CHAPITRE 3 : Adam dans toute sa splendeur
Je prends place à un banc, au centre de la classe. Adam est à ma gauche, du côté de la fenêtre. Tous nos camarades de classe se sont déjà installés et notre professeur d'histoire, Madame Jacobs, entre à l'instant. Comme à leurs habitudes, Leila se met tout devant car avec sa myopie elle voit péniblement le tableau. Personne ne sait qu'elle a des problèmes de vue, elle porte quotidiennement des lentilles. Mon autre compère, elle, est à ma droite.
Adam finit sa discussion enjouée avec Julian, son meilleur ami. Il se penche soudainement vers moi, avec un sourire narquois aux lèvres.
– Bonjour Rodriguez, articule-t-il tout en cherchant mon attention.
– Bonjour Evans, lui accordé-je sur un ton neutre.
– Mon cadeau? me réclame-t-il.
– Quoi, ton cadeau?! riposté-je, sèchement.
Il marque une pause, tout en me fixant interrogé.
– C'était mon anniversaire, il y a deux jours. Tu le sais bien, hein?
– Évidemment que je le sais, lui affirmé-je du tac au tac.
Cela fait tout de même plus de treize ans que nous sommes ensemble à l'école...
– Évidemment..., répète-t-il avec un sourire triomphant. J'aime terriblement le sens de ce mot!
– Je n'ai rien pour toi, Adam. Ma présence te suffira, terminé-je pour conclure cette conversation, qui n'a vraisemblablement aucun sens.
Je remarque que Madame Jacobs peine à allumer le projecteur, dans le but de nous diffuser un reportage. Adam en profite pour se pencher à nouveau dans ma direction et me chuchoter.
– Toujours dans la même classe que moi? Tu n'es décidément pas prête à me lâcher la grappe! me balance-t-il avec ses grands yeux vert malicieux, tout en me fixant.
Je réplique tout en rigolant ironiquement.
– Sérieusement? Qui utilise encore cette expression de nos jours?
– Navré. Tu sais, je préfère utiliser de veilles expressions et d'être précautionneux dans les mots que j'utilise avec toi, de peur que tu nous fasses un énième malaise!
L'intégralité de la classe se met à éclater d'un fou rire. Il faut dire que l'absence de toute discrétion de la part de ce spécimen et le manque de potins croustillants pour mes chers camarades de classe, ne facilitent en rien la chose! D'autant que cet emmerdeur de première catégorie se fait, immanquablement, un malin plaisir à raviver un déplaisant souvenir me concernant: mon malaise lors d'un cours de sciences, en décembre dernier. Disons que la dissection d'une grenouille ne m'avait pas réussie!
Même notre professeur d'histoire, semble nous avoir entendus! En effet, elle se racle la gorge et dirige son regard vers Adam. Va-t-elle venir à mon secours? Une solidarité féminine va-t-elle pointer le bout de son nez? Je ne suis pas si sûre...
– Adam, pourrais-tu s'il te plait être plus...courtois dans tes paroles? lui demande Madame Jacobs, avec une certaine prudence.
– Madame Jacobs. Je vous prie de m'excuser, débute-t-il tout en me regardant. Dorénavant, je n'utiliserai plus le mot grappe pour désigner l'anatomie masculine.
Une seconde fois, cette bande de suiveurs se met à rire aux éclats. De mon côté, j'admets que je tente de rechigner ce petit sourire apparaissant au coin de ma bouche, en posant ma main dessus, aidée de mon coude droit appuyé sur le banc. Lui donner cette satisfaction de me voir sourire? Hors de question!
Madame Jacobs attend que la classe reprenne son calme, pour conclure: Adam, je dirai que c'est un bon début.
Quoi?! Elle est vraiment sérieuse?!
– Merci professeur, lui répond Adam en lui décochant un clin d'œil approbateur.
Je me suis fréquemment interrogée: Comment cet emmerdeur de première catégorie pouvait avoir autant de succès avec la gente féminine? Et dire que même nos enseignantes sont sous son charme!
Je dois bien reconnaître qu'il est plus qu'attirant, mais il est tellement hautain et prétentieux!
Me voilà à l'observer. Pensive et nostalgique à la fois...
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