– Et, cousine, que fais-tu ici à cette heure tardive? me questionne Zac avec une indéniable surprise?

– Je venais...voir ta maman. Elle est là?

– Non, désolé. Elle est partie avec papa, chez des amis. Ils reviennent tard ce soir, me répond-il.

– Dommage, lui confis-je avec un regard désolant.

– Tu vas bien? me demande-il interrogé. Tu avais besoin de quelque chose?

Je tente de le rassurer.

– Non non, tout va bien. Je reviendrai un autre jour. Je ne veux pas vous déranger, déclaré-je en déplaçant mon regard du côté du salon, où se trouve tout ce beau monde. Je remarque que d'ici où nous sommes, ses amis nous observent et je suis tout à coup embarrassée.

– Tu ne vas pas déjà retourner chez toi? Tata vient à peine de te déposer.

– Pas de problème, elle ne m'a pas déposée. Je suis venue à pieds, lui affirmé-je en tentant une nouvelle fois de le rassurer tant bien que mal.

– A pieds? Avec ce temps! Me dit-il éberlué, tout en observant mes habits. Je ne porte même pas de veste. Je suis sortie le soir avec seulement un t-shirt sur moi... Il fait à peine 5 degrés dehors.

– C'est bon, vient dans le salon avec nous. Tu ne déranges personne. Nous avons justement fini de préparer notre match pour vendredi!

J'avance d'un pas hésitant derrière lui et nous nous dirigeons vers le salon. La plupart des joueurs de l'équipe de basket-ball sont là: Julian, Rafael, Ethan, Josh et...Adam. Je ne connais pas le prénom des autres. Le frère d'Adam, Jules, n'est pas là. Julian me regarde comme à son habitude avec une rage aux yeux et s'exclame.

– Qu'est-ce qu'elle fait là ''La naine''? Ce n'est pas censé être une réunion de l'équipe, entre mecs!

– Calme-toi ''Le caniche'', lui rétorque Zac. C'est ma cousine, elle a bien plus sa place ici que toi. Et puis, on vient juste de finir notre réunion donc détends-toi le string.

J'affectionne tout particulièrement le surnom que lui donne Zac. D'ailleurs, la plupart d'entre eux le surnomme de cette façon. Il faut bien admettre que c'est un indubitable toutou avec Adam. Ce dernier? Je fais tout pour ne pas croiser son regard!

– Faut faire gaffe avec les caniches, les gars. Vous savez, ça mort vite! intervient Josh, à son tour.

Josh, c'est le cousin d'Adam. Je me demande bien comment peuvent-ils être de la même famille... Ils sont si différents! Il est dans la même année que nous, dans la classe de menuiserie. Il a un an de plus que nous. Ce garçon est véritablement épique! Il porte constamment des t-shirts avec l'image de Bob Marley ou de Che Guevara. Ou bien, il porte comme aujourd'hui, un t-shirt sans manches digne d'une série américaine des années 90. Cela fait très contraste avec son physique: Grand, les cheveux blonds californiens au dessus des épaules et les yeux bleu. Pour votre information, il a déjà été renvoyé à deux reprises de l'école, pour avoir fumé du cannabis dans les toilettes. Le seul point positif, c'est la dernière fois qu'il a fumé: Il a fait déclencher l'alarme incendie. Résultats, nous avons pu terminer une journée de vendredi à onze heures! Encore merci Josh!

– Toi, Tu t'y connais en caniche? lui demande mon cousin avec un air amusé?

– Désastreusement, oui. Je me suis déjà fait mordre la couille droite par le caniche de ma grand-mère, explique-t-il pensif.

Mes oreilles ont bien entendu ce qu'il vient de dire?

– Quoi? Sérieux! Comment ça a pu arriver? se questionne Zac.

– Mec, vaut mieux pas que je vous le raconte, réplique Josh.

– Moi, je me demande surtout ce que tu as bien pu lui faire à ce pauvre chien pour qu'il ose s'approcher de ta chère anatomie, intervient alors Rafael.

Un fou rire collectif se propage dans le salon, et je dois bien reconnaître que c'est un véritable vent de fraîcheur dont j'avais cruellement besoin. Rafael se tourne alors vers moi, tout en me souriant.

– Eva, vient t'assoir ici. Ne reste pas debout.

Il m'indique la place sur le canapé à sa gauche, et je m'y assois.

– Tu viens d'où, comme ça? De chez toi?

– Oui. Je suis venue à pieds... lui répondis-je avec hésitation.

– De chez toi? Habillée comme ça? Mais tu habites à quoi, trente minutes à pieds d'ici?

