CHAPITRE 6 : L'heureuse nouvelle
Me voilà rentrée à la maison. Ma mère n'est pas encore chez nous, elle est toujours au travail. J'ouvre le frigo pour me prendre une petite collation, avant le diner de ce soir. Je constate qu'elle a déjà préparé le repas. A l'évidence ce matin, avant de partir pour l'hôpital.
Elle a une vie professionnelle hautement chargée. Malheureusement, avec son unique salaire pour nourrir nos deux bouches, elle se voit contrainte de travailler les week-ends et de faire les pauses. Il m'arrive maintes fois d'être peinée en la voyant exténuée en rentrant du travail. J'aspire au jour où je gagnerai enfin ma vie, et où je pourrai la gâter comme il se doit.
Je brûle d'envie de travailler dans un musée, ou de devenir professeur d'histoire. J'adore cette discipline, et plus particulièrement l'histoire des civilisations. Je reverrais d'aller visiter le Musée national de l'histoire de la culture afro-américaine. En fait, je reverrais surtout d'intégrer l'Université de Washington. Cette université a justement une faculté qui s'y consacre et tout de même presque 50 000 étudiants chaque année. Elle se trouve à plus de 40 heures en voiture de notre comté. De l'autre côté... Sur la côte ouest des États-Unis. A la mort de mon père, ma mère a mis de l'argent de côté sur un compte pour financer mes études. Cela devrait permettre de payer mes études universitaires. Heureusement, car malgré le fait que je sois une très bonne élève, mes points en sciences et surtout l'absence de participation sportive ne me permettront jamais d'entrouvrir une bourse d'études...
Je prends cette collation et je monte au première étage, direction ma chambre. Un devoir en biologie sur les chromosomes m'absorbe pendant une bonne heure. Ma mère est déjà rentrée depuis un petit temps, quand elle m'appelle pour venir manger.
– Ta journée s'est bien passée? me demande ma mère, quand je m'assois à table.
– Oui, super, pas de gros changements. Juste la prof d'anglais, Mme Harris. Je ne l'ai plus comme professeur, elle a pris sa pension.
– Celle que tu avais depuis le collège?
– Oui, c'est ça. Dommage qu'elle n'aie pas attendu que je finisse ma scolarité pour partir... J'aime tellement cette prof. Elle est si passionnée par son travail, lui expliqué-je avec un brin de nostalgie.
– Oui, en plus les enseignants passionnés par leur travail se font de plus en plus rares malheureusement, rajoute ma mère. Il est bien l'enseignant qui la remplace?
– Ben en fait, ils n'ont pas encore trouvé quelqu'un pour la remplacer. Et du coup, pour le moment, ils ont embauché un gars qui a fait des études en journalisme, mais il n'est pas du tout professeur de formation. J'espère que ce sera temporaire, car le cours était soporifique, lui affirmé-je avec une sincère déception.
– Je veux bien te croire! C'est tout de même insensé de peiner à recruter des enseignants!
Nous poursuivons la conversation, puis un blanc s'installe pendant de longues minutes. Je me doute que comme moi elle hésite à ouvrir cette conversation tant attendue depuis ce matin. Voilà que je n'y tiens plus, c'est fini, je me lance!
– Maman, pour la discussion de ce matin... Je... débuté-je avec une soudaine hésitation. Rapidement, elle me coupe dans mon élan.
– Eva. J'ai une conversation importante à avoir avec toi, me confie-t-elle avec son air sévère.
Une conversation importante? Ça... J'avais compris, tu sais...
– C'est difficile pour moi de trouver les bons mots pour t'en parler le plus ouvertement possible, mais il est réellement temps. Et, je pense que tu es assez grande pour encaisser ce que je vais te dire.
Vas-y maman, je suis toute ouïe...
– J'ai rencontré quelqu'un, lâche-t-elle dans un souffle.
– D'accord... En fait, je ne sais pas quoi lui répondre. Ce qui est certain, c'est que j'ai une meilleure amie voyante! flippant!
Elle m'explique.
– Pour être la plus honnête avec toi, cela fait déjà plusieurs mois que je fréquente quelqu'un et...je me suis sincèrement attachée à cette personne. Elle compte vraiment beaucoup pour moi. Je l'ai rencontrée au travail.
– Au travail? C'est Steve! lui demandé-je, avec surprise.
