Frédérique

Unicorn a mis du temps avant de se réveiller. J'ai même cru, à un instant, qu'elle était morte. Je n'ai plu senti son coeur battre pendant de longues secondes qui m'ont parue durer une éternité. J'ai cru que le mien s'était arrêté en même temps que le sien. 

Quand il a repris, j'ai senti la joie m'envahir, j'avais envie de la crier au monde entier ! J'étais beaucoup trop attaché à cette fille. Après tout, cela ne faisait qu'une semaine que je la connaissais, mais les événements que nous avions traversé ensemble nous avaient rapproché. En même temps, elle avait une beauté à laquelle peu de gens pouvaient rester insensibles. 

Dès que le nouvel ordre était apparu, j'ai entendu un petit clic. La porte devant nous s'était ouverte. Le rythme cardiaque d'Unicorn s'était stabilisé, mais elle était à peine réveillée et visiblement pas en état de marcher. 

Je l'ai pris dans mes bras, telle une princesse, pour la transporter. J'ai franchi la porte. Là, je me suis retrouvé en face d'un ascenseur aux parois en verre. Il allait probablement nous emmener en haut de la Tour. Je suis entré à l'intérieur. Les portes se sont automatiquement fermées. Il n'y avait qu'un seul bouton. J'ai appuyé dessus.  L'ascenseur s'est mis à monter très rapidement. En quelques secondes, nous étions arrivés au sommet. 

Je m'attendais à croiser là les deux autres duos qui avaient dû réussir à entrer dans la Tour, mais il n'y avait personne. Juste moi et Unicorn. A peine nous étions sortis de l'ascenseur que ses portes se sont fermées de nouveau. Il n'y avait visiblement aucun moyen de retourner en arrière. Nous devions suivre le chemin que l'Organisateur nous traçait. En face de nous : un couloir sombre. Il fallait de toute évidence aller par là.

Unicorn murmurait des choses incompréhensibles. J'espérais qu'elle serait rapidement de nouveau au meilleur de sa forme. En attendant, cela me permettait de l'observer alors qu'elle dormait. Elle avait l'air tellement innocente de cette manière... On en oubliait presque à quel point elle pouvait se montrer démoniaque lorsqu'elle ouvrait les yeux.

Le couloir sombre était long, très long. J'ai mis du temps à le traverser et j'ai dû faire de nombreuses pauses. Il fallait avouer que devoir porter Unicorn, de cette manière, dans mes bras, n'était pas la chose la plus aisée que j'ai eu à faire. 

Je ne comprenais pas où est-ce qu'ils voulaient nous emmener. J'allais sûrement croiser des personnes, puisqu'il était dit dans l'ordre comme quoi tout meurtre serait sévèrement puni. Cependant, pour l'instant je ne voyais ni n'entendais personne. 

J'ai soudain compris quand, après de longues heures de marche, je suis enfin arrivé dans une immense pièce très lumineuse, qui contenait bien plus d'une dizaine de personnes. Au centre de cette très grande pièce ronde, il y avait une fontaine, qui était, à peu de choses près, la réplique exacte de la fontaine se situant au centre de la ville, au tout début du Jeu. Celle pour laquelle tant de personnes s'étaient entre-tuées. Celle-ci n'était pas en pierre, mais dans un métal brillant et doré. Peut-être de l'or. Ils nous avaient fait partir dans différentes directions, explorer et survivre des régions difficiles, ils nous avaient séparés. Puis, ils avaient pris les trois meilleurs duos de chaque région. Du moins, les plus rapides. Et, là, ils nous réunissaient tous, des centaines de mètres au-dessus de la ville dans laquelle nous étions enfermés. Ils avaient visiblement un sens de l'humour bien à eux. Mais qui ne me faisait pas du tout rire.

Unicorn allait beaucoup mieux. Elle a passé l'un de ses bras autour de mon cou, et s'en est servi pour avancer, lentement. Je lui ai montré mon téléphone pour qu'elle puisse prendre connaissance de l'ordre rapidement. Elle a acquiescé. 

L'ordre n'avait pas menti en disant que cela serait une journée de repos. Partout, il y avait de la nourriture empilée sur des plateaux, des coussins, des lits, des fauteuils, pour se reposer. Des verres étaient également disposés près de la fontaine, on pouvait se servir. 

Mais, personne n'avait l'air vraiment détendu. Les autres candidats nous observaient tous soigneusement, nous étudiant, nous jaugeant, se demandant si nous étions des menaces éventuelles. Il n'y avait peut-être pas le droit de tuer aujourd'hui, mais des armes étaient visibles partout, en général pas très loin de leur propriétaire. 

Unicorn s'est passé la langue sur les lèvres. Elle m'a murmuré à l'oreille :

"Et bien, cela n'a pas grand chose d'une vraie journée de repos. C'est plutôt un nouveau jeu. Je l'intitulerais même "devine qui va mourir le prochain"."

Son humour noir ne fit rire qu'elle. 

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top