Le regard déconcerté de ses yeux brun, ne m'étonne guère. En espérant que je ne sois pas malade demain, au réveil...

Rafael prend alors un plaid derrière lui, et le pose délicatement sur mes épaules.

– Merci, lui dis-je avec un sourire gêné.

Je connais Rafael depuis le début du collège. Il est en terminal avec Zac. Il a toujours été très prévenant avec moi. En fait, il habite dans la rue adjacente à la mienne. Jusqu'à l'année passée, je faisais de la danse classique avec sa sœur; Gabriella. Rafael venait nous rechercher chaque mardi et jeudi soir à pieds, et il me raccompagnait jusqu'au seuil de ma porte. Je dois reconnaître que c'est un garçon très attentionné. Il est toujours calme et c'est le genre d'ami que tout le monde rêverait d'avoir dans sa vie. Mon cousin est un chanceux: c'est son meilleur ami, depuis l'enfance.

Il réajuste le plaid sur moi et je sens un regard fixé sur nous. Celui d'Adam. Ce dernier pose un regard interrogateur de moi vers Rafael puis de Rafael vers moi. Je brûle de lui en cogner une après ce que je viens d'apprendre de la bouche de ma mère, mais Josh me coupe dans mon élan.

– Dit Eva, ton prénom, c'est brésilien? J'aime bien, ça fait très...biblique. J'adore ce genre de prénom. Je dois t'avouer que je suis un homme très pieux.

J'ose croire... Vu le nombre d'étudiantes en terminal qui sont sorties avec lui depuis le début de cette année scolaire...

– Pourquoi ce serait brésilien? demande Adam, avec une soudaine agressivité.

– Tout doux mon couz... On a un caniche d'un côté et un bulldog de l'autre ce soir, au quoi?

– Il y a bien plus d'Eva en Europe qu'au Brésil, rajoute un Adam sur la défensive.

Qu'est-ce qu'il lui prend tout à coup?

– Excuse-nous, nous avions oublié que ce cher Adam s'y connait plus que bien en européenne, lui lance Josh.

– Et surtout en française... ajoute Zac à son tour. Tu étais en bonne compagnie en France, n'est-ce pas?

– Fermez-là! Adam quitte alors la pièce pour aller vers la cuisine.

– C'est bon mon cousin, on rigole... T'as tes règles ou quoi?

Pourquoi réagit-il de cette façon?

– De quoi parle-t-il? me renseigné-je auprès de Rafael.

– Alors là... Je ne sais pas très bien. Je crois qu'il est allé voir une fille en France, durant les dernières vacances d'été. Il faudrait interroger Julian. Il le connait assurément mieux que moi.

Hors de question que j'en vienne à m'entretenir avec ce débile mental!

Nous passons une heure dans le salon, tous réunis. Josh est tellement hilarant. J'en viens à oublier ce que ma mère m'a avoué quelques heures auparavant. Cependant, je prends conscience de l'absence prolongée d'Adam. Il n'est toujours pas revenu dans le salon, avec nous. Est-il reparti chez lui? Je me lève et m'avance vers la cuisine pour me resservir un verre de Coca-Cola. Il n'est pas dans la cuisine. Je remarque qu'il est dans le fond du jardin, assis sur un banc. Que fait-il là?

Je prends mon courage à deux mains, et j'ouvre la porte donnant sur le jardin.

– Adam, il faut qu'on parle tous les deux, lui affirmé-je avec conviction tout en le fixant bien droit dans les yeux.

– Je sais. Ta mère t'a enfin dit tout? me répond-il, assis sur le banc tout en regardant ses pieds.

– Oui. Comment ce fait-il que tu savais tout depuis des mois et que moi je l'apprends maintenant? Pourquoi ne m'as-tu rien dit?

– Ce n'était pas à moi de te le dire, rétorque-il fermement.

– Et cela ne te fait rien? Tu me réponds comme si tu ne ressentais rien!

Je sens qu'il commence à s'agacer.

– Tu veux que ça me fasse quoi, au juste? Mon père est heureux. Point barre.

– Cela ne te fait rien qu'on emménage ensemble?

– Pourquoi, pourquoi... Toujours des questions! Nos parents sont épanouis ensemble. ils en ont bien le droit, tu ne crois pas? Il continue pensif: après tout ce que mon père a subi...

Subi?

– Je ne veux pas partir de chez moi... déclaré-je avec tristesse.

– Je ne te savais pas aussi égoïste. Dans la vie, on ne fait pas toujours tout ce qu'on veut, mais on est responsable de ce qu'on est. Alors soit plus mature, bon sang!

