Amelia

J'eus du mal à me réveiller. Mon corps était engourdi. J'ai cligné pendant un certain temps des paupières.
J'étais dans un lit situé dans une chambre des plus classiques. Le seul problème, c'était que je ne connaissais pas cette chambre. Je me suis levée. Un grand miroir trônait au milieu de la pièce. J'ai jeté un coup d'oeil à l'intérieur. Une jeune fille dont les cheveux bruns et bouclés encadraient un visage pâle me regardait de ses grands yeux apeurés. Cette fille, c'était moi. Et pourtant, ce visage, tout cet être ne m'appartenait pas. La personne que je regardais paraissait être une parfaite étrangère.
J'ai dégluti et j'ai reculé d'un pas. Que se passait-il ? J'ai essayé de me raccrocher à des souvenirs mais c'est à ce moment là que j'ai compris. Mon esprit était totalement vide. Je n'avais pas le moindre souvenir de quoi que ce soit. Même mon prénom... Comment est-ce que je m'appelais ? Bordel si je n'arrivais même pas à me rappeler de mon nom...
D'un geste rageur, j'ai attrapé un verre trônant sur la commode et je l'ai jeté au sol. Il se brisa en éclats. C'est là que j'eus une vague impression de déjà vu. Et là un prénom me revint en mémoire : Amelia.

Je me suis ensuite dirigée vers la porte et j'ai tenté de l'ouvrir sans aucun succès. Elle était bloquée. J'ai jeté un rapide regard à la chambre. Elle était assez grande et plutôt ensoleillée grâce à la fenêtre... La fenêtre !
Je me suis approchée de la fenêtre mais avant que je ne puisse l'ouvrir une voix tonna :
"Bonjour à tous, je suis l'Organisateur du Jeu. Je suis heureux de vous accueillir pour sa nouvelle édition !"
D'où venait cette voix ? Elle était tellement forte qu'on ne pouvait même pas deviner s'il elle était masculine ou féminine.
" Vous êtes ici pour participer à un jeu. Les règles sont très simples : toutes les vingt-quatre heures je donnerai un nouvel ordre. Vous avez exactement vingt-quatre heures et pas une seconde de plus pour l'exécuter. Si vous ne le faites pas, vous serez abattus. Si vous voulez sortir vivant de ce jeu, il faudra exécuter quinze de mes ordres. Méfiez-vous des apparences. Le premier ordre apparaitra sur le portable situé dans la poche gauche de votre pantalon. Vous êtes actuellement enfermé dans une pièce, elle se déverrouillera automatiquement dans cinq minutes. N'essayez pas de sortir de l'arène, c'est tout simplement impossible. Et, n'oubliez pas, vous êtes là pour nous amuser. Alors sachez que désormais plus aucun crime n'est répréhensible. Amusez-vous !"
C'était quoi cette mauvaise blague encore ? Je me réveille, sans aucun souvenir et un espèce d'allumé m'apprend que je participe à un "jeu". C'est une caméra cachée ? Machinalement j'ai fouillé dans ma poche. Il y avait en effet un portable. Il n'était même pas verrouillé. À l'intérieur, pas de messages, pas d'appels, pas de photos, pas de musiques, même pas d'applications débiles installées. Juste un message affiché sur l'écran de déverrouillage :
" Ordre 1
Chaque participant du Jeu devra se trouver un partenaire. Vous avez 24h. En cas d'échec dans l'exécution de l'ordre, vous serez éliminé."
J'ai soupiré. Qui que soit la personne qui ait installé ce système stupide, c'était lamentable. J'ai remis le téléphone dans ma poche.

J'ai soudain entendu un petit bruit de déclic. Ça venait de la porte. Je m'y suis dirigée. Elle était désormais ouverte. Surprenant. J'étais dans une maison assez simple et modeste. Jusque là rien de surprenant. Le problème, c'est qu'il n'y avait rien. Pas de cadres photos, de cartes postales, d'annotations sur le frigo, de factures à payer. Il y avait des meubles mais ils étaient vides.
La porte d'entrée était ouverte. Je suis sortie dans la rue. Et je suis restée stupéfaite. Des dizaines et des dizaines de personnes étaient regroupés dans la rue, l'air surpris et un peu effrayé. La plupart regardaient l'écran de leur portable, comme s'ils espéraient que ce qui était affiché à l'écran allait changer. D'autres se pinçaient. Il y avait des personnes de tous les âges, allant des petits enfants aux personnes âgées. Cependant, les populations les plus représentées étaient visiblement les adolescents. Les gens se regroupaient par petit groupe de deux, se contentant généralement d'agripper le bras de leur voisin.
"Tss... C'est stupide."
Je me suis tournée pour voir qui parlait. Une fille qui devait avoir à peu près mon âge levait les yeux au ciel. Elle avait les cheveux lisses, châtain clair. Ses yeux étaient verts. Elle était adossée contre un mur. Elle ne faisait même pas attention à moi.
"Tous ces gens qui ne pensent qu'à exécuter bêtement les ordres d'un type dont ils ne connaissent même pas le visage..."
Je l'interrompis :
"Tu t'appelles comment ?"
Elle me foudroya du regard :
"Je t'en pose, moi, des questions ?"
Devant ma stupéfaction et mon absence de réponse elle finit par soupirer et tendre la main :
"Camille. Et toi ?
-Amelia. Tu... Tu veux qu'on soit, enfin tu vois, qu'on soit partenaire ?"
Elle me jaugea du regard avant de répondre avec dédain :
"Si tu veux. Après tout je n'ai rien à perdre."
C'est ainsi que j'ai trouvé ma partenaire.

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