Chapitre 33




La poterie se révéla beaucoup plus difficile que je l'imaginais. Personne de la classe ne réussit à faire un vase droit. Le mien ressemblait plutôt à la tour de Pise. C'était toujours mieux que celui d'Ed qui ressemblait à un cornet de crème glacé fondu.

À la fin du cours, Sean insista pour me parler, mais je lui répondis sèchement que j'étais pressée et m'en allai presqu'en courant.

Je l'évitai le reste de la journée. Il vint s'asseoir à notre table à l'heure du dîner, mais je feignis devoir aller à la bibliothèque pour un devoir.

Ce soir-là, j'étais dans ma chambre devant le film « Les Aristochats » et avec un sac de jujubes lorsque je reçus un SMS de Sean.

« Nous devons parler » disait-il.

« Je n'en ai pas envie »

« Pourquoi tu m'as évité toute la journée ? »

« Pourquoi tout le monde pense que je fais encore partie du jeu ? »

« Je ne sais pas »

Sale menteur.

« Peut-être parce que je m'intéresse à toi. » écrivit-il

« Ouais...parce que tu veux seulement me baiser »

« Si j'avais voulu seulement baiser une fille, comme tu dis, j'en aurais choisi une moins chieuse que toi. »

Quelle gentillesse !

« Est-ce qu'on pourrait en parler de vive voix » ajouta-t-il. « Je pourrais venir te voir »

« Absolument pas. Mes parents et mes frères sont là. »

« Dans ce cas, viens chez moi »

Chez lui ? J'avais encore plus de chance de finir dans son lit !

« Non »

« Alors, rejoins-moi sur le bord du lac près de chez Alexia. Je dois absolument te dire un truc »

« Quel truc ? »

« Viens et tu le sauras »

Je poussai un long soupir. Il me connaissait maintenant assez bien pour savoir à quel point j'étais curieuse.

« D'accord, mais c'est mieux d'en valoir la peine. J'arrive. » répondis-je

« À tantôt, beauté xxx»

J'enfilai un pantalon en molleton et chandail à manches longues, puis sortis par la porte arrière afin de ne pas susciter les questions de mes frères.

J'arrivai dix minutes plus tard sur le bord du lac. La lune était pleine et son reflet était projeté sur l'eau, créant un spectacle magnifique. Sean était déjà arrivé car j'apercevais sa silhouette sur la plage.

Je marchai vers lui en prenant soin d'enlever mes souliers et, lorsqu'il me vit, son visage s'éclaira par un sourire éblouissant.

- J'avais peur que tu ne viennes pas, me dit-il en s'approchant de moi.

Il me fit la bise puis m'observa d'un air tendre. Étrange...

- Moi aussi, j'avais peur de ne pas venir, lui dis-je, ce qui le fit rire. Qu'est-ce que tu voulais me dire ?

Il redevint sérieux et me fixa.

- J'ai compris pourquoi tu m'évitais, dit-il. Je t'assure que je ne veux pas coucher avec toi à cause du jeu.

- Pourquoi, dans ce cas ?

- Parce que...je veux plus que du sexe avec toi.

Je le fixai, interloquée. Qu'est-ce qu'il voulait dire ?

- Je ne comprends pas.

- Au début, j'avoue que mon intérêt n'avait rien d'honorable, mais j'ai appris à te connaître et tu m'as charmé.

- Arrête tes conneries, Sean. Tu me dis ça uniquement pour que je tombe dans tes bras et ensuite tu me jetteras comme tu l'as fait avec les autres.

- Je t'assure que non.

Je croisai mes bras, choquée.

- Prouve-le.

Il fronça les sourcils, puis plongea la main dans la poche de son jean et sortit une poignée de bagues d'humeur.

- Tu vois ça ? me dit-il.

- Oui, ce sont les filles avec qui tu as couché pour le jeu.

Il hocha la tête, puis se tourna vers le lac. Alors, à ma plus grande stupéfaction, il les lança dans l'eau.

- Je ne veux plus rien savoir de ce jeu, dit-il en se retournant vers moi.

Je secouai la tête.

- Il en faudra plus, Sean.

- Qu'est-ce que tu veux que je fasse pour te prouver que je suis tombé amoureux de toi, cria-t-il alors.

Je sursautai. Son air grave me fit comprendre qu'il était très sérieux et qu'il ne jouait pas la comédie. Mon cœur s'accéléra : même dans mes rêves les plus fous, jamais je n'aurais osé espérer qu'il me dise quelque chose de ce genre un jour. Malheureusement, la vérité, c'est que je ne croyais pas être la fille qu'il lui fallait.

- Je ne t'aime pas, Sean, mentis-je.

Il ne réagit pas et continua de me regarder. Puis, il fit les derniers pas qui nous séparaient et me prit dans ses bras.

Il pencha la tête vers moi et m'embrassa tendrement, d'une façon qui me toucha et qui brisa mes barrières en milles morceaux. Je ne savais plus si je devais continuer ou fuir à toutes jambes. Je décidai de rester là où j'avais l'impression qu'était ma place.

           

J'ignore combien de temps nous restâmes ainsi, mais lorsqu'il mit fin au baiser, il me murmura à l'oreille.

- Menteuse. Je sais ce que tu éprouves pour moi. Je le vois dans tes yeux.

Était-ce aussi apparent ?

- Tu m'as dit que l'amour, c'était pour les idiots.

- Alors, je suis un idiot.

- Sean, je suis désolée mais...

- Mais quoi ? Tu trouves que je ressemble pas assez au prince charmant ?

- Ce n'est pas ça.

Il se mit alors en colère.

- Pourquoi t'obstines-tu à broyer ainsi mon cœur ? Cria-t-il. Je viens de t'avouer mes sentiments pour toi ? Que veux-tu que je fasse d'autre ?

Je baissai la tête, incapable de répondre.

- Tu sais quoi ? Oublie ça, me lança-t-il, furieux.

Et il s'éloigna.

- Sean, l'appelai-je, mais il m'ignora.

Je me sentais vraiment mal. J'aimais Sean, mais j'avais peur de foncer tête baissée dans une relation qui me semblait plutôt tumultueuse.

           

Nous avions deux caractères bien trempés et, malgré une attirance incontestable entre nous, je craignais de finir avec un cœur brisé. Aimer quelqu'un, c'était lui donner le pouvoir de nous détruire.

Étais-je prête à prendre ce risque ?


Selon vous, que va faire Céleste ?

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