Camille
J'avais mal. J'avais terriblement mal. Amelia avait dissimulé ce qui avait autrefois été ma jambe gauche sous une couverture, pour que je n'ai plus à la voir, mais, cependant, cela ne suffisait pas. Je la voyais toujours, quoi que je fasse, peu importe à quoi j'essayais de penser. Cette jambe apparaissait dans mon esprit, tout le temps.
Mon moignon de jambe restant saignait tout le temps. J'espérais que cela s'arrête rapidement. Je n'en pouvais plus. Perdre cette quantité de sang m'épuisait. Je voyais bien qu'Amelia tentait de tout faire pour m'aider, mais ce n'était pas suffisant. De toute manière, rien n'était jamais suffisant pour moi.
J'ai serré les poings. Je n'allais pas me laisser avoir de cette manière bête tout de même ! J'étais bien trop forte et déterminée pour cela, bordel ! Mon corps allait venir à bout de ce fichu saignement et tout irait pour le mieux. Il le fallait. Je ne pouvais rester prisonnière ici. Je finirais d'exécuter leurs fichus ordres et je m'en irais.
Je ne savais pas ce qui m'attendait dehors. Je ne savais plus, à vrai dire. Mais, en réalité, peu importait. Tout serait meilleur qu'ici, à se battre pour survivre pour le plaisir de personnes que nous ne connaissions même pas. Notre vie entière était contrôlée par leur bon-vouloir, ils nous donnaient de la nourriture lorsqu'ils le souhaitaient, nous nous reposions lorsqu'ils le souhaitaient, nous mourrions lorsqu'ils le souhaitaient.
Tout ce que nous pouvions faire, c'était se plier à leurs ordres et obéir, faiblement. Je ne supportais pas cette situation. Il me semble que je n'avais jamais beaucoup apprécié l'autorité. J'aimais être celle qui commande, celle qui décidait de ma vie, de ma propre existence. Ici, tout était fait pour que nous ne puissions décider de rien, pour que nous nous résignions, lentement, à obéir. La sentence était claire et irrévocable, en cas de désobéissance : la mort, pure et simple. Je ne sais même pas comment ils se débrouillaient pour tuer ceux qui leur avaient déplu, mais nous avions pu le constater à plusieurs reprises : la mort était foudroyante et rapide, elle n'oubliait personne.
La fatigue physique commençait à se faire sentir même avant que nous n'entrions dans cette pièce. Une semaine entière à devoir marcher presque toute la journée, à ne dormir que d'une oreille, à ne manger que de temps en temps, cela marquait le corps et l'esprit.
Je le savais, que j'avais perdu trop de sang. Ma tête tournait perpétuellement, je ne voyais plus qu'à travers une espèce de brouillard. J'étais dans un état comateux étrange, entre le rêve et la réalité. Il me semblait que je récupérais de temps en temps mes souvenirs, mais ils passaient trop rapidement pour que je ne puisse comprendre quoi que cela soit.
J'ai tout de même senti lorsque Amelia m'a transportée. Cela m'a donné envie de vomir. Je ne savais même pas quel jour on était, si on était le jour ou la nuit. J'ai juste entendu quand elle m'a murmuré :
"Tout va bien se passer aujourd'hui."
Il me semble que je me suis évanouie juste après.
Je me suis réveillée dans un lit. Un vrai lit, avec des draps, un matelas confortable et un oreiller ! Ma coéquipière m'attendait juste à côté de mon lit. Elle a souri en me voyant réveillée. J'ai soudain aperçu deux personnes à côté d'elle. Deux garçons.
L'un devait à peu près avoir notre âge et avait un bandeau sur l'un de ses yeux. L'autre était beaucoup plus jeune, c'était un petit garçon. Il me regardait fixement, sans bouger le moindre de ses muscles.
Qu'est-ce qu'ils faisaient là ? Qu'est-ce que c'était que ce bordel ?
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