Je restai longtemps assise sur le bord du lac en espérant que Sean revienne, mais il était bel et bien parti. Je lui envoyai même des SMS auxquels il ne répondit pas. Génial ! Maintenant, les rôles étaient inversés. Je passais pour la méchante.

Je me couchai très tard et dormis très mal.

Je venais juste de fermer les yeux lorsque les premiers rayons de soleil pénétrèrent dans ma chambre.

Je grognai en me levant, regardai à peine ce que j'enfilai et brossai rapidement mes cheveux que j'attachai lâchement.

Puis, je me traînai les pieds jusqu'à la cuisine. Lorsque j'y entrai, je trouvai ma mère et mon père en train de s'embrasser.

Ils perçurent aussitôt ma présence et se séparèrent.

- Céleste ! s'exclama ma mère. Ce n'est pas ce que tu crois !

- Ah bon, je croyais que vous mangiez puisque vous paraissiez vous dévorer.

Ma mère devint rouge comme une tomate tandis que mon père parut mal à l'aise.

- Vous pouvez continuer, dis-je en prenant une pomme. Je partais, de toute façon.

Je n'attendis pas plus d'explication et quittai la cuisine. Bon Dieu ! Mes parents étaient incapables de se sentir, mais lorsque venait le temps de s'embrasser, ils remportaient toutes les manches.

Je grimpai dans ma voiture et me rendis à l'école.

J'arrivai en avance et allai rejoindre Cathy, qui lisait sur un banc.

- Salut ! lui dis-je en m'assoyant à côté d'elle. Quoi de neuf ?

- Pas grand-chose et toi ?

- Moi non plus, à part que je viens de surprendre mes parents en train de se bécoter.

- Qu'y a-t-il de mal à ça ?

- Ils sont divorcés depuis dix ans.

Cathy écarquilla les yeux, ce qui me fit rire.

- Et toi, comment ça se passe avec Ed ? lui demandai-je.

- Pas si mal. Il m'a offert une bague, répondit-elle en me montrant son doigt.

- Wow ! m'exclamai-je, elle est vraiment belle.

- Merci. Nous sommes désormais un couple.

- Félicitation. Je suis contente pour vous.

Elle me répondit par un petit sourire timide.

- J'ai croisé Sean ce matin, me dit-elle. Il n'avait pas l'air dans son assiette.

- Je sais. Nous nous sommes disputés hier.

Cathy me regarda d'un air moqueur.

- Déjà votre première chicane de couple ? Vous ne lambinez pas.

- Encore faudrait-il qu'on soit un vrai couple. Disons que j'ai de la difficulté à lui faire confiance.

- Je te comprends. Moi aussi, j'ai eu de la difficulté à croire qu'Ed était vraiment sérieux, mais finalement, j'ai fait le bon choix en lui faisant confiance.

Je n'osai pas lui demander si elle avait couché avec lui.

- Je crois que j'ai tout gâché avec Sean. Il m'a avoué ses sentiments, et je l'ai rejeté. Il doit me détester.

- Je suis certaine que non, Céleste. Va régler ça avec lui le plus vite possible.

Je hochai la tête, puis me levai. Je devais trouver Sean et lui dire ce que je ressentais aussi pour lui.

Je passai par la cafétéria, mais elle était déserte, puis, la bibliothèque, mais je n'y vis que quelques étudiants. Finalement, je le vis dans un couloir près de la classe de français.

Je me dirigeais vers lui lorsque je remarquai qu'il n'était pas seul. Il était penché sur une fille et son visage étaient à quelques centimètres seulement du sien.

Elle portait un décolleté si plongeant qu'on voyait la moitié de ses seins. Il discutait avec elle en lui souriant tandis qu'elle avait un regard de biche.

Je m'arrêtai à quelques pas d'eux, pétrifiée.

Comme s'il avait perçu ma présence, il leva les yeux et son sourire s'évanouit. Nous nous fixâmes ainsi pendant un moment, puis je tournai les talons en murmurant un « Salaud » que je suis sûre qu'il entendit.

Je m'enfermai dans les toilettes et pleurai.

J'ignore combien de temps je restai ainsi, mais je crois que je manquai le cours d'histoire, et peut-être même celui d'éducation physique, mais je m'en moquais. Je n'avais qu'une envie : me rendre à l'hôpital pour voir mon frère.

Je sortis des toilettes avant la fin des cours et roulai jusqu'à l'hôpital. Heureusement, mon frère était seul. Il regardait la télévision accroché sur le mur devant son lit.

Lorsqu'il me vit arriver, il fronça les sourcils ; je devais avoir une sale mine.

- Bouffonne ! Que se passe-t-il ? me demanda-t-il.

Je me laissai tomber sur la chaise près de lui et éclatai en sanglot.

Je suis sûre que s'il avait pu, Justin m'aurait pris dans ses bras pour me réconforter, mais il était incapable de bouger.

- Je...je crois que je suis tombée amoureuse d'un con, répondis-je en m'essuyant les yeux.

- Sœurette, dit-il en me faisant un petit sourire, tous les mecs sont cons, et je sais de quoi je parle ; j'en suis un.

Je secouai la tête.

- Est-ce que ce serait Sean, par hasard ? J'ai vu comment il te regardait. Ce mec t'a dans la peau.

- Je...je ne crois pas, non.

- Mais si, Céleste. Je le connais depuis un bout de temps, et la seule fois où je l'ai vu avec des étoiles dans les yeux, c'est lorsqu'il nous a montré sa nouvelle voiture.

- Tu me compares à une voiture ?

- Non, je veux seulement te faire comprendre qu'il te regardait comme s'il avait gagné une Lamborghini. Et encore, je crois que si tu avais été à côté, il n'aurait vu que toi.

- Oh, arrête tes plaisanteries, Justin. Je viens tout juste de le surprendre avec une fille.

Mon frère parut très surpris.

- Il l'embrassait ? demanda-t-il.

- Non, il lui parlait, mais de beaucoup trop près. En tout cas, d'assez près pour voir la taille de ses bonnets.

Justin éclata de rire, ce qui le fit tousser et grimacer de douleur.

- Ce con essaie de te rendre jalouse, et ça a plutôt bien fonctionné.

- Quoi ?

- Ne fait pas cet air surpris, Céleste. C'est la tactique de tous les gars.

- C'est grotesque !

- Peut-être, mais ça fonctionne.

Je me trouvais pitoyable d'avoir pleuré ainsi.

- Le seul conseil que je peux te donner, c'est de persévérer. Un jour, vous en sortirez gagnants.

- Merci, Justin. Tu es le meilleur frère au monde.

Il sourit en guise de réponse tandis que Jenny entrait dans la chambre. Je le laissai avec elle, puis retournai à l'école, de meilleure humeur.

J'avais décidé que cet après-midi là, Sean allait en baver.