Je fixai Sean sans réagir.

-       Céleste, monte dans cette putain de voiture ou je t'y embarque de force.

   Je grommelai, mécontente, et ouvris la portière pour m'asseoir du côté passager.

   Sean démarra en trombe et nous demeurâmes silencieux pendant un moment.

   Il se gara devant chez moi, mais n'avait pas l'air d'en avoir terminé avec moi.

-       Je me suis demandé où tu étais lorsque j'ai remarqué que tu n'étais pas en cours, me dit-il.

-       Je n'avais pas envie de m'y rendre, répondis-je en fixant toujours le même point pas la fenêtre.

-       Pourquoi ?

   Je haussai les épaules.

-       Les filles t'ont cherchée à la cafétéria et ne t'y ont pas vue.

   J'éclatai de rire, un rire loin d'être joyeux.

-       Ne me mens pas, le coupai-je. Elles étaient beaucoup trop occupées entre elles pour me voir.

-       Je vois...

-       Non, tu ne vois rien.

-       Si. Tu es jalouse de Cathy. Tu aimais bien être sa seule amie, ajouta-t-il. Maintenant que tout est redevenu comme avant, tu te sens délaissée. Toi, la nouvelle, celle qui a de la difficulté à t'intégrer, tu t'étais dit que Cathy et toi pourriez devenir les meilleures amies du monde et vous opposer à notre jeu.

   Ce mec lisait dans les pensées ou quoi ?

   Il éclata de rire.

-       Je te connais plus que tu ne le croies, dit-il. Je sais quel genre de fille tu es.

   Là, j'en eus vraiment marre.

-       Ah ouais ? Eh bien, tu devrais savoir que je ne suis pas le genre de fille que tu peux contrôler à ta guise.

   J'arrachai la chaîne que j'avais autour du cou et la lui lançai.

   Grâce à ses bons réflexes de boxeur, il la rattrapa au vol et fixa la bague qui y était attachée.

-       Reprends cette maudite bague. Je n'en ai rien à faire.

-       Céleste, tu sais ce qui va se passer si tu refuses de jouer...

-       Je m'en fiche, hurlai-je en sortant de la voiture.

   Je claquai la portière, puis m'élançai vers la porte de la maison.

   Une fois à l'intérieur, je montai dans ma chambre et me laissai tomber sur mon lit.

   Ça allait de pire en pire.

...

   À l'heure du diner, c'est avec bonne humeur que Taylor m'annonça qu'il m'emmenait voir la voiture dont il m'avait parlé.

   Je tombai immédiatement en amour avec (la voiture) et je l'achetai. Les freins devaient être changés, mais le reste était en parfait état.

   C'était une petite Toyota hatchback blanche qui avait cinq ans et presque pas de kilométrage.

  Je retournai avec elle à la maison et la montrai fièrement au reste de la famille.

   Dorénavant, Sean ne me ramasserait plus jamais sur le bord de la route.

...

   Le lendemain, j'utilisai mon nouveau véhicule pour me rendre à l'école. Je la garai dans un stationnement vide, puis me dépêchai de me rendre à mon casier.

   Mon cauchemar se manifesta directement devant moi.

   Mon casier était rempli de messages injurieux et menaçants. On aurait dit que des dizaines de différents élèves avaient participé à ces graffitis.

   Les mains tremblantes, de déverrouillai mon cadenas. Heureusement, l'intérieur était impeccable.

   Je me dirigeai en vitesse au cours d'arts plastiques, encore sous le choc.

   J'arrivai la dernière et dus prendre place à la table de Sean, Ed et Cathy.

   Les garçons me regardèrent d'un air menaçant tandis que Cathy me fit un petit sourire timide.

-       Aujourd'hui, nous allons étudiez les différentes formes d'art, expliqua l'enseignante. Quelqu'un pourrait-il me nommer une façon de s'exprimer avec l'art ?

-       Les graffitis, répondit Sean en me lançant un regard railleur.

-       En effet. Quoi d'autre ?

-       Le body Art, répondit un autre garçon.

-       La sculpture sur glace

-       La poterie

-       L'art du café latté.

   L'enseignante sembla ravie par les réponses des élèves.

-       L'année scolaire est malheureusement trop courte pour toutes les expérimenter, mais j'aimerais en essayer quelques-unes avec vous, et nous commencerons par le crayon de cire fondu.

J'aurais préféré "L'art de se fondre au décor".