J'ai marché au milieu d'une flaque de boue et je m'y suis enfoncée profondément. Je n'ai pas pu retenir un juron.
"Putain !"
Putain de flaque de boue. Putain de forêt. Putain de jeu. Je commençais à vraiment en avoir marre. Cela devenait vraiment trop insupportable.
Amelia, à mes côtés, me tendit la main pour me permettre de me redresser. Elle me sourit doucement :
"Ca va aller Camille. On a le temps. On va réussir."
Putain d'optimisme. Putain d'Amelia. Je l'aimais bien mais là elle commençait sérieusement à me taper sur le système avec son optimisme à tout épreuve et sa naïveté qui, si au début m'avait touché, commençait vraiment à m'énerver désormais.

Je dormais mal. Toutes les nuits. On avait à peine eu le temps de se reposer dans la cachette qu'on devait déjà repartir. Ouais. Vraiment putain de jeu. Je n'arrivais pas à trouver quel plaisir pourraient trouver les gens qui nous regardaient nous entretuer et essayer de se démener pour survivre. Sur chaque ordre, il y avait la phrase "Amusez-nous."
Ca, ça me mettait vraiment en rogne. De quel droit osaient-ils nous demander des trucs ? Putain de spectateurs. Putain d'organisateur. C'était vraiment insupportable.

On voyait la grande tour noire lentement se rapprocher de nous, à mesure qu'on avançait. Cela devait déjà faire plusieurs heures qu'on marchait. Pourquoi elle était aussi loin ? Ils trouvaient ça vraiment drôle de nous regarder faire une rando ? Avec Amelia, on s'était mis d'accord sur le fait de ne pas courir. Avec nos énormes sac à dos, nous aurions été rapidement très épuisées, nous aurions été obligées de nous arrêter et on aurait perdu vraiment beaucoup de temps.

Plus qu'à espérer qu'on pourra parvenir à la tour avant les trois derniers groupes. Les mises à jour se faisant à minuit, nous n'avions aucun moyen de savoir si des groupes étaient déjà arrivés ou pas. Si cela se trouvait, on se coltinait toute cette marche pour rien. Trois groupes étaient peut-être déjà arrivés à la tour.

Il faisait très sombre dans la forêt. Les arbres étaient très grands et très épais, ils bloquaient la majorité des rayons du soleil. On essayait de repérer, dans les quelques rares ouvertures la tour pour verifier qu'on marchait bien dans la bonne direction. Amelia parlait, comme d'habitude, de choses sans importance. Je lui répondais brièvement. Putain, pourquoi nous avaient-ils obligé à prendre un partenaire ?

Quand enfin je l'aperçus devant moi, je crus tout d'abord avoir rêvé. Cela n'était pas possible. Après toutes ces heures de marches, elle était enfin devant nous. La tour de la forêt.

Avec Amelia, on s'est d'abord caché dans les buissons. Il n'y avait pas l'air d'avoir grand chose à craindre. Personne aux alentours. La tour était vraiment aussi noire que la nuit. Elle semblait être lisse. On n'apercevait aucune ouverture, peu importe le côté. Elle ne semblait pas avoir de fin. Amelia proposa :
"On doit peut-être la toucher, non ?"
Sérieusement ? Idée stupide. Je me suis exécutée, en même temps qu'elle. Une voix a fait :
"Bzz... Authentification réussie. Le duo #9 est autorisé à entrer."
Un pan du mur disparut pour réveler une ouverture de la taille d'une porte.
Putain d'idée. Putain d'Amelia. Elle avait raison après tout. On s'avança toutes les deux dans l'ouverture sombre, en direction de l'inconnu.