– Steve est gay, s'il te plait Eva... me répond-elle avec une foudroyante exaspération. Bon, cet homme que j'ai rencontré, c'est une relation très sérieuse. De plus, je voudrais que tu fasses enfin connaissance avec lui et...ses enfants. C'est très important pour moi. j'ai besoin d'avancer dans cette nouvelle relation. C'est la première fois tu sais...après papa... Et, je ne voudrais pas que tu le prennes mal ou que tu te sentes à l'écart.
– Cela ne me dérange pas maman que tu aies rencontré quelqu'un. D'ailleurs, je suis même ravie pour toi. Moi, je ne veux que ton bonheur. Tu le mérites bien maman. Si cet homme te rend heureuse, alors je ne peux qu'approuver cette relation.
Elle me sourit affectueusement.
– Merci ma Chérie. Tu sais, c'est très important pour moi. En plus, tu connais son fils.
– Son fils? répété-je avec étonnement.
– Oui. L'homme dont je te parle, c'est le docteur Evans; Thomas Evans. Tu es à l'école avec son fils. Adam.
Un vide se fait ressentir autour de moi. Ai-je bien entendu ou est-ce une farce? C'est impossible... Parmi les plus de dix millions d'habitants que nous sommes en Caroline du Nord, il a fallu qu'elle tombe amoureuse du père de mon pire ennemi? C'est un cauchemar éveillé!
– Adam? C'est une blague! Tu sais depuis le nombre d'années que je ne me suis jamais entendue avec lui! On ne peut pas se voir tous les deux!
– Arrête avec ça Chérie. Je pense que tu exagères et je sais qu'Adam ne te déteste pas, loin de là.
– Tu le sais? Attends, ne me dis pas que, lui, il est déjà au courant pour toi et son père?
– A vrai dire... Je l'ai déjà rencontré à quelques reprises... Il vient souvent à l'hôpital, tu sais...
– Donc lui, il le sait depuis des mois, et toi tu me le dis maintenant? Comment peux-tu me faire ça! lui craché-je avec déception.
– Eva, calme-toi stp... Il n'y a rien de grave là dedans...Tu exagères encore une fois. Fais preuve de maturité, par pitié... Tu sais Thomas a hâte de te rencontrer... Que nous formions une vraie famille, tous ensemble si tu vois ce que je veux dire.
– Une vraie famille? Quoi, qu'on habite ensemble? C'est ça que tu essayes de me dire! Des larmes commencent à couler sur mes joues. Pas des larmes de tristesse. Non, mes joues sont humides de ces larmes de colère qu'on oublie difficilement...
– Oui. Il souhaiterait enfin que nous emménagions ensemble, dans leur maison.
– Mais maman... C'est ici chez nous! Je ne veux pas vivre dans la même maison que ce connard d'Adam!
– Eva, ça suffit maintenant! Je ne veux pas entendre ce genre de mots sortir de ta bouche! Ils font tous un effort alors je voudrais, par pitié, que tu en fasses de même. Je sais que cela n'a pas toujours été facile avec Adam, et je le sais mieux que quiconque. Cependant, lui, il fait des efforts alors fais-en autant. Il a déjà déplacé leur salle de jeux pour te faire une chambre, et y installer tes affaires. Je ne vois pas pourquoi il ferait ça, s'il te détestait réellement. Il serait vraiment temps que tu mettes ta rancœur de côté. Surtout que nous emménagerons le mois prochain.
Tout ce trop plein d'informations et d'émotions me submergent. Je sens que je suis sur le point de suffoquer. Et dire qu'Adam savait pour nos parents depuis des mois et qu'il a fait comme si de rien n'était... Et son comportement de tantôt? En réalité, il savait déjà tout depuis le début!
J'ai l'impression que mon monde s'écroule. En l'espace de quelques minutes, j'apprends que ma mère est en couple avec le père de mon pire ennemi! Et que, qui plus est, je vais emménager chez lui... Et mes sentiments dans tout ça? Mes souvenirs?
Trop c'est trop. Je me dirige vers la porte en courant et sort en trombe, sans un regard en arrière. Voilà que je me mets à courir, sans but précis, pendant vingt minutes ou peut-être même trente minutes. Je ne sais même pas. Je m'arrête, à bout de souffle, et je tente de me repérer.
Je me trouve dans la rue où habite ma tante. C'est peut-être de cela dont j'ai besoin. D'une oreille attentive à qui me confier... J'arrive devant la porte, je toque. Mon cousin, Zac, m'ouvre.
Il me fait entrer et je constate en un regard, qu'une réunion a lieu dans le salon. Une réunion de l'équipe de basketball de notre école.
Nul besoin de vous remémorer qui fait partie de cette équipe...
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