son avant-bras.

— Je peux vous offrir un verre ? Avec une paille bien sûr, histoire que vous ne loupiez pas votre bouche cette fois.

Son sourire en coin est encore plus agaçant que sa phrase en elle-même. Malgré tout, un verre ne se refuse pas, surtout s'il l'offre vient de quelqu'un comme lui.

— Ne vous en faites pas pour moi, je sais me servir de ma bouche.

Le petit rire qui s'échappe de ses lèvres insolentes me fait comprendre que la tournure de ma phrase n'était pas forcément adaptée... Je viens clairement de lui faire une proposition, sans même m'en rendre compte. Sara a raison putain, j'ai besoin de sexe en urgence ! Et soyons honnête, Kyle Rollins est à lui tout seul une invitation à la luxure.

— Après vous.

Je descends du tabouret et me dirige vers la partie VIP du bar. Je sais que je fais une erreur, mais ce soir, l'alcool aidant, j'ai envie de vivre ma vie. 

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