Il me faut quelques instants pour reprendre mes esprits. Il est vraiment entrain de me faire la morale?

– Je ne te permets pas de me parler comme ça! Tu crois que j'ai envie d'habiter avec toi? Avec tout ce que tu me fais déjà à l'école? Je te déteste! Je commence à hausser le ton de plus en plus fort.

Il m'observe avec un regard blessé.

– Évidement que tu ne me détestes pas... Tu ne connais pas le vrai sens de ce mot. Puis franchement, tu devrais être reconnaissante de vivre dorénavant avec mon père. Tu crois que tu vas payer comment l'université?

– Mon père nous a laissé de l'argent. J'ai suffisamment pour financer toutes mes études.

– Toutes tes études? Tu es certaine? Ou c'est plutôt uniquement pour trois années? Si je ne me trompe pas, les études d'histoire, c'est cinq ans et non trois ans?

Une rage s'empare soudainement de moi. Comment se fait-il qu'il est au courant de cette situation? Cela ne le concerne décidément pas!

Je le pousse alors en arrière. Je n'avais pas fait attention qu'Adam était juste devant le banc. Voilà qu'il bascule en arrière et se retrouve dans les roseaux. Mince...

– Mais t'es une malade toi! Vas te faire soigner!

– Heuuu...pardon... je... tenté-je d'articuler, en bégayant.

Toujours allongé au sol, il pose une main sur son front.

– Putain, je saigne!

Chiche. Il semble salement amoché... C'est vraiment moi qui lui ai fait ça?

– Que se passe-t-il ici? Tout va bien Eva? demande un Rafael au pas de la porte, intrigué par le bruit.

Il avance vers nous et insiste.

– Qu'est-ce qui t'es arrivé mec?

– Rien! affirme-t-il, en fuyant son regard.

– Ok... Eva, je repars, je te dépose chez toi? me demande Rafael.

– Oui! Dépose-la. Ça vaut mieux! réplique Adam, à ma place.

– Qu'est-ce qu'il vient de se passer entre vous deux, là? s'interroge Raf en nous observant successivement.

– Rien! disons-nous à l'unisson.

Je laisse Adam là et je suis Rafael, sans un regard en arrière.

Ce soir, je préfère fuir que d'affronter mes responsabilités.

Je monte en voiture avec lui. Après quelques minutes, un Rafael hésitant me sonde.

– Tu comptes rester taiseuse ou me dire ce qu'il vient réellement de se passer?

– J'ai eu un coup de nerfs et...je l'ai fait tomber. Je n'ai pas fait attention au banc et...il a basculé en arrière... lui expliqué-je.

– Et il t'a dit quoi pour que tu sois comme ça? C'est en rapport avec ton arrivée chez Zac? Ce n'est pas vraiment dans tes habitudes de perdre ton calme, me dit-il en me regardant.

Je marque un silence.

– Ma mère vient de m'annoncer ce soir qu'elle était en couple avec son père... Le père d'Adam, je veux dire.

– Quoi? Sérieusement? réagit Rafael, surpris par mes propos.

– Oui, mais c'est loin d'être le pire. Nous emménageons chez eux début du mois prochain, lui révélais-je avec une véritable lassitude.

– Déjà... Cela ne doit pas être facile pour toi. Surtout que vous ne vous êtes jamais vraiment...bien entendu... Enfin tu vois... me dit-il en cherchant ses mots.

– Oui.

– Je suis là si tu ressens le besoin de te confier. N'hésites surtout pas, me confie-t-il avec un sourire compatissant, tout en posant son regard sur moi.

– Merci Raf, lui dis-je en lui rendant à mon tour un sourire sincère.

Nous arrivons devant chez moi. Comme à son habitude, en vrai gentleman, il me raccompagne jusqu'au seuil de ma porte d'entrée. Maman l'affectionne tout particulièrement. Elle ne tarit pas d'éloge sur lui. C'est surtout qu'elle est très amie avec sa mère!

– Bon, bonne nuit alors. A demain à l'école, peut être, me dit Rafael.

– Oui, toi aussi!

J'ai tout à coup l'envie qu'il reste encore un peu avec moi...

Il se rapproche de moi pour me dire au revoir. J'en fais de même. Cependant, au lieu de poser mes lèvres sur sa joue, je pose mes lèvres sur les siennes.

Malheur, qu'est-ce qu'il me prend?

Ce chapitre s'y est très intéressant et notamment ce qu'Adam dit sur son père et sur la vraie raison de son voyage en France. Tout cela concerne une personne précisément, et cela sera expliqué dans la fin du premier tome. Je laisserai quelques indices dans différents chapitres.