Chapitre 8


J'étais encore toute retournée de ma discussion avec Sean. Avait-il dit cela pour provoquer mon empathie ou avait-il cet instinct protecteur envers toutes les filles ? Après tout, il me connaissait à peine.

À l'heure du midi, je m'installai comme la veille à la table des filles. Elles parlaient avec exaltation de la fête de samedi. Quant à moi, je mangeais silencieusement, perdue dans mes pensées.

C'est alors que je vis cette traînée de Chelsea (excusez le mot) embrasser Sean à pleine bouche en plein milieu de la cafétéria. Celui-ci avait les mains sur ses fesses.

Tout d'un coup, mon appétit avait disparu.

Mais qu'est-ce qui me prenait ?

Les démonstrations d'échange de salive en public me répugnaient. (Non, je n'avais jamais essayé, et non l'envie n'y était pas non plus)

Lorsque je vis les mains baladeuses de Sean monter plus haut, je détournai les yeux.

- Et une de plus ! s'exclama joyeusement Océane. Il ne lambine pas.

- Je vais aux toilettes, annonçai-je en me levant.

Je commençais en avoir marre de ces sous-entendus !

Elles ne voulaient pas m'expliquer ce qui ce passait ici, alors je n'avais pas l'intention de rester une minute de plus en leur compagnie.

- À plus tard ! me dirent-elles.

Lorsque j'entrai dans les toilettes, j'entendis des pleurs provenant d'une cabine. Je frappai doucement.

- Ça va ? demandai-je ? As-tu besoin de quelque chose ?

Peut-être qu'il n'y avait plus de papier hygiénique.

- Non, merci, répondit-elle.

Je n'insistai pas, allai aux toilettes, puis me lavai les mains. C'est à ce moment-là qu'elle sortit de sa cabine.

La fille avait l'air d'avoir beaucoup pleuré. Ses yeux étaient gonflés et tout rouges et son maquillage avait coulé.

Je lui tendis un petit tampon démaquillant que je gardais toujours sur moi.

- Merci, me dit-elle en s'épongeant les yeux.

Je remarquai alors que ses souliers étaient tachés de peinture.

- Qu'est-ce qui s'est passé ? demandai-je en pointant ses pieds.

- Ils veulent ruiner ma réputation.

- Qui ça ?

- Peu importe, toute l'école s'est liguée contre moi, répondit-elle d'une voix tremblante.

Ce devait être  ma voisine de case.

- Pourquoi ? interrogeai-je.

Elle haussa les épaules, ne voulant apparemment pas préciser.

- Je suis Céleste, me présentai-je.

- Cathy, dit-elle.

- Je suis nouvelle, précisai-je. Aimerais-tu me faire visiter l'école ? Je ne sais pas où est la bibliothèque...

C'était seulement une excuse, car j'étais passée devant le matin-même, mais cette fille paraissait seule et déprimée et j'éprouvais de la sympathie pour elle.

- Tu ne devrais pas te tenir avec moi, dit-elle alors en me regardant droit dans les yeux. Ils l'ont interdit.

- Qui ça ? Je vais aller leur botter le cul !

Elle pouffa, et je sus que mon commentaire l'avait rendue un peu plus gaie.

- Tout le monde, reprit-elle en perdant son sourire.

Je ne comprenais absolument rien.

- Je suis tombée dans une école de cinglés, grommelai-je. Il se passe de drôle de choses ici.

- Je ne te le fais pas dire, dit Cathy.

Puis, elle ajouta :

- Viens, je vais te montrer la bibliothèque.

Nous sortîmes des toilettes en discutant. Je lui racontai que j'étais arrivée depuis peu au Vermont.

Elle était vraiment gentille. J'avais l'impression que je pouvais me confier à elle sans qu'elle me juge et qu'elle garderait cela pour elle.

Cathy était une très belle fille, plus petite que moi, et paraissait toute fragile. Ses cheveux châtains étaient plus longs que les miens avec une frange sur le côté, elle avait de grands yeux marrons teintés de vert, de longs cils noirs et une taille fine. Elle était vêtue simplement, mais à la mode.

- As-tu un petit copain ? me demanda-t-elle.

- Non, répondis-je. Je suis célibataire.

- Alors, bonne chance pour leur échapper.

- Échapper à qui ?

- Le trio des joueurs.

Elle devait parler de mes chers potes Ed, Phil et Sean.

- À quoi jouent-ils ? Au basketball ?

- Si seulement c'était ça.

- Dans ce cas, dis-le-moi !

- Eh bien...

« Céleste ! » entendis-je une voix m'appeler.

Laurie arriva vers moi.

- Viens, me dit-elle en me tirant par le bras. Tu ne dois pas lui parler.

Cathy se rembrunit.

- Mais...commençai-je.

Cependant, Laurie m'avait déjà entraînée dans le couloir.

Je jetai un regard d'excuse à Cathy et lui fit un petit signe de la main pour lui dire au revoir.

Nous retrouvâmes les autres filles dans le corridor, et c'est à ce moment que j'éclatai :

- Quelqu'un va-t-il enfin m'expliquer ce qui se passe ici avant que je pique une crise de nerf ?

Elles échangèrent un regard confus, puis Alexia dit :

- Autant lui dire avant qu'elle ne l'apprenne par quelqu'un d'autre, ou pire, par l'un d'eux.   

_________

Photo:

Cathy

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top